Les carrosses à cinq sols/08

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Imprimerie de Firmin Didot (p. 46-50).


VI.
COPIE
D’UN PLACART IMPRIMÉ,
Étant dans un recueil d’édits et autres pièces, Biblioth. royale de l’Arsenal, in-4o, Jurisprudence, no 2830.
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DE PAR LE ROY,


On fait à sçavoir que la troisiesme route des carrosses publics sera établie le lundy, 22e jour de may 1662, et qu’ils commenceront à partir à six heures et demie du matin de la rue Montmartre, au carrefour de la rue Neuve-St.-Eustache, et passeront de demy quart d’heure en demy quart d’heure par la rue des Fossez-Montmartre, rue des Vieux-Augustins, rue Coquillière, rue Grenelle, devant l’hostel de monsieur le Chancelier[1], rue d’Orléans devant celuy de monsieur le Procureur général[2], rue Saint-Honoré, à la Croix du Tiroir, rue de l’Arbre-Sec, devant Saint-Germain-l’Auxerrois, sur le Pont-Neuf, au Cheval de bronze, le long du cay des Orphèvres, vis-à-vis la porte de l’hostel de monsieur le premier Président[3], rue neufve Saint-Louys, sur le pont Saint-Michel, rue de la Harpe, rue des Cordeliers, à la porte Saint-Germain, rue de Condé et rue de Tournon, jusqu’au bureau cy-devant estably devant Luxembourg : où estant arrivez ils retourneront sans retardement et par le mesme chemin à ladite rue Montmartre, et ne s’arresteront que pour laisser monter ou descendre, en tel lieu de la route que l’on voudra, et

où chacun ne payera pour sa place que le prix ordinaire. Ainsi ceux qui auront affaire au Sceau, au Louvre, au grand Conseil et au Palais, pourront se servir des carrosses de cette route[4]
 

bronze[5] ; et avec la seconde qui va de Saint-Roch à la dite rue Saint-Antoine, le long de la rue Saint-Honoré, depuis la Croix du Tiroir jusqu’au carrefour de la rue d’Orléans. Ainsi ceux qui voudront aller par exemple, depuis la rue Montmartre et ses environs jusqu’à la Place-Royale, pourront descendre à la Croix du Tiroir, et prendre un des carrosses qui de Saint-Roch vont à ladite Place-Royale, et ainsi des autres. Par ce moyen on pourra aller de chacun des quartiers de ces trois routes à tous ceux des deux autres ; et encore qu’en changeant de carrosse on soit obligé de payer une seconde fois, néantmoins le prix est si modique, et la commodité si grande, qu’il n’y a personne qui ne soit bien aise de se servir de cet avantage.

Le desir que l’on a de rendre le public satisfait de plus en plus, a obligé de faire de grandes dépenses pour avoir un équipage dont chascun aura sujet d’estre content, soit pour la bonté, des chevaux, soit pour la beauté des carrosses, soit pour la diligence avec laquelle ils feront leurs voyages.

On fait aussi à sçavoir que pour empêcher les longueurs des changemens de monnoye, qui consomment beaucoup de temps, on ne prendra point d’or.

Et pour éviter tous les inconvéniens qui pourroient donner de l’incommodité aux bourgeois qui se servent des dits carrosses, comme par exemple lorsque les cochers refusent de s’arrester pour prendre sur la route ceux qui désirent entrer dans les dits carrosses, quoyqu’il y ait des places vuides : le public est averty que tous les carrosses tiendront doresnavant huit personnes à l’aise, et que la marque de chaque carrosse sera apposée aux quatre moutons, par une, deux, trois, ete., selon le nombre des carrosses de chaque route, et dans celle-cy les marques sont de fleurs de lis d’or à fonds d’azur. Ainsi on prie ceux qui pourroient avoir quelque sujet de se plaindre d’un des cochers, de se souvenir de la marque du carrosse, et d’en avertir un des commis qui seront aux bureaux, aux deux bouts de la route, afin qu’on y apporte les ordres nécessaires.

Les carrosses seront toujours armoriez des armes et écussons de la ville, et les cochers et lacquais vestus d’une casaque bleue ; mais celles de cette troisième route auront sur les coutures un galon aurore, blanc et rouge.

Ou fait encore à sçavoir que par l’arrest de vérification au Parlement, défenses sont faites à tous soldats, pages, laquais, et tous autres gens de livrée, manœuvres et gens de bras d’y entrer, pour la plus grande commodité et liberté des bourgeois.

    Fermes. Il n’en reste plus que la porte principale, accompagnée de beaux pilastres d’ordre composite. L’Académie Française y tint ses séances jusqu’à la mort du chancelier Séguier.(Voyez Jaillot.Recherches sur Paris, Quartier Saint-Eustache, p.24

  1. L’hôtel du chancelier Séguier, acquis de sa famille par les fermiers-généraux, a depuis porté le nom d’Hôtel des
  2. Achille de Harlay, deuxième du nom, était procureur-général du parlement depuis l’année précédente (1661). Cet hôtel, devenu depuis l’hôtel d’Aligre, existe encore, mais avec tant de changements qu’il est difficile de le reconnaître.(Voyez Jaillot. Recherches sur Paris, p.38)
  3. C’est aujourd’hui la Préfecture de Police, après avoir été le bureau central pendant la révolution.
  4. Deux lignes environ ont été coupées par le relieur.
  5. Le cheval de bronze, ou la statue de Henri IV sur le Pont-Neuf.