Les députés de Saint-Maurice (1808-1838) et de Champlain (1830-1838)/Étienne Mayrand

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Députés de Saint-Maurice
V
Étienne Mayrand
1776-1872

Deux Mayrand, Henri-Guillaume et Jean-Baptiste, tous deux fils de Léger Mayrand et de Catherine Collevet (aussi désignée sous le nom de Claudine Cauvet), vinrent s’établir au pays. Le premier, né en 1740, épousa à Montréal, le 12 mai 1767, Catherine, fille de Jacques Lacelle. Le second, né en 1733, épousa on ne sait ni où ni quand, (peut-être en France), Marie Sétau. Le 23 juillet 1772, il convolait en secondes noces à Montréal, avec Agathe, née en 1753, fille de Jacques Roy. Comme ces deux mariages eurent lieu après la cession du pays, date à laquelle s’arrêtent généralement les renseignements fournis par Mgr Tanguay, le Dictionnaire généalogique ne donne pas le nom des enfants. De sorte que nous ne savons duquel de ces deux ancêtres descend Étienne.

Ancien employé de compagnie de fourrures, établi marchand à la Rivière-du-Loup (en haut), Étienne Mayrand représenta le comté de Saint-Maurice, du 25 avril 1816 au 9 février 1820. Il avait servi comme officier rapporteur lors de l’élection de novembre 1809, lorsque M. Gugy fut élu.

Le 12 janvier 1818, il était nommé commissaire pour les communications intérieures de la province, et le 13 novembre 1821, commissaire des petites causes. M. Mayrand fut aussi visiteur des écoles de son comté (4 juillet 1826) et commissaire pour la réparation d’un vieux pont à la Rivière-du-Loup, le 20 mai 1831. Le 5 juillet 1836, il fut nommé l’un des commissaires chargés de faire faire le relevé hydrographique du lac Saint-Louis, en vue d’en améliorer la navigation. M. Mayrand fut encore nommé commissaire pour administrer le serment d’allégeance, le 21 décembre 1837.

Il fut membre du Conseil spécial du 2 avril au 1er juin 1838, et du 2 novembre suivant jusqu’à l’Union. Le 9 juin 1841, il était nommé membre du Conseil législatif, mais il donna sa démission le 22 du même mois.

M. Mayrand entra dans la milice en qualité d’enseigne, le 27 février 1812. Il servit durant la guerre. Promu lieutenant au deuxième bataillon, de la Rivière-du-Loup, en 1813, il fut fait capitaine au huitième bataillon de la division des Trois-Rivières. Major au second bataillon de Saint-Maurice, le 1er mars 1827, il devint le 19 novembre 1846, lieutenant-colonel commandant du quatrième bataillon du comté de Saint-Maurice. Il prit sa retraite le 22 septembre 1855.

L’honorable Étienne Mayrand est décédé le 22 janvier 1872, âgé de 96 ans.

Dans sa jeunesse, Étienne Mayrand avait voyagé dans les pays d’en haut avec Louis Picotte qui fut son successeur à l’Assemblée législative où il siégea de 1820 à 1824.

La Gazette de Montréal du 29 janvier 1872 reproduisait la notice nécrologique parue dans La Minerve deux jours plus tôt.

« Décédé. L’un des plus vieux et des plus respectables Canadiens, l’honorable Étienne Mayrand, est décédé à la Rivière-du-Loup, en haut, le 22 du mois courant, à l’âge patriarcal de 96 ans. Il eut la bonne fortune de conserver toutes ses facultés mentales jusqu’à ses derniers moments, et reçut pieusement les derniers sacrements. Ses funérailles eurent lieu le 25 parmi un grand concours de ses co-paroissiens et de ceux des paroisses voisines. M. Mayrand était un ancien colonel de milice et servit en qualité de major durant la guerre de 1812. Les membres de la compagnie de volontaires de la Rivière-du-Loup, anxieux de montrer leur respect et leur estime au défunt, prirent part en corps aux funérailles et escortèrent le corps jusqu’à l’église où eut lieu l’inhumation. M. Mayrand a occupé toutes les positions responsables dans sa paroisse tels que juge de paix, commissaire, &c. Il fut membre du Conseil Spécial sous lord Durham. Après les troubles de 1837-38, il fut appelé au Conseil législatif sous la nouvelle constitution et fut toujours conservateur en politique. »

S’est-on jamais arrêté à penser ce que représente une aussi longue période de temps dans l’histoire d’un jeune peuple ? Mort presque centenaire, M. Mayrand avait servi son pays sous quatre souverains : George III, George IV, Guillaume IV et la reine Victoria. Durant cette longue vie, la province de Québec avait été témoin de plusieurs changements constitutionnels. Elle était devenue le Bas-Canada en 1791, avait fait partie de l’Union de 1841 à 1867, et depuis, de la Confédération canadienne. Durant ce quasi-siècle, pas moins de dix-neuf gouverneurs généraux et vingt et un lieutenants-gouverneurs et administrateurs avaient présidé aux destinées du Canada. Dix évêques et archevêques s’étaient succédé sur le siège épiscopal de Québec et plusieurs autres diocèses avaient vu le jour. Et, dans l’ordre matériel, que de changements ! que de progrès réalisés ! L’ouverture d’un grand nombre de routes, l’établissement de la navigation à vapeur, la construction de canaux et de chemins de fer avaient considérablement aidé au développement du commerce et de l’industrie. M. Mayrand avait vu l’introduction du télégraphe électrique, du gaz d’éclairage, des tramways urbains. La population de la province était passée de 90,000 âmes en 1776 à 1,240,000 en 1872.

Cette énumération pourrait être poursuivie presque indéfiniment, mais cela deviendrait fastidieux et pourrait lasser la patience du lecteur ; il faut savoir s’arrêter.

Jean-Baptiste, fils d’Étienne, avait épousé Marie-Louise Lottinville,

Son petit-fils, Hormisdas Mayrand, fut élu par acclamation député de Maskinongé aux Communes en 1903. Il y siégea jusqu’en 1911 lorsqu’il fut défait par M. Adélard Bellemare, de Saint-Paulin. M. Mayrand prit sa revanche en 1917 et siégea jusqu’en 1922, lorsqu’il se retira de la politique active. Il est mort le 4 juillet 1928. Il avait épousé, le 31 janvier 1883, Marie-Anne Milot.