Les filles de Loth et autres poèmes érotiques/26
CAROLINE LA PUTAIN
Amis, amis, versons à boire,
Versons à boire, et du bon vin,
Tintin, tintin, tintaine, tintin ;
Je vais vous raconter l’histoire
De Caroline la Putain
Tintin, tintaine, tintin !
Son père était un machiniste
Au théâtre de l’Odéon,
Tonton, tonton, tontaine, tonton,
Sa mère était une fleuriste
Qui vendait la rose en bouton,
Tonton, tontaine, tonton !
À quatre ans, sur les bancs d’école,
Ell’ s’astiquait déjà l’ bouton,
Tonton, tonton, tontaine, tonton,
Ell’ le perdit, eut la vérole
Pour sa première communion,
Tonton, tontaine, tonton !
À quatorze ans suçant les pines,
Elle fit son éducation,
Tonton, tonton, tontaine, tonton,
À dix-huit ans, dans la débine,
Ell’ s’engagea dans un boxon,
Tonton, tontaine, tonton !
À vingt-quatre ans, sur ma parole,
C’était une fière putain,
Tintin, tintin, tintaine, tintin :
Elle avait foutu la vérole
Aux trois quarts du Quartier Latin,
Tintin, tintaine, tintin.
Malgré cett’ maladie cruelle,
Ses clients fur’nt toujours légion,
Tonton, tonton, tontaine, tonton,
La préférant aux autres belles
De sa maison de pension,
Tonton, tontaine, tonton !
Et tous contents de ses services
— Son travail étant très soigné —
Tinté, tinté, tintaine, tinté,
Ces nombreux habitués du vice,
Lui fir’nt des cadeaux bien tapés,
Tinté, tintaine, tinté !
Le Marquis de la Couille Molle
Lui fit bâtir une maison,
Tonton, tonton, tontaine, tonton,
À l’enseigne « Au morpion qui vole »,
Un’ belle enseign’ pour un boxon,
Tonton, tontaine, tonton !
Après dix ans de patronage,
Du « Morpion » (d’ bonn’ réputation),
Tonton, tonton, tontaine, tonton,
Ell’ songea à un pèl’rinage,
Désirant fair’ bénir son con,
Tonton, tontaine, tonton !
Elle voulut aller à Rome,
Pour y chercher l’absolution
Tonton, tonton, tontaine, tonton,
Le pape était fort bien à Rome,
Mais il était dans un boxon,
Tonton, tontaine, tonton !
Dans ce boxon, notre Saint-Père,
Enculait la put’ Margoton,
Tonton, tonton, tontaine, tonton,
Et sa pin’ sortant du derrière
Je vous l’assur’, n’ sentait pas bon,
Tonton, tontaine, tonton !
Au Vatican — du Saint-Père
Seule et unique habitation —
Tonton, tonton, tontaine, tonton.
Il n’y avait qu’ son « Grand-Vicaire »
Qui se chauffait les roustons,
Tonton, tontaine, tonton !
En s’adressant au « Grand Vicaire »,
Ell’ dit — « J’ai trop prêté mon con,
Tonton, tonton, tontaine, tonton,
Absolvez-moi, ô mon Père,
Je me suis trop fait enfiler,
Tinté, tintaine, tinté. »
« — N’y a pas d’mal à ça, ma chère,
Je veux t’accorder ton pardon,
Tonton, tonton, tontaine, tonton,
Mais il faut que je te fass’ faire
Un acte de vraie contrition,
Tonton, tontaine, tonton !
« Puisque tu es venue à Rome
T’accuser, sans hésitation,
Tonton, tonton, fontaine, tonton,
D’avoir par trop croqué la pomme,
Prête-moi donc ton joli con,
Tonton, fontaine, tonton !
Si tu l’as tant prêté, ma chère,
À moi le prêteras-tu donc,
Tonton, tonton, fontaine, tonton,
Te faire baiser par un Père,
Tu verras que ça a du bon,
Tonton, fontaine, tonton !
Caroline se couch’ par terre
Et fout son cul à l’abandon,
Tonton, tonton, fontaine, tonton,
Et, sans tarder, le « Grand Vicaire »
Se met à lui branler l’bouton,
Tonton, tontaine, tonton !
Il lui fit écarter les cuisses
Et lui foutit sa pine au con,
Tonton, tonton, tontaine, tonton,
Et c’est ainsi qu’il l’encuisse
Et lui en fout six pouc’s de long,
Tonton, tontaine, tonton !
— « Nom de Dieu », qu’ dit la gonzesse,
« Tu as le vit comme un cochon
Tonton, tonton, tontaine, tonton,
— « C’est toi, vénérabl’ garce aux belles fesses
Qui as le con trop profond,
Tonton, tontaine, tonton !
« On y foutrait la Madeleine
La Bastille et le Panthéon,
Tonton, tonton, tontaine, tonton,
Et un régiment — quelle aubaine ! —
La baïonnette au canon,
Tonton, tontaine, tonton !
« Outr’ ce régiment d’infant’rie
Avec leurs cinq escadrons,
Tonton, tonton, tontaine, tonton,
Deux régiments de caval’rie
Iraient parfait’ment dans ton con,
Tonton, tontaine, tonton !
« Et tous les pontaniers de France,
Et leurs équipages de ponts,
Tonton, tonton, tontaine, tonton,
Se logeraient bien dans ta panse,
Dans quelque repli de ton con,
Tonton, tontaine, tonton !
Le caporal ordinaire,
Ses légumes et ses oignons,
Tonton, tonton, tontaine, tonton,
Y logeraient aussi, ma chère,
Et il resterait des coins fort bons,
Tonton, tontaine, tonton.
« Aussi le sergent de semaine,
Ses carnets et ses crayons,
Tonton, tonton, tontaine, tonton,
Se caseraient bien sans peine,
Dans quelque racoin de ton con,
Tonton, tontaine, tonton.
« Il y aurait encor d’ la place
Pour y fout’ mes deux roustons,
Tonton, tonton, tontaine, tonton,
En ajoutant, sacrée pétasse,
Du Rictus, tout’ la rédaction,
Tonton, tontaine, tonton.
Caroline ne bronche guère
Pendant cette péroraison,
Tonton, tonton, tontaine, tonton,
Et pendant tout c’ temps l’ « Grand Vicaire »
A laissé sa pin’ dans son con,
Tonton, tontaine, tonton.
Mais à rester entre ses cuisses,
— Longtemps, c’est exagération —
Tonton, tonton, tontaine, tonton,
Il attrapa la chaude-pisse,
Et un vieux chancre à ses roustons,
Tonton, tontaine, tonton.
Lors, elle plaqua le « Grand Vicaire »
L’ laissant à ses occupations,
Tonton, tonton, tontaine, tonton,
Il était content, oui, ma chère,
De s’en être tiré sans morpions,
Tonton, tontaine, tonton.
Ell’ visita tout’ l’Italie,
Et Venise et ses gondoliers
Tinté, tinté, tintaine, tinté,
Mais de Paris, ville chérie
Le souv’nir n’ la quitta jamais,
Tinté, tintaine, tinté !
Alors, elle revint en France,
Prise de nostalgie du pays,
Tinti, tinti, tintain, tinti,
Partout passant, la chaude-lance
Et, partout, détraquant les vits,
Tinti, tintaine, tinti !
Ayant atteint la quarantaine,
Jugeant avoir assez (bringué),
Tinté, tinté, tintaine, tinté,
Avoir assez fait de fredaines,
Elle songea à se retirer,
Tinté, tintaine, tinté !
Elle liquida ses affaires,
Fit ses adieux au grand Paris,
Tinti, tinti, tintain, tinti,
Puis elle se dit : « la chose est claire,
J’ vais m’en aller dans mon pays,
Tinti, tintaine, tinti ! »
Alors elle vécut heureuse,
Sans regret et sans nul souci
Tinti, tinti, tintain, tinti,
Menant toujours un’ vie joyeuse,
Et s’envoyant plus d’un ami,
Tinti, tintaine, tinti !
Et quand la mort vint la surprendre,
Entre les cuiss’s d’un marmiton,
Tonton, tonton, tontaine, tonton,
Elle mourut la pine au ventre,
Le con fendu jusqu’au menton,
Tonton, tontaine, tonton !
Et quand on la mit en bière
On vit pleurer tous ses morpions,
Tonton, tonton, tontaine, tonton,
Et quand on la mit dans la terre,
Ils arrachèr’nt les poils du con,
Tonton, tontaine, tonton !