Les gouttelettes/142

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Les gouttelettesLibrairie Beauchemin (p. 180).


CANDEUR


Nous coupions l’orge dense au soleil de septembre ;
Nos faucilles d’acier disaient les mêmes chants.
Le soir, les bras mordus par des épis méchants,
Elle rentrait sans bruit dans sa modeste chambre.

Avec les papillons, sur la javelle d’ambre,
Dans l’air chaud des midis et le baume des champs,
Il voltige toujours des rêves alléchants,
Et le cœur indompté sous l’aiguillon se cambre.

Un jour elle pleura. Je ne sais pas mentir,
Dans son grand regard bleu flottait le repentir,
Et sa vertu farouche accusait une faute.

Grisés par les parfums qui montaient du gramen,
Nous avions modulé, d’une voix un peu haute,
L’hymne dont un baiser est quelquefois l’Amen.