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Les moteurs à gaz/Moteur François

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L. Boulanger (Le livre pour tous no 95p. 31-34).

MOTEUR FRANÇOIS

La machine à gaz de M. François, plus récente, est moins connue que les précédentes, mais elle mérite de l’être pour les avantages qu’elle présente.

Comme on le voit par notre dessin de la page 29, elle rappelle assez l’aspect du premier moteur Otto et Langen, si ce n’est que la colonne-cylindre supporte deux volants au lieu d’un.



Moteur à gaz François (à deux volants).

Ces deux volants sont l’application d’un principe nouveau de transmission de force, principe basé sur l’inclinaison des bielles, et qui augmente considérablement la puissance motrice. En effet ces bielles, fixées de chaque côté de la tête du piston, forment un parallélogramme parfait et dirigent verticalement la tige du piston, ce qui, supprimant les glissières, évite tout frottement de coulisseau.

Quant au moteur proprement dit, établi sur le même principe que les précédents et pour les mêmes usages industriels, il n’en diffère que par quelques modifications apportées à la disposition des organes, et partant au fonctionnement.

Ainsi, il n’a pas besoin d’un chauffage préalable, comme le moteur Bisschop, pour être mis en marche. Il ne consomme point d’eau, comme le moteur Bénier, pour le refroidissement du cylindre. Il ne demande absolument pour fonctionner que du gaz et de l’air, qui sont introduits dans le cylindre par un tiroir actionné par un excentrique, et qui se trouve sous le fond du cylindre.



Moteur à gaz François (à bielle unique).

Ce tiroir, d’une disposition nouvelle et très ingénieuse, joue dans la machine un rôle remarquable, parce qu’il est multiple. Ainsi, il sert à introduire le gaz et l’air dans le cylindre, à en faire le mélange pendant l’introduction ; il renferme l’inflammateur qu’il démasque par son mouvement alternatif, pour lui permettre de mettre en combustion les gaz explosifs, il sert à l’expulsion des produits de la combustion ; enfin il établit les ouvertures et les fermetures en temps voulu et évite toute soupape.

Une autre disposition ingénieuse de la construction permet de lubrifier toutes les parties intérieures de l’appareil, au moyen d’un graisseur placé au haut de la colonne, et qu’il suffit d’entretenir. C’est, d’ailleurs, la seule surveillance que demande ce moteur, qui utilise le mieux les phénomènes de l’explosion du gaz, et du vide qui en résulte. Aussi permet-il de réaliser une économie notable sur la consommation.

Ainsi un moteur de la force de 6 kilogrammètres brûle par heure 200 litres de gaz ; un moteur de 12 kilogrammètres 330 litres, et ainsi de suite avec une diminution relative jusqu’à ne plus brûler que 1 100 ou 1 200 litres pour un moteur d’un cheval de force.

À cet égard, c’est de tous les petits moteurs, dits de famille, le plus économique. Son seul défaut c’est d’être un peu cher d’établissement.

De la force d’un homme il coûte 750 francs, tandis que le moteur Bisschop ne coûte que 640, et le moteur Bénier encore moins.

M. François construit, du reste, un autre moteur plus économique, et comme prix de revient et comme consommation.

Établi sur le même principe que celui que nous venons d’étudier et fonctionnant de la même manière, régulièrement et sans bruit, il n’a qu’un seul volant et sa bielle unique est disposée pour jouer le même rôle que les deux de son premier type.

Cette simplification (le meilleur de tous les perfectionnements) ne sera pas sans influence sur sa destinée.

Malheureusement l’emploi des moteurs à gaz, en dehors de l’industrie proprement dite, est et sera vraisemblablement longtemps encore très limité.

Le moins cher est encore d’un prix trop élevé, et pour que le moteur à gaz, capable d’actionner une machine à coudre, pût rendre les immenses services dont il est susceptible, il faudrait que l’ouvrière fût à même de l’acheter aussi facilement qu’une machine à coudre.

Ce temps viendra sans doute, car les petits moteurs à gaz sont appelés à un grand avenir… jusqu’au jour, du moins, où les moteurs électriques qui les remplaceront certainement, à un moment donné, pourront être alimentés aussi économiquement.

Lucien Huard.