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Les mystères du château Roy/02/05

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CHAPITRE
V
JACQUES EST SUR LA BONNE PISTE

Depuis l’entrée de Rita au service de la maison Philip, Jacques passait la majeure partie de son temps de loisir en compagnie de Rita. Ce qui n’était pas tout à fait au goût du père de Jacques qui voyait son fils en relation de plus en plus intime avec une fille recueillie sur le bord du chemin. Mais Jacques ne la jugeait pas de la même façon surtout depuis ces derniers jours où il avait découvert (même à l’insu de Rita) que Alfred et Louise n’étaient pas ses parents. C’est pourquoi il la croyait beaucoup plus honorable que le prétendait son père, c’est pour cette raison que le lendemain du meurtre du Château Roy où il avait dû aller enquêter avec son père, qui avait été chargé des recherches, il demanda à son père.

— Est-ce vous qui avez fait enquête sur l’enlèvement de l’enfant de Melle Roy ?

— Oui c’est moi, mais pourquoi me demandes-tu cette question ?

Possédez-vous encore les notes détaillées de cette enquête ? J’aimerais bien les voir.

— Regarde dans la voûte, tu les trouveras dans les archives il y a 17 ans passés.

Jacques alla dans la voûte chercha quelque temps, en sortit avec une liasse de papiers dont il se mit aussitôt en frais de prendre connaissance. Après en avoir étudié à fond le contenu, il alla les déposer à l’endroit même où il les avait pris. En revenant près du bureau de son père qui était plongé dans une méditation profonde, cherchant sans doute une solution au meurtre de M. Roy, Jacques attendit que son père lui parla.

— Veux-tu quelque chose demanda tout à coup son père en se relevant la tête.

— Oui répondit Jacques. Vous avez engagé Melle Rita pour un mois seulement le temps de se trouver un autre emploi et comme le mois finit aujourd’hui je viens vous demander de renouveler son engagement pour un autre mois, car j’ai besoin de son aide dans des recherches dont vous serez sûrement content de connaître le résultat. Et comme je puis en avoir besoin en tout temps il est préférable qu’elle soit à la portée de ma main. Après avoir réfléchi quelques secondes M. Philip répondit.

— Je vais la garder encore un mois à mon service puisqu’il y a de ton intérêt. Mais voudrais-tu me dire si c’est par amour ou l’intérêt de la cause que tu me laisses entrevoir que tu lui fais si belle mine.

— Pour les deux reprit Jacques et je vous préviens qu’elle manquera à l’appel dans la maison cette après-midi puisque je dois l’amener avec moi.

Sur quoi il se retira pour aller prévenir Rita qu’il l’amenait avec lui faire un peu de natation.

— C’est impossible répondit-elle, lorsqu’il l’eut mise au courant de son intention. Je ne suis pas engagée pour me divertir mais pour travailler.

— C’est justement pourquoi je vous amène, car vous n’aurez jamais si bien travaillé tout en vous divertissant. J’ai prévenu mon père de cette intention et il a consenti. Et permettez-moi aussi de profiter de l’occasion pour vous annoncer que nous aurons le plaisir de vous compter encore un mois parmi nous. Et tout en s’apprêtant à sortir il lui recommanda.

— Si on me demande, je suis allé au Château pour cueillir et éclaircir certains petits points intéressants. Et si je manque à l’appel pour le dîner tenez-vous prête pour deux heures je viendrai vous chercher.

Rita se mit à l’ouvrage aussitôt que Jacques fut parti car elle ne voulait pas que cette petite excursion qu’elle devait faire avec Jacques lui fit laisser son ouvrage en arrière. Et la nouvelle qu’il venait lui apprendre qu’elle resterait encore un mois près de lui et la joie que cette nouvelle avait apportée dans son cœur, lui donna des ailes dans ses mouvements. Si bien qu’une heure et demie venait à peine de sonner qu’elle était déjà préparée pour partir. Elle fut donc forcée d’attendre une demi-heure car Jacques arriva seulement à l’heure qu’il avait fixée.

Il est trois heures Jacques et Rita viennent de sortir, d’une petite rivière, qui par une aussi charmante température avait attiré à elle plusieurs couples de jeunes baigneurs charmants.

Ils allèrent se reposer sur la verdure qui encadrait si bien cette charmante rivière et le parfum des fleurs environnantes qui arrivait jusqu’à eux, agissait sur leurs jeunes cœurs et faisait exalter leurs imaginations.

— Qu’il est bon disait Jacques de venir se reposer ici en compagnie d’une personne aussi charmante que vous.

Oh ! fit-il d’un air surpris en s’approchant d’elle pour mieux voir ce qui l’avait frappé.

Mais c’est une tache de naissance une feuille d’érable dit-il en rangeant la bretelle de son maillot de bain qui dissimulait à moitié la tache.

Oui répondit Rita, maman m’a toujours dit que je suis venue au monde avec cette marque.

— Mais à propos de vos parents n’avez vous pas d’incertitude que Louise et son mari pourraient n’être pas vos parents ?

Elle fut fort surprise de lui entendre poser cette question qui la hantait depuis le soir de son départ et dont elle croyait seule en avoir le doute.

— Je ne doute pas d’eux dit-elle. Surtout ma mère fut très bonne pour moi.

Je suis très heureux que Mme Louise ait été bonne pour vous et si Dieu ne l’avait pas rappelée à lui si tôt, je serais sûrement allé la féliciter de son dévouement à votre égard. Mais pour ce qui en est de son époux ma sympathie est loin de lui être acquise. Mais laissons les mauvais sentiments que je puis avoir de lui et renseignez-moi plutôt sur les occupations de vos parents.

— Mon père ne travaillait pas. C’est ma mère qui subvenait aux besoins de la maison.

— Où travaillait-elle ?

— Au Château Roy.

— A-t-elle travaillé longtemps au Château ? Que disait-elle des occupants ?

— Elle y travailla près de vingt ans sans jamais me parler de ses patrons. Mais quelques jours avant sa mort elle me recommanda de ne jamais aller travailler pour eux. Je ne pus en savoir davantage, mais mon père doit connaître la raison car quelques jours après la mort de ma mère, malgré la recommandation qu’elle m’avait faite, je fis part à mon père du désir d’y aller. Il me le défendit formellement. C’est tout ce que je puis vous en dire. J’aimerais pouvoir vous en apprendre davantage afin de pouvoir vous aider dans la cause dont vous chercher la solution.

— Je vous remercie beaucoup de l’attention que vous me témoignez par ce désir ardent que vous avez de m’être utile. Et soyez assurée que j’en garderai un précieux souvenir.

Et se relevant il la prit par la main pour l’aider à se relever.

— Si nous rentrions à l’eau encore une fois avant de repartir car il faut revenir à bonne heure afin d’aller monter la garde au Château avec mon père.

Revenus à la maison où le souper était servi attendant le retour de Jacques qui devait repartir aussitôt pour le Château, on se mit à la table et la conversation s’engagea entre Jacques et son père sur le meurtre de M. Roy.

— Avez-vous une solution au crime d’hier soir, demanda Jacques.

— C’est très enchevêtré repris son père mais nous allons en apprendre ce soir s’il ne manque pas à son rendez-vous.

— Je ne serais pas surpris qu’il y aurait une arrestation cette nuit dit Jacques mais je crains bien que ce ne soit pas le coupable qui soit arrêté.

— Prétends-tu que ce ne soit pas lui demanda son père fort surpris !

— Je fais plus que le prétendre, j’en suis positif.

— J’aimerais bien savoir sur quelle théorie tu travailles pour imaginer une telle chose, dont toutes les preuves sont convaincantes.

— C’est vrai que tout ce que vous savez prouve que c’est lui, mais ce que vous ne savez pas prouverait peut-être le contraire.

— Je te promets mon garçon que si je puis lui mettre la main au collet son affaire sera vite réglée.

— J’aimerais le voir moi aussi et surtout lui parler, mais pour ce qui en est de sa condamnation, mon dernier mot n’est pas dit.

Le souper venant de se terminer Jacques se leva prit son chapeau et sauta dans son cabriolet et prit la direction du Château pour marcher sur la piste qu’il avait découvert que l’on croyait être fausse.