Les oeuvres poétiques de Clovis Hesteau de Nuysement 1578/Ce ne fut des le jour

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XXVII.


Ce ne fut des le jour que j'eu veu tes beaux yeux
Qu'une si saincte ardeur se glissa dans mes veines :
Car de mille beautez les algarades vaines,
N'avoien sceu encanter mes esprits otieux.

Mais helas aussi tost (ô merveille des Cieux),
Que j'ouy tes discours, j'ouy chanter mes peines :
Et comme ta parole eut des aelles soudaines,
Aussi soudainement je devins soucieux.

J'honore tes beautez, je prise tes richesses :
Mais ce qui te peut rendre au nombre des deesses,
A saisi le sommet de mes affections.

Si je peins mieux ton corps que tes graces infuses,
N'accuses mon vouloir, ny l'amour, ny les Muses :
Moindres sont les beautez que les perfections.