Les oeuvres poétiques de Clovis Hesteau de Nuysement 1578/Comme le Nauple veit

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LVIII.



Comme le Nauple veit la flotte vangeresse
Du rapt inhospital, parmy l'onde sallee
Voisiner les hauts Cieux, puis à coup devallee,
Jusqu'au plus creux des eaux par sa flame traitresse.

Amour voit or mon ame en ceste mer d'angoisse,
Dont la sourde terreur pourroit estre esgallee
Aux rochers casharez : & l'alleine exallee,
De mes poulmons gesnez à l'horreur vanteresse.

Ou comme on voit grossir dessus l'alpe cornue,
Un monceau blanchissant nourrisson de la nue,
Qui fondant va noyant la prochaine campagne.

Chacun jour sur mon chef un lourd amas de peines,
Il charge puis à coup les espand par mes veines,
Et fait la mer d'ennuys ou mon ame se baigne.