Les oeuvres poétiques de Clovis Hesteau de Nuysement 1578/J'ay trop plus merité

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LIX.



J'ay trop plus merité que ce que je sens ore,
Je l'espreuve à ma honte & le confesse aussi :
C'est que trop follement je suis venu icy,
Cercher le soing rongeard qui cruel me devore.

Cercher un froit desdain qui mon chef descolore,
Et qui gesnant mes sens d'un importun sourcy,
Me fait en mille plis froncer front & soucy :
Et bref me fait renaistre un mal-heureux Pellore.

Ah que m'apportez vous (ô soudain consentir,)
Sinon las pour me plaindre un tardif repentir?
Que je deteste, & vous faux espoir qui m'avez

Tellement enchanté, que pour haïr ma vie,
Vous tennez ma raison d'un songe ensevellie :
Et d'une mer d'ennuis mon ame vous l'avez.