Les oeuvres poétiques de Clovis Hesteau de Nuysement 1578/O que peu m'a servi

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XXXVII.



O que peu ma servi d'avoir la coignoissance
D'amour, & du pouvoir d'une fiere beauté,
Des cris de mille amants que par leur cruauté
Le cruel desespoir a mis sous sa puissance.

Et que peu m'a servi sous couleur d'une absence,
Nourrir couvertement ma serve loyauté,
Ou de peur de brusler fuir la privauté,
Si tout cela n'a peu me servir de defence.

Que peu m'ont secouru les ruisseaux de mes yeux,
Et que peu m'ont servi tant de cris vers les Cieux,
Puis que les deitez à noz plaints ne s'esmeuvent.

Plus j'invoque la mort, plus mon mal-heur renaist,
Plus je fui mon desir, plus mon ame s'en paist,
En vain donc le mortel fuit ce que les Cieux peuvent.