Les oeuvres poétiques de Clovis Hesteau de Nuysement 1578/Quand le grand œil du Ciel

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XLVI.



Quand le grand œil du Ciel tournoyant l’Orison
Se darde au Capricorne où sa chaleur passee,
Se retirant de nous rend la Terre glacee,
Et nous fait ressentir l’hyvernale saison.
 
L’air lui voyant ravir l’amoureuse toison,
De mille & mille fleurs dont elle est tapissee,
En pleure, & tout despit d’une humeur amassee,
Voelle son chef doré d’un autre chef grison.
 
Si donc l’Air & le Ciel lamentent la verdure,
Si l’animal absent pour sa compagne endure,
Pourquoi ne pourrons nous user de même Loy ?
 
Nous qui avons du Ciel la premiere origine,
Qui portons la raison enclose en la poictrine,
Et qui sommes portraits d’un qui tient tout en soy ?