Les premiers cimetières catholiques de Montréal et l’indicateur du cimetière actuel/Chapitre IV

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CHAPITRE IV.

nouveau cimetière de l’hôpital.


Par sa position même, le champs de repos de la Pointe à Callière était fréquemment inondé lors des grandes crues du fleuve. Il devenait alors impraticable et les inhumations devaient se faire ailleurs, ainsi qu’il arriva, le 15 janvier 1654, pour le défunt François Dhaidin.

Afin d’obéir à cet inconvénient si grave, M. de Maisonneuve donna à la corporation un terrain pour établir le cimetière nouveau, à la condition que ce terrain ferait retour aux seigneurs si les sépultures étaient transportées ailleurs. Ce nouveau champ de repos fut établi sur la hauteur, dans un emplacement occupé aujourd’hui par la Place d’armes, et comme il se trouvait près de l’hôpital il fut appelé nouveau cimetière de l’hôpital. C’est ainsi qu’il est désigné dans l’acte de décès de François Lochol, en date du 11 décembre 1654, signée par le R P. Pigart, S. J.

Tous les travaux d’établissement de ce nouveau lieu de sépulture furent faits aux frais des paroissiens.

Plusieurs années après, les habitants de Ville-Marie, informés que les bestiaux entraient dans le cimetière, voulurent faire cesser cet état de choses. Ils se réunirent le 30 novembre 1674, fête de St. André, à l’issue des vêpres dans une des salles du séminaire. À cette assemblée, où étaient présents M. Perrot, curé de la paroisse, Gabriel Souart, ancien curé et supérieur du Séminaire, M. Jean Migeon, avocat en la Cour du parlement de Paris, Benigne Bastet, greffier tabellion du bailliage de Montréal et plusieurs notables, il fut résolu qu’on ferait au cimetière une clôture de pieux à coulisses sur pièces de bois.

Mais quoique l’usage fût que l’église paroissiale de chaque lieu, le cimetière et sa clôture fussent entretenus par les habitants, il n’en était pas alors ainsi à Ville-Marie, car nous voyons que dans la même assemblée du 30 novembre il fut aussi résolu « qu’on nommerait un habitant en chaque quartier afin d’accompagner M. Jean Fremont, prêtre du Séminaire, pour aller recevoir les aumônes que chacun des habitants voudrait donner. »

Dans ce cimetière, on avait construit à l’endroit où se voit aujourd’hui la banque de Montréal, une chapelle pour y déposer les corps qui n’entraient pas à l’église ; on y faisait l’office ainsi qu’on fait aujourd’hui au cimetière de Notre-Dame des Neiges.

Et bien que le cimetière de l’hôpital eût cessé d’être en usage en 1799, la chapelle dont nous venons de parler ne fut détruite qu’en 1816.

Cette année-là, en effet, le 8 janvier, M. Le Saulnier, prêtre de Saint Sulpice et François de Laperrière, marguillier en charge, adressèrent une requête à Sa Grandeur Mgr  l’évêque de Québec par laquelle ils exposaient :

« 1° Que messieurs les commissaires des fortifications de cette ville (Montréal) désirant, pour le bien public, élargir la rue St-Jacques ont proposé, à la fabrique de la paroisse de leur céder l’emplacement de la maison du bedeau avec une partie du cimetière qui est entre la dite maison et celle du docteur Ledel, sur la place d’armes, offrant les dits commissaires à la dite fabrique pour dédommagement la somme de six cents livres, cours de la province, et un terrain voisin plus considérable, près des remparts.

« 2° Que l’asseemblée du curé et des maguilliers, tenue à cet effet le 31 du mois dernier, ayant délibéré sur cette proposition, a été unaniment d’avis de l’accepter, si Votre Grandeur veut bien y donner son approbation......................... .........................

« C’est pourquoi les soussignés supplient humblement Votre Grandeur d’avoir cet échange pour agréable, et d’autoriser la fabrique à détruire la chapelle où on dépose les morts, et à faire exhumer quelques corps qui ont été inhumés dans le dit cimetière, il y a près de vingt ans, pour livrer le dit terrain aux dits commissaires dans le mois de mai de l’année prochaine. »

Sa Grandeur Mgr  l’évêque de Québec donna, le 13 janvier, son autorisation, comme suit :

« Permis aux termes et conditions exprimées dans la présente requête. »

« Signé, † J. O., Év. de Québec. »