Les principaux monuments funéraires/Suchet

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SUCHET.




Albufera (Louis-Gabriel Suchet duc d’), maréchal et Pair de France, Grand’croix de l’ordre de la Légion-d’Honneur, commandeur de l’ordre royal et militaire de Saint-Louis, et de celui de Saint-Henri de Saxe, chevalier de l’ordre impérial d’Autriche, de la Couronne-de-Fer, naquit à Lyon, le 2 mars 1772. Son père, qui était un riche manufacturier d’étoffes de soie, le plaça au collège de l’île Barbe, où il se fit bientôt remarquer par ses progrès rapides dans les sciences.

Après avoir terminé ses études, il entra comme volontaire dans la cavalerie Nationale Lyonnaise, le 12 mai 1793 ; il fut ensuite nommé capitaine d’une compagnie franche, et le 20 septembre suivant, chef du 4e bataillon de l’Ardèche.

A l’armée d’Italie il assista, en 1794, aux combats de Vado, de Saint-Jacques, et combattit successivement à Gossaria, Dego, Lodi et Borghetto, sous les ordres du général Augereau. Étant passé ensuite dans la division Masséna, il prit part aux batailles de Rivoli, Castiglione, Trente, Bassano et Arcole, où, non loin de là, il fut blessé dangereusement. A peine rétabli, il fit la mémorable campagne qui amena le traité de Campo-Formio. Au combat des gorges de Neumark, il fut atteint d’une balle à l’épaule : le général en chef, Bonaparte, le nomma chef de Brigade sur le champ de bataille, le 29 novembre 1797, et le 23 mars suivant il l’éleva au grade de général de Brigade.

Le général Suchet prit une part active à toutes les brillantes affaires qui eurent lieu dans l’Italie, principalement à Vérone, Montebello, etc. Il fut nommé, le 11 décembre 1803, membre de la Légion-d’Honneur, puis grand-officier le 14 juin 1804.

A l’ouverture de la campagne d’Allemagne, en 1805, la division qu’il commandait se distingua à Ulm, à Hollabrun, à Austerlitz ; on admira surtout dans cette glorieuse journée sa marche en échelon par régimens, comme à l’exercice, sous le feu de 50 pièces de canon. Suchet reçut, en récompense de ses services, le grand-cordon de la Légion-d’Honneur et une dotation de 20,000 francs de rente.

En Prusse, en Pologne, en Espagne, la victoire lui fut constamment fidèle ; après les exploits de Lerida, Mequinenza, Tortose et Tarragone, il reçut, le 8 juillet 1811, le bâton de maréchal.

Ses glorieuses campagnes et sa noble conduite dans les royaumes de Valence et d’Aragon lui firent obtenir, le 24 janvier 1813, le titre de duc d’Albufera et la possession de ce domaine, situé près de Valence.

Lors de l’abdication de Napoléon, il eut le commandement de l’armée du Midi, et fut maintenu dans toutes les dignités qu’il avait obtenues sous l’empire. Revenu dans la capitale, le 30 mars, il fut envoyé à Lyon, où, au second retour du Roi, il envoya, par trois généraux, le 11 juillet 1815, la soumission des troupes qu’il commandait, et obtint une convention honorable qui, en sauvant sa ville natale, lui donna le moyen de conserver à l’État pour 10 millions de matériel d’artillerie. Le corps municipal et la chambre de commerce lui exprimèrent la reconnaissance des Lyonnais pour cet éminent service.

De retour à Paris, où il espérait se reposer des fatigues de la guerre, il fut atteint d’une longue et douloureuse maladie qui termina sa glorieuse carrière, le 3 janvier 1826. Il a été inhumé au cimetière du Père Lachaise.

Le monument élevé au maréchal Suchet est d’un style aussi noble qu’élégant, la sculpture, dont il est richement orné, est d’un travail achevé. Sa forme, qui est quadrangulaire, a pour base un soubassement en granit, le surplus est formé d’un seul bloc de marbre blanc. Sur la face principale, la Muse de l’histoire grave sur une pièce de canon le nom des lieux qui furent témoins de la gloire de l’illustre guerrier. Son buste, sculpté au-dessus, est entouré d’une guirlande de laurier adaptée à deux flambeaux renversés. Dans les frontons, dont le monument est surmonté, sont placés au milieu d’une couronne les ordres dont le maréchal fut décoré. Dans la partie postérieure est un trophée d’armes sculpté avec une rare perfection : dans les parties latérales sont des couronnes de laurier, de chêne, d’olivier, au milieu desquelles sont inscrits les noms des villes qui rappellent les hauts faits du maréchal.

Sur la façade du soubassement on lit cette courte inscription :

LE MARÉCHAL SUCHET,
DUC D’ALBUFERA.

L’architecte de ce beau monument est M. Visconti, le buste est de M. David, et les ornemens de M. Plantar.