Les rues de Paris/Froissart

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Bray et Rétaux (tome 1p. 405-416).


FROISSARD OU FROISSART



Quoique Froissard nous ait souvent parlé de lui dans ses Chroniques comme dans ses Poésies, somme toute il nous en apprend peu de chose, et ce qu’il nous en apprend mieux eût valu le plus souvent nous le laisser ignorer ; car ces détails ont trait à ses goûts qui ne prouvent guère beaucoup de sérieux dans l’esprit et cette gravité de mœurs qu’exigeait son caractère, puisque Froissart était prêtre. Mais tout probablement ces confidences concernent l’époque où, libre encore de lui-même, il n’était point entré dans les ordres :

    En mon jouvent (jeunesse), tout tel estoie
    Que trop volontiers m’esbatoie.
    Et tel que fui encor le sui…
    Très que n’avoie que douze ans
    Estoie fortement goulousans (désireux)
    De vésir (voir) danses et carolles,
    D’oïr ménestrels et parolles,
    Qui s’appartiennent à déduit,
    Et de ma nature introduit
    D’aimer par amour tous ceauls (ceux)
    Qui aiment et chiens et oiseauls ;
    .........
    Et si destoupe mes oreilles,
    Quand j’oï vin verser de bouteilles,
    Car au boire prens grand plaisir.

    Aussi fais en beaux draps vestir,
    En viande fresche et nouvelle.
    Violettes en leurs saisons
    Et roses blanches et vermeilles
    Voi volontiers, car c’est raison, »

« Cette confession est explicite », dit avec raison un biographe qui la donne un peu plus au long et ne s’est pas fait scrupule, comme nous, de reproduire tel ou tel passage qui trahit chez le poète des goûts plus mondains encore. « On voit que la chasse, la musique, les joyeuses assemblées, les danses, la parure, la bonne chère, le vin et les dames tinrent de bonne heure une grande place dans la vie de Froissart. Mais il trouva aussi du temps pour l’étude. »

À bien dire cette vie se passa surtout à voyager, non pour le seul plaisir de voir du pays, mais, comme il nous l’apprend, dans un but plus sérieux :

« Je cherchai la plus grande partie de la chrétienté, et partout où je venais, je faisais enquête aux anciens chevaliers et écuyers qui avaient été en faits d’armes et qui proprement en savaient parler, et aussi à aucuns herauts de crédence, pour vérifier et justifier toutes matières. Ainsi ai-je rassemblé la haute et noble histoire et matière, et le gentil comte de Blois dessus nommé y a rendu grande peine ; et tant comme je vivrai, par la grâce de Dieu, je la continuerai ; car comme plus j’y suis et plus y laboure, et plus me plaît ; car ainsi comme le gentil chevalier et écuyer qui aime les armes, et en persévérant et en continuant il s’y nourrit parfait, ainsi en labourant et ouvrant sur cette matière je m’habilite et délecte. »

Et cette vie nomade, cette éternelle chevauchée à laquelle une curiosité toujours en éveil donnait tant d’attrait, commença pour lui de bonne heure.

« Et pour vous informer de la vérité, je commençai jeune dès l’âge de vingt ans ; et si suis venu au monde avec les faits et aventures ; et si y ai toujours pris grand plaisance plus que de tout autre chose. »

Froissart (Jean) était né à Valenciennes, en 1337 ; autant qu’on peut conjecturer par quelques-uns de ses vers, son père, appelé Thomas, était peintre d’armoiries. Tout jeune, il fut destiné à l’état ecclésiastique qui ne semblait guère pourtant dans le sens de sa vocation ; car son humeur vagabonde était celle d’un ancien trouvère. Il n’avait pas vingt ans lorsque « à la prière de son cher et seigneur et maître messire Robert de Namur, chevalier seigneur de Beaufort », il entreprit d’écrire l’histoire de son temps, mais envisagée surtout au point de vue anecdotique et guerrier. La première partie de ses récits ou chroniques, ayant un caractère tout rétrospectif (de 1326 à 1340), « était fondée et ordonnée sur celles qu’avait jadis faites et rassemblées vénérable homme et discret seigneur monseigneur Jehan le Bel » chanoine de Saint Lambert de Liége dont le livre manuscrit, retrouvé, il y a quelques années seulement, par M. Polain, archiviste de la province de Liége, a été publié en 1850.

La première partie de son travail terminée, Froissart partit pour l’Angleterre afin de faire hommage du dit volume à la reine Philippa de Hainaut, femme du roi Édouard III « laquelle liement et doucement le reçut de lui et lui en fit grand profit… et Dieu m’a donné, dit Froissart, tant de grâce que j’ai été bien de toutes les parties et des hôtels des rois, et par espécial de l’hôtel du roi d’Angleterre et de la noble reine sa femme, Madame Philippa de Hainaut, dame d’Irlande et d’Acquitaine… Ainsi, au titre de la bonne dame et à ses coûtages et aux coûtages de hauts seigneurs en mon temps, je cherchais la plus grande partie de la chrétienté. »

En effet, après un court séjour en Angleterre, il revint sur le continent, puis retourna à Londres, l’année suivante (1362) où la reine le fit clerc de sa chapelle, ce qui ne l’obligeait pas sans doute à résidence, car nous le voyons, en 1364, visitant l’Écosse ; en 1366, il suit le prince de Galles (Prince Noir) à Bordeaux qu’il quitte pour retourner en Angleterre. En 1368, il passe en Italie avec le duc de Clarence, Lionel, et assiste, à Milan, aux fêtes du mariage de ce prince avec la fille de Galéas Visconti. Libre alors, il visite successivement la Savoie, Bologne, Ferrare, Rome et revient par l’Allemagne en Flandre où il pensait s’embarquer pour l’Angleterre quand la nouvelle de la mort de la reine vint modifier ses projets et il se résolut à demeurer en Flandre. Nommé à la cure de Lestines, il n’exerça que peu de temps le ministère ; cette existence sédentaire, toute remplie par des occupations sérieuses, ne convenait aucunement à son humeur vagabonde, et résignant ses fonctions curiales, il se remit à courir le monde. Nous le voyons tour à tour dans le Brabant, la Touraine, le Berry, le Béarn, l’Auvergne, la Hollande, etc, tant qu’enfin, vers 1390, il s’arrête à Chimay. Là, riche de tous les matériaux si divers recueillis par lui dans ses continuelles pérégrinations, il reprit la rédaction de sa Chronique, travail qui l’occupa plusieurs années et dont il se délassait par la composition de ses poésies. Il en forma tout un recueil qu’il fit magnifiquement copier, enluminer et relier afin de pouvoir l’offrir au roi d’Angleterre (1394), Richard, fils du prince de Galles et neveu par conséquent d’Édouard III et de Philippa de Hainaut. Le présent, offert par Froissart lui-même venu dans ce but en Angleterre, fut reçu à merveille.

« Et voulut voir le roi le livre que j’avais apporté… Il l’ouvrit et regarda dedans, et lui plut, et plaire lui devait, car il était enluminé, écrit et historié, et couvert de vermeil velours à dix clous d’argent dorés d’or, et roses d’or au milieu et à deux grands fermaux (fermoirs) dorés, et richement ouvrés au milieu de rosiers d’or… et me fit très bonne chère, pour la cause de ce que de ma jeunesse j’avais été clerc et familier au noble roi Édouard son tayan (oncle) et à Madame Philippa de Hainaut, sa taye (tante) ; et fus un quart d’an en son hôtel ; et quand je me départis de lui, ce fut à Windsor. À prendre congé, il me fit par un chevalier donner un gobelet d’argent doré, pesant deux marcs largement, et dedans cent nobles dont je valus mieux depuis tout mon vivant. Et suis moult tenu à prier pour lui. »

On remarquera cette dernière phrase soulignée par nous à dessein ; car elle prouve que, par une contradiction peu rare alors, et qui est, hélas ! de tous les temps, le poète historien trouvait moyen d’accommoder et de concilier une vie parfois assez mondaine avec l’esprit religieux. La théorie était parfaite encore que la pratique laissât souvent à désirer. C’est là le caractère de ses ouvrages qui nous charment dans le vieil idiome par la vivacité des tableaux, la vérité des portraits, l’entrain de la narration toujours animée qui reflète si bien la physionomie du siècle, mais sans autre préoccupation, ce semble, que de peindre ce que voit l’auteur et comme il le voit, c’est-à-dire en s’arrêtant aux apparences, à la surface brillante, mais sans trop aller au fond des choses. Lui prêtre, il écrit comme pourrait le faire un lettré du monde, un joyeux et vaillant chevalier. Dans ses Chroniques, il faut chercher l’agrément, le plaisir qui résulte de la description pittoresque des mœurs du temps, de la variété des épisodes, de détails curieux contés avec grâce et naïveté, plutôt que la sévère appréciation des faits et ces graves réflexions qui donnent à l’histoire même des temps mauvais sa moralité. Comme l’a dit fort bien un écrivain déjà cité :

« En racontant la vie de Froissart, nous avons fait connaître le caractère de son ouvrage ; ce n’est pas une histoire sérieuse, à la fois impartiale et nationale, telle que l’a écrite le Religieux de Saint-Denis, c’est un tableau brillant et artificiel du quatorzième siècle… Il est indifférent aux souffrances du peuple et réserve ses complaisants récits pour les combats et fêtes des seigneurs. Il prend également ses héros en Angleterre et en France, mais toujours parmi les nobles, et il ne leur demande que du courage, de la libéralité, l’amour des lettres, fort disposé d’ailleurs à leur pardonner tous les excès. En un mot, une moralité élevée manque tout à fait à ces charmantes peintures[1]. »

Pourtant dans son Prologue Froissart avait dit excellemment : « … Je veux traiter et recorder histoire et matière de grande louange. Mais ainsi que je la commence, je requiers au Sauveur de tout le monde, qui de néant créa toutes choses, qu’il veuille créer et mettre en moi sens et entendement si vertueux que ce livre que j’ai commencé je le puisse continuer et persévérer en toute matière que tous ceux et celles qui le liront, verront et orront y puissent prendre esbatement et plaisance et je enchoir en leur grâce… Donc, pour ainsi atteindre et venir à la matière que j’ai entreprise de commencer, premièrement par la grâce de Dieu et de la benoite Vierge Marie dont tout confort et avancement viennent, je me veux fonder et ordonner sur les vraies chroniques jadis faites et rassemblées par vénérable homme et discret seigneur monseigneur Jehan le Bel, chanoine de Saint-Lambert de Liége, qui grand’cure et toute bonne diligence mit en cette matière. »

C’est bien là le langage de l’historien chrétien et cet admirable programme on peut regretter que l’auteur ne s’en soit pas assez souvenu dans le cours de son travail, car le livre ne perdrait certes pas à nos yeux s’il était toujours, comme le voulait Jacques Amyot, « une lecture qui délecte et profite à la fois. » Un esprit plus fortement chrétien donnerait tout autrement d’élévation et de vigueur à la pensée, en même temps qu’une âme plus largement sympathique aux douleurs humaines communiquerait plus souvent à la narration cette grandeur et cette émotion qui rendent si pathétique le récit du dévouement des bourgeois de Calais. Dommage que ce récit soit trop long, car nous aurions eu plaisir à le citer tout entier. Détachons-en quelques pages seulement.

« Si (or) vint messire Gautier de Mauny et les Bourgeois de Calais (Eustache de Saint Pierre, Jean d’Aire, Jacques de Vissant, Pierre de Vissant et les deux autres), et descendit en la place et puis s’en vint devers le roi et lui dit :

Sire, voici la représentation de la ville de Calais, à votre ordonnance.

« Le roi se tint tout coi et les regarda moult fellement (cruellement), car moult héait (haissait) les habitants de Calais pour les grands dommages et contraires que au temps passé sur mer lui avaient faits. Ces six bourgeois se mirent tantôt à genoux devant le roi, et dirent ainsi en joignant leurs mains :

Gentil sire et gentil roi, veez-nous (voyez-nous) cy six qui avons été d’ancienneté bourgeois de Calais et grands marchands : si vous apportons les clefs de la ville et du chastel de Calais et les rendons à votre plaisir et nous mettons en tel point que vous voyez, en votre pure volonté, pour sauver le demeurant du peuple de Calais, qui a souffert moult de grièvetés. Si veuillez avoir de nous pitié et merci par votre très haute noblesse.

Certes il n’y eut adonc en la place seigneur, chevalier, ni vaillant homme qui se pût abstenir de pleurer de droite pitié, ni qui pût de grand’pièce (de longtemps) parler. Et vraiment ce n’était pas merveille ; car c’est grand’pitié de voir homme déchoir, et être en tel état et danger. Le roi les regarda très ireusement (avec colère), car il avait le cœur si dur et si épris de grand courroux qu’il ne put parler. Et quand il parla, il commanda qu’on leur coupât tantôt les têtes[2]. Tous les barons et chevaliers, qui là étaient, en pleurant prièrent si acertes que faire pouvaient au roi qu’il en voulut avoir pitié et mercy ; mais il n’y voulait entendre.

… Adonc fit grande humilité la reine d’Angleterre, qui était durement enceinte et pleurait si tendrement de pitié qu’elle ne se pouvait soutenir. Si se jeta à genoux pardevant le roi son seigneur et dit ainsi :

Ha ! gentil sire, depuis que je repassai la mer en grand péril, si comme vous savez, je ne vous ai rien requis ni demandé : or, vous prie-je humblement et requiers en propre don que, pour le fils de Sainte Marie et pour l’amour de moi, vous veuillez avoir de ces six hommes merci.

Le roi attendit un petit à parler et regarda la bonne dame sa femme qui pleurait à genoux moult tendrement ; si lui amollia (amollit) le cœur, car envis (malgré soi) l’eut courroucée au point où elle était ; si dit :

Ha ! dame, j’aimerais trop mieux que vous fussiez autre part qu’ici. Vous me priez si acertes (fort) que je ne le vous ose éconduire (refuser) ; et combien que je le fasse envis, tenez, je vous les donne, si en faites à votre plaisir.

La bonne dame dit : « Monseigneur, très grand merci. » Lors se leva la reine et fit lever les six bourgeois et leur ôter les chevestres (cordes) d’entour leur cou, et les emmena avec elle en sa chambre et les fit revêtir et dîner tout à l’aise, et puis donna à chacun six nobles, et les fit conduire hors de l’ost (armée) à sauveté. »

Tout cela est admirable et, dans les historiens les plus renommés de l’antiquité, je ne sais pas beaucoup d’épisodes qui vaillent celui-ci. Une citation encore, non moins intéressante quoique d’un genre différent :

« Vérité fut selon la fame (renommée) qui courait, que le roi de Navarre (Charles-le-Mauvais), du temps qu’il se tenait en Normandie et que le roi de France (Charles V) était duc de Normandie, il le voulut faire empoisonner ; et reçut le roi de France le venin ; et fut si avant mené que tous les cheveux de la tête lui churent, et tous les ongles des pieds et des mains, et devint aussi sec qu’un bâton, et n’y trouvait-on point de remède. Son oncle, l’empereur de Rome, ouït parler de sa maladie ; si (or) lui envoya tantôt et sans délai un maître médecin qu’il avait de lez (près de) lui, le meilleur maître et le plus grand en science qui fût en ce temps au monde, ni que on sût ni connût, et bien le voyait-on par ses œuvres. Quand ce maître médecin fut venu en France de lez le roi, qui lors était duc de Normandie, et il eut la connaissance de sa maladie, il dit qu’il était empoisonné et en grand péril de mort. Si fit adonc, en ce temps, de celui qui puis fut roi de France, la plus belle cure dont on put ouïr parler ; car il amortit en tout ou en partie le venin qu’il avait pris et reçu ; et lui fit recouvrer cheveux et ongles et santé, et le remit en point et en force d’homme parmi ce que, tout petit à petit, le venin lui issait et coulait par une petite fistule qu’il avait au bras. Et à son département, car on ne put le retenir en France, il donna une recette dont on userait tant qu’il vivrait. Et bien dit au roi de France et à ceux qui de lez lui étaient :

« Si très tôt que cette petite fistule laira (cessera) de couler et sèchera, vous mourrez sans point de remède, mais vous avez quinze jours au plus de loisir pour vous aviser et penser à l’âme. Bien avait le roi de France retenu toutes ces paroles ; et porta cette fistule vingt-trois ans, laquelle chose par maintes fois l’avait fort ébahi… Si quand cette fistule commença à sécher et non couler, les doutes (craintes) de la mort lui commencèrent à approcher. Si ordonna, comme sage homme et vaillant qu’il était, toutes ses besognes. » (Froissart : Livre II.)

Froissart mourut à Chimay vers 1410. D’après un vieux manuscrit découvert dans cette ville : « Son corps est ensepulturé à Chimay, en la chapelle où sont les fonts baptismaux. » Après sa mort, on fit beaucoup de vers à sa louange, nous citerons seulement une de ces pièces en façon d’épitaphes.

                       HONORARIUM.
    Gallorum sublimis honos et fama tuorum,
    Hic, Froissarde, jaces, si modò fortè jaces.
    Historiæ vivus studuisti reddere vitam,
    Defuncto vitam reddet at illa tibi.

« Froissart, qui fut la gloire et l’honneur des Gaules, gît ici, supposé qu’il soit mort. Vivant, ô Froissart, tu t’étudiais à rendre la vie à l’histoire, et celle-ci, quand tu n’es plus, fait de même pour toi. »

Froissart n’était pas seulement prosateur excellent mais aussi poète distingué. D’ailleurs, sa verve s’exerçait trop volontiers, à la façon de Pétrarque, sur les sujets chers alors comme aujourd’hui aux faiseurs de romans et romances. Voici d’une de ses meilleures pièces un fragment comme échantillon de sa manière :

    Ce fut au joli mois de may,
    Je n’eus doubtance ni esmai (effroi)
    Quand j’entray en un jardinet.
    Il estoit assez matinet,
    Un peu après l’aube crevant (croissant)
    Nulle riens ne m’alloit gresvant (pesant),
    Mès (mais) toute chose me plaisoit
    Pour le joli temps qu’il faisoit,
    Et estoit apparent dou (de) faire.
    .........
    Je me tenois en un moment
    Et pensois au chant des oiseauls,
    En regardant les arbriseaus,
    Dont il y avait grant foison,
    Et estoie sous un buisson
    Que nous appelons aube-espine
    Qui devant et puis l’aube espine ;
    Mes la flour (fleur) est de tel (telle) noblesse.
    Que la pointure petit blesse ;
    .........
    Tout envi que là me seoie (seyais)
    Et que le firmament veoie (voyais)
    Qui estoit plus clair et plus pur
    Que ne soit argent ne azur,
    En un penser je me ravis…



  1. Biographie Universelle, article Froissart.
  2. Quel monstrueux abus de la victoire ! La guerre était plus inhumaine alors qu’aujourd’hui.