Les tendres épigrammes de Cydno la Lesbienne/63

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(pseudonyme)
Traduction par Ibykos de Rhodes (pseudonyme).
Bibliothèque des curieux (p. 163-164).


LXIII

LA TRAHISON D’ÉRYCINE


Ma colère ne bouillonne pas longtemps. Le battement de mon cœur s’empresse de redevenir pacifique.

Mais je suis triste jusqu’au fond de l’âme, car celles que j’aime le mieux me trahissent, maintenant que j’ai plusieurs cheveux blancs dans mes boucles noires.

Tu m’abandonnes, ô Érycine ! Je sais ce que vous fîtes cette nuit, toi et Chariclô.

Tu m’as trahie pour une paysanne qui tire gauchement au-dessus de ses chevilles noueuses une robe crottée.

Tu seras punie, ô Érycine !

Je ne pousserai pas d’imprécations, mais mes vers omettront l’éloge de tes charmes. Tu ne seras point l’une des fleurs de mon immortel jardin de roses. Tu languiras là-bas, ombre sans gloire, comme une femme turque.