Les vitraux du Moyen âge et de la Renaissance dans la région lyonnaise/1.02.6'
![]() Fig. 42. — L’ébriété |
Nous ne saurions entrer ici dans l’étude iconographique des figures allègoriques de la Psychomachie, ou combat de l’âme, si fréquente dans le symbolisme figuré du Moyen Age. La lutte entre les Vertus et les Vices présente son enseignement moral aussi bien sur les enluminures des manuscrits et les tapisseries que sur les fresques, les vitraux et les sculptures de nos cathédrales et même d’édifices religieux d’importance secondaire[1]. | ![]() Fig. 43. — La chasteté |
Dans le vitrail de Lyon, sept Vertus et les sept Vices contraires occupent une série de petits médaillons inscrits dans la bordure. Toutes les Vertus, sous les traits de jeunes femmes, sont assises, chastement vêtues de robes et de manteaux largement drapés, la tête voilée et nimbée. Dans le haut ou le bas du médaillon, leurs noms sont tracés en lettres capitales.
La Luxure (fig. 48) et la Tempérance ou la Sobriété sous une forme nouvelle : Castrimagia (fig. 49), viennent s’opposer à l’Ébriété et à la Chasteté déjà rencontrées. Bien que la Luxure ne soit pas le vice directement opposé à la Sobriété, Prudence avait déjà mis en scène ce nouveau couple, parce que la Luxure est fille de l’Intempérance : Sobrietas increpat Luxuriam extinctam.
L’identité de la Sobriété étant établie, pourquoi le peintre a-t-il désigné cette vertu par cette appellation étrange Castrimargia ou Gastrimargia que nous ne trouvons dans aucun glossaire ? Ducange donne au terme Gastrimargia ou Castrimargiala signification d’intempérance, de gloutonnerie, ventris voracilas, gulæ concupiscentia. Cela étant, n’est-il pas permis de croire que le peintre-verrier a cru pouvoir se passer la fantaisie d’un néologisme, où il trouvait l’occasion de faire un jeu de mots, en transformant Gastrimargia, intempérance, en Castrimagia, tempérance, par la suppression d’un r ? On sait que le c était souvent pris pour le g. Son raisonnement eût été celui-ci : le mot Gastrimagia est composé de deux termes : Gaster désignant les appétits déréglés du ventre, et Magia, une puissance dominante. Pourquoi Castrimagia ne signifierait-il pas, étymologiquement, domination dans les appétits du ventre[2] ? Ou n’est—ce pas tout simplement un contresens du peintre-verrier peu lettré, prenant le nom latin de l’Intempérance pour celui de la Tempérance ?
Dans le calice que la Patience élève de la main droite, on peut reconnaître la coupe d’amertume dont elle a été abreuvée (fig. 51). La Colère, ainsi que dans la rose de Notre-Dame de Paris et le vitrail d’Auxerre, ne pouvait être mieux personnifiée que par ce jeune homme qui se donne la mort avec son épée dans un moment d’égarement (fig. 50).
été conçu primitivement et relevé par le P. Martin, avant les remaniements de Thibaud, c’est-à-dire : la Cupidité et la Charité, l’Avarice et la Largesse, l’Ébriété et la Chasteté.
Septième Vitrail. — Résurrection de Lazare.
1° Mort de Lazare. (Jean, xi, 1-16.)
2° Marthe quitte sa sœur pour aller au-devant de Jésus. (Jean, xi, 19-20.)
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Ces deux premiers médaillons sont modernes et datent de la restauration d’E. Thibaud.
3° Marie reçoit les doléances de ses parents (fig. 54) qui cherchent à la consoler de la mort de son frère.
4° Marthe revient chercher sa sœur (fig. 54). (Jean, xi, 23-28.) Marthe, confiante dans la parole de Jésus, qui vient de lui annoncer que son frère Lazare ressuscitera. retourne auprès de Marie et lui dit tout bas : « Le Maître est venu et il vous demande. » L’artiste a su rendre avec une parfaite justesse de mouvement l’air mystérieux de Marthe rapportant à sa sœur la bonne nouvelle.
- ↑ Voir sur ce sujet les développements que nous avons publiés dans la Monographie de le Cathédrale de Lyon, et surtout l’étude si complète, si documentée, que M. Émile Mâle a consacrée aux représentations des Vices et des Vertus dans son précieux ouvrage : l’Art religieux du treizième siècle en France, p. 123 et suivantes.
- ↑ Monographie de la Cathédrale de Lyon, p. 136.