Lettre de Madame Rimbaud à Georges Izambard - 24 septembre 1870
Charleville, 24 septembre 1870.
MONSIEUR,
Je suis très inquiète et je ne comprends pas cette absence prolongée d’Arthur. Il a cependant dû comprendre par ma lettre du 17 qu’il ne devait pas rester un jour de plus à Douai ; d’un autre côté, la police fait des démarches pour savoir où il est passé, et je crains bien qu’avant le reçu de cette présente le petit drôle se fasse arrêter une seconde fois ; mais il n’aurait plus besoin de revenir car je le jure bien de ma vie je ne le recevrais plus (sic) est-il possible de comprendre la sottise de cet enfant, lui si sage et si tranquille ordinairement ; comment une telle folie a-t-elle pu venir à son esprit, quelqu’un l’y aurait-il soufflé : mais non je ne dois pas le croire. On est injuste aussi quand on est malheureux, soyez donc assez bon pour avancer dix francs à ce malheureux, et chassez-le, qu’il revienne vite. Je sors du bureau de poste ou l’on m’a encore refusé un mandat, la ligne n’étant pas ouverte jusqu’à Douai. Que faire ? Je suis bien en peine. Que Dieu ne punisse pas la folie de ce malheureux enfant comme il le mérite.
J’ai l’honneur, monsieur, de vous présenter mes respects.
V. RIMBAUD