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Lettre de Saint-Évremond à la duchesse Mazarin (« Le mouton de Windsor cède au mouton de Bath… »)

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LXXIII. Billet à la duchesse Mazarin.


À LA MÊME.

Le mouton de Windsor cède au mouton de Bath ;
C’est la décision d’Hortense :
Bath aura donc la préférence.
Windsor ne le sauroit disputer désormais,
Et la chose en est si certaine,
Que monsieur le duc de Nevers,
Pourroit vous nommer, dans ses vers,
Des bons goûts d’aujourd’hui, la Métropolitaine.

Votre mouton sera donc servi à l’exclusion de tout autre. Mes dîners sont dîners d’aventure, qui ressemblent fort à ceux des Théatins, qui se mettent à table, sans savoir s’ils auront de quoi manger. Ces repas de la Providence ne laissent pas d’être quelquefois bons, par le soin de ceux qui apportent. Si vous voulez du fruit, apportez-en : du vin, j’en ai de bon. Vous tiendrez lieu de toutes choses : les conviés seront trop heureux de vous voir, et moi le premier, qui mets tout mon bonheur dans une vue si précieuse. Il ne pleut que parodies1. La dernière que je vous ai envoyée est peut-être celle dont milord Montaigu vouloit parler. Pour l’autre, je ne veux point écrire contre celui qui peut proscrire. Vous savez assez les anciens et les modernes, pour entendre ce dit-là, et en faire l’application.


NOTES DE L’ÉDITEUR

1. Après que le roi Guillaume eut repris Namur en 1695, plusieurs personnes se divertirent en Angleterre, aussi bien qu’en Hollande, à parodier l’ode que Despréaux avoit faite, sur la prise de cette place par Louis XIV, en 1692. Louis XV reprit Namur en 1746.