Lettre de Saint-Évremond à la duchesse Mazarin (« Trois mots de votre lettre valent trois volumes… »)

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LXXIV. Billet à la duchesse Mazarin, 1696.


BILLET À MADAME LA DUCHESSE MAZARIN.
(1696.)

Trois mots de votre lettre valent trois volumes : Je ne me suis jamais mieux portée : je n’ai jamais été plus belle. Je suis ravi de ce qui regarde la santé ; je ne suis point surpris de ce que vous dites de la beauté : vous ne nous apprenez rien. Il est vrai que l’air dont vous en parlez a un agrément que je ne saurois exprimer. J’en étois si pénétré, que je n’ai pu m’empêcher de le dire à milord Sunderland et à milord Mulgrave1 qui étoit chez lui. Jamais, ont-ils dit, confiance n’a été si noble, si juste et si bien fondée. Milord Sunderland a ajouté que tous les dits des anciens et des modernes ne valoient point cela.

Quelque avantage que je tire de l’absence, Mouton de Bath, Lapins, douceurs dans les lettres ; quelques chagrins que j’aie à essuyer sur mon inquiétude, sur mes chiens, et les oiseaux, à votre retour, je ne laisse pas de le désirer passionnément. Milord Montaigu s’attend d’être averti du bienheureux jour de votre passage.


NOTES DE L’ÉDITEUR

1. Ensuite duc de Buckingham et de Normanby.