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Lettre sur le progrès des sciences/Article 15

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Miroirs brûlans.

Avec nos bois, nos charbons, & toutes nos matières les plus combuſtibles, nous ne pouvons pouſſer les effets du feu que juſqu’à un certain degré, qui n’eſt que peu de choſe, ſi on le compare aux degrés de chaleur que la terre ſemble avoir éprouvés, ou à celui que quelques comètes éprouvent dans leur périhélie. Les feux les plus violens de nos chymiſtes ne ſont peut-être que de trop foibles agens pour former & pour décompoſer les corps : & de-là viendroit que nous prendrions pour l’union la plus intime, ou pour la dernière décompoſition poſſible, ce qui ne ſeroit que des mélanges imparfaits, ou des ſéparations groſſières de quelques parties. La découverte du miroir d’Archimède que vient de faire M. de Buffon, nous fait voir qu’on pourroit conſtruire des tours brûlantes, ou des amphithéâtres chargés de miroirs qui produiroient un feu dont la violence n’auroit, pour ainſi dire, d’autres limites que celles qu’a le ſoleil même.