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Lettre sur le progrès des sciences/Article 8

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Ville Latine.

Toutes les nations de l’Europe conviennent de la néceſſité de cultiver une langue, qui, quoique morte depuis longtems, ſe trouve encore aujourd’hui la langue de toutes la plus univerſelle, mais qu’il faut aller chercher le plus ſouvent chez un Prêtre ou chez un Médecin. Si quelque Prince vouloit, il lui ſeroit facile de la faire revivre ; il ne faudroit que confiner dans une même ville tout le latin de ſon pays, ordonner qu’on n’y prêchât, qu’on n’y plaidât, qu’on n’y jouât la Comédie qu’en latin. Je crois bien que le Latin qu’on y parleroit ne ſeroit pas celui de la Cour d’Auguſte, mais auſſi ce ne ſeroit pas celui des Polonois ; & la jeuneſſe qui viendroit de bien des pays de l’Europe dans cette ville, y apprendroit en un an plus de latin qu’elle n’en apprend en cinq ou ſix ans dans les Colléges.