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Lettres à Sixtine/Intérieurement

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INTÉRIEUREMENT

Τή φιλή


12-22 septembre 87.




Ne me demande plus de mots, ô mon amie,
des mots doux et choisis, pour leur grâce, un à un,
des mots dont le murmure épand comme un parfum,
ne me demande plus de mots, ô mon amie.



Ne me demande plus de phrases, mon amie,
des phrases sur l’enclume au marteau martelées,
des phrases qui font un bruit d’ailes envolées,
ne me demande plus de phrases, mon amie.


Ne me demande plus de vers, ô mon amie,
des vers dont la beauté modelée à ton corps
a trempé ses contours dans le rose et les ors,
ne me demande plus de vers, ô mon amie.



Ne me demande plus de prose, ô mon amie,
de prose dont l’airain vibre et sonne, superbe :
ma tendresse dédaigne et dépasse le verbe,
ne me demande plus de prose, ô mon amie.



Demande-moi plutôt de l’amour, mon amie,
de l’amour où les cœurs se fondent, profusés,
car je n’ai plus de mots, je n’ai que des baisers,
demande-moi plutôt de l’amour, mon amie.