Lettres à Sixtine/Vains baisers
U’IMPORTE, s’ils sont vains, puisque j’y bois ton
âme.
Quel parfum mets-tu sur ta bouche ?
Si dans un tel baiser tu ne fus pas à moi,
Si quelque volonté te retenait encore,
Si, madone de chair, tu veux que l’on t’adore
Et qu’on souffre de toi
Si l’heure différée était l’heure impossible,
L’heure chimérique et qui ne sonnera pas
Si l’instant doit venir, où, statue impassible,
Tu me dédaigneras
—
Si ces mains repoussaient les miennes
Si ces yeux se faisaient cruels
Si le gouffre noir où vont les choses anciennes
Dévorait ces amours faits pour être éternels.
—
2 mai 1887, matin.
2 mai (suite).
Quels seraient les obstacles ?
Illusions nées des promesses de la vie ? — Si mortes.
Devoir ? — Lire J. Simon pour s’en dégoûter.
Deuils laissés ? — Cela passe.
Œuvre à faire ? — Duperie.
Lâcheté ? — Zut ! cela me regarde.