Lettres à la princesse/Lettre006

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Lettres à la princesse, Texte établi par Jules TroubatMichel Lévy frères, éditeurs (p. 6-7).
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VI

Ce 8 juillet 1862.
Princesse,

Le voilà donc ce charmant portrait, fait d’un seul jet[1]. On avait bien raison de m’en donner le désir. Je n’ose parler de ma reconnaissance ; elle serait trop impossible à exprimer. J’aime mieux m’oublier pour ne voir que le crayon. Et vous ne direz plus maintenant que vous n’avez pas de nuances ! Il me semble qu’il y en a. Pas une tache d’encre, est bien joli. Et cette passion dont il faut un peu pour être impartial et juste ! Voilà comme vous devriez écrire toutes les fois que le cœur vous en dit et sur tout ce qui vous reviendrait de vos impressions, de vos souvenirs, — écrire à bâtons rompus, sans autre souci que de fixer une vivacité d’impression actuelle, un retour rapide vers le passé. Au bout de quelques mois, de quelques années, cela se trouverait bien curieux. Il y aurait là aussi un album à parcourir. — Mais de quoi me mêlai-je de paraître donner des conseils quand je ne dois que remercier, être reconnaissant, et graver cette date précieuse qui résume pour moi tant de bontés gracieuses et d’indulgence ? Vous-même vous venez de la graver en lettres ineffaçables.

Cette semaine ne se passera pas que je n’aie l’honneur, Princesse, d’aller porter à vos pieds mes respects.

  1. Voir en tête du volume, Souvenirs et Indiscrétions.