Lettres à la princesse/Lettre071

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Lettres à la princesse, Texte établi par Jules TroubatMichel Lévy frères, éditeurs (p. 93-94).


LXXI


Ce 14.
Princesse,

Je suis parti trop tôt, mais je souffrais un peu, et je suis très-patraque pour le moment.

Je n’avais aucune envie de parler d’un personnage politique si délicat à toucher : je vois bien que ceci me mettra tout à fait à l’aise, et je laisserai l’éloquence s’épancher sur l’éloquence.

M. Giraud en sait aussi long que personne, et, comme il est honnête, il gardera pour lui ce qui le faisait étouffer de rire en dedans.

Nous venons de faire dix et onze tours de scrutin sans accoucher[1] ! il n’y a aucun des candidats de nommé, et l’élection est remise. Nous avons fait bataillon carré, et avons été battus aussi peu que possible, puisqu’il n’y a pas de vainqueur. — M. Lebrun n’a pu venir, étant malade.

J’ai reçu une invitation pour la soirée des Tuileries, lundi soir. J’ose vous consulter, Princesse : ce sont des foules où l’on est perdu. Est-il convenable que j’y aille ? Je vous le demanderai lundi, au cours.

Je vous envoie, Princesse, l’expression de mon respectueux attachement.


  1. Il s’agissait de donner à l’Académie française un successeur à M. Alfred de Vigny. Les concurrents étaient MM. Autran, Camille Doucet, Jules Janin. Cette journée, qui resta indécise, est celle du 14 avril 1864.