Lettres à la princesse/Lettre100

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Lettres à la princesse, Texte établi par Jules TroubatMichel Lévy frères, éditeurs (p. 134-135).
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C


Ce lundi, 30 janvier.
Princesse,

J’ai bien à m’excuser, mais j’ai été hors de service vendredi dès le soir, et voici qu’il faut que je réclame votre indulgence pour les nécessités et assujettissements de la vie nouvelle dans laquelle j’entre et je suis entré. En allégeant ma chaîne du Constitutionnel, je ne fais que m’obliger plus étroitement ailleurs. Je vais avoir plus de charge que par le passé. Depuis quelques mois, je suffis à peine à la vie double, à celle du travail et du monde. La soirée n’existe plus pour moi quand j’ai travaillé un peu vaillamment le jour. Aussi je sens le besoin de couper court et de rassembler mon reste de forces pour la nouvelle carrière que j’entreprends et à laquelle je destine les trois ou quatre années de vigueur d’esprit et d’activité qui me restent. J’ai donc à demander à Votre Altesse toute indulgence pour mes irrégularités de relation et mes lacunes. Ainsi je ne puis plus suivre même ce cours du lundi si agréable. Décidé à refuser tout dîner de cérémonie, je serai obligé de cacher et de dérober le plus possible ma bonne fortune du mercredi ou de celui des jours choisis par vous où j’aurai l’honneur de dîner rue de Courcelles. J’ose compter pour tout cela, Princesse, non seulement sur votre indulgence, mais j’ose dire sur votre confiance en une amitié fidèle et inviolable. Je vous prie d’en recevoir ici la nouvelle assurance respectueuse et celle de mon attachement le plus vrai.

J’ai retrouvé au Moniteur[1] ces simples et dignes paroles, que j’avais lues en manuscrit : c’est bien le ton qui sied à une Napoléon devant unnarchevêque : s’incliner, mais pas trop !


  1. No du 29 janvier 1865.