Lettres à la princesse/Lettre119

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Lettres à la princesse, Texte établi par Jules TroubatMichel Lévy frères, éditeurs (p. 165-167).

CXIX


Ce 11 août.
Princesse,

Vous êtes aimable de penser à moi : l’attention m’est chère, même lorsque je n’en puis user. Je me trouve avoir invité pour samedi deux amis à dîner au restaurant, et je ne pourrai être libre que vers dix heures. Ce serait un peu tard. Je ne saurai donc le résultat que par la voix publique. Ces premières représentations sont parfois embarrassantes. Est-ce que Votre Altesse connaît déjà la pièce[1] ? Vous l’a-t-il lue ? Je suis homme à rôder autour du théâtre, et même à y entrer tout à la fin, s’il y a bouquet et succès.

J’ai causé un peu l’autre jour avec M. de la Valette. Il a évidemment des projets pour la reconstitution de la presse du gouvernement. M. de Calonne et sa Revue m’ont paru condamnés sans retour dans son esprit. En l’écoutant et en entrevoyant les remaniements auxquels sera sans doute soumise cette presse du gouvernement, je me félicitais tout bas de ne plus être à bord qu’en amateur, de ne plus dépendre, corps et âme, de ces vicissitudes de volonté, et je remerciais qui m’avait fait cette sécurité et ces loisirs.

Je mets à vos pieds, Princesse, l’hommage de mon tendre et respectueux attachement.


  1. La première représentation de la pièce de M. Émile de Girardin, les Deux Sœurs, devait avoir lieu le samedi 12 août 1865.