Lettres à la princesse/Lettre120

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Lettres à la princesse, Texte établi par Jules TroubatMichel Lévy frères, éditeurs (p. 167-168).

CXX


Ce 26 août 1865.
Princesse,

Voici une nouvelle occasion d’exercer votre influence salutaire et votre esprit de justice.

Une place est vacante à l’Académie des sciences par la mort de M. Valenciennes ; il s’agit de nommer un anatomiste. L’homme le plus capable, le plus en avant dans la science, un découvreur, c’est M. Robin, professeur à l’École de médecine, un ami de Rayer, un ami de Claude Bernard, de Taine, un vrai philosophe sous forme physiologique, un des savants qui font le plus d’honneur à la France à l’étranger.

Or, M. Robin, parce qu’il est un savant pur et sans concession, a contre lui les Milne Edwards, les Quatrefages, ce dernier reste protestant et biblique, même quand il fait de la science, et l’autre qui tient à ce que ses traités d’histoire naturelle soient approuvés de l’archevêque.

Bref, il s’agit, Princesse, d’acquérir à M. Robin, non pas les impossibles, mais les possibles, à savoir M. Chevreul et M. Serres, sur qui l’on dit que Votre Altesse a du crédit. Bertrand est pour lui. — Taine aura l’honneur de vous écrire : je prends les devants.

J’ai l’autre jour été frappé de l’état du petit malade : va-t-il mieux enfin ? On se prend à aimer cette charmante famille où ce sang des Bonaparte se reconnaît et coule sinon dans toute sa force, du moins avec un éclat charmant et doux.

Daignez agréer, Princesse, l’hommage de mon tendre et respectueux attachement.