Lettres à la princesse/Lettre186

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Lettres à la princesse, Texte établi par Jules TroubatMichel Lévy frères, éditeurs (p. 255-256).

CLXXXVI

Ce 22 janvier.

Le jugement sur l’homme est vrai de premier coup d’œil : c’est un manant, un être grossier, un vigoureux nourrisseur de bestiaux qui s’est trouvé chargé de diriger des gens de lettres. Mais, pour être juste, suspendez votre opinion sur son bon sens qui est solide, et non sans finesse, ou du moins sans ruse. Il a été étonné, renversé à brûle-pourpoint, et, comme il l’a dit tout cru : « Vous m’avez désarçonné. » En un mot, sous cette enveloppe peu avenante ou même répugnante, il a une valeur. N’oublions pas que le butor a une grosse batterie à son service.

Je connais M. T…, — N. T…, — un brave professeur, laborieux, érudit, d’une grande vanité naïve qui s’affiche d’abord et qui a cru qu’il allait devenir un auteur dramatique, mais très-solide en humanités, sachant le grec et l’allemand, ayant d’ailleurs douze ou treize enfants et digne qu’on lui rende service.

Je ne réponds que dans mon cœur à la fin de votre lettre, Princesse, et je mets à vos pieds l’hommage de mon tendre et inviolable attachement.