Lettres de Jules Laforgue/052
LII
À Mme MULLEZER
Qu’est-ce que c’est que cette lettre désolée que j’ai reçue hier ?
Avez-vous égaré votre toutou ? perdu un sonnet ? Si nous ne nous sommes pas vus à Paris, c’est qu’il était écrit que nous ne nous verrions pas ?
Henry est donc à Paris ? Je vais lui écrire. Je rentre à Bade vers le 1er novembre, je passerai une semaine à Paris. Me recevrez-vous ? Me pardonnerez-vous la perte de vos toutous idéaux ? Faites-vous toujours des choses rimées ? Quand je vous assure que vous êtes supérieure à Sieffert (Louisa), auteur connu chez Lemerre par sa fin touchante.
Avez-vous lu : Bonjour, Monsieur dans un volume de Jean Richepin : Les Morts bizarres ? Malgré ce Bonjour, Monsieur, je veux faire un sonnet sur la Vie.
Vous ai-je parlé d’une épopée sur Pierrot en forme de comédie ?
Comme copie, j’irai porter à la Vie Moderne un sonnet sur novembre et une nouvelle courte intitulée : Mort curieuse de la femme d’un professeur de quatrième en province[1].
Je crois que c’est tout.
— Ah ! çà ! dire que je ne vous connais pas du tout ! mais pas du tout ! Quel caractère avez-vous ? Quelle âme ? Quel cerveau avez-vous ? Avez-vous des nerfs ?
Je ne vous ai vue que deux fois !
Peut-être ne vous reverrai-je jamais.
Avez-vous étudié la culture de l’ananas ? je vais m’y mettre. Au revoir (Émile Augier (oncle du Déroulède et du Giard) écrit à revoir).
Encore une fois pardonnez-moi l’ingratitude de mes toutous idéaux.
- ↑ Cette nouvelle ne parut pas à la Vie Moderne et n’a pas été retrouvée.