Lettres familières écrites d’Italie T.1/Suite du séjour à Venise
LETTRE XV
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La noblesse de Venise est, si je ne me trompe , la plus ancienne de l’Europe (j’entends les premières maisons), puisqu’il en subsiste plusieurs de celles qui élurent le premier Doge, il y a plus de 1,300 ans. Ils ont, tant dans l’ancienne que dans la moderne noblesse, entre laquelle par parenthèse il n’y a point de différence comme à Gênes, beaucoup de familles puissamment riches ; bien entendu que la république met bon ordre à ce qu’elles ne le deviennent pas trop. Par exemple, en dernier lieu, la Pisani, héritière de 150 mille ducats de rente, vouloit se marier à un homme de son nom presque aussi riche qu’elle ; non seulement l’État le lui a défendu, mais il l’a obligée d’en épouser un autre qui n’avoit rien. Cette noblesse se perpétue sûrement, et prouve sa descendance par le registre appelé le Livre d’or, où l’on inscrit tous les nobles qui naissent : ceux qui auroient omis de s’y faire inscrire ne seroient pas nobles ; aussi y a-t-il des citadins qui, quoique petits bourgeois, sont de la plus ancienne noblesse ; ce qui vient de ce qu’on… on ferma tout d’un coup le livre d’or, moyennant quoi il n’y a eu que ceux qui étoient inscrits alors et leurs descendants qui ont été nobles. Tous ceux qui avoient négligé de s’y faire incrire furent exclus et n’ont pas aujourd’hui plus de prérogatives que les autres citadins. Ce n’est pas beaucoup dire assurément, car cet ordre est assez mal mené par le gouvernement, et plus encore les gentilshommes de terre ferme. En récompense, le menu peuple est traité avec une extrême douceur ; la raison de ces deux points de politique n’est pas difficile à deviner.
Les nobles portent pour habillement un jupon de taffetas noir qui descend jusqu’aux genoux, et sous lequel on aperçoit souvent une culotte d’indienne, une veste ou pourpoint de même, et une grande robe noire moins plissée que les nôtres. Quelques-uns de ceux qui sont en dignité la portent rouge, d’autres violette. Tous portent sur l’épaule une aune de drap de couleur assortissante, placée dans la vraie position de la serviette d’un maître-d’hôtel, et sont coiffés d’une perruque démesurée, qu’en vérité celle de M. Bernardon n’est plus qu’un toquet. Ils portent à la main une barrette de drap ou de taffetas noir, faite comme nos coiffes de bonnets de nuit. La manche de la robe fait encore une distinction ; plus la dignité est grande, plus la manche est large (et cette manche n’est pas inutile pour mettre la provision de boucherie avec une salade dans le grand bonnet). La manche du Doge, comme de raison, excède le panier d’une femme : elle est de drap d’or, ainsi que la robe. La façon la plus humble de saluer les nobles est d’aller solliciter au Broglio, et de baiser la manche de celui qu’on sollicite. L’art des révérences est encore un grand point : il faut les faire bas, bas ; encore n’en fait-on aucun compte, si la perruque ne traîne pas à terre d’un bon demi-pied. Le manteau est un habillement plus commun encore que la robe. Tout homme qui, par son état, est au-dessus de l’artisan, est moins dispensé de le porter quand il sort, quelque chaud qu’il fasse, que nous ne le sommes de porter une culotte ; mais aussi, comme chez nos femmes qui sont revenues du monde, c’est-à-dire dont le monde est revenu, le manteau de la dévotion couvre tout. Ici le simple manteau de baracan fait le même effet. On porte dessous tout ce qu’on veut, et vous ne trouverez autre chose à la messe ou dans la place que des gens en pantoufles et en robe de chambre avec leur manteau pardessus. Les nobles le portent quand ils n’ont pas leur robe, et alors ils sont censés être incognito par les rues ; mais, comme dit Trajano Boccalini : « il manto della religione non e in questo tanto lungo, che spesse voile non si vedano per di sotto due palme di gambe di ladro. » C’est aussi dans cet équipage qu’ils vont souvent le soir aux assemblées ; surtout on ne doit point le quitter ; il faut, ribon fredon, faire sa partie de quadrille, d’un bout à l’autre, en manteau, et étouffer avec décence. J’ai vu le vieux bonhomme doge Pisani prendre l’air sur le perron d’un casino dans cet habillement, avec une petite perruque bardachine. Il avait tout-à-fait l’air d’un jouvenceau ; à la vérité il étoit malade alors, et prenoit l’air pour sa santé.
C’est une chose originale et bien occupante pour les nobles que l’intrigue de leur Broglio. Il y a des dessous de cartes admirables. On vient de me conter le détail d’une aventure arrivée en dernier lieu, qui fait du bruit ici ; c’est à mon avis un bon conte. Monsieur, il faut que je vous en fasse récit, sans vous garantir les circonstances, quoique je les tienne d’un des ambassadeurs qui sont ici ; mais vous n’ignorez pas jusqu’à quel point je pousse le scrupule de la fidélité historique, et que je suis incapable de rien assurer, même dans mon histoire des anciennes dynasties assyriennes[1], dont je n’aie été moi-même le témoin oculaire. Il faut donc que vous sachiez que le procurateur Tiepolo, à qui nous sommes recommandés ici, et le procureur Aimo sont deux personnages d’une grande autorité dans l’État et fort antagonistes l’un de l’autre. Le premier, qui est de la plus haute noblesse, a grand crédit dans le sénat, et l’autre, qui n’est pas si distingué par sa naissance, a plus de pouvoir dans la grand conseil, parce que c’est l’assemblée générale des nobles. C’est le sénat qui nomme aux charges ; mais il faut que le grand conseil confirme l’élection, sans quoi elle est nulle. Il y a quelque temps que Tiepolo briguoit une place dans le Conseil des Dix, et Aimo ne sachant comment le faire rejeter, prit le biais, sous prétexte de bonne manière, de faire d’abord nommer un autre Tiepolo, bonhomme qui ne songeoit à rien, et à qui certainement on auroit encore moins songé. Le procurateur Tiepolo fut fort sensible à cette politesse, et retira ses cornes, parce que la loi ne permet pas qu’il y ait deux personnes du même nom dans le Conseil des Dix ; mais il jura bien de rendre à l’autre sa galanterie. Pour cet effet il fit nommer le frère d’Aimo, personnage qui avoit passé dans les plus grandes charges, podestat de Vicence. C’est une place que l’on donne aux commençants âgés de vingt ans, et c’est, à peu près, comme si l’on faisoit le premier président, avocat du roi au Châtelet. Aimo le cadet cria comme un enragé que c’étoit une berne, et qu’il n’y vouloit point aller. Il eut beau jurer, il fallut payer l’amende de 1,000 ducats, réglée contre ceux qui refusent des magistratures, et aller en exil pour un an. Il revint d’un grand sang-froid au bout de l’année ; mais le narquois de Tiepolo l’attendoit à l’affût et le fit nommer podestat de Padoue. La récidive est un peu plus chère ; elle coûte 2,000 ducats et deux années de bannissement. Aimo, pénétré de douleur, s’en alloit chercher l’argent chez lui, quand son frère le procurateur l’arrêta, lui fit entendre que ces plaisanteries là ne finiroient point et qu’il falloit qu’il allat à Padoue, lui donnant sa parole que dans six mois il le feroit nommer provéditeur-général de la mer, qui est une des plus grandes charges de l’État. En effet, cette place a été vacante dans ce temps. Nous venions alors d’arriver. Aimo l’a publiquement briguée pour son frère, et Tiepolo lui a donné pour compétiteur Loredano, homme d’une grande distinction. Vous autres, bonnes gens, auriez cru qu’il alloit tout uniment faire nommer Loredano au sénat, où sa faction étoit prédominante ; nullement, cette voie est trop simple pour ces gens-ci, et de plus le grand conseil auroit bien pu détruire son ouvrage. Le biais qu’il prit fut au contraire de faire refuser tout à plat Loredano et nommer son ennemi. Mais, quand il fut question d’aller au grand conseil, Loredano dit : « Messieurs, je viens d’avoir du dessous dans l’endroit où j’avois le plus beau jeu, à plus forte raison l’aurois-je ici. Je demande donc, au cas que je sois refusé, d’être nommé à la seconde place, qui est celle de provéditeur de Dalmatie. » Alors tous ceux qui prétendoient à cette place ouvrirent les oreilles, bien résolus de faire agir leur faction pour se délivrer d’un concurrent si redoutable, en le faisant nommer à la première. De cette sorte, Loredano se rendit aussi puissant que son concurrent. Pour emporter la balance, il s’avança une seconde fois, demandant, en cas de refus de l’une ou de l’autre place, l’ambassade de Constantinople, ce qui produisit le même effet pour ceux qui y prétendoient. Moyennant quoi il fut nommé, au grand conseil, provéditeur-général, et le pauvre Aimo, qui ne pouvoit plus briguer les places inférieures qu’il avoit déjà possédées, est demeuré à ronger ses doigts à Padoue. Au surplus, notez que la charge ne pouvoit tomber qu’en très-bonnes mains, et que ces gens-ci sont trop sages pour faire rouler ces sortes de jeux sur d’autres que sur de très-bons sujets. J’ai eu le plaisir d’avoir mon cœur clair de leur façon de ballotter les charges.
On nous fît la faveur de nous faire entrer au grand conseil pour voir l’élection du général des galères, charge assez importante. Le grand conseil se tient dans une salle immense et bien ornée. Dans le fond est une estrade où sont les places des conseillers et des inquisiteurs d’état, avec le trône du doge au milieu. L’estrade surbaissée tourne tout autour de la salle, et de longs rangs de bancs, adossés les uns aux autres et rangés en allées, remplissent la salle. Tous les nobles entrèrent là sans ordre et se placèrent. Les robes rouges avoient leurs places marquées, et quelques-unes se dispersèrent en différents lieux de la salle pour empêcher qu’il ne se fît du bruit dans une si nombreuse assemblée, chose, à mon gré, où ils ne réussirent nullement, puisque l’on y faisoit un sabbat de l’autre monde, aussi ne faisoit-on là que peloter en attendant partie. Près du grand chancelier, sur l’estrade, il y avoit une urne contenant autant de petites boules qu’il y avoit de personnes, et parmi ces boules un certain nombre de dorées ; chacun tira la sienne. Ceux à qui échurent celles dorées furent les électeurs de la charge en question, avec une grande quantité d’autres qui, par leurs places, étoient électeurs de droit. Cela fait, nous passâmes dans la salle du scrutin, ornée de la même manière que la première, moins grande, remplie de bancs, l’assemblée y étant moins nombreuse. Les autres électeurs entrèrent l’un après l’autre, saluant jusqu’à terre les précédents avec une gravité sans pareille. Dès qu’ils eurent tous défilé, le chancelier parut, précédé du corps des secrétaires, gens subalternes, et précédant lui-même le Vice-Doge, car le Doge étoit malade, et c’est le plus vieux des conseillers qui le représente. Mais il ne s’assied pas sur le trône et n’a pas le Corno ; il l’imitoit tant qu’il pouvoit, ayant mis sur sa tête sa barrette ou bonnet de taffetas noir, dont il ramenoit le sommet par devant en bec à la phrygienne comme un véritable Antenor. Il étoit suivi de tous les conseillers en robes rouges. Dès qu’il parut, toute l’assemblée se leva ; il la salua profondément sans oter sa barrette que pour la Quarantie criminelle lorsqu’il passa devant elle. Seul, de toute l’assemblée, il l’avoit sur la tête. Il monta sur l’estrade et s’assit. Les sages, grands et autres, se placèrent autour de lui, et sur les ailes le chancelier à la tête des secrétaires, dont il est le chef. Cette assemblée avoit l’air tout-à-fait majestueux. Alors le chancelier se leva et dit que les seigneurs Priuli, Badoar, Donato et Vendramina demandoient la charge en question. Sur-le-champ leurs parents proches se levèrent et sortirent. Immédiatement après, les trois Avogadori prirent chacun un petit Évangile et parcoururent les rangs en faisant toucher à chacun cet Évangile du bout du doigt, marque du serment de procéder à l’élection de bonne foi et sans brigue. Tous ces préalables finis, un grand marsouin d’huissier, ayant mis une paire de lunettes monstrueuse sur un nez qui l’étoit davantage, proclama d’un ton nazillard l’excellentissimo signore Luca Priuli. À l’instant une vingtaine de petits enfants rouges comme ceux de l’hôpital se dispersèrent par la salle, criant comme des perdus : Priuli ! Priuli ! Ils avoient chacun à la main une boîte à deux compartiments, l’une blanche pour nommer, l’autre verte pour refuser ; l’ouverture commune étant faite en entonnoir afin que l’on ne puisse voir dans laquelle des deux divisions on met la main, et à leur ceinture une gibecière pleine de petites ballottes comme des boutons de chemisette ; ils en donnèrent une à chaque noble. Ceux-ci la mirent dans celle des enchâtres qu’ils voulurent. Les enfants portèrent leurs boîtes au chancelier qui mit les ballottes blanches dans un bassin et jeta les autres. On ballotta de même les trois autres concurrents ; puis on compta les suffrages. Donato fut élu et nous sortîmes. Tout cela fut fait avec une rapidité surprenante, et en moins de temps qu’il n’y en a que je vous en écris ; mais c’étoit une vraie comédie que de voir en sortant les protestations de Donato et les baisers de nourrice qu’on lui donnoit. D’honneur, ils sonnoient à se faire entendre au milieu de la place.
J’ai aussi vu ce que l’on appelle une fonction, c’est-à-dire une cérémonie où tous les grands magistrats vont en corps à une fête d’église. Je ne vous en parlerai guère, car cela ne vaut pas mieux que la procession de la Sainte-Hostie ; le cortège des ambassadeurs en est le principal ornement. Ils y assistoient à côté du Doge avec leur maison ; mais ce qu’il y a de mieux, c’est la marche.
Une procession en gondoles est à mon gré un morceau divin, d’autant mieux que ce ne sont point alors des gondoles ordinaires, mais celles de la République, superbement sculptées et dorées, accompagnées de celles des ambassadeurs, plus riches et plus galantes encore, surtout celle du nôtre. Ils sont les seuls dans l’État à qui il soit permis d’en avoir qui ne soient pas noires. Les gondoliers de la République sont tous enchappés de velours rouge, chamarrées d’or, avec de grands bonnets à l’albanaise. Ils sont trop fiers de cet équipage pour se donner la peine de ramer. Aussi se font-ils remorquer bien et beau par de petits bateaux remplis d’instruments de musique.
C’est assez parler de choses publiques ; j’aurois bien de la peine à en dire autant des maisons particulières. Ici les étrangers n’ont pas trop beau jeu là-dessus. Messieurs les nobles viennent le soir au café où ils causent de fort bonne amitié avec nous ; mais pour nous introduire dans leurs maisons, c’est autre affaire. Avec cela, il y a ici fort peu de maisons où l’on tienne assemblée, et ces assemblées ne sont ni nombreuses ni amusantes pour des étrangers. On n’y a pas même la ressource du jeu ; car il faudroit être pis que sorcier pour connaître leurs cartes, qui n’ont ni le nom ni la figure des nôtres. Les vénitiens avec tout leur faste et leurs palais, ne savent ce que c’est que de donner un poulet à personne. J’ai été quelquefois à la conversation chez la procuratesse Foscarini, maison d’une richesse immense, et femme très-gracieuse d’ailleurs ; pour tout régal, sur les trois heures, c’est-à-dire à onze heures du soir de France, vingt valets apportent dans un plat d’argent démesuré, une grosse citrouille coupée en quartiers, que l’on qualifie du nom de melon d’eau, mets détestable s’il en fut jamais. Une pile d’assiettes d’argent l’accompagne ; chacun se jette sur un quartier, prend par-dessus une petite tasse de café, et s’en retourne à minuit souper chez soi, la tête libre et le ventre creux. Je vous dirai franchement qu’un des grands désagréments du voyage est de n’avoir pas, quand le soir vient, ses bonnes pousselines, son gros Blancey, son bon Ouintin, ses amis Maleteste et Bévy[2], sa dame Cortois[3], ses excellentes petites dames de Montot et Bourbonne[4], enfin tout notre petit cercle, pour tenir, les coudes sur la table, des propos de cent piques au-dessus de la place Saint-Marc et du Broglio. Il faut s’attendre, en pays étrangers, à avoir les yeux satisfaits et le cœur ennuyé ; de l’amusement de curiosité, tant qu’il vous plaira, mais des ressources de société, aucune. Vous ne vivez qu’avec des gens pour qui vous êtes sans intérêt, comme ils le sont pour vous. Et, quelque aimables qu’ils fussent d’ailleurs, le moyen de se donner réciproquement la peine d’en prendre, quand on songe que l’on doit se quitter sous peu de jours pour ne se revoir jamais.
Ici notre principale ressource a été dans notre ambassadeur, de qui nous recevons toutes sortes de bons traitements. C’est le comte de Froulay qui répare fort bien ici l’honneur de la nation, qui avoit été un peu maléficié par son prédécesseur. Il nous a menés plusieurs fois à sa maison de campagne en terre ferme, qui est vraiment fort belle, et nous a donné l’accointance de tous les ambassadeurs ; moyennant quoi, notre porte est fort honorée des visites de leurs excellences, et notre appétit fort satisfait des festins dont ils nous régalent, surtout l’ambassadeur de Naples, qui est un ribaud des plus francs que l’on puisse voir, fort honnête prêtre d’ailleurs, homme de bonne compagnie et sans façon. Le métier d’ambassadeur est assez triste ici ; ils n’ont de ressource que celle de vivre ensemble, et ne peuvent absolument voir aucun noble, auxquels il est défendu, sous peine de mort, d’entrer chez eux. Ceci n’est point comminatoire, et l’on a vu un noble exécuté à mort, seulement pour avoir traversé la maison d’un ambassadeur, sans parler à personne, pour aller voir en secret sa maîtresse. Du reste, les ambassadeurs ont de très-grands droits, entre autres un fort particuier, d’avoir autour de leurs maisons un quartier de franchise très-étendu, où l’on ne peut arrêter personne sans leur permission, et où ils exercent souverainement la police et la justice. Nous avons vu aussi le vieux bonhomme maréchal Schulembourg, général des troupes de la république : vous savez qu’elle a presque toujours des étrangers pour cette place, qui ne vaut pas moins de cent mille écus de rente. C’est un bien honnête vieillard, qui entend la guerre à merveille et fort mal la morale. Il nous fait sur le chapitre des filles de fréquents sermons, peu écoutés et point du tout suivis ; mais il fait plus de fruit à table, en nous faisant grande chère à l’allemande. On y boit du vin de Canarie au potage, et du vin de Bourgogne au dessert. Il est encore bon à entendre quand il parle du roi de Suède et de tous les maux qu’il lui causa lors de cette fameuse retraite qui a fait tant d’honneur au maréchal. C’étoit un démon incarné que ce Charles XII, une créature qui n’étoit pas faite pour être homme, bien moins encore pour être roi.
Adieu et à revoir, mon doux et cher objet ; je ne vous quitte pas pour long-temps, et je vais bientôt reprendre ma narration :
Gia son giunto a quel segno, il quai s’io passo
Vi potria la mia istoria esser molesta,
Ed io la vo più tosto differire
Che v’habbia per lunghezza a fastidire.
- ↑ Cet ouvrage, dont Charles de Brosses s’était occupé dans sa jeunesse, n’a pas été terminé.
- ↑ Président à la chambre des comptes de Dijon.
- ↑ Anne de Mucie, épouse de Claude-Antoine Cortois, conseiller au parlement de Dijon ; frère de l’abbé Cortois de Quiacey, à qui sont adressées plusieurs lettres ci-après.
- ↑ Mme de Montot, née Suremain de Flamerans ; son mari, beau-frère de M. de Quintin, était conseiller au parlement de Dijon. – Mme de Bourbonne, fille du président Bouhier ; son mari était président à mortier au même parlement.