Lettres sur la session de 1843/02

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LETTRES
SUR LA SESSION.

QUESTION DE CABINET.

Au Directeur de la Revue des Deux Mondes.

Depuis ma dernière lettre, la question de cabinet a été posée dans les bureaux de la chambre avec franchise et netteté, à l’occasion de la loi des fonds secrets. Cette question, de l’aveu de tous, n’avait pas été résolue dans la discussion de l’adresse : enveloppée dans l’unanimité du vote sur le droit de visite, supérieure aux débats de l’affaire de Syrie, étrangère aux autres paragraphes, elle était restée indécise. Il semblait que le ministère ne pût s’y méprendre et dût provoquer lui-même un prompt débat sur sa politique et ses actes ; c’était, dit-on, sa première impression. Le lendemain de l’adresse, on avait annoncé que la loi des fonds secrets serait apportée immédiatement et la chambre appelée à s’expliquer. La réflexion a changé ces dispositions ; la chambre semblait moins favorable qu’on ne l’avait espéré : on a voulu gagner du temps. Ce n’est qu’après un assez long retard que le ministère a pris enfin son parti et a demandé le million accordé depuis quelques années aux dépenses de la police ; mais, en faisant cette demande, il s’est borné à insister sur les nécessités du service public, sur le besoin de surveiller les factions, ranimées par la catastrophe du 12 juillet, et il n’a pas dit un mot de la question de confiance, qu’on avait toujours considérée, depuis 1830, comme étroitement liée au vote des fonds secrets. Peut-être espérait-il éviter un nouveau débat et pensait-il aussi à se prévaloir du vote de l’adresse comme d’une adhésion de la chambre. De pareilles illusions égarent souvent les ministères, et on en a vu de plus forts succomber au moment où ils s’y attendaient le moins. On assure que le cabinet croyait obtenir huit commissaires sur les neuf que la chambre devait nommer : l’organisation des bureaux avait paru autoriser cet espoir, et déjà, dans la commission de l’adresse, l’opposition n’avait eu qu’un seul représentant. Le résultat a trompé cette attente. La commission s’est trouvée composée de quatre opposans contre cinq partisans du ministère, et le compte fidèle des suffrages divers a constaté en faveur du cabinet une majorité de dix-huit voix seulement, majorité bien faible et bien insuffisante, si l’on songe que dans tous les bureaux l’opposition s’est livrée aux attaques les plus vives et les plus directes, que dans plusieurs ses candidats avaient été pris dans des nuances trop prononcées pour ne pas donner ombrage aux députés les plus rapprochés des centres, qu’en général dans les bureaux les considérations de personne exercent beaucoup d’empire, et qu’enfin des députés de la gauche en assez grand nombre manquaient à leur poste.

Ce résultat a jeté l’alarme dans le camp ministériel ; on dit que rien n’a été oublié pour raffermir les convictions ébranlées, pour réveiller les amitiés qui sommeillent, pour intéresser les dévouemens qui se plaignaient d’être négligés. Le télégraphe agite ses longs bras et va chercher dans leurs postes lointains ou dans leurs paisibles demeures ceux que le devoir des fonctions publiques ou le charme de la vie privée retenaient loin du parlement. La presse ministérielle discute, défend, attaque, injurie ; des listes de ministres sont livrées à la naïve crédulité du public. On épie les moindres démarches des personnages importans ; on leur attribue les résolutions les plus opposées ; on les montre tantôt à l’assaut du pouvoir, résolus et animés, tantôt découragés et quittant la partie ; on se sert de leurs noms pour favoriser d’obscures intrigues. Chacun s’apprête pour une discussion prochaine et s’attend à un de ces évènemens qui marquent la vie des gouvernemens constitutionnels.

Il semble que le parti le plus sage et le plus simple en ce moment soit de laisser les affaires suivre leur cours naturel, et, pour ceux qui sont destinés à croiser le fer dans la lutte, d’aiguiser leurs armes. Cependant la polémique ministérielle a répandu certains argumens qu’il peut être bon d’examiner en dehors de la tribune. Dans les conversations du monde, dans les couloirs de la chambre, s’engagent parfois des discussions qui ne sont pas de nature à être portées devant la chambre elle-même, et dont il appartient à la presse de dire quelques mots.

J’ai déjà assisté à de nombreuses luttes parlementaires et à plus d’une crise ministérielle ; mais un phénomène nouveau et singulier distingue la situation actuelle. Le cabinet pour lui-même n’a pas, je l’affirme, cent voix dans la chambre ; s’il n’existait point et qu’il s’agît de le former, il serait impossible. Presque tous ses adhérens sont prêts à reconnaître sa faiblesse et ses inconvéniens, ils ne prennent pas même la peine de le défendre ; mais après les plus vives critiques, ils se déclarent résignés à voter pour lui. Le même langage est dans toutes les bouches, on dirait un mot d’ordre : à quels hommes, à quels principes passerait le pouvoir, si le cabinet du 29 octobre le perdait ? Il faut les connaître, dit-on, avant qu’il soit renversé, et savoir quel profit le pays retirerait d’un changement dans le personnel et dans le système du gouvernement ; il ne faut pas s’exposer à une politique plus déplorable encore, selon la formule de M. Leseigneur. D’ailleurs, le cabinet dure depuis plus de deux ans, c’est presque un miracle de longévité ; il est bon de le conserver comme un gage de stabilité. Enfin, une crise ministérielle cause toujours au pays et aux affaires un dommage que les hommes désintéressés et étrangers aux querelles de parti doivent éviter. Toutes ces raisons, comme vous le voyez, monsieur, se concilient parfaitement avec la censure du cabinet ; elles sont présentées avec d’autant plus d’assurance, que ceux qui les invoquent se donnent en même temps des honneurs de l’indépendance et peuvent à la fois flatter l’opposition en faisant bon marché du cabinet, et le cabinet en lui promettant leur appui. Situation commode dans un temps, comme le nôtre, de convictions molles, d’indifférence politique et de ménagemens universels, où beaucoup d’hommes, fort honorables du reste, aiment le repos, craignent la lutte et ne veulent pas se faire d’ennemis.

Quelle est la valeur des raisons que je viens de reproduire ? c’est ce que je me propose d’examiner.

On demande en premier lieu quels hommes remplaceraient les ministres actuels. Vous comprenez parfaitement, monsieur, que mon projet n’est point de discuter ici les titres et l’aptitude des personnages politiques que désigne l’opinion. Je laisse à M. Desmousseaux de Givré, qui s’est fait une spécialité de l’injure, le soin de discuter des noms propres et de remplacer les argumens par des personnalités, et la logique par le sarcasme ; mais je nie que les adversaires du cabinet aient à composer à l’avance un ministère pour le substituer à celui qu’ils combattent. Il faudrait entendre les cris de ceux qui demandent à l’opposition ses candidats, si elle avait l’imprudence d’en dresser la liste ! Que d’attaques contre les hommes qui y seraient inscrits ! que de propos amers sur leur ambition et leur outrecuidance ! Les plus empressés à provoquer aujourd’hui la composition prématurée d’un cabinet se montreraient demain les plus violens à la condamner et ne trouveraient pas d’expressions assez vives pour flétrir cette usurpation des droits de la couronne. Qui ne voit d’ailleurs que, pendant la durée du cabinet actuel, il est impossible de concerter aucune combinaison ? Parmi ceux qui pourraient plus tard être appelés à jouer un rôle, les uns n’écouteraient qu’une honorable défiance d’eux-mêmes, les autres refuseraient de s’engager pour une pure éventualité, d’autres enfin craindraient de contracter des alliances que les évènemens ultérieurs seraient susceptibles de rompre. Il est des combinaisons que la nécessité pourrait prescrire et rendrait légitimes, et qui seraient mal comprises, si elles s’opéraient avant d’être commandées par les circonstances et conseillées par la politique.

Pour moi, toute la question sur ce point se réduit à ceci : les hommes de talent, de patriotisme et d’expérience manquent-ils ? Si le ministère était renversé, les chambres ne renferment-elles point, dans la sphère des opinions qui pourraient hériter du pouvoir, les élémens d’une administration capable de diriger les affaires du pays ? Qui oserait le nier ? Les personnages éminens qui peuvent entrer au ministère ne sont que trop nombreux ; on s’en plaint quelquefois, on condamne leurs rivalités, on soupçonne leur ambition : on doit au moins accorder qu’il y a là pour le pays une véritable richesse. Je sais, et je le déplore, que de cruelles dissensions séparent des hommes d’état dont l’alliance, autrefois projetée, ferait disparaître de graves difficultés ; mais, malgré ces divisions, une administration nouvelle est encore aisée à former. Le ministère actuel a eu, sans le vouloir, le mérite d’amener des rapprochemens long-temps désirés et de réunir dans une opposition commune ceux qu’avaient séparés des circonstances qui ne sont plus. Les souvenirs irritans sont éteints ; les incompatibilités entre les personnes ont cessé, et quand les opinions et les vœux s’accordent, les alliances se font d’elles-mêmes.

Les hommes ne manquent donc point ; les causes de désunion disparaîtraient nécessairement, et l’on n’a pas à craindre une longue interruption dans les pouvoirs. Cette assurance doit suffire.

Mais au moins, dit-on, si les hommes ne sont pas désignés à l’avance, que les principes soient proclamés, et que ceux qui se portent les héritiers du cabinet produisent le programme qu’ils comptent adopter.

À qui s’adresse cette demande ? Quels sont les prétendans sur qui l’on entend faire peser l’obligation de dresser ainsi tout un plan de gouvernement ? Ceux qui répondraient à un tel appel se montreraient bien présomptueux et bien téméraires. L’opposition ne gouverne point et n’a pas la responsabilité du pouvoir ; un seul devoir lui est imposé : juger le ministère. Elle prononce sur la conduite qu’il a tenue, approuve ou condamne sa politique, le maintient ou le renverse. C’est là son unique programme. Son blâme ou sa louange indique ses opinions et engage son avenir : elle s’oblige à suivre ce qu’elle adopte, à s’écarter de ce qu’elle censure ; elle expose ainsi implicitement sa propre politique, ses doctrines, ses maximes de gouvernement. On ne saurait exiger d’aucune de ses fractions, même les plus voisines du pouvoir, qu’elles se prononcent sur toutes les questions actuelles ou à venir ; elles n’en possèdent point les élémens, et ne peuvent les résoudre. Parlera-t-on des affaires extérieures ? Quel est l’état des négociations ? Quels sont les engagemens pris, les concessions faites ou refusées ? Un ministère nouveau ne rompt point avec ce qui l’a précédé ; les traditions du passé pèsent sur lui, non qu’il y soit lié, mais parce qu’il doit les étudier, les approfondir, en rechercher l’esprit, et ne s’en écarter, s’il le juge nécessaire, qu’avec prudence et ménagement. S’agit-il de l’intérieur, chaque mesure est soumise à des lois d’opportunité, de convenance personnelle, qui doivent en hâter ou en retarder l’adoption : un pouvoir sage consulte sans cesse l’état de l’opinion, les vœux des chambres, les besoins de la politique, et y conforme tous ses actes. Bien imprudente serait l’administration, non-seulement en projet, mais même maîtresse du pouvoir, qui dresserait la formule générale de ses plans et de ses résolutions.

On comprendrait l’insistance avec laquelle on demande leur programme à ceux qu’on désigne comme des prétendans, s’il était question d’introduire dans le gouvernement une politique nouvelle et inconnue, et de substituer un autre ordre de principes à celui qui prévaut aujourd’hui. Si la gauche était près d’obtenir la majorité, le parti qui lui est opposé pourrait l’interpeller et donner cours à son inquiète curiosité ; mais tel n’est point l’état de la question. Le pouvoir n’est pas destiné à passer en ce moment du centre à la gauche ; il est seulement revendiqué par les opinions intermédiaires qui ne poursuivent aucune réforme radicale. Derrière ces débats ne se trouvent point des questions susceptibles d’inquiéter les amis de l’ordre et d’exposer le pays à des expériences périlleuses.

Mais s’il s’agit de si peu, quel sera le profit d’un changement ? Ne voulez-vous, s’écrie-t-on, que substituer certains hommes à d’autres ? Est-ce purement une question de portefeuilles et d’ambitions privées, et ces querelles valent-elles que les hommes impartiaux s’en mêlent ?

N’admirez-vous point la position commode que se font les défenseurs du ministère ? Ont-ils des adversaires dont les principes ne puissent se concilier avec les leurs, ils se récrient contre l’esprit révolutionnaire, exagèrent le péril, enflent leurs poumons pour pousser de bruyantes clameurs, et vous montrent Catilina aux portes du sénat. Au contraire, l’opposition se produit-elle modérée et conciliante, ils s’attachent à réduire le désaccord aux plus minces proportions, et, à la faveur de cette dissimulation, ils prétendent dépouiller de tout intérêt un changement d’administration.

Pour n’être pas radicale et révolutionnaire, l’opposition des partis modérés contre le cabinet n’en est pas moins réelle et sérieuse, et les efforts même prodigués pour l’écarter en attestent l’importance. J’en appelle au besoin à tous les esprits sincères. La politique qui avait consenti à l’extension du droit de visite est-elle la même que celle qui veut parvenir à le supprimer ? La politique qui se proclame « modeste et tranquille, » et qui sur tous les points isole la France, est-elle la même que celle qui veut la dignité sans forfanterie, la fermeté sans imprudence, qui recherche les alliances, et, sans vouloir les payer par d’injurieuses concessions, accepterait, pour les obtenir, toutes les conditions honorables et légitimes ? La politique qui se cramponne au statu quo comme au dernier terme du progrès, et qui refuse toute réforme, est-elle la même que celle qui fait la part du temps, des idées, des mœurs, des lumières, et, sans risquer aucune innovation téméraire, ne se refuse point aux améliorations que l’opinion réclame et que l’état du pays comporte ? Peut-on confondre ensemble ceux qui exercent le pouvoir dans des vues égoïstes, qui concentrent l’influence et toute l’action politique dans les mains d’une coterie, et ceux qui considèrent le gouvernement comme le dispensateur équitable et impartial des innombrables ressources dont les lois l’ont constitué dépositaire ? Non : ces choses-là ne sont pas identiques ; un changement d’administration qui substituerait l’un de ces systèmes à l’autre présenterait une grande et heureuse signification, et l’on ne peut consciencieusement le déclarer illusoire et sans portée.

Je crois donc que l’opposition ne peut être obligée de formuler son système, et à ce sujet je citerai les paroles d’un orateur que le parti conservateur ne désavouera pas. Lorsqu’en 1841 M. Peel attaquait le cabinet de lord John Russel, on lui reprochait aussi de ne point faire connaître ses projets. Voici ce qu’il répondit devant ses électeurs : « Messieurs, on ne cesse pas de me demander ce que je compte faire, si je suis chargé de la direction des affaires publiques ; c’est une question à laquelle je ne veux répondre que lorsque je m’y verrai appelé. Tout ce que je veux aujourd’hui, c’est éloigner les hommes qui occupent ces positions officielles : ils n’ont pas eu la confiance du parlement, ils n’ont pas la confiance du peuple. Changez le médecin, le malade n’a pas confiance en lui. Et puis ces gens viennent me demander : « Qu’avez-vous à prescrire ? » Je vois autour de moi plusieurs de mes amis exerçant la profession de médecin ; de bon compte, ces docteurs voudraient-ils prescrire un traitement quand un malade en suit déjà un autre ? Donc, ne voulant pas passer pour un empirique, j’attendrai pour donner mes conseils, pour prescrire mes potions, que le malade m’ait fait appeler en consultation. »

Le maintien du ministère dans sa situation actuelle serait, dit-on, un gage de stabilité. C’est la seconde proposition des adversaires d’un changement.

On veut un cabinet qui parcoure une longue carrière, on désire éviter à l’avenir cette mobilité qui compromet dans l’opinion du pays et du monde entier notre forme de gouvernement. J’admets ce vœu et je le forme à mon tour, mais je demande qu’on s’explique. Quand on souhaite au cabinet une existence durable, ce n’est pas apparemment pour le simple plaisir de lui en faire honneur dans les statistiques ministérielles ou dans la biographie des honorables membres qui l’auront composé ; ce serait chose puérile. Si l’on cherche la durée, c’est moins, ce me semble, pour elle-même que pour l’autorité, la prépondérance et la vigueur qu’elle communiquerait au pouvoir. Autrement les cabinets n’inspirent confiance ni à l’étranger ni à la nation ; ils ne peuvent point négocier au dehors, point commander au dedans. Mais, pour leur donner ce pouvoir, il ne suffit pas que matériellement, pour ainsi dire, ils vivent long-temps ; il faut encore qu’ils aient puissance et vigueur : c’est la force plutôt que la durée qui leur est nécessaire. Un cabinet ébranlé qui vivrait au jour le jour, qui ne se soutiendrait qu’à force de complaisances et de faiblesses, et contre lequel s’élèveraient incessamment des questions menaçantes, ne parviendrait point, quand il traînerait pendant dix ans sa chétive existence, à satisfaire aux conditions de la stabilité ; il serait placé dans une dépendance constante : au-dessus de lui, au-dessous, des exigences chaque jour renaissantes le priveraient d’initiative et de liberté ; il serait faible tout à la fois dans la diplomatie, dans le gouvernement intérieur et dans les chambres. Comment les puissances étrangères entameraient-elles avec lui des négociations quand chaque courrier peut leur apporter la nouvelle de son renversement ? Comment prépareraient-elles par des arrangemens préliminaires des traités ou des alliances quand elles le voient si vivement attaqué, sans lendemain, obligé de céder à tout et à tous ? Croyez-vous, par exemple, que M. Guizot, contraint, par un vote unanime qu’il n’a pu conjurer, de refuser la ratification du traité du droit de visite, ait encore la faculté de parler haut avec les ambassadeurs des grandes puissances et trouve grand crédit auprès d’eux ? La diplomatie n’aime point à livrer ses secrets, elle ne veut faire connaître ses conditions suprêmes que quand elle peut leur obtenir une consécration certaine et définitive ; elle s’éloigne des négociateurs impuissans qui parlent et n’agissent point, qui traitent et sont désavoués, de ceux surtout qui se font obstacle à eux-mêmes, tant ils inspirent peu de confiance au pays. À l’intérieur, les agens divers qui représentent le gouvernement et distribuent ses ordres sur tous les points du territoire, les préfets, les procureurs-généraux, ne s’affichent pas à un ministère sans cesse en lutte avec une minorité puissante et nombreuse à qui le pouvoir peut échoir tous les jours. Ils se ménagent, louvoient, ne se livrent point, s’enferment dans la réticence ou l’équivoque, cherchent à ne se point compromettre, et, s’ils ne trahissent pas, du moins ils servent sans goût et sans zèle. Dans les chambres enfin, combien le rôle d’un ministère sans appui solide, fût-il ancien, est pénible et faux ! Il ne commande point et vit dans une perpétuelle servitude ; il n’a plus de souci que pour sa propre existence, et néglige les affaires publiques ; il ne peut faire passer aucune loi telle qu’il l’a présentée. La minorité, excitée par sa force, irritée devant des ministres que blâment ceux même qui les appuient, ne leur épargne aucune attaque, ne leur passe aucune faute. La majorité, embarrassée de son rôle ingrat, cherche à se le faire pardonner par sa raideur dans toutes les questions qui ne touchent point à la politique. Le gouvernement et l’administration se trouvent également affaiblis et paralysés. Ce n’est pas tout encore : on initie le public aux secrets les plus délicats du gouvernement ; on met à nu tous les rouages ; on discrédite la constitution en détruisant tout prestige. Quand le peuple aperçoit un ministère dont le maintien est subordonné au télégraphe qui convoque ses agens, à une malle-poste en retard, à un rhume qui retiendra quelqu’un de ses partisans ; quand, après avoir compté la majorité sortie du scrutin, il peut se dire quels hasards l’ont formée et pouvaient la détruire, il ne prend plus au sérieux un pouvoir livré à de tels accidens, et qui paraît soumis aux caprices du sort bien plus qu’à des lois rationnelles et morales. L’humeur, l’intrigue, l’ambition des places, mettent sans cesse en doute une majorité si étroite que quelques voix de moins la font disparaître : les hommes les moins capables acquièrent une importance particulière ; le ministère est tenu de compter avec tout le monde, et, par une fatale conséquence, c’est entre les mains des moins fermes, des moins incorruptibles, que tombe le pouvoir, c’est de leur concours, toujours douteux, parfois mis à l’enchère, que dépend le gouvernement tout entier. Est-ce là, je le demande à ceux qui de très bonne foi se proposent de soutenir le cabinet dans un intérêt de stabilité, est-ce là une situation normale, régulière, utile au pays ? Convient-il qu’elle dure long-temps ?

Mais on veut éviter une crise ministérielle : toutes ont des conséquences dommageables pour le pays ; elles suspendent les affaires, paralysent les transactions et répandent l’inquiétude. J’en conviens, quoiqu’on exagère beaucoup ces inconvéniens. Qu’on me dise néanmoins s’il est plus avantageux d’ajourner péniblement une crise toujours menaçante que de la traverser sur-le-champ. Avec un cabinet battu en brèche, que la majorité tolère sans l’aimer, supporte sans le défendre, les intérêts de tous genres, que sa chute peut compromettre, souffrent à la fois de l’incertitude du jour et de celle du lendemain. La crise est déclarée du moment que le cabinet manque d’espace et d’air, et ceux qui veulent en retarder le dénouement la prolongent et ne l’évitent point. Je suppose que le ministère obtienne la majorité sur les fonds secrets ; sera-t-il consolidé par ce vote ? Nullement ; il n’aura pas été renversé, voilà tout. Mais la session amènera vingt autres embarras, et l’enquête électorale, et les ministres d’état, et les sucres, et les patentes, et le roulage, et le budget ; tout sera question ministérielle et se ressentira de la situation du cabinet. Il ne se retirera point, dit-on ; il est d’humeur douce et facile, ne s’irrite pas aisément, et se dévouera à la chose publique aux dépens de son propre repos. Ces projets sont fort beaux, et d’autres cabinets déjà les avaient formés ; seulement ils ne sont pas de facile exécution. Quelque dose d’humilité que donne l’amour du portefeuille, le jour vient où la mesure est comblée ; il se trouve quelque ame fière qui se révolte, quelque ami sincère du pouvoir qui ne veut pas l’amoindrir ; le malheur aigrit, la solidarité inquiète, et, malgré de solennelles résolutions, les divisions intérieures achèvent l’œuvre commencée par les luttes de la tribune. Le sentiment public avertit chacun de ce danger, et ceux qui croient éviter la crise en l’ajournant ne font que la rendre plus profonde et plus alarmante.

Je ne partage donc point les scrupules des honorables membres qui, tout en blâmant le ministère, se proposent de lui donner leurs voix, soit par l’incertitude des hommes et des principes qu’une crise ferait triompher, soit par amour de la stabilité ou effroi d’une crise ministérielle. Mais je veux examiner la situation sous un autre point de vue. Ce ne serait pas assez d’avoir discuté des objections qui touchent, pour ainsi dire, à la forme plus qu’au fond, si l’on ne se rendait pas exactement compte du but que doit se proposer un cabinet nouveau et des moyens que lui offrirait la chambre pour l’atteindre.

Quiconque aspire à consolider le gouvernement fondé en juillet s’afflige de la vie précaire et contestée de la plupart des cabinets depuis 1830. Ces embarras ont tenu à l’instabilité de la majorité. Les combinaisons qui ont prévalu ne réunissaient que le nombre de voix rigoureusement nécessaire pour garder le pouvoir. Il semble que, repoussant toutes les conditions qui pouvaient leur donner une plus large assiette, on n’ait jamais voulu faire que la somme de concessions indispensable à la réunion d’une étroite majorité. Tous les cabinets à leur origine obtiennent de nombreuses adhésions. La fatigue, l’espoir, la tolérance des mœurs politiques, leur offrent d’abord des appuis suffisans et leur donnent quelques mois d’une vie concédée par grace. Mais après ce sursis ordinaire, quand on pèse leurs forces, on les trouve dépourvus de puissance réelle, et la chambre, coupée en deux, ne les soutient plus qu’avec déplaisir et presque à contre-cœur.

Les inconvéniens de cet état de choses ont frappé tous les bons esprits, et les véritables conservateurs, ceux qui méritent ce nom, s’accordent à reconnaître que le premier besoin de la France en ce moment est de constituer dans la chambre une majorité. Je n’appelle point ainsi le partage presque égal des voix, source de contestations perpétuelles et de luttes sans terme, mais ce qui mérite réellement le nom de majorité dans un gouvernement constitutionnel, c’est-à-dire un parti puissant, dévoué au cabinet, vivant de sa vie, s’animant de ses inspirations, et disposé à le soutenir en toute occasion. Depuis treize ans, ou plutôt depuis bientôt trente ans, pour être vrai, on poursuit ce but en France. M. de Villèle l’atteignit, chacun sait par quels moyens ; le cabinet du 11 octobre le toucha aussi un instant, grace aux difficultés de la politique intérieure : les autres administrations l’ont poursuivi à leur tour sans y parvenir. C’était l’espoir du 29 octobre. M. Guizot l’exprimait dans la séance du 26 février 1841. « Depuis l’origine de la session, disait-il, une idée dominante a préoccupé le cabinet : reconstituer dans cette chambre une majorité de gouvernement, depuis trop long-temps désunie ou flottante. Le cabinet est convaincu, et il l’a dit dès les premiers jours, que la réorganisation d’une vraie majorité de gouvernement était en ce moment le plus pressant intérêt du pays, de la chambre, de la couronne, de l’honneur de nos institutions… Y a-t-il quelqu’un dans cette chambre, sur quelque banc que ce soit, qui pense que la réorganisation d’une majorité de gouvernement, la constitution des deux grands élémens de discussion dans la chambre, la majorité et l’opposition, ne soient pas très désirables ? Y a-t-il quelqu’un qui croie que la confusion, la désunion, l’éparpillement des opinions et des partis, soient une bonne chose pour le gouvernement, pour l’honneur de la chambre, pour la dignité de nos institutions ? Personne ne le pense. »

De bonne foi, le but honorable que se proposait le cabinet et que son chef par le talent exprimait en ces termes, ce but est-il réalisé ? À l’époque où M. Guizot tenait ce langage, il se félicitait de posséder la majorité, et il avait raison ; mais quelle était la situation du cabinet ? Pour les combats de la tribune, il comptait dans ses rangs M. de Lamartine et M. Dufaure ; pour les scrutins, M. Dufaure et M. Passy lui avaient attiré un certain nombre de membres du centre gauche ; il en trouvait encore, comme je l’ai déjà dit, dans toutes les fractions de la chambre. Son propre parti était uni et marchait derrière lui comme un seul homme. Ces combinaisons n’étaient pas très solides, à dire vrai, et M. Guizot ne contenait cette majorité qu’à force d’adresse, de ménagement, et en éludant presque toutes les difficultés ; mais enfin elle existait. Les voix sont-elles encore partagées de la même façon ? Partis extrêmes, gauche, centre gauche, tout est aujourd’hui réuni contre le cabinet ; la division est entrée dans les rangs de ses amis. M. de Lamartine et M. Dufaure, dans des conditions et à des titres divers, l’attaquent à la tribune ; les affaires extérieures, qui, au 29 octobre, lui donnaient le plus de voix, sont celles qui lui en retirent le plus aujourd’hui. Alors il trouvait des appuis dans les partis opposés ; en ce moment il en a perdu, et des plus notables, dans son propre sein. La chambre est partagée par moitié ; plusieurs votes importans ont déjà ébranlé le cabinet. Est-ce là, je le demande à M. Guizot lui-même, une vraie majorité de gouvernement ? Celle que le cabinet espère ne sera-t-elle point, en supposant qu’il l’obtienne, « désunie et flottante ? » Ne trouvera-t-on plus « la confusion, la désunion, l’éparpillement des partis et des opinions, » que M. Guizot déclarait une mauvaise chose pour le gouvernement, pour l’honneur de la chambre, pour la dignité de nos institutions ?

Le cabinet du 29 octobre n’a donc point fondé une majorité constitutionnelle, et chacun sent qu’il est hors d’état de la composer aujourd’hui. C’est une œuvre laborieuse et que ne peut pas accomplir la main qui y a échoué une première fois. Un ministère qui sait se créer une majorité voit chaque jour s’accroître le nombre de ses adhérens ; c’est la marche opposée qu’a suivie le 29 octobre. Comment croire que son armée fasse des recrues quand les défections l’ont presque dispersée ? Ce n’est donc plus à lui que peut être confié le soin de reconstituer la majorité. Mais s’il était renversé, la chambre actuelle offrirait-elle les élémens de cette majorité, et un cabinet nouveau pourrait-il les rassembler et toucher enfin à ce terme de tant d’efforts successifs ? Je le crois, et je me bornerai à indiquer les raisons qui me donnent cette opinion.

Je n’ai pas besoin de dire que je repousse le système qui consiste à former une majorité par les conquêtes individuelles : honteuse ressource des pouvoirs qui, à défaut des principes, sollicitent et aiguisent les appétits cupides. Ce système n’a pas même le triste mérite du succès. L’intérêt retire bientôt les appuis qu’il a donnés. On sert un jour le ministère pour mériter ses faveurs, on le quitte le lendemain pour ressaisir une popularité perdue ; l’appât d’une place attire une voix, la jalousie et le dégoût en repoussent plusieurs. Par une heureuse combinaison, la politique des intérêts privés n’est pas seulement immorale, elle est encore vaine et inefficace.

Quelques personnes songent à n’appuyer le pouvoir que sur le centre droit, le seul parti qui soit, selon elles, compact et uni, le plus nombreux de tous, puisqu’il balance les autres, et elles prétendent qu’une administration qui reposerait sur cette base serait encore la plus solide qui se puisse former.

Je ne saurais adopter cette pensée. Je ne conteste ni la force, ni l’union de ceux qui sont devenus les soutiens exclusifs du cabinet : je crois qu’aucune administration puissante et durable ne pourrait se former sans eux et les avoir tous pour adversaires, mais je suis également convaincu qu’à eux seuls ils ne peuvent constituer non plus une administration puissante et durable. M. Guizot l’avait senti autrefois quand il recherchait l’appui d’une partie du centre gauche, et quand il lui avait, si l’on m’a dit vrai, promis en échange certaines mesures de réforme ; il le sentait quand, après la coalition, il était prêt à entrer dans un cabinet qui aurait représenté toutes les opinions modérées de la chambre.

Les députés qui se sont érigés en conservateurs et s’attribuent exclusivement ce titre possèdent des qualités incontestables : avec le sentiment des nécessités du pouvoir, ils ont de la discipline et de la fermeté ; leur tort est de se croire les seuls, les derniers dépositaires des bonnes doctrines de gouvernement. Je proteste, pour mon compte, contre cette prétention. L’esprit conservateur qui ne veut rien accorder au temps et à l’opinion a perdu plus de gouvernemens que la politique modérée qui sait déférer à propos et dans une juste mesure aux vœux et aux besoins publics. C’est l’esprit conservateur qui poussait sous la restauration le cri de « plus de concessions ; » c’est la politique modérée qu’avait inaugurée le ministère Martignac, dont le brusque renversement préluda aux ordonnances de juillet ; c’est la politique modérée que souhaite le pays et qui a triomphé dans les dernières élections. Elle n’est point représentée par le centre droit seul, par le parti conservateur actuel ; ce parti s’est montré trop ardent parce qu’il était convaincu, trop exclusif parce qu’il se voyait menacé dans la possession du pouvoir. Il ne comprend pas assez les concessions que commande une politique impartiale et conciliante ; il s’effraie outre mesure de la moindre réforme. Sa raideur peu traitable a besoin d’être adoucie : elle le serait par une alliance avec les nuances modérées de l’opposition. Cette alliance peut seule, à mon avis, établir l’accord entre l’esprit conservateur et l’esprit de progrès, entre les idées libérales et les idées de consolidation. C’est, si je ne me trompe, le vœu de la France et le besoin de la chambre nouvelle.

Une alliance entre toutes les opinions sages et constitutionnelles ne rencontrerait point de difficultés réelles. Le centre droit obtiendrait un gouvernement puissant et respecté. La portion de la chambre qu’on appelle encore la majorité ne renferme pas quarante députés qui se refusassent à cette transaction, et ceux même qui n’y seraient point portés par goût s’y soumettraient par raison ; imbus, plus que les autres, des idées de conservation, ils ne voudraient point sans doute créer des embarras à l’administration nouvelle ; à moins de se liguer avec les partis extrêmes, ils demeureraient isolés, et s’ils formaient une telle ligue, elle serait misérable et vaine. Le centre gauche entier adhérerait sans réserve à un ministère formé sous ces auspices. La gauche, sans accorder peut-être à ce cabinet une adhésion explicite, ne le poursuivrait point de son ardente hostilité. Le ministère, s’il ne l’avait pas pour appui, ne s’attacherait pas du moins à l’aigrir et à la blesser ; il ne l’exclurait pas systématiquement des affaires, seulement il conserverait avec elle toute son indépendance ; il ne serait jamais condamné à subir sa loi, et, sans la prendre pour alliée, il pourrait espérer de ne point trouver dans ses rangs des adversaires violens et irrités.

La chambre va choisir entre cette combinaison qui sortirait nécessairement d’une crise ministérielle et le maintien du cabinet. Si la question est bien posée, comment des hommes qui ont vraiment à cœur la force et la dignité de notre gouvernement se prêteraient-ils à perpétuer un malaise qui compromet nos institutions et inquiète les bons citoyens ? Le scrutin s’ouvrira dans quelques jours ; que chacun y suive son inspiration et se dégage des liens de parti qui paralysent tant de bons sentimens. Les rangs ministériels contiennent des membres qui souhaitent une autre administration, qui veulent étendre la sphère de la majorité et calmer des ressentimens fâcheux. Pourquoi ne céderaient-ils pas à ces impressions et seraient-ils sourds à la voix de leur libre conscience ? Ils ne doivent pas se préoccuper des injures que dirige contre eux une polémique passionnée jusqu’à la maladresse ; les intrigans ne sont pas ceux qui servent leurs convictions et ont le courage de rompre avec leur parti quand il se trompe. Il en est qui prononcent ces séparations avec éclat et exposent leurs griefs au grand jour ; d’autres ne veulent point faire retentir leurs dissentimens dans le public, se refusent à attaquer des amis de la veille et se contentent d’apporter à l’heure du jugement leur muet suffrage : ce ne sont pas les moins honnêtes ni les moins fermes. Permis aux feuilles ministérielles d’attaquer les hommes qui se proposent de suivre cette ligne ; ces hommes sauront se contenter de la satisfaction d’un devoir accompli et de l’honneur d’une conduite loyale, simple et énergique.

Il importe surtout que chaque vote conserve son caractère et que la source en soit connue. Dans les partis extrêmes, la politique pessimiste doit, dit-on, procurer des appuis au ministère : je le regrette, et pour la pensée blâmable qui dirigera ces suffrages, et pour la force d’emprunt qu’elle prêtera au 29 octobre ; mais si ce projet s’exécute, si des voix légitimistes ou ultra-radicales se donnent à un cabinet qui semble avoir leur prédilection, je demande qu’elles s’avouent et ne se cachent point dans un hypocrite désaveu, Il ne faut pas que, par une dissimulation coupable, ceux qui voteront pour M. Guizot se réservent de déclarer plus tard qu’ils l’ont combattu ; il ne faut point que le cabinet soit impunément appuyé par des hommes qui, selon la formule de l’un d’entre eux, sont à la fois pour lui et contre la dynastie, et, ennemis déclarés de nos institutions, ne passeraient sous le drapeau ministériel que pour les pervertir ; il ne faut pas qu’on puisse attribuer aux opinions constitutionnelles des voix qui leur seraient complètement étrangères. Ne serait-il pas étrange et intolérable que le cabinet le plus étroitement lié au parti conservateur ne se soutînt que par le concours des suffrages les plus hostiles, et qu’il trouvât sa force dans les fautes qui le font considérer par nos ennemis politiques comme le plus propre à soutenir et à faire triompher leur cause ?

Depuis quelque temps, il s’est accrédité une opinion que le maintien du ministère fortifie malheureusement chaque jour, et qui menace notre avenir. C’est celle qui attribue toutes les fautes de notre gouvernement, non à des ministères passagers, mais à ce qu’on est convenu d’appeler le système. M. de Lamartine lui a porté l’appui de sa redoutable éloquence. Il est des hommes que leur dévouement égare au point de leur fermer les yeux sur les périls d’une pareille doctrine. On entend même des conservateurs répéter sans cesse qu’ils ne veulent point de changement de ministère, parce qu’il n’en résulterait aucune modification réelle dans la marche du gouvernement. Eux aussi semblent placer ailleurs la pensée qui régit nos affaires, et cette opinion, bien que fausse, prévaut dans l’esprit de certains députés inexpérimentés. Je désire vivement qu’elle soit démentie et convaincue d’imposture, car je n’en connais pas de plus dangereuse ; elle tend à déplacer la responsabilité, à prêter aux fautes du ministère une origine qu’elles n’ont point, et à porter les esprits logiques à chercher le remède dans les plus extrêmes mesures. La chambre doit s’empresser d’ôter tout prétexte à ces funestes imputations : en refusant au cabinet un vote d’adhésion, elle prouverait qu’à ses yeux lui seul répond de sa politique, et qu’elle compte sur ses successeurs pour rétablir à l’extérieur des relations compromises, à l’intérieur la confiance et l’harmonie si désirables entre les grands pouvoirs.


Un Député.