Lexique étymologique du breton moderne/D

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Texte établi par Faculté des lettres de Rennes, J. Plihon et L. Hervé (p. 85-108).
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D

1 Da, prép., à, pour, sur le point de, corn. dhe, cf. les préfixes verbaux cymr. du- et dy-, ir. to-, do- et du-, gael. do-, br. *da-, etc. : d’un préf. celt. *to- devenu *do- en position proclitique, et dont l’unique correspondant possible est got. du- [1].

2 Da, indice du subjonctif : le même que *da- infra.

3 Da, ton. V. sous (initiale proclitique adoucie).

, s. m., joie, corn. et cymr. da « bon », vir. dag t gaul. *dagos dans Dago-vassos n. pr. « Bon-varlet » et autres : soit un celt. *dag-o- « bon », d’une rac. DÊG (réd. DÀG), « toucher, palper, estimer », cf. gr. δάϰ-τυλο-ς (dak-tulo-s) « doigt », lat. dig-itu-s, got. tëk-an « toucher », visl. tak-a et ag. to take « prendre », visl. toek-r « convenable » ; joindre gr. δέϰ-εσθαι (dek-esthai) δέχεσθαι (dechesthai) « accepter ».

*Da-, préf. verbal de direction, qui sert d’indice de subjonctif, entre dans la composition des préfixes dam-, dar-, das-, etc., et forme le premier terme d’un grand nombre de verbes anciens, mais sans plus créer de composition nouvelle. V. sous / da.

Daé, s. m., défi : préf. *da- et hék. V. ces mots. — Conj. Dael, s. f., dispute, mbr. *dazl> cymr. datl > dadl, « assemblée, discours », vbr. pl. dadl-ou id., vir. dàl et gael. dàil id. [2] : soit un celt. *da-tlà, équivalent à ce que serait gr. *θέ-τλη (*the-tlê), « institution », dér. de la rac. DHÊ de τί-θη-μι (ti-thê-mi)[3]. Cf. krédi.

Daélaoui, vb., variante de daéraoui, dér. de daérou.

Daéré, s. m., marée basse, mbr. dazrè id. : soit une expression telle que fr. « la ramenée ». V. sous das- et rén.

Daérou, s. m. pl., larmes, mbr. dazrou, corn. dagr, cymr. daigr, vbr. daer-lon « plein de larmes », vir. dér, ir. déar et deôr, gael. deuret diar id., et vir. daer « larmes »[4] : d’un celt. *dakru, gr. δάϰρυ (dakru), lat. dacruma > lacruma, got. tagr (ag. tear, al. zähre, etc.).

Daez, s. m., degré. Empr. fr. ancien dais, « table, estrade ».

Daf, s. m., variante de deuf. V. ce mot.

Daffarer, s. m., aide-maçon : dér. de daffari « apporter des matériaux », pour *dad-pari > *dap-pari > daffari (préf. *da- et *ad-)[5]. Cf. darbarer.

Dag, s. m., poignard. Empr. fr. dague.

Daik, s. m., caresse : dimin. de dâ. V. ce mot.

Dalé, s. m., retard, délai : abstrait de daléa « tarder ». Empr. fr. ancien délaier, « retarder, allonger », du lat. dïlatàre.

Dalc’h, s. m., tenue, maintien, possession, corn. dalhen-ne et cymr. daly > dal id. : abstrait du type verbal qui est en breton delc’her, variante par conséquent fort ancienne de derc’hel. V. ces mots.

Dalif, adj., posthume : soit « tardif », dér. de dalé. — Conj.[6]

Dall, adj., aveugle, corn. dal, cymç, vir., ir. et gael. dall id. : soit un celt. *dal-no-, de rac. DHwEL, « troubler, aveugler », gr. θολ-ερό-ς (thol-ero-s) ; « trouble », got. dwal-s « sot » (cf. ag. dall « obtus »), etc.[7]

Dalout, vb., tenir, prendre : pour *dalc’hout, dér. de dalc’h.

Dam-, préf., presque, à demi : exactement « environnant dans la direction de », soit celt. *to-ambi-. V. sous *da- et 1 *am-.

Damaṅt, s. m., souci, compassion : abstrait d’un vb. empr. lat. (se) dëmentàre « perdre l’esprit » [à force de soucis], — Conj. [8]

Dambrézein (V.), vb., divulguer, contrefaire. — Étym. inc.[9]

Damouchein (V.), vb., froisser, chiffonner, cf. mbr. dameuhein « refléter »[10] cymr. gwth « poussée » et ym-wth « poussée mutuelle » : soit donc une formation signifiant « pousser légèrement », dont le premier terme est dam- (en cymr. ym- = *ambi- tout court) et le second une racine inconnue (gr. ὠθέω « je pousse » ?). — Conj. Ern., très douteuse.

Daṅ, s. m., variante de daf = deuf. V. ces mots.

Danévella, vb., réciter, raconter : variante de dasrévella[11], qui au surplus s’est restreint à un autre sens.

Daṅs, s. m., danse, bal. Empr. fr. danse.

Daṅson, s. m., fracas de porte, mbr. daczon « écho », dazsonaff et dasonein (V.) « résonner ». Empr. fr. son > sonner refait au moyen d’un préf. breton, avec une nasalisation imitée peut-être de daṅs.

Daṅt, s. m., dent, corn. dans, cymr. dant, vir. dét, etc. : soit un celt. *dant- < *dnt-, dont les équivalents exacts sont lat. dēns et got. tunth-u-s, auxquels il faut joindre subsidiairement sk. dânt-, gr. ὀδούς, ags. *tonth > iôth > ag. tooth, al. zand > zahn, etc.

Daṅten, s. f., pierre d’attente : exactement « dent » (disposée en saillie), mais avec jeu de mots probable sur le nom français.

Daṅvad, s. m., bête ovine (fm. daṅvadez, pl. deṅved), corn. dauat > davas, cymr. dafad, correspondant à un celt. *dama-to-, « apprivoisé,

doux », par suite « mouton », lequel est identique au ppe gr. δαματός (damatos), cf. lat. domitus. V. la rac. sous don.

Daṅvez, s. m., matière, moyen, mbr. daffnez, cymr. defnydd, vir. damnae id. : soit un celt. *dam-nyo-, de rac. DEMÀ « bâtir », dont les nombreux dérivés sont sk. dam-à « maison », gr. δέμ-ω (dem-ô) « je bâtis » et δόμ-ο-ς (dom-o-s) « maison », lat. dom-u-s, vsl. dom-û, got. tirn-r-jan « charpenter », ag. timber « bois de charpente », al. zimmer « chambre ».

Daou m., diou f.[12], deux, corn. dou (dia), cymr. dau (dwy) t vbr. don (dui), vir. dâ(di), etc. ; cf. sk. dcau> gr. δύω (duô) δύο (duo), lat. duo, got. twái (ag. two, al. zwei), lit. du, vsl. dŭva, etc., etc.

Daougan, s. m., mari trompé : exactement « deux chants, deux notes », euphémisme pour désigner le coucou[13]. V. sons daou et / kân.

Daouc’hement, adj., double : exactement « deux autant » (kémeni).

Daoulina, vb., s’agenouiller. V. sous daou et glîn.

Daoust (interrogation indirecte), à savoir[14] : exactement « à toi de savoir » ; le premier terme est 3 da le second est un infinitif (supin) i.-e. *widtu-m, rac. WID. V. sous ac’houéz etgouzout.

Dar, s. f., dalle, évier. Empr. fr. dalle altéré sous l’influence de darn.

Dar-, préf. verbal : composé des préfixes *da- et ar-. Cf. plusieurs des mots suivants.

Darbarer, s. m., aide-maçon : abstrait de darbari, cymr. darparuu préparer ». Empr. lat. parâre précédé du préf. dar-. V. ce motet cf. daffarer.

Darbôd, s. m., tesson : pour darn-pôd. V. ces mots.

Darbout, vb., faillir, être sur le point de, cf. cymr. darbod « préparer » : préf. dar- et bout. V. ce mot et cf. daroézout.

1 Daré, adj., variante de darev. V. ce mot.

2 Daré, s. m., variante de daéré. V. ce mot.

Dared, s. m., javelot. Empr. fr. dard (dard-er). Cf. darz.

Daréden, s. f., éclair de chaleur : dér. du précédent[15].

Daremprédi, vb., fréquenter, visiter, cymr. darymred « courir de côté et d’autre » : préf. dar-, 1 am-, et 1 réd. V. ces mots.

Darev, adj., prêt, en danger de, mûr, cuit : pour dar-eo, 3e  pers. du sg. du présent du vb. darbout. V. ce mot.

Darévella, vb., variante de dasrévella, et cf. danévella.

Darévi, vb., préparer, mûrir, cuire : dér. de dareo.

Dargreiz, s. m., ceinture, taille : exactement une locution « pour le milieu », 1 da, article ar et kreiz. V. ces mots.

Dargud, s. m., le même que ar-gud, mais avec préf. dar-.

Darc’haout, vb., frapper : peut procéder d’une formation celt. *lo-are-gab-, soit deux préfixes (cf. dar-) précédant une racine qui apparaît en irlandais et en germanique, mais avec un sens tout différent, « donner, prendre ».

Darn, s. f., pièce, fragment, corn. et cymr. darn[16], celt. *dar-nà ppe passé d’une rac. DERÄ, « fendre, déchirer », sk. dir-nà « fendu » : sk. dàr-si « tu brises », gr. δέρ-ω (der-ô) « j’écorche », lit. dir-ti « écorcher », vsl. der-ci « je déchire », got. dis-tair-an « déchirer », ag. to tear, al. zerr-en et ver-zehr-en « dévorer », etc. Cf. aussi dourn.

Darnija, vb., voler bas (près). V. sous dar- et nich.

Darvézout, vb., advenir. V. sous dar- et béza, et cf. darbout.

Darvoéden, s. f., dartre, mbr. daroueden, cymr. tarwyden > taroden id. : soit un celt. *derdw-eita, qui se rattache à la même souche de réduplication que lat. *der-dvù-ôsu-s > derbiôsus « teigneux », sk. dar-dû- > dadru, ags. teter, vhal. zittar-oh, lit. dedercinè « affection cutanée ».

Darvoud, s. m., accident, variante de darbout, et cf. darvézout.

Darz, s. m., dard (poisson). Empr. fr. ancien, et cf. dared.

Das-, préf. itératif[17] : préf. 1 da- et as-. V. ces mots.

Daskiria, vb., ruminer, rabr. dazquilyat id. : préf. das-, et cf. cymr. ci/, vir. cir, gael. cïr (dans l’île de Man keeil) « la bouchée que remâche un animal qui rumine ». — Étym. inc.

Daskori, vb., rendre, vomir, cf. les composés cymr. ad-gori « rendre », vir. ath-chuir-im « je rapporte », et le simple vir. cuir im « je place » : soit donc une base celt. *to-at-kor- (vir. taidchur « retour ») ; rac. inconnue par ailleurs ; le double préf. sous dus-,

Daskréna, vb., trembloter, chevroter. V. sous das- et krën.

Daspréna, vb., racheter, délivrer. V. sous das- et préna.

Daspuñ, s. m., amas, cymr. pwng « groupe », pyngu « grouper »[18].

Dasrévella, vb. : raconter ; parler tous ensemble confusément. Dans le premier sens (éteint, cf. danévella et dambrézein), la base est *to-at-rim-, « compter », d’où « conter », cf. cymr. dyrifo « énumérer », vir. torimu « j’énuraère », etc. V. sous rumm. Dans le second sens, la base est *to-atr-hécel-, c’est-à-dire que le premier double préf. dasest encore suivi du préf. ra y et le sens est « d’ensemble réitéré ». V. tous ces mots[19].

Dastaz, tout doux (terme de charretier). Le préf. sous *da-. La rac. est STÂ (cf. saô), et conséquemment la seconde partie du mot équivaut au lat. status, « station, arrêt ».

Dastum, s. m., amas : soit un celt. *toumb-o « tertre », ir. tomm, gr. τύμϐος (tumbos), cf. lat. tum-ulu-s[20]. Préf. das-.

Davad, s. m., variante de danvad. V. ce mot.

Davéein (V.), vb., tarder : comme qui dirait « tâtonner », préf. *da et méein (V.) « pétrir ». Dér. de l’empr. fr. maie « pétrin ».

Daz-, préf., variante de das-.

Dazorc’hi, vb., revenir à la vie, ranimer, rallumer, mbr. daesorch, corn. dasserchy id. : préf. dazet empr. lat. surgere[21].

, s. m., variante de deiz (hors de Léon).

*Dé-, particule, variante occasionnelle de *da-[22].

Déac’h, adv., hier, cymr. y ddoe, vir. in-dhé 9 v. ané, gael. an dé ou dé id. : d’un celt. *ges-i, sk. hyàs, gr. χθές (chthes) lat. her-ï et adj. hes-ternus, got. gis-tra-(dagùt), ag. yesterday, al. gestern, etc., rac. i.-e. GHdhES[23].

Déaṅ, s. m., doyen. Empr. fr. ancien deiien (cf. ag. dean).

Déaz, s. m., dais, corniche de cheminée, mbr. daes. Empr. fr. dais, et cf. le sens actuel de daez.

Debron, s. m., démangeaison, mbr. debruan « prurit » : abstrait du radical br. debr-, qui est aussi celui de dibri. V. ce mot.

Dék, dég, dix, corn. et cymr. dec > deg, vir. deich (n-)[24], etc. : d’un celt. *dekn < i.-e. *dékm, sk. dâça, gr. δέϰα (deka), lat. decem, got. talhun (ag. ten, al. zehn), etc., etc.

Déhou, adj., droit (opposé à « gauche »), corn. dyghow > dyow, cymr. dehau et deheu id. : d’un celt. *deks-owo- [25] (vir. dess < *deks-o-), dér. de la rac. DEKS, comme sk. daks-ina, gr. δεξ-ιό-ς (dex-io-s), lat. dex-ter, lit. desziné, vsl. desinu, got. taihs-wa, etc.

Dec’h, adv., variante de déac’h (hors de Léon).

Deiz, s. m., jour, corn. det, cymr. dydd id. : d’un celt. *diyes-, vir. et ir. die et rfia, gael. di- (initiale des noms des jours de la semaine) ; dér. de la rac. i.-e. DIw « briller », sk. dyaû-s, « ciel, jour », gr. Ζεύς (Zeus) ; (dieu du ciel), lat. diès, etc. Cf. Doué.

Déjandein, déjanein (V.), vb., railler. Empr. fr. ancien déchanter, « chanter en déchant, chanter dans une autre partie le même chant que qqun », d’où « contrefaire ». — Conj.

Délez, s. f., vergue, mbr. delé, vbr. pl. deleiou, corn. dele, vir., ir. et gael. deil « verge » : soit originairement « jeune branche » (métaphore), dér. du même radical que délien[26].

Delc'her, vb., tenir. V. sous dalc’h et derc’hel.

Délien, s. f., feuille (pl. déliou), corn. delen, cymr. dalenet deilen, ir. et gael. duille, gaul. -dula dans le composé πεμπε-δουλα (pempe-doula) « la quintefeuille » : soit donc un celt. *dulld, dér. d’une rac. DHwEL, cf. gr. θύλλα· ϰλάδους ἢ φύλλα (thulla ; kladous ê pulla) Hesych. « feuilles », θάλος (thalos) ; et θάλλος (thallos) ; « jeune rameau », θάλλειν (thallein) « verdoyer », sans autre équivalent que l’arménien dal-ar « vert ».

Dellézout, vb., mériter, mbr. delezaff id. = cymr. dyr-llyddu, et dellit = cymr. dyr-ilid « mérite » : se ramènent respectivement à *do-ftli-yoot *do-sli-tu-, c’est-à-dire à deux dér., précédés de préf. (V. sous *da-), d’une rac. celt. SLÎ, vir. dosli « il mérite », à laquelle on ne connaît point d’équivalent en dehors du celtique. — Loth.

Delt, adj., humide, ir. et gael. dealt « rosée » : soit un celt. *del-to-, qui n’a pas d’autre représentant, même en brittonique[27].

Dem-, particule, variante de dam-. V. ce mot.

Demm, s. m., daim. Empr. bas-lat. damum < lat. dama, ou fr. daim.

Démoraṅt, s. m., reste, surplus. Empr. fr. ancien demourant.

Dén, s. m. f., homme (pl. tùd s. v.), corn. den, cymr. dyn, vir., ir. et gael. duine id. : d’un celt. *dun-yo- « mortel », dér. de l’état réduit de la pl. DHwENÄ (sk. á-dhvan-ï-t, « il se voila, il disparut » ?), dont les seuls représentants sûrs se trouvent en grec, soit θάνα-το-ς (thana-to-s) « mort », θνη-τό-ς (thnê-to-s) « mortel », θνῄσϰειν (thnêskein) « mourir ».

Déna, vb., téter, vir. dinim « je tète » : soit un vb. celt. *de-n-ô, rac. DHÊi, sk. dhây-a-ti « il tète », dhè-nû « vache qui allaite », gr. θή-λη (thê-lê) « mamelle », θῆ-λυ-ς (thê-lu-s) « femelle », lat. fē-lāre « sucer », fē-mina (« l’allaitante », ppe. présent moyen), fî-liu-s (originairement « nourrisson »), got. daddjan « allaiter », etc. Cf. 1 téz.

Deṅta, vb., denteler : dér. de daṅt. V. ce mot (pl. deṅt).

Denvéza, vb., contrefaire : paraît altéré de difrèza[28].

Deṅviad, s. m., glouton : soit den-viad « homme de nourriture », le second terme étant l'empr. fr. ancien viande[29].

Déok, déog, s. m., dîme, mbr. deaoc, avec métathèse pour *dékao. Empr. lat. barbare *decavum « dizième ». — Conj.[30].

Déol, adj., pieux. Empr. fr. altéré dévot.

Déou, adj., variante de dèhou. V. ce mot.

Déouiein (V.), vb., dépêcher, hâter : dér. de déou (diriger).

Déporda, déporta, vb., attendre, espérer. Empr. fr. ancien (se) déporter, « se récuser, se réserver », d’où « attendre ».

Déraoui, vb., commencer : dér. de dérou. V. ce mot.

Déré, déréad, adj., bienséant : exactement « [bien] amené, opportun », abstrait d’un vb. mbr. deren (dere « amène » = cymr. dyre « viens »), composé de *- et rén. V. ces deux mots.

Dérez, s. m., degré, marche, mbr. degrez. Empr. fr., et cf. dergé.

Derf, s. m., variante de dérô. V. ce mot.

Dergé, s. m., variante de dérez. Empr. fr. avec métathèse.

Dergwéner, s. m. (= deiz-gwéner), variante de digwéner.

Derc'h, s. m., la partie la plus dure du bois : se rattache au même radical que darc’haout ou derc’hel. V. ces deux mots.

Derc’hel, vb., tenir, arrêter : dér. d’un celt. *derg-e/o- « ferme », d’une rac. DERGH, sk. dfh-ya-ti et dfrnh-a-ti « il affermit », drdhà « solide », zd darez-ayeiti « il attache », lit. dirz-a-s « courroie », gr. δράσσομαι (drassomai) « je saisis », ags. targe « bouclier » (d’où fr. ancien targe), etc. Cf. delc’her.

Derc'heṅt, s. m., la veille, mbr. des-quent id. : équivaut à ce que serait aujourd’hui *deiz-kent. V. ces deux mots.

Dérô, s. m., chêne (aussi derv et derf), cymr. derw-en, cf. corn. dar t vir. dair (gén. dar-ach), gael. darach id. : soit un radical celt. *tfer(œ)-, i.-e. *deru- 9 *doru- f *dru-, sk. dâru « bois », gr. δόρυ (doru), « tige, lance, », et δρῦ-ς (dru-s) « chêne », got. triu « arbre », ags. trëo > ag. tree, etc.

Dérou, s. m., début, mbr. dezrou, cymr. dechreu. — Étym. inc.

Dervez, s. m., journée (aussi deüéh V.), pour *deiz-vez =corn. deth-wyth = cymr. dydd-waith « en un certain jour » : soit un celt. *diyes-wekto-, « le charriage d’un jour », ou plus simplement « la fois d’un jour », dont on trouvera le premier terme sous deiz et le second sous gwéach. — Loth.

Désadorn, s. m., variante de disadorn, et cf. dergwéner.

Deski, vb. (d’où deskadurez « instruction »), variante de diski.

Despal, s. m., hâte : sens provenu de celui de « détresse », à en juger par mbr. dyspayllet « [provision] épuisée ». Empr. lat. despoliâtus (?).

Deu (V.), variante de daou. V. ce mot.

Deuf, s. m., gendre, mbr. deuff, corn. dof, cymr. dauu > daw id., vbr. dauu, vir. dâm, ir. dâmh et gael. dàimh « relation de famille » : d’un celt. *dàm-o-, qui rappelle, d’une part, gr. δᾶμος (damos) > δῆμος (dêmos), « clan, tribu, peuple », et, de l’autre, δάμ-αρ (dam-ar) « épouse ». Cf. deuṅ.

Deûi, vb., autre infinitif du vb. doṅt. V. ce mot.

Deûn (V.), s. m., fond : variante dialectale de doun. V. ce mot.

Deuṅ, s. m., variante de deuf et daṅ. V. ces mots.

Deurvézout, deurvout, vb., daigner, cf. cymr. dawr « s’intéresser à » : soit donc un radical celt. *dâro- « égard ». — Étym. inc. Cf. pourtant sk. dr-iyà-te « il considère », à-dar-a « égard », à peu près isolé.

Deûst (V.), adv., variante de daoust. V. ce mot.

Dévez, s. m., variante de dervez, et cf. .

Dévi, vb., brûler, se consumer, mbr. deuff, cymr. deijxo « brûler » : soit une rac. celt. DEB, identique à la rac. i-e. DIIEGH, « briller, brûler », sk. dàh-a-ti « il brûle » et ni-dàgh-à « chaleur », gr. τέφ-ρα (teph-ra) « cendre », got. dags « *dhogh-o-) « jour », ag. day et al. tag id., lit. dèg-ti brûler » et dagà « temps de la moisson > moisson », etc.

Déviad, s. m., variante de deṅviad (nasalisation disparue).

1 Déz, s. m., variante de deiz. V. ce mot.

2 Déz, s. m., variante de déaz. V. ce mot.

, particule, là, cf. ir. -d- (pronom démonstratif infixe), zd. accus, dim « lui » et di$ « eux », gr. -δε (-de) (dans ὅ-δε (ho-de) etc.), lat. -dem et -dam (dans ïdem, quidam, etc.) : d’un celt. *dë, dont le représentant le plus exact au point de vue de la forme est la particule gr. δὴ (), « précisément ».

1 Di-, préfixe inversif ou privatif, dont le sens est identique à celui du fr. dé- (dans dé-faire, dé-lier, etc.), corn. tfi-, cymr. di- f ir. di-, celt. *rfë-, préposition lat. de « de haut en bas > en sens inverso »[31].

2 *Di-, préf., variante occasionnelle de *dë- < *da-[32].

Diadavi, vb., perdre haleine : le second terme est dér. d’un celt. *ai-amohaleine » ; cf. gr. ἀτμός (atmos), « vapeur, exhalaison », al. atem et odem « haleine », perdu partout ailleurs. V. sous / di-.

Diageṅt, adv., auparavant : préf. 2 *di-, a-, et keṅt.

Diana, dianaṅ, adv., au moins : prononciation rapide pour *di-vihanaṅ (aussi da viana), superl. de bihan.

Diaṅk, adj., égaré : exactement « échappé, détaché, décroché ». V. sous 1 di- et aṅkoê. — Conj.

Dianéôst, s. m., automne : exactement « à la suite de l’été ». V. sous 1 di- ou 2 *di-, *an- (2o) et éôst.

Diaṅtek, adj., innocent : préf. 1 di-, et *aṅtek « tache », abstrait d’un ppe *antekel. Kmpr. fr. (normand) *entaqué « entaché ». Cf. tech.

Diaṅvéaz, s. m. (préf. *di- et *an-). V. sous diavéaz.

Diaoul, s. m., diable. Empr. bas-lat. diabolum > diavolo.

Diaraogen, s. f., devantier, tablier : dér. de diaraok s. m. « le devant ». V. sous 2 *di- et araok, et cf. tavancher.

Diarbenna, vb., rencontrer, affronter, obvier à : *di-, ar-, et penn, et cf. mbr. arbenn, « rencontre, aventure ».

Diaskréña, vb., demeurer renversé : vb. kréna, précédé du préf. itératif et de l’indifférent *di-, soit donc « continuer à se vautrer ».

Diavéaz, s. m., le dehors (d’où diavésiâd « étranger ») : préf. 2 *di-, a-, et méat. V. ces mots et cf. dianvéaz.

Diaz, s. m., le bas : abstrait par apocope de diazez, « assise, fondation », et celui-ci dedi-azéza « asseoir » (préf. *di-).

Dibab, s. m., élection, tri, choix : originairement « le fait d’élire pape », ne fût-ce que comme abstrait d’une locution telle que dilenn da bab, etc. ; puis confondu par quasi-homonymie avec mbr. dibarz, « trier, choisir », aujourd’hui disparu [33]. — Conj.

Dibalva, vb., desserrer les mains. V. sous 1 di- et palf[34].

Dibenn-éost, s. m., automne : exactement « fin de l’été », mbr. diben et cymr. dyben « fin » ; préf. 2 *di- et penn, comme fr. a-cheo-er « terminer ». Cf. dianéôst.

Diboufa, vb. : débusquer, chasser ; débûcher, s’esquiver : exactement « faire sortir du coin » ou « tourner le coin », pour di-ouf-a.

Dibr, s. m., selle, cymr. dibr, mbr. dipr, vbr. diprou pl. « harnachement » : exactement « accessoires, ce qu’on adapte », préf. 2 *di- devant le radical brittonique *per- « faire », corn. per-y « tu feras », cymr. par « fais », etc. La rac. i.-e. est QER : sic. kar-ó-ti « il fait », kár-ma « action », gr. ϰρα-αίνω (kra-ainô) « j’opère », lat. cre-àre, lit. kur-iù « je construis », etc., etc.

Dibri, vb., manger, mbr. dibriff, vbr. •diprim « nourriture » : préf. 2 *rft- (*de-) devant un radical brittonique *’prim, ir. ®crim dans crim-ôg « morceau », gael. criom-ag et criorn id., soit donc un radical celt. *qrim[35] ou *qnim, vir. cnâra « ronger » et gael. cnàmh « mâcher », gr. ϰνάω (knaô) « gratter » et ϰνώδων (knôdôn) « dent », lit. kánd-u « je mords », sk. khád-a-li « il mâche ». — Douteux pour ir. crimog, qui a m dur.

Dibuna, vb., dévider. Empr. bas-lat. dëpàndre, de panus « fil du tisserand » ; mais contaminé par un composé de di- etpuno (C.) « pelotonner », lequel peut se rattacher au radical de daspun[36].

Didân, adv., prép., variante de dindân (préf. *di-).

Diduel, s. f., divertissement. Empr. fr. déduit « plaisir », surchargé d’un suff. secondaire breton[37]. Cf. dudi (et didil C).

Dîek, adj. (et dér. diégiu), paresseux, oisif : exactement « émoussé », cf. ek « pointe » ; ou bien « lent », corn. dioc y cymr. diog 9 vbr. diauc f j>rèL 1 di-, et sk. àç-u, gr. ὠϰ-ύ-ς (ôk-u-s) « rapide », lat. àc-er « fougueux », ôc-ius « plus vite », etc.

Diel, s. m., titre, charte. Empr. fr. altéré title[38]. Cf. teùl.

Diélc’ha, vb., perdre haleine, mbr. dihelchat : exactement w perdre la poursuite, s’arrêter de chasser ». V. sous émolc’h.

Dîénez, s. f., indigence (aussi dianec’h V.), mbr, dieznes « misère », diannéss (V.) id. et diaûnes (T.) « regret » : soit donc un mot auquel correspondrait un cymr. *di-adnes « absence de secours », cymr. adnes « secours » perdu en breton ; préf. *ad- et nés. V. ces mots.

Dienn, s. m., crème (aussi dihen V.), corn. dehen id. : soit « pâte », dér. lointain de la rac. DHIGH, « pétrir, façonner, enduire », etc., sk. à-dikan « ils enduisirent », gr. ὠϰ- ύ-ς (ôk-u-s) « je touche » et τεῖχ-ος (teich-os) « muraille », lat. fing-ô, Jig-ûra, ef-fig-iès, etc., ags. dùh > ag. dougk, et al. teig « pâte », etc. — Conj.

Dieskern, adj., variante de di-askourn, et cf. askourn.

Diez, adj., difficile : 1 di- et aez (éaz). V. ces mots.

Diéza, vb., s’évaporer : 1 di- et aézen. V. ces mots.

Difenn, s. m., défense, interdiction : abstrait de difenni y « défendre, interdire » (ce dernier sens empr. fr.). Empr. lat. dêfendere.

Difézuz, adj., invincible, impossible. V. sous 1 di- etfaez.

Difloskein (V.), vb., éclater en morceaux. Empr. fr. ancien fruschier > froissier « briser », avec r > / et préf. 2 *di-. — Conj.

1 Diforc’h, s. m., avortement : exactement « défourchement, violent écartement des jambes », euphémisme grossier. V. sous forc’h.

2 Diforc’h, adj., difforme, mbr. difurm. Empr. fr. difforme, contaminé du précédent au sens d’ « avorton ».

Difourka, vb., débusquer, cf. diboufa. Empr. fr. ancien fourc « bifurcation » [d’un bois, d’un chemin, etc.], précédé du préf. 1 di-.

Difraé, s. m., hâte, promptitude : abstrait de difraéa > difréa, « délivrer, débarrasser, hâter ». Empr. fr. défrayer « tirer de peine ».

Difréta, vb., étirer, mbr. diffraetaff « harceler » : parait contenir le même radical que fr. frét-iller, d’origine inconnue.

Difréza, vb., contrefaire : peut-être originairement « divulguer », cf. denoéza et dambrézein. V. sous di- et fraez > fréaz.

Difroṅk, s. m., sanglot : abstrait du vb. mbr. difroneqa « s’ébrouer ». Empr. fr. ancien fronequier fronchier « ronfler ».

Digabal, adj., sans défaut. Empr. fr. cabale « médisance »[39].

Digarez, s. m., excuse, prétexte : exactement « ce qui supprime le blâme », préf. 1 di- et mbr. carez. V. sous kiriek.

Digeiza, vb., épeier : exactement « décomposer », cf. (V.) digueigein <( démêler », préf. 1 di- et kéjeîn. V. ce mot et digouèga.

Digéri, vb., ouvrir, corn. y-gery : dér. de di-gor « ouvert », le radical étant le même que dans das-kor-i. V. ce mot (préf. 1 di-).

Digouéga, vb., épeier : variante de digeiza, contaminée par l’ancien ’nom de l’alphabet, cymr. egwyddor < lat. abecedàrium. Ou simplement empr. fr. altéré dégoiser, surtout si la prononciation vraie est digouéja.

Digwéner, s. m., vendredi. Empr. lat. dies Veneris.

Digwéz, s. m., accident : abstrait de digivézout=oymT. digwyddo = corn. digwydha. Empr. lat. dëcédere altéré pour dëcidere.

Dihila (C.), vb., s’égrener, mbr. dis-hil-ya, dér. de *hil « graine » ; cf. cymr. dihil « sans enfants », de hil = vir. sil « race », soit un celt. *se-lo de la même rac. que lat. së-men. V. sous hâd. — Conj. Ern.[40]

Dihompra, vb., disloquer : cf. diamprein (V.) = divambrein « démembrer », etc. ; variante d’un dér. de 1 di- et empr. fr. membre.

Dihou, adj., variante de déhou. V. ce mot.

Dichafraṅta, vb., déchirer. Empr. fr. déchiré, contaminé du br. diframmet id., en dérivation verbale. V. sous 1 di- et framm.

Dichek, adj., fier, brusque : pour *tech-ek, cf. le sens du fr. entiché [de soi-même]. Empr. fr. en dérivation bretonne. Cf. tech.

Dicheṅtil, s. m., gentilhomme (aussi dijeṅtil, et dénjeṅtil C) : altéré de ducheṅtil (V.), lequel est abstrait de la locution pl. ann dud jeṅtil « les gentilshommes » transportée purement et simplement au sg., comme en fr. gens d'arme > gendarme. V. sous dén et tud.

Dic’héned, adj., laid : pour *di-géned. V. sous kéned.

Dic’hîz, adj., difforme : exactement « sans façon » (gîz).

Dic’houigein (V.), vb., déchoir : exactement di-huig-ein > identique au vb. cymr. diffygio id., qui est empr. lat. dēficere « manquer ».

Diḷad, s. m., hardes, vêtement, mbr. dillat, cymr. dillad, vir. dillat > diallait id., ir. et gael. diallaid « selle » : dér. d’un radical celt. *dili- « séant » (vir. dil « agréable »), cf. got. til-s et ga-til-s « qui va bien », visl. til > ag. till « jusqu’à », al. ziel « but », c’est-à-dire « qui atteint » ou « ce qu’on veut atteindre », etc. — Rapprochements très peu sûrs.

Dilambrek, adj., indolent, imbécile : exactement « qui se laisse glisser sans faire un effort ». V. sous lampr.

Dilenn, s. m., élection, choix : mot savant formé à l’instar du lat. dē-ligere sur le vb. simple lenn[41]. V. ce mot et cf. dibab.

Dilez, s. m., abandon : abstrait de dilézi. Empr. fr. délaisser.

Diloc’h (V.), s. m., dégel, mbr. diloh, cf. cymr. dadlaith « dégel » ou vir. ladg « neige ». V. sous leiz (= leic’h V.).

Diloc’ha, vb., déplacer, partir : contamination du régulier br. dilec’hi « déplacer » avec le fr. déloger[42]. V. sous léac’h.

Diloc’huz, adj., immuable : préf. 1 di et loc’ha (sous loc’h).

Dilôst-haṅ, s. m., automne : exactement « fin (queue) de l’été ». V. sous 2 *di-, lôst et hanv, et cf. dibenn-éost.

Dilûn, s. m., lundi. Empr. lat. dies lanae.

Dimerc’her, s. m., mercredi. Empr. lat. dies Mercurii.

Dimeurs, s. m., mardi. Empr. lat. dies Mártis (> * mārtis).

Dimézel, s. f., pour démézel. Empr. fr. demoiselle[43].

Dimizi, s. m., mariage, mbr. dimiziff se marier », corn. demedhy id. : soit un radical celt. *to-am-wed-[44], où la rac. est WEDH, celt. *wed-ô, « je conduis, j’amène » (lat. uxôrem dûcô), cymr. dy-wedd-io « se marier », ym-ar-wedd « se conduire », ar-wedd « porter », vir. fed-im « je conduis », ag. to wed, lit. ved-ù, « je mène, j’épouse », vsl. oed-a, « je conduis », etc. Cf. aussi gouhez.

Dindân, adv., prép., dessous, sous (cf. didan V., C), cymr. (an id. : mot d’origine obscure [45], perdu en br. et partout ailleurs, précédé du préf. *diavec nasalisation par assimilation des deux syllabes.

Diner, s. m., denier, argent, corn. dinair. Empr. lat. dēnârius.

Diṅs (V.), s. m., variante nasalisée de dis.

Diṅsa, vb., tinter, cf. vbr. din-iam « je fais sonner ». Onomatopée ancienne (compliquée d’empr. fr. ?). Cf. aussi ag. to tink.

Diod, adj., niais. Empr. fr. populaire diot < idiot.

Dioda, vb., monter en épi, mbr. dihodein (V.), cymr. hodi id., cf. cymr. hedeg, « monter en épi, voler » : soit un radical celt. *of-, « voler, s’élever », pour *pot-, identique à celui du gr. ποτ-άο-μαι (pot-ao-mai). V. la rac. sous évn. — Conj. Ern.

Dionenni, dioni, vb., écumer (enlever l’écume), cymr. diewynu. V. sous 1 di- et éon.

Diorblein (V.), vb., émonder : pour diverblein ou divelbrein « démeubler », formes diverses de la composition de 1 di- et meulbr empr. fr.

Diorren, vb., cultiver, élever [un enfant] : avec perte de l’aspiration, pour *di-c*horren. V. sous gorré.

Diouer, s. m., privation, abstinence (aussi diover V.) : abstrait du mbr. dioueret « privé de », lequel parait dér., avec préf. 2 *di-, de mbr. eùcer « fade » (br. voer V.), cymr. o/er « vain » ; ce dernier susceptible d’être rapproché du lat. am-drus « amer », et subsidiairement des sk. am-là « aigre », àm-â et gr. ὠμός (ômos) ; « cru »[46]. — Ern.

Diougan, s. m., prédiction : soit un celt. *to-wo-kan-o- « pré-cantation » littéralement. V. sous 2 di-, gw- et kàn.

Dir, s. m., acier, cymr. dur. Empr. lat. dūrum « [métal] dur ».

Diraṅva, vb., égrener. V. sous raṅvel.

Diren, s. f., lame[47], tranchant, briquet : dér. de dir.

Diréza, vb., atteindre ou transporter de haut en bas, mbr. dirhaes, corn. drehedhy id. : soit un composé celt. *to-ro-sid- « réussir » (cf. cymr. haedd-u, dy-haedd-u et cy-r-haedd-u « atteindre »[48], dune rac. SÂDH que montrent surtout les mots sk. sddh-d « propice », sàdh-a-ti* sddhya-ti et sidh-yati « il réussit », gr. εὐθύς (euthus) et ἰθύς (ithus)[49].

Diribin, adj., en pente, cf. mbr. diri-bign « escalier » : diri, faux singulier abstrait de diriou, pl. de direz. V. ce mot et pina.

Diroestla, vb., débrouiller, cymr. dirtcystro. V. sous reùstla.

Diroll, adj., débauché : semble altéré pour di-réol « déréglé ».

Dis, s. m., dé à jouer, mbr. diçc. Empr. fr. ancien dez (nominatif).

Dis-, préf., même sens que 1 di- dont il est d’ailleurs la contamination par l’empr. lat. savant dis- > fr. des- > dé-[50].

Disadorn, s. m., samedi. Empr. lat. dies *Sâtârnï.

Disk, s. m., plat, vbr. discl et pl. discou. Empr. lat. disais (> ag. disk).

Diskar, s. m., chute, abattis, décours : le radical, perdu en br., se retrouve dans cymr. y-sgar, « séparer, dissoudre », vir. scaraim « je sépare », lit. skir-ti « séparer », ag. to shear et al. scher-en « tondre » ; et de plus on le reconnaît à la base du br. skar-za. V. ce mot.

Diskenn, s. m., pente. Empr. lat. descend-ere.

Diski, vb., apprendre, mbr. desquiff^> disquiff, corn. desca, cymr. dyscu > dysgu. Empr. lat. dïsc-ere.

Diskogella (C.), vb., secouer, cf. cymr. dy-sgog-i id. (en dérivation fréquentative) et y-sgog-i « bouger » : préf. *di- précédant une rac. SKAG, « secouer, branler, sauter, se séparer », vir. scàich « il s’est écarté » foscaich-im « je m’éloigne » etder-scaig-im « je me distingue », vi$l. skak-a et ag. to shake « secouer », lit. szok-ti <c sauter » et vsl. skok-ù « saut »[51].

1 Diskolpa, vb., mettre en pièces. V. sous skolp.

2 Diskolpa, vb., s’amuser. Empr. fr. altéré [se] découpler[52].

Diskouéza, vb., montrer : préf. dis- et mbr. goez « vue »[53].

Diskuḷa, vb., dénoncer : soit a faire sortir de l’ombre »[54], préf. 1 di- devant une base * skà-lï « ombre » (vir. scâil, gael. sgàil, vbr. esceilenn « voile ») dér. delà même rac. que skeùd. — Conj. Ern.

Disléber, adj., défiguré, vil : préf. dis- devant un dér. brittonique *lip-ero- < celt. *liq-ero-, contenant la rac. LIQ, « corps, forme », la même que dans hévélep. V. ce mot.

Dislévi (gen), vb., bâiller, cymr. dylyfu gèn id. : exactement « écarter les mâchoires », rac. SLIB « glisser ». Cf. libonik[55].

Dismaṅta, dismaṅtra, vb., détruire : contamination de l’empr. fr. démonter et du vb. br. maṅtra. V. ce mot.

Dismégaṅs, s. f., injure, corn. dismigo « se méfier », cymr. dir-myg-u « mépriser » et cf. myg « honoré », vir. di-mic-in, « mépris, déshonneur », — Étym. inc.[56]

Disnévella, vb., contrefaire : cf. denoéza et danéoella.

Dispacha, vb., gratter, remuer, etc. : exactement « tirailler en tous sens [comme] avec un croc ». V. sous dis- et bac h.

Dispar, adj., impair, sans égal. V. sous dis- et par.

Dispenna, vb., déchirer : préf. dis- et béna couper », contaminé de l’empr. bas-lat. dis-pannāre (de pannnas « lambeau d’étoffe »), ou bien plutôt de l’empr. fr. ancien despenner, qui est le même mot et a donné le moderne dépenaillé.

Dispiḷ, dans la locution a zispiḷ « suspendu » : préf. dis- et mbr. bilh « billot ». Empr. fr. bille « bois d’attache »[57].

Dispiñ, s. m., dépense. Empr. bas-lat. dispendium.

Displég, s. m., parole facile, éloquence : exactement « déploiement », cf. displéga « déplier » et ag. to display. V. sous plék.

Disrévella, vb., divulguer : cf. danéoella, dasréoella, etc., et joindre l’influence possible du sens du quasi-homophone fr. réoéler.

Disronnein (V.), vb., dépaqueter : (pour *dis-gronnein) cf. grounn.

Distaouein (V.), vb., apaiser, s’apaiser, cymr. dys-tew-i id. : préf. dis-, et dérivation causative de tév-el « se taire » (sous taô).

Distef, adj., débouché : variante de distouf.

Dister, adj., chétif, sans valeur : préf. 1 di-, et mbr. ster, « signification, valeur », cymr. ystyr « signification ». Empr. lat. historia « récit > sens d’un récit > sens en général ».

Distol, s. m., rebut. V. sous dis- et 1 taol.

Distrémen, s. m., cloison : exactement « empêchement de dépasser > barrière », etc. V. sous dis- et trèménout[58].

Distribiḷ, dans la locution a zistribiḷ « suspendu » : contaminé de dispiḷ et d’une onomatopée de brandillement.

Distrouṅka, vb., décolorer, pâlir : exactement « essanger » [le linge], d’où « dégraisser, déteindre », etc. Empr. lat. très altéré distorquëre. — Conj.

Disûl, s. m., dimanche. Empr. lat. dies salis.

Divalô[59], adj., rude, laid : exactement « non tendre », préf. di-, et un adj. perdu *malv < celt. *mal-awo- « mou », cf. gr. μαλ-α-ϰό-ς, ἀ-μαλ-ό-ς, μῶλ-υ-ς (mal-a-ko-s, a-mal-o-s, môl-u-s), et lat. mollis. V. sous mala et melc’houéden.

Divarra, vb., ébrancher, ôter le comble, raser (un bâtiment) : cf. les diverses acceptions de barr > bâr.

Divéga, vb., épointer : préf. 1 di- et bék.

Diveûrei (V., T.), vb., se lever tard : préf. 1 di- et beûré.

1 Divez, s. m., fin, corn. dewedh, cymr. diwedd, vir. déad > diad id. : soit un celt *dè-wed-o- « action d’ôter le joug » (métaphore rustique), cymr. gwedd « joug », vir. fed-an « attelage », d’une rac. WEDH, qui se retrouve dans got. ga-wid-an « lier » et sk. vi-vadh-â « joug ». Cf. aussi gouzouk.

2 Divez, adj., impudent. V. sous 1 di- et 2 méz.

Diviridigez, s. f., inobservation. V. sous 1 di- et mirout.

Divuz, s. m., amusement : suppose, après le préf. 2 *di-, un vb. simple plus ancien *muza. Empr. fr. muser, « amuser, s’amuser ».

Diwal, s. m., défense, préservation : préf. 1 di- et gwall.

Diwana, vb., grandir (des plantes) : préf. 1 di- et gwân.

Diwar, prép., de dessus, de : préf. 1 di- et wâr.

Diwesker, du., les deux jambes : pour diou esker[60], vbr. pl. esceir « les jambes ». V. sous gâr et la note ; mais cf. en outre skarr et skara.

Diz-, préf., variante occasionnelle de dis-[61].

Dizalbadein (V.), vb., ravager, cf. provençal sabatar « vexer » et poitevin en-salbat-ai « ensorceler ». Empr. fr. sabbat, venu par les patois, en dérivation verbale, et préf. 2 *di-[62]. — Conj. Ern.

Dizéria, vb., dépérir. — Étym. inc.

Diziaou, diziou, s. m., jeudi. Empr. lat. dies Jóvis.

Dizôlei, vb., découvrir : pour *dis-gôlei. V. ces mots.

Dizoṅ, adj., sauvage. V. sous don, et cf. le suivant.

Dizouna, vb., sevrer, mbr. dizonaff, cymr. diddyfnu id. : exactement « déshabituer », cf. cymr. dyfnu « être habitué » et dyfnad, « habitude, habitué » ; soit donc un vb. brittonique *dom-na- (vir. dam-na-im = gr. δάμ-νη-μι « je dompte »[63]. V. 1 di- et la rac. sous doṅ.

Dizrein, adj., sans épines, sans arêtes. V. sous dreinek.

Dlé, s. m., (aussi délé V.), dette, corn. dylly, cymr. dleu et dylu « devoir », vir. dlig-i-m « je dois » : soit un celt. *dlig-ô < *dlg-ô, cf. got. dulg-s et vsl. dlûg-U « dette », inconnu par ailleurs. V. le suivant.

Dléad, s. m., devoir, cymr. dyled et dlèd « dette », vir. dliged (ir. dlighead, gael. dligheadh id.) : d’un celt. *dlig-elo-, dér. du précédent.

Dleizen, s. f., pêne, cf. corn. (ancien) dele-hid « crampon » : se rattache en dérivation à dele ( > br. délez) au sens de « pièce traversière, barre transversale ».

Dluza, vb., se tacheter (cf. fr. truite). V. le suivant.

Dluzen, s. f., truite. Empr. bas-lat. tructa (> fr. truite), avec r > l, initiale muée et finale bretonisée.

Doan, s. f., chagrin. — Étym. inc.

Doaré, s. f., forme, apparence extérieure, semblant, cymr. dwyre, « apparaître, se lever, se montrer » : soit un celt. *to-wer-owià s. f., dér. de  *to-wer- « par-dessus », qui serait en br. *do wâr, « le dessus, la surface ». V. sous *da- et wâr, et cf. gorrè.

Dogan, s. m., variante contractée de daougan.

Dôi, vb., variante écourtée de dôzvi. V. ce mot.

Doṅ, adj., apprivoisé, doux, docile, mbr. doff, cymr. dôf, vbr. dom-etic id. : soit un celt. *domo-, visl. tam-r, ag. tame, al. zahm « apprivoisé », qui se rattache à la même rac. que lat. dom-dre, etc. Cf. daûvad, dixoti, dizouna et gouzafiv.

Doṅjer, s. m., dégoût, mbr. doanger « danger ». Empr. fr. avec sens altéré (ce qui répugne est souvent dangereux).

Doṅt, vb., venir, mbr. donet, corn. dons > dés, mot influencé par l’analogie de l’opposé monet > moût, pour mbr. deu-aff = vir. taig « viens », exactement « amène ici » : soit un celt. *to-ag-ô « j’amène », sk. àj-à-mi, gr. ἄγ-ω (ag-ô), lat. ag-ô, etc[64]. V. le préf. sous *da-.

Dôr, s. f., porte, corn. dar-atei dar-as, cymr. dôr et drws, vbr. dor et drus, vir., ir. et gael. dor-us[65], sk. dcar, gr. θύρ-α (thur-a), lat. for-ës pl., got. daùr, ag. door, al. /or et tûr, vsl. door-û, etc.

Dorc’hel (V.), s. f., loupe, tumeur : variante de dôrzel[66].

Dorlôi (T.), vb., pétrir, caresser[67] : exactement « se servir de la main comme d’une cuiller ». V. sous dorn et loa.

Dorn, s. m., variante de dourn. V. ce mot.

Dôrzel, s. f., serrure (aussi dorc’hel V.) : dér. de tors au sens de « loupe, excroissance » [faisant saillie sur la porte]. — Ern.

Douar, s. m., terre, corn. doar > dôr, cymr. daiar id. : soit peut-être un celt. *di-aro- ou *di-saro-, signifiant « ce qu’on partage » ou « ce qui est susceptible de partage, d’appropriation », la syllabe radicale représentant l’état réduit de la rac. DAY « partager », sk. dày-a-te et gr. δαί-ε-ται (dai-e-tai) « il partage », δαι-τύ-ς (dai-tus) et δαι-τρό-ν (dai-tro-n) « portion », etc., vsl. dè-liï « portion », cf. got. dâil-s, ag. deal et al. teil « partie ». — Conj.

Douaren, s. m., petit-fils : soit un celt. *t-owero- dont le second terme, perdu en br., équivaut au cymr. wyr « petit-fils » < celt. *owero- = lat. *povero- > puer[68]. V. le préf. sous *da-.

Doubier (T.), s. f., nappe. Empr. fr. ancien doublier[69].

Doué, s. m. Dieu, mbr. doe, corn. duy, cymr. dûiu- > dutc, vir. dia y gaul. *dïvos dans Divo-durum (Metz) et autres n. pr. : soit donc un celt. *deiu>o-, dér. d’une rac. DIw « briller », sk. dev-à, « dieu, divin », gr. δῖος (dios) = δῖϝ-ο-ς (diw-o-s) « divin », lat. deio-o-s > deus (cf. dious venu du gén. dïci), lit. dëo-a-s, visl. tiv-ar « les dieux », etc. Cf. deiz.

Douez, s. f., variante de douvez. V. ce mot.

Dougen, vb., porter, mbr. doue « il porte », corn. duk, cymr. dug, vir. tue, ir. et gael. thug, cf. vir. do-uicc, ro-uicc, etc. : soit donc le préf. *tfo- (sous *rfa-), précédant une forme aoristique de la rac. GES (*é-gës-s-t « il porta », cf. mbr. dougas), laquelle se retrouve dans lat. gessi-t « il porta » et *ges-ô > gerô [70] ; cf. aussi visl. kas-t-a « jeter » > ag. to cast.

Douja, vb., craindre, mbr. dougiaff id. : phonétiquement régulier pour *doud-iaff, dér. d’un radical *doud- < *dout-, abstrait de l’empr. fr. ancien doubter > douter « craindre » (aujourd’hui re-douter).

Doulzil, s. m., clepsydre, arrosoir. Empr. fr. ancien dousil[71] « bonde de tonneau », plus anciennement « conduit d’eau » (bas-lat. duciculum).

Doun, adj., profond, mbr. don, cymr. dwfn, vir. dom-ain, ir. et gael. domh-ain id. : d’un celt. *dub-no-, rac. DHUB, d’où lit. dub-ù-s « profond », got. diuprs (= i.-e. *dheub-o-s), visl. diup-r, ags. dèop > ag. deep, vhal. tiof > al. tief « profond », etc. Cf. dour.

Dour, s. m., eau, corn. dofer > dour, cymr. dubr > dwfr, vir. dobur, ir. et gael. dobhar, gaul. dubron (d’Arb.) dans les noms de lieux qui sont aujourd’hui Douvres, etc. : d’un celt. *dub-ro-, dér. par suff. -ro de la même rac. que *dub-no- > br. doun. V. ce mot.

Douren, s. f., suc, jus, humeur : dér. du précédent.

Dourgen, s. f., anse : pour *dourngen, mbr. dornguenn, qui correspond à un celt. *durn-àk-inâ, « main [du vase] » ou « ce qu’on tient à la main », dér. de *durn-àko-. V. sous dourn.

Dourgi, s. m., loutre (chien d’eau). V. sous dour et ki.

Dourn, s. m., main, corn. dorn, cymr. dwrn « poing » et dyrn-aid

« poignée », vir. dorn, dorn-ach, « poing, main », gael. dorn « poing », gaul. Durnacos n. pr. : soit deux mots celt. *dur-no- et *dur-nàko-, qu’on ne rencontre guère ailleurs (gr. δῶρον δάρις (dôron) et δάρις (daris), « palme, la mesure formée par la main étendue »), mais qu’on rattache à la rac. de darn[72].

Douma, vb., battre, vbr. dorn « il bat », dér. du précédent.

Douvez, s. f., fossé plein d’eau. Empr. fr. bretonisé douve.

Dozvi, vb., pondre, mbr. dezvyff, cymr. dodwy, vir. doithim « j’enfante » : par dérivation secondaire d’un radical celt. tosw- < *to-sū-, préf. *to- (sous *da-), et rac. SÛ, cf. vir. su-th « descendant » et gael. su-th « objet quelconque », sk. sū-te < « elle enfante » et sū-nu « fils », gr. υἱός (huios) *συ-ἱό-ς (su-io-s) « géniture », got. su-nu-s, ag. son, al. sohn, etc.

Drâf, s. m., claie, guichet, mbr. draffl. Empr. fr. ancien travelle « petite poutre » ou trave « pièce de bois », ou contaminé des deux.

Dral, s. m., fragment, hachure (d’où drala « hacher »), mbr. druilla « briser », cymr. dryll « morceau » : d’un celt. *drus-lo- < i.-e. *dhruslo-, cf. gr. *θραύσ-ω (*thraus-ô) θραύ-ω (thrau-ô), « je brise, je broie », sans autre équivalent connu (fr. drille « chiffon » paraît empr. br.).

Dramm, s. m., javelle, fagot, vir. dremm « poignée » [de gens ], ir. et gael. dream id. : d’un celt. *dreg-smo- « ce qu’on tient ou peut tenir en main », cf. gr. δράγ-μα (drag-ma) « poignée », etc. V. la rac. sous derc’hel.

Drammen, s. f., médicament : dér. de l’empr. bas-lat. *dragma ou fr. technique dragme, lui-même emprunté au gr. δράχμη (drachmê)[73].

Draṅt, adj., vif, gai ; syncopé en prononciation rapide pour *driant[74], et celui-ci pour mbr. drilhant. Empr. fr. ancien drillant « sautillant », d’où l’on a abstrait la locution [joyeux] drille. — Ern.

Draok, s. m., variante de dréok. V. ce mot.

Drask, s. m., grive, mbr. drasgl, vbr. trascl, cymr. tresglen id. : soit un celt. *tresklo- pour *tred-sklo-, formé par application d’un suff. secondaire sur le radical de tréd. V. ce mot, et cf. la formation de l’ag. thros-tle (par rapport à thrush) et de l’ai. drosseL

Draska, vb., frétiller, pétiller : dér. du précédent.

Drâv, s. m., variante de drâf. V. ce mot.

Dré, prép., à travers, par : pour *tré (conservé dans tré-ménoul), corn. dre, cymr. troi > trwy > drwy, vir. tria (> ir. triaU et gael. triall « voyage »), d’un celt. *trei, qui se rattache à une rac. TERÄ « traverser », cf. sk. tir-à-s et lat. tr-ans[75] « au delà ».

Dréan, s. m., épine, arête (pl.drein), corn. drain > draen, cymr. draen, vir. draigen, ir. et gael. droigheann « ronce » : soit un celt. *drag-ino-, qu’on peut rapprocher du gr. τρᾶ-χ-ύ-ς (tra-ch-u-s) « rude » ; mais cf. aussi τέρχ-νο-ς (terch-no-s) « rameau » et lit. drig-né-s « ronces ».

Dréd, s. m., variante de tréd, et cf. drask.

Dreinek, s. m., bar : dér. du pl. de dréan (plein d’arêtes).

Dreist, prép., au delà : dér. secondaire de dré.

Dreizen, s. f., variante de drézen sous l’inflence du pl. de dréan.

Dremm, s. f., visage, cymr. drem, cf. gr. δεργ-μό-ς (derg-mo-s) « regard » et δέργ-μα (derg-ma) « aspect » : soit un celt. *driksmà < *drk-sma, dér. de la très commune rac. DERK « voir »[76], vir. derc « voir », con-derc-ar « on voit », drech ce visage », etc., gr. δέρϰ-ε-ται (derk-e-tai) « il voit » et δέ-δορϰ-ε (de-dork-e) = sk. da-dârç-a « il vit », got. ga-tarh-jan « rendre remarquable », vhal. zorah-i « clair », etc.

Dremvél, dremwél, s. m., horizon : exactement « ce qu’on voit (embrasse) d’un regard ». V. sous dremm et 1 gwél.

Drén, s. m., variante de dréan. V. ce mot.

1 Dréô, adj., gai, un peu ivre, cymr. dryw « roitelet », cf. ir. dreàn et gael. dreathan-donn « roitelet » : d’un celt. *driwo- < *dr-wo-, dér. d’une rac. DHERÀ « bondir », cf. gr. θορ-εῖν θρώ-σϰω ἐ-θορ-ε (thor-ein thrô-skô e-thor-e).

2 Dréô, s. m., coqueluche, mbr. dreau, cymr. trew « éternuement », ir. trioeh > triugh, gael. triuthach « coqueluche » : se rattache, par chute de s initial, à la même rac. que stréfia. V. ce mot.

Dréok, s. m., ivraie, mbr. dréaucq, cymr. drewg « pavot blanc » : dér. de 1 dréô (herbe folle ou enivrante), tout comme fr. ior-aie de ivre.

1 Drézen, s. f., ronce, crémaillère, corn. dreis, cymr. drysien, vbr. drissi pl., vir. driss, ir. et gael. dris « ronce » : soit un celt. *dresso- ou *dressi-, pour *drep-s-, qui coïncide par métathèse avec l’ai, tref-s > trespe « ivraie », mais n’a point d’autre équivalent connu.

2 Drézen, s. f., variante de trézen. V. ce mot.

Driked, s. m., loquet : contamination possible de kliked et de dôrikel « guichet » diminutif de dôr. V. ces deux mots.

Drouk, droug : adj., mauvais ; s. m., mal ; corn. drog, cymr. drwg, ir. et gael. droch id. : soit un celt. *druk-o- (et *druklco-) < i.-e. * dhruko-, of. ags. dryg-e > ag. dry, al. trock-en « desséché »[77].

Drouzivez, s. m., déroute : syncopé avec mutation douce pour droug-divez « mauvaise issue ». V. sous drouk et 1 divez.

Drujal, vb., badiner : dér. d’empr. fr. ancien druge, « jeu, risée, moquerie » (en Poitou, Basse-Normandie et Haute- Bretagne).

Drûz, adj., onctueux : exactement « épais ». Empr. fr. ancien (nominatif) drus « dru ». — Loth.

, adj., noir, mbr. duff, corn. duw > du, cymr. dub > du, vbr. du-glas « bleu foncé » (sous 1 glas), vir. dub, ir. et gael. dubh, gaul. n. pr. Dub-i-s « le Doubs »[78] : soit un celt. *doub-o- < i.-e. *dhoubh-o-, de même rac. que gr. τυφ-λό-ς (tuph-lo-s) « aveugle », ag. dumb « muet », al. dumm « imbécile », ags. dlaf> ag. deaf= al. taub « sourd »[79].

Dubé, s. m., pigeon domestique. Emprunt germanique d’époque et d’origine inconnues (ags. dufe > ag. dooe, hollandais duif)[80].

Dudi, s. m., plaisir. Empr. fr. ancien altéré déduit (cf. diduel).

Duhoṅt, adv., là-bas : exactement « [de] ce côté là »(tù-hoṅt).

Dûḷ, s. m., poignée, poupée de filasse, vir. ddal, « boucle de cheveux, tressage » : soit un celt. *dok-lo- (altéré en br.), apparenté au got. tag-l « poil » et au sk. daç-a « frange », sans autre équivalent[81].

Duman, adv., par ici. V. sous tû et mati, et cf. duhont.

  1. On peut en rapprocher, mais non pas y identifier, la particule de direction i. e. *de, *dô, gr. οἶϰόν-δε (oikon-de) « à la maison » (illatif), germ. *tô (ag. to « vers », al. zuo > zu, etc.).
  2. Détourné au sens péjoratif en breton seulement.
  3. Cette racine, si répandue dans toutes les langues indo-européennes, était sûrement celtique aussi : cf. gaul. gr. δεδε (dede) « il a posé » (inscription de statue) et n. pr. Con-da-te, « Condat, Condé », etc. (con-fluent).
  4. Celui-ci d’un pl. nt. i.-e. *dakrū, comme l’enseigne M.  Strachan, Idg. Forsch., X, p. 76.
  5. Sur la délicate évolution phonétique de cymr., corn. et br. dqffar, cf. récemment Loth, R. celt., XX, p. 205.
  6. La dérivation serait plausible, mais le procédé peu satisfaisant ; car on attendrait *dalé-if, et d’ailleurs -if n’est point un suffixe breton. Il faut supposer une dérivation opérée sur une base imaginaire *dal-^ et au moyen d’un suffixe emprunté au fr., en imitation du rapport fr. tard : tard-if. — Une étymologie celtique ne satisferait guère davantage : la rac. LEIQ « abandonner » (gr. λείπ-ω (leip-ô), lat. linqu-ô, etc.), qui a donné vir. di-lech-tu « orphelins » >gael. dilleachdan, exigerait en breton *dalip > +dalib. Faut-il restituer i.-e. Hiq-nô- « laissé » > celt. *Upno- > Hippo- > *liffo-1 La rac. LEIQ n’a de représentant direct en celtique que vir. léicc-im « je laisse ».
  7. Il est rare que les noms des infirmités corporelles aient exactement le même sens dans les langues apparentées ; ils procèdent la plupart du temps d’une racine à acception vague de « trouble » ou de « malaise », cf. gr. τυφ-λό-ς « aveugle », ag. dumb « muet », al. dumm « imbécile », etc. — On peut rattacher à la même souche lat. fall-ere « tromper », mais non pas aussi sûrement.
  8. Si l’étymologie a le moindre fondement, il faut que le mot soit venu très tard, et sans doute par l’intermédiaire du fr. savant ; car autrement l’m médial serait devenu v. Cf. anéval.
  9. Le premier sens est celui de danèvella, et le second, celui de dencèsa et di/résa. De ces deux derniers, dambrézein cumule la nasale de l’un avec ’r de l’autre. C’est tout ce qu’on aperçoit de plus clair. Cf. le Gloss. Ern., p. 154-155.
  10. La métaphore viendrait de l’aspect « froissé, chiffonné » des rayons et des objets reflétés dans l’eau.
  11. Le changement de r en n favorisé sans doute par l’analogie de nèvez et le sens « conter des nouvelles ».
  12. Métathèse, ainsi qu’en corn., pour *doui (cf. piou), qui répond au fm. conservé en sk. (dcé) et en lat. (duae).
  13. Pour la formation, cf. peder-lagad (surnom d’un homme qui porte des lunettes) « quatre-yeux ». — Ern.
  14. Le sens « nonobstant » s’en déduit naturellement : daoust d’ami aoel « à savoir pour le vent > par rapport au vent > malgré le vent ».
  15. Au moins au sens d’ « étoile filante » (Le Gon.).
  16. Ag. to darn « ravauder » et fr. darne « grosse tranche de poisson » sont empruntés respectivement au cymr. et au br.
  17. On en trouvera à la suite plusieurs exemples.
  18. Le rapport avec πυγ-ή (pug-ê) « fesse » (Ern.) est bien douteux, mais possible, à cause des mots slaves qui présentent le même radical, d’une part avec une gutturale initiale (donc une vélaire primitive), de l’autre avec le sens de « bosse ».
  19. Le cymr. rhif montre partout i ; mais rien n’empêche d’admettre que la dérivation bretonne est partie d’une variante radicale à l bref, d’autant qu’il y a eu confusion entre deux verbes issus de radicaux différents.
  20. Ce dernier sort directement de la rac. de tum-ere « se gonfler » ; mais *toumbodoit s’y rattacher aussi par amplification.
  21. En d’autres termes, identique au lat. re-surgere, avec un préfixe breton substitué à son synonyme latin. Évidemment venu par la langue ecclésiastique.
  22. Ainsi mbr. dezreuell, aujourd’hui dasrécelta, etc.
  23. Le dh représente la dentale indécise qui apparaît en certaines langues, notamment en gr. sous la forme θ (th). Le celt. ici la reproduit par un d, devant lequel le g est tombé, de même que le k dans le groupe similaire médial de gr. ἄρϰτος (arktos) vir, art, etc. V. sous 2 harz. — Meillet.
  24. C’est-à-dire que, si le mot suivant commence par voyelle, l’ancien n final du mot sonne en liaison.
  25. Cf. Dexsiea, n. pr. d’une déesse gauloise.
  26. Délez s. m. a degré » n’est qu’une corruption de déres.
  27. On en pourrait rapprocher vsl. dol-ù, ag. dale et al. thal « vallée », si ces mots devaient se ramener à un radical qui eût signifié « humide ». Mais il n’y a aucun lien pour y concilier ag. dew = al. tau « rosée ».
  28. Peut-être par la vague association d’idées suggérée par le calembour « être [l'] homme = jouer un rôle ». Le cymr. a dyn-weddu « personnifier ».
  29. Qui a désigné, comme on sait, toute espèce d’aliments.
  30. Le mot serait forgé d’après octavum « huitième » ; on ne voit pas d’autre moyen d’expliquer le vocalisme breton ; car *demca (d’Arb.) n’eût pu donner deaoc. Le régulier lat. decima a produit vbr. decmint « il décimera » et cymr. degwm « dîme ».
  31. Les composés par ce préfixe sont fort nombreux, et l’on peut même en former presque à volonté. On ne trouvera ici que ceux qui offrent quelque particularité intéressante. Ne pas le confondre avec le suivant qui s’en distingue par l’astérisque.
  32. On rapportera à ce préf. la plupart des cas où l’initiale di-, bien loin d’avoir une valeur inversive ou négative, ne change rien à la signification du mot auquel elle s’adapte. — Quand ce préf. *di- est suivi d’une voyelle, il représente la forme non élidée du préf. *to- devant un autre préfixe : ainsi dambrézein, par exemple, s’expliquera par *t-am-, et diambrézein par *to-am-, et ainsi des autres.
  33. Naturellement parce que, au moyen âge et dans un pays catholique, l’élection au pontificat était le prototype de toute opération électorale. V. sous dilenn, pap et abarz.
  34. On cherchera de même sous l’initiale p ou t le second terme des composés qui commencent par dih- ou did-.
  35. Sous cette forme, et avec le sens « ronger », il serait possible de rapprocher sk, kfmi a ver », etc. V. sous préne.
  36. Douteux : s’il en était ainsi, on devrait trouver quelque part un *dibenna, qui n’existe pas (Loth).
  37. Mais il se peut fort bien que l’étymologie populaire ait vu dans ce mot « le fait de changer de côté » (sens étymologique de se dicertir). V. sous tù.
  38. La filière serait *titel > *tihel (dissimilation ?) > dlhel (mutation du pl. transportée au sg.) > diel.
  39. Préf. 1 di-. Chercher de même sous k le second terme des composés qui commencent par dig-, et sous g (parfois sous c’h) celui des composés qui commencent par dic’h.
  40. S. v. diskilya. Mais ce verbe n’a en vannetais que le sens « effiloquer, dégueuiller », qui rend douteuse l’étymologie par hil (Loth).
  41. Comme si le br. lenn avait les deux sens du lat. légère « lire » et « choisir », taudis qu’il n’a que le premier.
  42. L’influence de loc’ha « soulever au moyen d’un levier » ne doit être que fort lointaine. Cf. le suivant.
  43. Altéré par rapprochement de dimèzi > dimizi.
  44. V. sous 2 *di- = *cfa-, et sous / *am-.
  45. On peut le rattacher au lat. ten-us « jusqu’à », qui lui-même se rattache à la rac. du lat. ten-èrc et du br. tanaô.
  46. Le sens primitif de dhueret aurait donc été, soit « dégoûté », soit « déçu » : d’oû celui de diouer.
  47. Aussi dans diren goar « lame de cire > rayon de miel ».
  48. Ces deux derniers sont respectivement *to-sid- et *ko-ro-sid-. V. tous ces préfixes sous 9 da-, Va- et *ke-.
  49. Ces dernières dérivations font bien le sens, « droit, exact, promptement », mais le vocalisme en est des plus obscurs.
  50. On prendra garde que, parmi les mots qui commencent par dis-, les uns ont le préf. dis-, comme dis-kan, « refrain, rétractation », les autres le préf. di-, comme skanta « écailler ».
  51. A cause de l’al. hink-en, on n’ose ajouter gr. σϰάζ-ειν (skaz-ein) « boiter », dont l’α peut receler une nasale ; mais en tout cas les deux racines sont apparentées. Cf 1 kamm.
  52. Faire cent folies comme les chiens qu’on découple.
  53. V. sous ac’houez. Le préf. seul est différent.
  54. Donc sans aucun rapport avec skula.
  55. Mais en breton l’étymologie populaire a évidemment traduit « ouvrir la bouche d’une lieue de large ». V. sous léo.
  56. Est-il permis de rapprocher lat. mic-are, « scintiller, briller » (d’où « se distinguer »), qui est, lui aussi, un mot tout à fait isolé ?
  57. Cf. bili et distribiḷ, et ne pas confondre avec pill.
  58. Au contraire, dans le vb. distréménout « transgresser », le préf. n’a pas le sens inversif. Cf. di- et *di-.
  59. Les composés qui commencent par div- doivent être cherchés, soit sous b, soit sous m, divabous sous babouz, dioag sous maga, et ainsi de suite.
  60. Ce composé est donné comme le type général des duels qui commencent par diou prononcé rapidement diw-.
  61. On cherchera les composés qui commencent par dis-, soit sous d (di-zélia « effeuiller » sous délien), soil sous s (di-aac’ha « désacher »), soit enfin sous la voyelle qui suit le i (du-anaout « méconnaître »). Voir la note sous dis-.
  62. La filière des sens est « assemblée des juifs — assemblée de sorciers — tumulte indécent et malfaisant » — etc.
  63. Sens étendu, car la domestication est une accoutumance.
  64. V. le préf. sons *da-, et cf. deûi et moàt.
  65. Le br. est formation primaire ; mais le pl. mbr. dor-oj-ou se rapporte aux dérivations secondaires des autres langues.
  66. La serrure fait bourrelet sur la porte.
  67. Ce sens vient en partie de la contamination de dorlota, qui est empr. fr. dorloter.
  68. La racine se retrouve dans sk. pu-trâ « fils », etc.
  69. Conservé, entre autres, en patois normand.
  70. Zimmer, Stokes, Macbain. — Mais aujourd’hui M. Loth préférerait ramener simplement ce verbe à la forme réduite de la rac. DUK (lat. duc- « chef » et dùc-6 « je conduis », got. tiuh-an et al. zieh-en « tirer »), et expliquer cymr. duch « qu’il mène » par un celt. *douc-s-et subjonctif d’aoriste sigmatique : R. celt. XX, p, 80.
  71. Le mot a été altéré par l’étymologie populaire, qui l’a décomposé eu dour-zil « passoire à eau ». V. ces mots (sous stl).
  72. La main serait dès lors, soit « la déchireuse », soit plutôt « la fendue », à cause de l’écartement des cinq doigts.
  73. « Ce qui se vend à la drachme » (petit poids de pharmacie).
  74. Cf. aujourd’hui Driant, nom de famille français.
  75. D’où aussi en fr. très- > très et tré- (tré- passer).
  76. Mieux reconnaissante dans le composé vbr. er-derh « évident ».
  77. Le sk. drûh « être malfaisant » = al. trug « tromperie »* est plus voisin comme sens, mais ne concorde pas pour les consonnes, sauf toutefois la possibilité de l’alternance gh : kh étudiée par M. Meillet, Mém. Soc. Ling., X, p. 277.
  78. Le « fleuve noir » ; cf. le Dourdu, près Morlaix.
  79. Cf. la note sous dall.
  80. Le plus voisin serait mbal. tube > al. taube. Mais on ne voit pas trop comment le mot aurait voyagé si loin.
  81. M. Whitley Stockes donne en outre un cymr. dull « pli », dulUio « plier », qui n’existe plus dans ce sens.