Lexique étymologique du breton moderne/T

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Texte établi par Faculté des lettres de Rennes, J. Plihon et L. Hervé (p. 257-274).
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T

1 Ta, ton, ta. V. sous da et .

2 Ta, variante écourtée de éta. V. ce mot.

Tabut, s. m., bruit, querelle, cf. fr. tabut, tabuter, tabuster, tarabuster, etc. : onomatopées de langage populaire et de provenance très indécise.

Taken, s. f., goutte, morceau : identique au fond à takon.

Takénein (V.), vb., ruminer : proprement « chipoter, manger lentement par menues miettes », dér. du précédent. Cf. toutefois daskiria (Ern.).

Takon, s. m., pièce de rapiéçage. Empr. fr. ancien tacon.

Tâd, s. m., père, mbr. tat, corn. tat > tas> cymr. tàd, ir. datàn « père nourricier » > daidin et gael. daidein « papa » : d’un celt. *iato-, terme de caresse enfantine ; cf. sk. tatà « père », gr. τάτα et τέττα, lat. tata y got atta w père » et al. âtteu aïeul », lit. téti-s, vsl. ot-ïcï, russe tjatja[1].

Taga, vb., étrangler, attaquer[2], corn. taga, cymr. tagu, vir. tach-t-ad « action d’étrangler », ir. tach-dai-m « j’étrangle », gael. tach-d id. : soit un celt. *to-ang-ô, où la rao. est la même que celle du lat. ang-ere. V. sous eûk, et le préf. sous 1 da. — Très douteux, car il n’y a nulle part trace de la nasale qui eût dû demeurer.

Tach, s. m., clou. Empr. fr. ancien tache id.[3].

Tachen, s. f., pièce de terre, pâtis. Empr. roman, qui se ramène au radical de celui des mots qu’on verra sous tach et takon.

1 Tâl, s. m., front, corn. et cymr. tâl, gaul. Halos dans Dubno-talos n. pr., etc. : d’un celt. Halo- = sk. tala « surface », spécialisé ailleurs en divers sens ; cf. gr. τηλία « table à dés », lat. tel-lûs « terre », al. diele « planche », lit. tilê id. et vieux-pruss. tal-u-s « sol », vsl. tïlo « pavé ».

2 Tâl, s. m., fond : identique au précédent[4].

Tâḷ, s. f., stature, manière, danger[5]. Empr. fr. taille.

Taladur, s. m., doloire, mbr. daladur. Empr. bas-lat. *doldtôria (> fr. doloire), mais l’initiale influencée par tarar. V. ce mot.

Talar, s. m., sillon du bout d’un champ, cymr. talarid. : dér. de 1 tâl, soit un celt. *tal-aro-, cf. la formation du fr. front-ière.

Talbenn, s. m., frontispice, pignon : comme qui dirait « tête de façade », composé du type ancien. Cf. tâl et penn, et la note sous kil.

Talbôd, s. m., angélique sauvage : pour *tal-vôt, cf. cymr. tal-fed-el a angélique de jardin », soit un cel. *talo-buti- qui signifierait « la précieuse »[6]. V. sous bout et tahézout. — Conj.

Taled, s. f., fronteau : dér. de 1 tâl.

Talgenn, s. m., fronteau, cf. cymr. tal-cen « front » : proprement « peau de front[7] ». V. sous 1 tâl et kenn, et cf. talbenn pour la formation.

Talier, s. f., croupe. Empr. fr. darrière = derrière, bizarrement altéré par rapprochement de contraste avec tâl. — Conj.

Talm, s. f., fronde, cymr. ielm « lacet », vir. tailm, ir. tailmh et gael. tailm « fronde » : d’un celt. *talk-smi-, dont on ne peut rapprocher que vsl. tlû/c-ç « je frappe ». — Stokes, Mcb.

Talvézout, talvout, vb., valoir, mériter : proprement « être paiement », d’où « compenser, équivaloir », cf. corn. et cymr. tâl « paiement », vbr. tal « il paya », mir. toile, ir. taille, gael. tail et tail-eat « salaire », τέλ-ος « impôt » et τάλα-ντο-ν « poids de métal précieux » ; dans ce dernier mot apparaît encore le sens « supporter > peser »[8], qui est l’acception primitive de rac. TELÀ, gr. τλ-άω « je supporte », lat. tol-lô et tul-i, al. dul-den, « supporter, souffrir ». V. aussi tleuA, kéoatal, et cf. béza, boni.

Tamall, s. m., blâme, ir. tâmailt « opprobre » : d’un radical celt. *tamb-, pour *stamb-, cf. στέμϐ-ω « j’insulte » et στοϐ-έω « je gronde » ???

Tamm, s. m., morceau, fragment, corn. et cymr. tam, vir. temm, gael. teum id. : d’un celt. *tend-men-, dér. de rac. TEND « couper », gr. τένδ-ω « je ronge », lat. tond-eô « je tonds », vir. ro-thunn-setar « ils taillèrent en pièces », cf. gr. τέμ-νειν et vsl. tç-ti « couper ».

Tamoez, s. m., sas, tamis, cf. mbr. taffoessat « sasser » [9]. Empr. bas-lat. tamësium, d’où aussi fr. tamis.

Tamoézen, s. f., épi : la forme normale est toézen[10] (V.), cymr. tywysen > twysen, vir. dias, ir. et gael. dias, soit un celt. *to- ou *do-e/r-a-inâ, cf. gr. ἄχνη « épi » < *ak-s-nà. V. le préf. sous da et la rac. sous ék.

Tân, s. m., feu, corn. tan (voc.) > tân, cymr. tân, vbr. tan et dans Tanneguy n. pr. « chien de feu », etc., vir. tene, ir. et gael. teint id. : d’un celt. *tenos nt., pour *tep-nos. Cf. téz et iomm, et la note sous ktl.

Tanaô, tanav, adj., mince, corn. tanow, cymr. teneu, ir. et gael. tana < celt. *tan-awo-. V. sous stéfi la rac. et les homologues.

Tané : adj., écarlate ; s. m., cochenille : dér. de tân (couleur de feu)[11].

Tann, s. m., chêne : cf. fr. tan « écorce de chêne » et al. tanne « sapin » (jadis aussi « chêne »). Empr. germanique par intermédiaire roman.

Tanô, adj., contracté de tanaô, variante de tanav.

Taṅtad, s. m., feu de joie, cf. cymr. tandod « conflagration », vir. tentide « enflammé » : soit un dér. celt. *tenotati-. V. sous tàn.

Taṅva, vb., tâter, goûter, mbr. tqffhaff, corn. taoa id. : d’un radical celt. *tam et *tab-, presque isolé, qu’on retrouve aussi dans téôd.

Taô, s. m., silence, cymr. taw id. : soit un celt. *ta-wo-, dér. d’une racine qui parait être la même qu’on retrouve, amplifiée d’une gutturale, dans lat. ta-c-èreet got. tha-h-an « se taire ». Cf. técel.

1 Taol, s. m., coup, jet (d’où le vb. taoli > teûrel), corn. toula t jeter »^ cymr. tajl « jet » et taflu « jeter », vir. tabal, ir. iabhall et gael. tabhal « fronde » : d’un celt. *tab-allo-, auquel on ne connaît pas d’équivalent (Mcb. rapproche ag. to stab « percer » ?? ?).

2 Taol, s. f., table, cymr. tafol « balance ». Empr. lat. tabula.

Taouarch, s. m., tourbe, motte, cymr. tywarchen, vbr. pl. tuorchennou. Celtique d’origine probable[12], mais étym. inc.

Taouz (T.), s. m., yeuse : dér. d’empr. lat. taxas « if ».

Taran, s. m., feu follet, corn. et cymr. taran « tonnerre », gaul. Taranis « Jupiter tonnant », vir. torand « tonnerre », ir. toran « fracas », gael. torrunn « tonnerre » : d’un celt. *tor-anno- « tonnerre »[13], dont on rapproche ir. tair-m « bruit », gr. τορ-ό-ς « à haute voix », lit. tàr-ti « dire » et tar-mè « dicton », vieux-pruss. târ-in « voix ».

Tarar[14], s. m., tarière, mbr. tarazr, corn. tardar, cymr. taradr, vbr. tarater, vir. tara-thar, gaul. latinisé tara-tram qu’atteste Isidore et que suppose fr. tarière, etc. ; cf. gr. τέρε-τρο-ν et lat. tere-bra id. : tous issus d’une rac. TERÄ « percer » (lat. ter-ere « user par frottement » et pf. trî-vi, vsl. tïr-a, « je frotte » et infin. trè-ti), dont relèvent aussi les mots qu’on trouvera sous kontron et sous dré.

Targaz, s. m., matou : pour tarv-kaz. V. ces mots.

Tariel (C.), s. f., niaiserie : variante altérée de c’hoariel. — Conj.

Tarlouṅka, vb., avaler de travers ; préf. tar-, équivalent phonétique de dar-, précédant avec sens péjoratif le vb. loṅka. V. ces mots.

Tarner (C.), s. m., torchon, cf. cymr. tarnu, « absorber, sécher » : rappellent vaguement le lat. terg-ere « essuyer », qui est également isolé.

Tarô, s. m., variante dissyllabique de tarv.

Tartéz, s. m., galette : dér. d’empr. fr. tarte.

Tartouz, s. m., mite, teigne : par assimilation pour hartouz (qui existe aussi) < *artouz. Empr. fr. ancien artuison > artison.

Tarv, s. m., taureau, corn. tarow, cymr. tarw, vbr. taruu, gaul. tarvos (inscription de Cluny), ir. et gael. tarbh id. : d’un celt. *tarwo-, gr. ταῦρο-ς, lat. taur-us, vieux-pruss. tauri-s « buffle », vsl. turŭ.

Tarval, s. m., cheville : dér. probable de tarv[15].

Tarz, s. m., coup violent, fracas (aussi tarc’h V.), cymr. tardd id., tarddu « éclater » : dér. de la rac. qu’on verra sous tarar.

Tarzel, s. f., barbacane, meurtrière, cf. cymr. tarddell, « issue, source » : dér. de tarz au sens de « percement > percée ».

Tas, s. m., tasse, coupe. Empr. fr. tasse.

Tâs, s. m., taxe, taux, prix. Empr. fr. taxe.

Tasman, s. m., lutin, fantôme ; cf. ital. talismano et fr. talisman, qui procèdent d’un empr. arabe telsam (pl. telsamin) « image enchantée ». Empr. fr. ancien qui a gardé le sens étymologique.

Tastourni, vb., tâtonner, manier : dér. de dourn, précédé de tas-, équivalent phonétique du préf. das-. V. ces mots.

Tata (terme enfantin), papa. V. sous tâd.

Tatina, vb., railler. Empr. fr. taquiner.

Tavaṅcher, s. m., tablier. Empr. fr. altéré devantier. Cf. hincha.

Tavaṅtek, adj., indigent : peut s’expliquer à la rigueur par *taz-vant-, soit préf. itératif tas- = das-, et empr. ag. want « besoin »[16].

Tavarn, s. f., cabaret. Empr. lat. taberna ou fr. taverne.

Tavédek, adj., silencieux, cymr. tawedog. Cf. taô = tav.

, tu, toi : le radical t-, pour le sg. de la 2 e pers., est commun à toute la famille indo-européenne et ne requiert pas d’exemple. Cf. .

Téac’h, s. m., fuite : abstrait de tec’hout.

Téar, adj., prompt, violent, cymr. taer « importun » : composé de *to- et

d’un mot équivalent au cymr. haer, « entêté, pressant », soit celt. *sagro- « fort ». V. le préf. sous 1 da et la rac. sous 1 héal.

Tech, s. m., habitude, inclination : abstrait de l’empr. fr. en-tech-er, dont survit aujourd’hui le ppe entiché. Cf. dichek.

Teolurat, vb., s’enfuir, s’en aller, cymr. techu « se blottir », gaul. Tïc-ïnus[17] « le Tessin » (le rapide), vir. tech-i-m, ir. teith-i-m et gael. teich « fuir » : soit respectivement celt. *tekkô et *tek-ô « je fuis », rac. TEQ, sk. tak-a-ti et tak-ti « il court », lit. tek-ù et vsl. tek-ç « je cours », got. thiu-s, ags. thëow et vhal. deo « serviteur », etc.

Tel, vb., couvrir [une maison ] : dér. de ta. V. ce mot.

Teil, s. m., fumier, mbr. teyl, cymr. tail, cf. gr. τῖλο-ς « purin », sans autre équivalent.

Teir, trois (au fm.), corn. ter, cymr. teir, vir. teora id. : d’un celt. *(eor-es, cf. sk. tisràs et zd iiçarô < i.-e. *tisres probablement altéré par dissimilation pour *tri-sr-es, etc. V. sous tri, péoar et péder.

Télen, s. f., harpe, corn. telein, cymr. telyn. — Étym. inc.[18]

Tell, s. f., impôt, subside, cymr. toll, et cf. corn. toll-or « percepteur »[19]. Empr. lat. écourté teloneum, lui-même du gr. τέλος. Cf. taloézout.

Telt, s. m., tente. Empr. ags. [ge-)teld >ag. tilt.

Temps, s. m., trempe, tempérament. Empr. lat. savant tempus, substantif pris pour équivalent de sens de temperâre « tremper ».

Tempz, s. f., épice : abstrait du vb. tempsi, dér. de temps[20].

Téner, adj., mou, délicat, corn. et cymr. tyner. Empr. lat. tenerum.

Tenn : adj., tendu, raide, rigoureux ; s. m., tension, trait ; s. f., attelage ; cf. cymr. tyn, vir. tend, ir. et gael. teann, « tendu, serré » : abstrait de

Tenna, vb., tirer, ôter, déduire, corn. tenna et tynne, cymr. tynnu, et cf. le précédent. Empr. lat tend-ere, mais non sans contamination probable du radical celtique qu’on trouvera sous stén.

Teṅsa, vb., réprimander. Empr. fr. dialectal tencer « tancer ».

Teṅzor, s. m., trésor. Empr. lat. savant tensaurus.

Téô, adj., gros, épais, mbr. et vbr. teu, corn. et cymr. tew, vir. tiug, gael. tiugh id. : d’an celt. *teg-wo-, qui ne se retrouve qu’en germanique[21], cf. visl. thykk-r, ag. thick et al. dick « gros ».

Téôd, s. m., langue, mbr. teaut, corn. tavot (voc) et taoas, cymr. tafawd > tafod id. : soit un celt. *tab-àto-, dont la rac. est sous taûoa.

Téôl, s. m., tuile (aussi tevl V.). Empr. lat. tégula.

Téon (C.), s. m., sève (aussi teno) : abstrait de tinva[22].

Ter, s. m., goudron. Empr. ags. teoru > ag. terre > tar.

Termen, s. f., terme, corn. iermyn, cymr. terfyn, vbr. termin. Empr. lat. terminus, mais le br. et le corn. refaits sur le fr. terme,

Termi, vb., haleter, gémir. Empr. fr. populaire trimer.

Terri, vb., rompre, abolir, se rompre, mbr. terryff. V. sous torr.

Ters, s. f., fesse. Empr. fr. ancien très « derrière » (prép.).

Tersien, s. f., fièvre, corn. terthen, cymr. fozWA et teirthon. Empr. lat. tardif tertiàna « fièvre tierce ».

Tes (V.), s. m., monceau, mbr. tas. Empr. fr. tas.

Teskaouen (T.), s. f., épi, glane. — Étym. inc, mais la syllabe initiale a sûrement quelque rapport avec les mots cités sous tamoézen.

Test, s. m., témoin, corn. tist (voc.) >test, cymr. tyst, vbr. pl. test-ou. Empr. lat. savant testis (et cf. br. testera <C lat. testimônium).

Teûl, s. m., titre, charte, mbr. teuzl. Empr. lat. titulus.

Teûr, s. m., ventre, bedaine, mbr. tor et torr, cymr. torr, vbr. tar, vir. tarr, ir. tàrr, gael. tàrr id. : d’un celt. *tarm-sâ (-so-), dont le radical se retrouve dans gr. τράμ-ις « périnée », ag. tharm et al. darm « boyau ». — Conj. Mcb. (très plausible).

Teûrel, vb., jeter, lancer (ppe taolet), corn. tewlel, cymr. tajluià. : métatbèse ou dissimilation d’un vb. dér. de 1 taoL

Teûreûgen, s. f., tique, oursin : dér. prob. de teûreht ventru ». V. sous teûr, et cf. toutefois torlosken pour le premier sens.

Tenrvézout, vb., daigner, simple variante de deurvézout.

Teûz, s. m., lutin, fantôme, mbr. teûs, et cf. ir. tucht, « forme, apparence », gr. τυϰ-τό-ς, « formé, façonné » (rapprochements très douteux).

Teûzi, vb., fondre, disparaître, mbr. teuzyff, cymr. tawdd « fusion » et toddi « se fondre » : soit un celt. *tà-yô « je fonds », dér. d’une rac. TA que représentent également gr. τή-ϰ-ω « je fonds » et τα-ϰ-ερό-ς « fluide », lat. tà-bu-m « sang » et tâ-bës « consomption », vir. tà-m id., ags. thàw-an > ag. to thaw « dégeler » (al. tauen id. et verdauen « *dissoudre > digérer »), vsl. ta-ja-ti « fondre » et talû « liquide ».

Tévaat, vb., grossir, épaissir : dér. de teo, variante de téô.

Téval, adj., obscur, triste (aussi teṅval, etc.), mbr. teffal (corn, et cymr. tiwul-gou « ténèbres » et tywyll « sombre » procèdent d’une tout autre formation), vir. temel « obscurité » : soit un celt. *tem-elo-, dér. de rac. TEM, sk. tâm-as « obscurité » et tam-is-râ « sombre », lat. tenebrae (pour *tem-es-rai), vir. tem-en et vsl. tïm-ïn-û « sombre » (de tïm-a « obscurité »), vhal. dëm-ar et al. damm-er-ung « crépuscule », etc.

Tével, vb., se taire (ppe tav-et) : dér. de tav = taô.

Tévenn, s. m., falaise, rivage, corn. towan, cymr. tywyn. Empr. ag. doune > down, « colline, dune »[23]. — Conj. hasardée, et cf. 2 tûn.

1 Téz, s. m., pis, tétine, corn. teth-an, cymr. teth. Empr. bas-lat. titta (d’où aussi fr. tette et teter), lui-même empr. gr. ou germ. Cf. déna.

2 Téz, s. m., échauffement, corruption de l’air par grande chaleur, corn. et cymr. tês t vir. tess, ir. et gael. teas « chaleur » : d’un celt. nt. *tep-es- = sk. tàp-as « chaleur » = lat. tep-or « tiédeur », tous issus derac. TEP. V. sous tomm et cf. grouez.

, s. m., maison, corn. ti, cymr. ty, vbr. -tig (sous buc’h), vir. tech et teg, ir. et gael. teach id. : d’un celt. *teg-es- nt., dér. de rac. STEG > TEG « couvrir », sk. sthag-aya-ti « il couvre », gr. στέγ-ω « je couvre » et τέγ-ος « toit », lat. teg-o et tec-tu-m, ag. thatch et al. dach « toit », al. deck-en « couvrir », lit. stég-iu « je couvre ». Cf. aussi .

Tiégez, s. m., ménage : dér. de tig > . V. ce mot.

1 Tîl, s. m., tilleul, teille de lin, etc.[24]. Empr. fr. ancien tille.

2 Tîl, s. m., torchis à faire les cloisons : peut-être proprement « la cloison » elle-même, dér. d’empr. german., cf. al. diele « planche »[25].

Timâd (V., C., T.), adv., promptement : analyser tiz-mâd. V. ces mots.

Tiñ, s. m., teigne. Empr. lat. tinea > *tinia, ou fr. teigne.

Tinel, s. f., tente, pavillon. Empr. fr. altéré tonnelle.

Tiṅt (C.), s. m., étai, chantier. Empr. lat. tentum, « tente, [objet] tendu ».

Tinva, vb., se dit d’une greffe qui prend, etc., cymr. tyfu « croître » et twf « croissance ». Empr. lat. tum-ëre « se gonfler »[26].

Tîr, s. m., terre, corn., cymr. et vbr. tir, vir. tir et gael. tir id. : d’un celt. *tërs0- > *tïrs0- « sec », presque identique à lat. *tersa > terra[27].

Tîz, s. m., allure, diligence, cymr. taith « voyage », vir. techt, ir. et gael. teachd id. : soit un celt. *tik-to- ppe de rac. STIGH > TIGH « monter > aller », cf. vir. tiag-ai-m et ir. tighim « je vais », gael. tighinn « venue », vsl. stig-nq, « je viens », lit. staigà « subitement »[28].

Tizok, s. m., eunuque : cf. ags. tyska « busard » ; mais peut-être plutôt altéré et incompris pour tri zôk « trois chapeaux > triple chapeau », à cause de la forme bizarre de la coiffure des eunuques orientaux ou des castrats romains. — Conj. toute personnelle.

Tizout, vb., atteindre, avoir le loisir, mbr. tizaff, cymr. teith-i « capacités », vir. techta-i-m « j’ai » et técht-e « apte », gael. teachd « légal » : d’un celt. *tek-tô « j’atteins », rac. TEQ, cf. ag. thing et al. ding, « affaire, chose », B.Lgedeih-en « prospérer », lit. tenk-ù « j’atteins » (infin. tèk-ti).

Tleûṅ, s. m., quenouillée, mbr. tleunv, vir. tlàm et gael. tlàm « poignée de laine » : correspond à un gr. *τλᾱ-μα = celt. *tlâ-men- « ce qui est supporté » [par la quenouille] ; cf. gr. τλά-ω « je supporte ». V. la rac. disyllabique sous talvèzout. — Ern.

, s. m., couverture de maison, corn. et cymr. to (et toi « couvrir »), vir. tuga et tugim, ir. tuighe et tuighim, gael. tugha « toit » : d’un celt. *togo-, cf. lat. tog-a « vêtement qui couvre » et (pour le sens) tug-uriu-m « cabane », ags. thaec « toit », etc. V. la rac. sous ti.

Toal (C.), s. f., nappe. Empr. fr. toile[29].

Toaḷén, s. f., essuie-mains. Empr. fr. ancien touaille id.

Tôaz, s. m., pâte, cymr. toes, vir. tâis>toeis, ir. taos, gael. iaois id. : soit un celt. *taÎs-to-, dont on peut rapprocher vsl. tês-to et gr. σταῖς « pâte » et lat. stir-ia « goutte épaisse ». — Aucune donnée ferme.

Toazon, s. m., glande, ris de veau : dér. du précédent (pâteux).

Tôk, s. m., chapeau. Empr. fr. toque.

Toek, s. m., toison : soit un celt. *tog-iko- « recouvrant ». V. sous tô.

Tôen, s. f., toit : dér. moderne de . Cf. le précédent.

Toézella (V.), vb., émousser, agacer : variante dérivative de tozona.

Toézen (V.), s. f., épi, glane. V. sous tamoézen.

Toc’haden (C.), s. f., épi, glane. Cf. teskaouen.

Toc’hor, adj., faible, moribond (aussi toc’h qui en parait abstrait et écourté). Empr. ir. torchair « il tomba » ? — Rhys (le rapprochement avec cymr. tochi « tremper » n’est pas plus satisfaisant comme sens ni dérivation).

Tôl, s. m., variante contractée de taol (d’où tôli = teûrel).

Tomm, adj., chaud, mbr. toem, corn. toim, cymr. twym, vir. timme « chaleur » : d’un celt. *tësmo- 9 pour *tep-es/no-, dér. de rac. TEP, sk. tâp-a-ti, « il brûle, chauffe », lat. tep-êre « être tiède », vir. té ( < celt. *tep-ent-) t chaud », etc. Cf. tân et 2 téz.

Ton (C.), s. m., sorte de goémon[30] : le même que 1 tonn.

Toṅka, vb., toper en signe d’accord. Empr. fr. toquer[31].

Toṅkadur, s. m., fatalité, prédestination : dér. secondaire par rapporta cymr. tynged et ir. tocad « chance », lesquels représentent un celt. *tonk-eto- issu de même rac. que tizout. V. ce mot et tonka.

1 Tonn, s. m., flot, vague, vbr., vir. et gael. tonn id. : soit un celt. *tundo- « heurtant », issu de rac. STUD > TUD, d’où aussi sk. tud-â-ti « il heurte » et tun-nâ « heurté », lat. tund-ere (pf. tu-tud-ï) et tud-es « marteau », got. stâut-an et al. stoss-en « pousser », etc.[32]

2 Tonn, s. m., variante de tont > toṅt.

Tonnen, s. f., couenne, croûte, cymr., ir. et gael. tonn id. : d’un celt. *tunnà, auquel on ne connaît pas d’équivalent.

Toṅt, s. m., amadou. Empr. german., cf. hollandais tonder, ags. tynder >ag. tinder « amadou », etc., et al. zûnden « allumer ».

Tôrad, s. m., ventrée : dér. de tôr. V. sous ieûr.

Torfed, s. m., délit, crime. Empr. fr. ancien tort-fait.

Torgammed (V.), s. m., torticolis : combinaison bizarre des deux synonymes tort et 2 kamm. V. ces mots et cf. ratouz.

Torgen, s. f., tertre, butte : dér. d’empr. lat. torus. Cf. dourgen.

Torgos, adj., trapu, nabot : soit tort-kôz[33]. V. ces mots.

Torchad, s. m., bouchon de paille : dér. de torcha « torcher », empr. fr.

Torc’houénia, vb., se vautrer (aussi tôréein V. et tôrimella C, simples dérivés). V. sous teûr et c’houénia.

Torlosken, s. f., punaise. V. sous teûr et losk[34].

Torosen (C.), s. f. : synonyme de torgenet de même origine.

Torpez, s. m., motte de bouse à brûler : pourrait être contraction et syncope de taouarc’h-péz, composé de type ancien. V. ces deux mots.

Torr, s. m., fracture, corn. torry et terry « briser », cymr. iorr « fracture », etc. : abstrait d’empr. ags. tor-en « déchiré » > ag. torn[35].

Tors, s. f., tourte, gros pain rond (aussi torc’h V.), corn., cymr. et mbr. (12e siècle) torth. Empr. lat. torta « tordue » > fr. tourte.

Tort : adj., tortu, bossu ; s. m., bosse. Empr. fr. ancien tort « tordu ».

Tortel, s. f., botte, faisceau : dér. du précédent (objet tort-illé).

Tortisa, vb., friser, crépeler. Cf. les deux précédents.

Torvéan, s. m., saxifrage. V. sous torret méan (casse- pierre).

1 Tôst, adv., prép., proche, près de. Empr. fr. tost[36].

2 Tôst, s. m., le banc des rameurs. Empr. fr. ancien et méridional toste id., qui paraît d’origine germanique. — Ern.

Tosten, s. f., rôtie : empr. lat tostà ppe fm. « rôtie ».

Touella, vb., charmer, tromper, séduire, corn. tulle id., cymr. twyll « fraude » : aucun autre équivalent sûr. — Étym. inc

Touez, s. m., mélange, masse (d’où é-touez a parmi »), cymr. twysg « quantité » : suppose un celt. *teisko-, qui pourrait être une contamination du radical de tôaz et de celui de meski. V. ces mots[37].

Toui, vb., jurer, blasphémer, mbr. toeaff, corn. toy, cymr. twng « serment » et tyngu « jurer » (cf. moue pour le vocalisme), vir. tong-u « je jure » : d’un celt. *tong-ô (cf. gaul. Tong-ius et Tong-etamu-s n. pr. « l’assermenté »), qui relève de la même rac. que gr. τε-ταγ-ών (te-tag-ôn) « saisissant », lat. tang-ere[38] et visl. thuk-la « toucher », etc.

Touinel, s. f., hameau : dimin. d’empr. ag. tourte « ville » > town.

Touḷ, s. m., chien de mer : abstrait d’empr. fr. touiller « barboter » [dans la vase] ; cf. toulen (proprement « mélange confus »).

Toulbaba, vb., tâtonner, manier. Onomatopée plaisante[39].

Touḷen, s. f., brume : dér. d’empr. fr. touille. V. sous tout.

Toull, s. m., trou, cymr. twll 9 vir., ir. et gael. toll id. : d’un celt. *tollo « creusé », assimilé pour *tor-lo-, dér. à l’état fléchi de la rac. qu’on trouvera sous tarar (ou *tuk-s-lo-, cf. vsl. is-tûk-na-ti a creuser »).

Touñ, adj., écourté, camard, mbr. touign id. : abstrait de touigna « écourter » = empr. lat. tund-ere « frapper ». Cf. 1 tonn[40].

Toupina, vb., écornifler : dér. d’empr. fr. populaire toupin « pot-au-feu ».

Tour, s. m., tour, clocher, corn. tur, cymr. twr. Empr. lat. turris.

Tourked, s. m., lien de balai : dér. d’empr. lat. torqu-ere[41].

Tourc’h, s. m., verrat, mâle, corn. torch, cymr. twrch ; vbr. turch, vir., ir. et gael. tore « verrat » : soit un celt. *t-orko-, dont le second terme est pour *porko-, lat. porcus, vir. orc 9 etc., lit. pàrsza-s, ag. farrowet al. dimin. ferk-el « cochon de lait », vsl. prasç. On ne s’expliquerait pas ici l’intervention du préf. *to-[42] ; cf. 1 da, tourta et tourz.

Tourta, vb., cosser de la tête comme les béliers (cf. tourz), cymr. hyrddu « heurter » : pour *tourza[43], composé de préf. *to- (sous 1 da) et d’un dér. du celt. qui a donné br. horz. V. ces mots.

Tourtel, s. f., tourte. Empr. fr. tourtel « tourteau », et cf. tors.

Tourz, s. m., bélier, corn. hordk, cymr. hwrdd id. : pour *hourz, avec la même préfixation que dans tourta, ou à cause de la locution *maout ourz prononcée par erreur *maoutourz > maout tourz. Cf. tourc’h.

Touskan (T.), s. m., mousse terrestre : peut-être altéré pour trousken. V. ce mot (le lichen est une sorte de lèpre). — Conj. Ern.

Tousek, s. m., crapaud, mbr. toucec, cf. provençal tossec et espagnol tàsigo « poison ». Empr. roman, du lat. toxicum[44] id., et cf. taxus « if » (dont le suc est vénéneux), tous deux venus du gr.

Tousier, s. f., nappe : relève de la même origine que toaḷ[45].

Touz, adj., tondu : abstrait de mbr. tousaff > br. touza « tondre ». Empr. fr. ancien touser « bas-lat. tonsāre).

Tôzôna, vb., agacer les dents (aussi toazôna), mbr. tasoanaff, etc. : variante dérivative de tuzum. Cf. ce mot et toézella.

Trâ, s. f., chose, corn. ira id. : peut-être identique à 1 trô[46].

Trabel, s. m., traquet : relève plus ou moins d’une onomatopée à laquelle se rattachent aussi 1 strâk (fr. traquet), stlaka, et

Trabidella, vb., vaciller, chanceler, et

Trabiden, s. f., haillon (qui bat sur le corps). — Ern.

Tragas, s. m., confusion, tumulte. Empr. fr. tracas.

Traṅk, traṅkl, s. m., galetas : métaphore maritime, cf. fr. trinquet « la voile la plus élevée du navire » ; cf. pourtant fr. ancien trinc (God.), terme d’architecture inexpliqué. Empr. fr. — Conj.

Traoṅ, s. m., partie inférieure d’un objet quelconque, mbr. tnaou et tnou, « vallée, en bas », cymr. tyno « vallon » : d’un celt. *ten-owo- = *slenowo-, cf. peut-être gr. *στεν-Ϝός > στενός (ion. στεινός) « étroit » ; sans autre équivalent. Cf. kraouṅ et naou.

Traoṅien, s. f., vallée : dér. du précédent.

Traouil, s. f., dévidoir. Empr. fr. ancien travail id.

Travel, s. m., travail, peine, souci. Empr. fr. travail.

1 Tré-, préf., au delà[47]. V. sous dré, et qquns des mots suivants.

2 Tré, 1 tréac’h, s. m., reflux, jusant, corn. trig, cymr. traiet treioa refluer », vir. tràg-ud « reflux » : proprement «[re-Jtrait », la rac. sous trô.

2 Tréac’h, adj., plus fort, supérieur, vainqueur (aussi trec’h), cymr. trech, vir. tressa, ir. treas, gael. treasa id. : d’un celt. *trek-s-, forme réduite de *trèg-yos-, compar. de celt. Hreg-no- « fort » (cymr. tren, vir. trén, ir. et gael. treun « brave », et cf. lat. strënuus), tous deux issus d’une rac. STREG « force » ; ag. et al. stark « fort », lit. streg-ti « se raidir », persan suturg « vigoureux », etc. — Mcb.

Tréala, vb., haleter. V. sous tré- et alan, et cf. trèc’houéza.

Tréaṅti, vb., harponner, pénétrer, s’imbiber[48] : dér. de trèaiil < trèzant « harpon ». Empr. lat. tridens « trident ».

Tréat, s. m., onguent : abstrait d’empr. fr. traiter « médicamenter »

Tréaz, s. m., sable de mer, sable, mbr. traez « rivage », corn. traith > treth > treath, cymr. traeth, vir. tracht, etc. : d’un celt. *trak-iu-, presque identique au lat. tràc-tu-s[49]. la rac. sous trô.

Trébez, s. m., trépied (aussi trébé T., V.), corn. tribet (voc.) > trebath, cymr. trybedd. Empr. lat. tripedem accusatif.

Tréki, vb., échanger : dér. de trok. Cf. leski, terri, etc.

Tréd, s. m., étourneau, corn. troet, cymr. drudwy, ir. truid > trod id. : soit un celt. *trodi- et *trozdi-, à peu près identique à lat. turdus (< *turzdo-s), ag. throstle et al. drossel, lit. strâzdas « grive ». Cf. drask.

Trédé, adj., troisième, corn. trysse > tressa, cymr. trydydd : d’un celt. *tri-tiyo- (cf. *ri), sk. trtiya, zd thritya, lat. tertius, got. thridja, ags. thridda > ag. third, et al. dritte, lit. trécza-s.

Trédémarz, s. f., miracle étonnant. Cf. marz[50].

Trédéren, s. f., douaire (tierce-part). V. sous rann[51].

Tréf, s. f., territoire dépendant d’une succursale. V. sous adré.

Trégas, s. m., variante altérée de tragas.

Tréc’hi, vb., surmonter, vaincre : dér. de 2 tréac’h.

Tréc’houéza, vb., haleter. V. sous tré- et c’houéz, et cf. tréala.

Trei, vb. (ppe trôet), tourner, tordre : dér. de 1 trô.

Treidi (V.), s. m., étourneau : pl. de tréd pris pour un sg.

Treiz, s. m., trajet par eau (aussi treic’h V.). Empr. lat. trajectus, mais sans aucun rapport avec treûzi. V. ce mot.

Tréloṅk, adj., acre : abstrait de trélonka[52]. Cf. torlouṅka.

Tréma (V.), prép., vers : proprement « par ici » (tré-, 3 ma).

Trémen, tréménout, vb., passer, dépasser, surpasser, transgresser, mourir (tré-passer). V. les deux termes sous tré- et moṅt[53].

Treṅk, adj., aigre, sévère, cf. cymr. trwngc « urine » : on rapproche en outre gr. τάργ-ανο-ν, « vinaigre, piquette », et al. dreck « ordure ». V. sous strâk et cf. troaz. — Rien de précis.

Tréô, s. f., variante de tréf. V. ce mot et adré.

Trés, s. m., lenteur, tranquillité : exactement « allure », identique à treùz « travers », qui est abstrait de treûzi. V. ce mot[54].

Tréskaô, s. m., hièble : soit « au delà du sureau », d’où quelque chose comme « faux sureau ». V. sous tré- et skaô, et cf. skiliô.

Treskiz (V.), s. m., rigole : proprement « coupure en travers ». V. le préf. sous tré- et la rac. sous skéja. — Conj.

Trést, s. m., grand tènement de terre, cymr. (rest « chose étendue » : paraît empr. ags. altéré streccan « étirer », cf. ag. a stretch ofland.

Treûjen, s. f., tronc, trognon : dér. de treûd = treàt.

Treûskin, s. m., jabloir. Empr. fr. troussequin ou trusquin.

Treûst, s. m., poutre : pour m treustr t corn. troster (voc.), cymr. trawst. Empr. bas-lat. *iràstrum < transir um « traverse ».

Treûstel, treûstl, s. f., tréteau, linteau. Empr. fr. ancien trestelO h. tréteau), influencé par le précédent qui est de même origine.

Treût, adj., maigre, sec, cymr. tlawd « misérable » : soit un celt. *trd-iotraversé > transi », ppe de la rac. de tarar[55].

Treûzi, vb., traverser, percer (aussi trézein V.), d’où a été abstrait treùz, a travers, seuil » (> treûza « tordre », etc.) = cymr. traws. Empr. lat. tràns’ï-re > *tràsire. Ou d’un celt. *tràs, cf. tarar, etc.

Trével, s. m., variante assimilée de travel. Cf. burzud.

Trévers, s. f., trêve : contamination d’empr. fr. tresoe et de br. trevers = empr. fr. traverse, « qui empêche, interrompt ».

Tréza, trézenna, vb., prodiguer, dissiper : proprement « laisser couler comme un vase percé », abstrait et dér. de tréz-er.

Trézen, s. f., lange : dér. d’empr. fr. ancien *trosses > trousses « hardes » lequel est abstrait de trousser < lat. *tortiare[56].

Trézer, s. m., entonnoir, dissipateur (cf. tréza), mbr. traezer. Empr. lat. trajectorium > bas-lat. tractàrius (d’où aussi al. trichter id.).

Trî, trois, corn. try, cymr. tri, vit. tri, etc. : d’un celt. *treis, sk. trây-as, gr. τρεῖς, lat. très, got *threis t ag. three et al. drei, vsl. trïje, etc.

Trik-heûzou, s. m. pl., guêtres. Empr. fr. ancien tricquehouze avec sens analogue. Cf. 1 heùz.

Triked (V.), s. m., tréteau, linteau. Empr. fr. ancien triquet « échafaud de couvreur ».

Trida, vb., tressaillir de joie : sorte d’onomatopée d’origine probablement romane, mais diversement modifiée ; cf. lat. trepidàre « trembler » et tripodàre « danser », provençal tridoula et périgourdin triboula « grelotter », etc. Cf. aussi kridien et tripa.

Triṅchin, s. m., oseille, mbr. trinchonen. Cf. trenk.

Tripa, vb., danser, trépigner (aussi trépa). Empr. fr. treppir « danser », auquel Ern. rattache aussi trima « tressaillir de peur ». Cf. trida.

1 Trô, s. f., tour, corn. tro, cymr. tro, et troi « tourner » (cf. trei) : d’un celt. *trog-o- « traction », dér. à l’état fléchi d’une rac. probable TRAG H que reproduit lat. trah-ere, cf. aussi got. thrag-fan « courir ». Nombreux dér. celt. sous 1 tréac’h, tréaz, troad, gozrô, etc.

2 Trô, s. f., présure : identique au précédent[57].

Troad, s. m., pied, marche, mbr. troat, corn. trait (voc.) > trois > trôs, cymr. troed, vir. traig (gén. traiged), ir. et gael. troigh id. : d’un celt. *trag-et- ou *trog-et- t dér. de la rac. TRAGH (sous 1 trô)[58].

Troaz, s. m., urine, cymr. troeth, « urine, eau (alcaline) de lessive » : d’un celt. *trok-to-, sans équivalent précis. V. sous treṅk.

Trok, s. m., échange. Empr. fr. troc.

Trôel, s. f., liseron : dér. de 1 trô (qui s’enroule).

Trôen, s. f., tourbillon d’eau, gouffre tournant : dér. de 1 trô.

Troc’han, s. f., roitelet (T.). — Étym. inc.[59]

Trôidel, s. f., biais, ruse : dér. de 1 trô (cf. fr. tour).

Trompiḷ, s. f., trompette. Empr. fr. ancien trompille id.

Troṅjen, s. f., tige : contamination de treêjen et d’empr. fr. tronc.

Trônôz, s. f., lendemain, mbr. tronnos « après-demain », cymr. tranoeth « lendemain » : correspond en celtique à ce que serait en latin trans noctem, et aṅtrônôz à *in trans noctem. V. sous tré- et nôz.

Troṅs, s. m., trousse, carquois. Empr. fr. altéré[60].

Trota, vb., trotter. Empr. fr., et cf. stroten[61].

Trouc’ha, vb., trancher, couper, cymr. trwch « mutilé » : soit un celt. *trokk-ō « je coupe », dér. d’une rac. de forme indécise, dont paraissent relever aussi lat. trunc-u-s et trunc-āre « mutiler », al. dringen « presser », lit. trènk-ti « pousser », vir. du-thraic « il désire ». — Très incertain.

Trousken, s. f., croûte qui se forme sur une plaie, cf. vir. trosc « lèpre » : dér. d’un radical *trousk-, qui n’apparaît nulle part mieux que dans le got. thrûts- « lèpre », et qu’on peut rattacher à gr. τρύ-ω « frotter » ou lit. tru-nè-ti « pourrir » ; soit donc un celt. *tru-sko- de sens indécis.

Trouz, s. m., bruit, cymr. trwst. Onomatopée probable.

Truaṅt[62], s. m., gueux, cymr. truan, « faible, calamiteux » : dér. de cymr. et mbr. tru « chétif », gaul. Trôgo-s n. pr., vir. trûag « malheureux » (et dér. trôg-ân, etc.) ; soit un celt. *troug-o-, de rac ; TRUG, gr. στρεύγ-ο-μαι « je suis en détresse », vsl. strug-ati « racler », etc. Cf. truez.

Trubard, adj., fourbe : contamination possible de deux empr. fr., soit truffer « tromper » (mbr. trufla) et fourber, avec finale dérivative.

Trubuḷ, s. m., affliction, mbr. tribuill, etc. : abstrait du vb. trubula « affliger » = '*tribul-ya[63], lequel est dér. d’un simple '*tribul, abstrait lui-même du radical de l’empr. fr. tribul-ation.

Truez, s. f., pitié, cymr. truedd « misère », vir. trôige, etc. : d’un celt. *troug-ya, « misère, commisération ». Cf. truaṅt et trugarez.

Trugarez, s. f., grâce, pardon, merci, corn. tregereth, cymr. trugaredd, vbr. tru-car-auc « miséricordieux », vir. trôcaire et gael. tròcair « compassion » : d’un composé celt. *trougo-karyā « amour des malheureux », dont on trouvera le premier élément sous truaṅt et le second sous karout ; mais le second seul est hors de doute.

Truḷ, s. m., guenille, chiffon : peut-être pour *drul, cf. cymr. dryll « fragment »[64], soit un celt. *drous-lo- et *drus-lo-, qu’on rattache à gr. θραύ-ω « briser », lat. frūs-tu-m « morceau », lett. drus-ka « miette ».

, s. m., côté, corn. et cymr. tu, vir. tôib > tôeb, ir. et gael. taobh id. : d’un celt. *toibo-, qui n’a nulle part d’équivalent sûr.

Tûd, s. f., les gens, mbr. tut, corn. tus, cymr. tùd « pays », gaul. Teutoen tête de plusieurs n. pr., vir. tûath, ir. et gael. tuath « peuple » : d’un celt. *toutà (et *teuta)i qui se retrouve en germanique et en lettique (got. thiuda[65] et lett. taûta « peuple », etc.), ainsi qu’en italique (ombr. toto « ville », osque tâotd « peuple »), mais non en latin ni ailleurs.

Tuellen, s. f., robinet : dér. d’empr. fr. tuel> tuyau.

Tufa, vb., cracher sans effort. Onomatopée probable.

Tufen, s. f., douve, merrain (aussi du/en). Empr. fr. altéré. Cf. doutez.

Tuchen, s. f., butte, tertre : pour *tut-yen (cf. hiticha), dér. de tut (sous tûd) au sens de « pays », puis influencé par 2 tùn. — Conj.

1 Tûn, s. m., espièglerie, ruse : proprement « friponnerie », abstrait de l’empr. fr. (argot) tuner « friponner »[66].

2 Tûn, s. f., colline, dune, falaise. Cf. fr. dune[67].

Turkez, s. f., tenaille. Empr. fr. ancien et dialectal turcoises (tricoises).

Turc’ha, turia, vb., fouir. — Étym. indécise[68].

Turubaḷou, s. m. pl., fatras. Onomatopée.

Turumel, s. f., fourmilière : cf. turiaden « taupinière », où la dérivation par rapport à turia est mieux marquée ; formation obscure.

Turzunel, s. f., tourterelle. Empr. lat. vulgaire turturella.

Tuzum, adj., pesant, épais : pour *tus-im, terme d’argot hybride, dont la finale est celle des anciens superlatifs fr. (saint-isme, etc.), et dont le radical se rattache, par emprunt ou autrement, à celui de l’espagnol tocho, « grossier, stupide ». — Rien de précis.

  1. Sur le composé tâd-iou et similaires, voir sous ioidik.
  2. Ce dernier sens par influence du fr. at-taquer.
  3. D’où le vb. fr. at-tach-er « clouer ».
  4. En pariant, bien entendu, du sens de « surface ».
  5. Ce dernier sens est abstrait de locutions telles que é tà koll « en situation de perdre », d’où « en danger de ».
  6. A cause des propriétés curatives de cette plante, qui passent pour si puissantes qu’on la dit aussi « panacée ». — Conj.
  7. Le mot ne parait pas de même formation que dourgen (Ern.), puisqu’ils sont de genre différent.
  8. Cf. l’évolution latine pendere « suspendre > peser > payer ».
  9. Qui montre que la forme régulière serait *tanvoez (cf. tanouez var. V.) : Y m a été ramené par l’influence du fr.
  10. Contracté de *taoézen, qui ailleurs a inséré un n par contamination de tamoez. Le type brittonique devait être *toëssin-. Mais cf. Mcb. s. v. dias.
  11. Plus vraisemblable que la dérivation par tann (coccus du chêne).
  12. Malgré la quasi-homophonie de l’ags. turf > ag. turf.
  13. Le sens primitif n’est altéré qu’en br., où l’évolution sémantique a dû être « tonnerre > éclair > météore ».
  14. Aussi talar, par contamination de taladur. V. ce mot.
  15. Au sens primitif « [verge] de taureau ».
  16. Voir une étymologie celtique au Gloss. Ern., p. 683.
  17. La quantité Ticinus conviendrait mieux, et après tout c’est peut-être la vraie, bien qu’on ne la relève qu’en décadence ; car Sidoine était Gaulois.
  18. Les rapprochements gr. τορύνη, « cuiller, plectre de lyre », lat. trua et vial. thoara « cuiller », d’une rac. TWER TRU « mettre en branle » (Rh^s), se heurtent à 17 celtique.
  19. Br. teller. La voyelle o dénonce l’influence de l’ag. toll.
  20. Ce qui donne du « tempérament » à un mets.
  21. Mais qui peut se rattacher à la rac. STEG « couvrir », si l’on en juge par le gr. στεγ-νό-ς, « couvert, solide, épais », et le vsl. stog-U « amas ». V. sous ti et ta.
  22. Ou radical de tln.ua, si ce vb. est celtique.
  23. Lui-même, en dernière analyse, d’origine celtique.
  24. L’évolution du sens est « tilleul — écorce de tilleul — écorce teillée en général » ; cf. le fr. teille.
  25. D’où aussi fr. till-ac. — Conj. Ern.
  26. Ou celtique, et alors apparenté à tumeô, tumulus, etc.
  27. Cette manière de désigner « la terre » est commune au celto-italique tout entier, mais ne se retrouve nulle part ailleurs. Ou celt. *têr-o-, à cause du simple r ?
  28. Voir aussi les mots cites sous âtou. Mais tiz pourrait également se rattacher à la famille de mots visée sous tizout.
  29. Spécialisé en ce sens par rapprochement de tô- « couvrir ».
  30. Dont chaque rangée est la trace d’une « vague » qui l’a apportée.
  31. Contaminé de mbr. tonquaff « prédestiner », qui est la base du mot suivant : il existe des variantes toka et tonga.
  32. Ce n’est pas la seule étymologie possible. — Cf. astuz.
  33. « Vieux rabougri », le sens va bien, mais l’ôtymologie exigerait z et non s final ; cf. le Gloss. Ern., p. 700.
  34. « Brûlure au ventre » ? Car c’est de préférence aux parties molles que s’attaque cet insecte presque inerme. Cf. teûreàgen.
  35. L’n final survivrait-il d’aventure dans torn-aot s. m. « falaise », exactement « rivage déchiré » ?
  36. Par transport sémantique du temps à l’espace.
  37. Ou se rattachant à la rac. qui apparaît nasalisée dans le vhal. thteingan, « serrer, presser » > al. zecingen « forcer », et le gr. *τϝϰ-yω (*twṇk-yô) > σάττω (sattô)), « je bourre, je charge ».
  38. Le serment primitif s’accompagne de l’attouchement d’une partie du corps.
  39. La première syllabe peut être l’altération, soit de fr. tourner, soit de br. dourn. Cf. tastourni.
  40. Quant à l’ñ, comparer moñ, soit donc un type *tundiàre.
  41. Cf. cymr. torrh « collier » = empr. lat. torques.
  42. Le celto-lat. avait peut-être un mot *trogos « porc », à demi attesté par on lat vulgaire *trogia > trola > f r. truie. Il se pourrait dès lors que *torkos > br. tourc’h fût une contamination de *porkos et *trogos : Sommer, die Komparatlonssuffixe im Latecn., p. 91.
  43. Influencé sans doute par le fr. heurter, qui représente un roman *urtdre, évidemment formé sur une base celtique.
  44. En conséquence, la vraie traduction de kabel-douseky c’est « chapeau vénéneux ».
  45. Sur l’échange d’l mouillé et z, cf. le Gloss. Ern., p. 704.
  46. Au sens vague « tour > fois > objet » ?
  47. L’emploi postposé au sens du fr. très (de même origine} doit procéder d’une contamination du breton et du français.
  48. Sens secondaires procédant de contamination de tré-.
  49. Qui signifie « étirement > étendue > terrain continu ».
  50. « Troisième merveille », locution venue du folklore : dans les contes populaires, les récits fantastiques se succèdent au nombre de trois et en gradation.
  51. Le mot, dès lors, devrait être masculin ; mais, l’a s’étant affaibli en e, il est devenu féminin à l’imitation de nombre de mots en -en. Aussi trédérann, trédéarn et trédern.
  52. Signifie donc « difficile à avaler » ; mais la corruption du vb. sous l’influence de tré- est difficile à comprendre.
  53. On attendrait *trévont ; mais il faut se souvenir que la prép. qui signifie « au delà » a, dans toutes les langues, des formes terminées par une consonne.
  54. L’expression 'it voar hô très signifierait donc « allez selon votre trajet > votre façon d’aller », etc. — Le mot très « trace » est sans doute le même, mais contaminé, quant au sens, du fr. trace. — Conj.
  55. L’l cymr. peut être une altération ; sinon, il ferait songer au gr. τλη-τό-ς, « patient », dont la rac. est sous tleun. — Ern.
  56. L’é vient d’un pl. trés dont trézen est le singulatif. — Conj.
  57. Ce qui fait « tourner » le lait.
  58. Pour le passage du sens « tirer » au sens « marcher », cf. al. liehen « se diriger vers ». Ce sens est attesté déjà par le gaul. latinisé oertrag-us « lévrier » (fort coureur, cf. war).
  59. Le rapprochement possible avec lat. trochllus n’est pas satisfaisant pour la forme ; celui avec cymr. trochi « plonger » eitrochydd « plongeon » (oiseau) ne l’est pas pour le sens.
  60. Ce mot et troṅsa « trousser » sont naturellement des emprunts beaucoup moins anciens que très > trézen.
  61. Il est à peine besoin de faire observer que ce verbe n’a en tout état de cause rien à voir au br. troad.
  62. Le fr. truand est empr. br. ; mais en revanche c’est au fr. que le br. doit son t final, qui n’est pas étymologique.
  63. Assimilation de la 1" syllabe à la 2*, cf. burzud, butun, etc.
  64. V. sous dral. — Le fr. drille « chiffon » parait être emprunté au breton.
  65. De même origine sont le nom ancien des Teutons et le véritable ethnique des Allemands (vhal. diut-isc > al. deutsch).
  66. Cf. le roi de Thunes (Tunis) « le prince des escrocs ».
  67. Le mot est d’origine celtique ; mais il a passé par tant de langues qu’il est impossible de savoir où les Bretons l’ont réemprunté.
  68. Pourrait se rattacher à une rac. homologue de celle de tarar. Cf. cymr. tario « fouir », gr. τορύνη et lat. trua « cuiller à pot ».