TABLE
ET
MORALITÉS
DU TROISIÈME VOLUME.
Une physionomie gracieuse est un don du Ciel, qui engage la personne qui en est douée à ne jamais trahir le symbole de bienveillance qu’il indique. Trouver un cœur faux, ou un caractère insociable, sous un joli visage, c’est rencontrer une vipère parmi l’émail des fleurs. La laideur est de beaucoup préférable à la beauté ; mais lorsque, sous des traits peu avenans, on vient à découvrir des qualités heureuses, on éprouve le plaisir que ressent un voyageur, qui, à travers des ronces hérissées, ou sur le flanc aride des rochers, aperçoit les nuances et respire le baume de quelques bouquets de verdure et de fleurs.
Obliger dans l’espoir de retour, c’est agioter sur le cœur, c’est prêter à usure. Le nombre des ingrats ne paraîtrait pas si grand, si les bienfaiteurs étaient moins rares. Rendons service, rendons-le vite ; c’est le doubler. Faisons des ingrats, et, s’il est possible, ne le soyons jamais.
le désordre et la malpropreté
Un des pernicieux effets que produisent ces défauts, c’est d’y accoutumer l’âme, après avoir dégradé les sens. Souvent le désordre qui règne dans la chambre d’un homme est l’image de celui de ses idées ; et il est rare que des sentimens généreux soient conçus par une tête qu’environne la malpropreté. En s’habituant à la méthode, on diminue son travail ; à l’élégance, on le rend grâcieux. Il nous charme plus qu’il ne nous occupe et nous en voyons la fin avec regret.
le bouquet qui ne se flétrit jamais
La belle fleur qu’une conduite irréprochable ! mais si le souffle impur des passions l’a fanée, elle peut renaître encore sous l’influence du repentir. Qu’il soit sincère, elle ne se flétrira plus, et l’estime des hommes effacera jusqu’au dernier vestige du mépris.
suit de l’école militaire
Ils est de louables actions auxquelles le mystère qui les environne donne une apparence douteuse. Mais lorsque, du sein de l’ombre, on voit briller l’héroïsme et la générosité, ils élèvent, ils échauffent l’âme, de la même manière que le soleil échauffe et réjouit nos sens au sortir d’un sombre nuage.
L’orgueil humain ne pardonne la grandeur que quand elle est accompagnée de modestie ; l’envie n’excuse la richesse que lorsqu’elle est suivie de la bienfaisance.
Après de longs voyages, de grandes infortunes, ou des erreurs funestes, qu’il est doux de reposer sa tête sur le sein d’une épouse chérie ! Une petite ferme animée par ses soins, des enfans heureux par sa tendresse, la verte pelousse d’une montagne, d’où l’œil s’égare sur un paysage agreste, avec la tranquillité de la conscience et le repos des sens voilà les vrais biens.
la petite fille à moustache
Le bien qu’on fait aux malheureux
Porte avec soi sa récompense.
(Romance de la Caverne de Strozzi ; roman de Renauld-Warin.)
La négligence touche quelquefois à l’inhumanité, et produit les mêmes résultats. C’est ainsi qu’un léger défaut est, en quelques manières, le premier anneau d’une chaîne qui se termine par le crime.
les enfans qui veulent se gouverner
Emblème instructif et juste du délire, qui, à quelques époques, et surtout récemment, s’est emparé des peuples, nous avons vu le maçon quitter la truelle pour prendre la plume, le cordonnier abandonner son tranchet pour revêtir l’écharpe, le marchand déserter sa boutique pour courir dans un club. Toute la société désorganisée fut en proie à l’anarchie : les premiers momens donnes à l’enthousiasme étaient excusables ; la folie prolongée devint ridicule ; on finit par se jeter dans le crime, et l’on se précipita dans le malheur. Un bras puissant a remonté la machine politique. Les enfans ne se gouverneront plus, et les peuples, heureux sous l’œil d’un Dieu et sous la main d’un gouvernement abjureront, détesteront une doctrine et des nouveautés qu’ils ont payées par tant de sang, de forfaits et de revers.
N’appelons pas mal ce qui n’est mal qu’a nos faibles yeux
notre ignorance accuse sans cesse la divinité de ce que nous
ne la comprenons pas. Mortel, qui ne pourrait, expliquer
comment s’est formé ce grain de sable, où se meut ce scarabée,
tu prétends juger Dieu ! Proternes-toi ; et adore en silence.
la perruque, le gigot, la lanterne et les échasses
Avant de prononcer sur un objet, il ne faut pas se laisser
abuser par l’apparence. Examinons pour juger, et jugeons
moins sur les privations de nos sens que sur le témoignage de notre raison.
Un jeu frivole fournit quelquefois des remarques sérieuses ;
et, pour l’observateur attentif, il n’est rien, dans le spectacle,
de la nature, ou dans le mécanisme des arts, qui n’offre des
règles de conduite ou des points de comparaisons utiles au
commerce de la vie.
Le doux langage d’une amitié éclairée ramène au devoir
des cœurs qu’en auraient plus écartes les leçons sévères de l’autorité.
LA CUPIDITE DOUBLEMENT PUNIE
Tel est l’avilissement dans lequel tombe le menteur, que
la vérité même prend, dans sa bouche, le caractère de l’imposture.
L’homme, esclave de l’habitude, chérit cependant l’inconstance
pour lui plaire, il faut les mélanger avec tant de
dextérité, qu’elles, se succèdent mutuellement et se remplacent
sans cesse. Le secret du plaisir est donc le travail.
La nature, qui fait succéder la lumière à l’obscurité, les
fleurs aux frimas, nous montre, de-cette vérité, un continuel exemple.
Admirons la marche de la nature et la bonté de son auteur.
Il cache des trésors sous des voiles quelquefois rebutant.
L’ognon bossue d’où s’épanouit la brillante tulipe, ajoute au
plaisir qu’il nous fait, l’assaisonnement de la surprise.
LES FRAISES LES GROSEILLES
LES ÉGARDS ET LA COMPLAISANCE
Sans eux point de société. Ils remplacent l’amitié quand
elle n’existe pas ; la rendent plus douce, alors qu’elle est
établie ; Les qualités de l’esprit ne peuvent les suppléer, et
la beauté en leur absence, devient plus insipide que la laideur
qu’ils accompagnent.
LES JARRETIÈRES ET LES MANCHETTES
Comme le plus simple don devient précieux quand il est
offert par le cœur et embelli par la délicatesse !
LE RETOUR DE CROISIÈRE, drame
Aux pères tendres le ciel donne des enfans reconnaissans.
C’est une belle et respectable famille, que celle qui augmente la force des liens du sang en les resserrant par ceux de l’amitié.
(Voyez la note ci-dessus.)
FIN DE LA TABLE DU TROISIÈME VOLUME.