Livre de raison de la famille Fontainemarie/A3

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III.

LETTRE DE M. LE DOCTEUR E. D’ANTIN


À l’éditeur du Livre de raison de la famille de Fontainemarie[1].


Monsieur,


Puisque vous êtes décidé à publier sous forme d’appendice au livre de raison de la famille de Fontainemarie l’inventaire des titres que j’ai trouvé dans la maison de la Sauviolle, je vous le renvoie un peu plus détailté et mis dans l’ordre chronologique.

1o Articles accordés entre nous Gaston de Ferran, baron de Mauvoisin, d’une part, et Raymond Lapeyre sieur de Lassauviolle comme mari de Catherine Jordaneau pour raison des liens qu’ils possèdent aiant appartenu à feus Michel et Mathieu Jordaneaux ayeul et père de ladite Catherine (original de 1608). Deux copies collalionnées de 1635 et 1670 ; plus un extrait du livre des reconnaissances de Mauvoisin ; en tout 4 pièces — Le tout relatif à un droit de chasse sur la baronnie de Mauvezin — Voir l’histoire du château de Mauvesin par l’abbé Alis.

2o Transaction et partage entre les sieurs de Lapeyre et de La Bessède, son beau-frère, 13 septembre 1665 — Autre pièce, même année, même affaire.

3o Accomodement au sujet d’un fossé faisant séparation entre deux pièces de chenevière, situées au village de Seguin dont l’une appartient à dame Marie de Villepreux, veuve de feu le seigneur de la Saubiolle, escuyer, soubsignée et demoiselle Marie Larue, femme du sieur Macé maître apoticaire de Castelmoron, 20 avril 1686.

4° Liasse de 11 pièces concernant un procès devant le juge ordinaire et cour de Mauvoisin entre la dame Anne Lapeyre de Fontainemarie et Bernard Durand Petit, procureur, 1730.

5° Petite liasse de 6 pièces concernant des échanges de terre entre la dame Anne Lapeyre Fontainemarie et divers voisins, 1730.

6° Copie du testament de François de Fontainemarie, sieur de Castécu Doriolle, conseiller du roy, doyen de la Cour des Aydes et Finances de Guyenne. Il nous apprend que son père était aussi, de son vivant, doyen de la Cour des Aides, que sa sépulture ainsi que celle de son ayeul était dans l’église des carmes de Marmande où lui-même veut être enseveli. Il fait un legs de 400 messes basses à raison de 8 sols par messe, qui seront ainsi réparties : 100 à l’église paroissiale et 100 à chacun des trois couvents de la ville. Il laisse en outre 30 livres aux pauvres et trentre autres qui seront remises à la sœur de l’hospice chargée de visiter les malades pour qu’elle en puisse disposer sans le contrôle de MM. les administrateurs. Il dit avoir eu sept enfants de Marie-Marguerite Boutin, dont 6 actuellement en vie, sçavoir : Jean-Baptiste Fontainemarie, fils aîné ; Jeanne Fontainemarie, que M. Boutin, mon beau père, me demanda sitôt qu’elle fut sevrée ; Catherine Fontainemarie, que nous appelons Flore Blaise Fontainemarie, et Marguerite et Marie Fontainemarie, toutes deux jumelles ; la morte qui s’appelait Marianne et qui était notre cinquième enfant fut ensevelie à Birac où elle était en nourrice. Il nomme MM. de Villepreux de Senestis, ses cousins, seconds tuteurs et curateurs de ses enfants ; institue Jean-Baptisle, son fils aîné, son héritier universel, fait une substitution en faveur de Blaise ou à son défaut en faveur de l’aîné de ses enfants mâles, ou de toutes ses filles s’il n’y a pas de mâles ; et si Jean-Baptiste et Blaise décèdent sans enfants mâles il substitue au dernier mourant des deux toutes ses filles par égales portions, 1738.

Le cas prévu en faveur de Blaise se produisit, mais la Révolution empêcha la terre de Castecu de passer aux héritiers de Blaise de Fontainemarie.

7° Mémoire et dénombrement des meubles et effets de feu M, Boutin, fait par M. de Fontainemarie et Madame son épouse. ; Cette pièce très intéressante nous donne à elle seule un tableau de la vie d’un bourgeois riche de ce temps, mais elle est trop longue pour être publiée. Blaise Boutin était de Monségur, il portait l’épée (une épée à poignée d’argent, nous dit l’inventaire) et avait une charge dans la commune de Castelnau relative au recouvrement des deniers publics. Son père Bernard Boutin possédait des biens à La Réole et lui-même en avait dans la juridiction de Monségur, notament à Saint-Vivien, où il avait une chapelle dans l’église, pour lesquels il faisait reconnaissance à M. de Guillerague. Voici les degrés généalogiques relevés dans les titres inventoriés :

Elie Boutin
Eliex|
Bernard Boutin
Jeanne Dupié, fille de François et d’Antoinette Ducheynau
Eliex|
Jeanne Boutin Anne Boutin Blaise Boutin
Noble Jean de Ferran David Villotte Louise Callabre
Eliex|
Marie-Marguerite Boutin.
François de Fontainemarie.


On trouva à l’inventaire 89 obligations de valeur variant de 25 à 200 ou mille livres, plus de 60 sacs à procès (j’espère qu’ils étaient relatifs à l’exercice de sa charge), de nombreux baux pour des pièces de terres et trois métairies. Dans la maison, 9, 501 livres, 8 sols et 6 deniers en espèces ayant cours ; 18 mars 1/2 d’argent en espèces hors cours et un marc, une once et demie d’or également démonétisé, qui furent changés à raison : pour l’argent de 46 fr. 18 sols le marc et pour l’or 678 fr. 15 sols. Ce qui met le rapport de la valeur de l’or à celle de l’argent comme 14.66 est à 1. L’inventaire commencé le 5 avril 1740 fut terminé au mois de décembre de la même année. M. de Fontainemarie mourut dans l’intervalle.

8° M. de Villepreux devenu le gendre de Mme de Fontainemarie dresse un état des créances du sieur Boutin qu’il fait précéder du préambule suivant qui nous en dit assez sur les obligations et les sacs à procès du défunt :

« Ce caier est pour tenir un état des intérêts que je dois rembourser à tous ceux qui en ont paié au sieur Boutin, à quoy moy Joseph de Villepreux je me suis engagé et l’ay promis de parole d’honneur et par une déclaration écrite de ma main que j’ay donné à Madame de Fontainemarie ma belle-mère et en cette considération elle m’a abandonné la jouissance de tout le bien de feu M. Boutin et par ce moien je me suis obligé en conscience de faire le remboursemant quoyque je l’aurais été dès que ma femme aurait jouy de ce bien parce qu’on ne peut posséder selon la loy de Dieu un bien qui vient par l’usure de celui qui le laisse, ainsy je dois donc par ces deux motifs remplir cette obligation et je désire faire cette œuvre pieuse et j’espère que Dieu qui conduit touttes choses me fera la grâce de me donner son secours pour parvenir à remplir ce devoir. »

9° Liasse de 11 pièces concernant un différent entre Blaise de Fontainemarie, ancien capitaine au régiment de Normandie, et Jean-Baptiste de Fontainemarie, conseiller en la Cour des Aydes de Guyenne, tous deux fils de François, au sujet du partage des successions de leurs père et mère. Transaction intervenue le 6 mars 1767 par l’intermédiaire de M. Drouilhet de Sigalas, conseiller au Parlement.

10 ° Quatre pièces, arpentements. 1675, 1710, 1733, 1791.

11° Trois baux de métairies. 1752, 1793, 1798.

12° Cahier de quittances de rente de ma maison de Marmande (Maison de M. Jarleton, grande rue Labat) laquelle relève de M. le baron de Commarque à commencer de l’année 1765. En marge : fiefs de Toris et Albert à M, le baron de Commarque, représentant feue Madame la comtesse de Ribérac.

13° Titre que m’a concédé M. de Saint-Sauveur, évêque de Bazas, du banc que j’ai dans l’église paroissiale de Mauvezin, en date du 19 octobre 1774.

Le suppliant adresse une demande à l’évêque désignant l’emplacement et offrant 24 livres à l’église. L’Évêque émet un avis favorable et ordonne la publication au prône trois dimanches consécutifs. Le curé donne un certificat de publication et déclare que personne n’a fait opposition : l’évêque, alors, confirme l’autorisation et fixe à 50 livres l’aumône qui devra être faite à l’église. Reçu du trésorier de la fabrique, de plus 13 livres 10 sous ont été payés au secrétaire de Monseigneur pour ses droits et pour la confirmation du titre.

14° Copie du contrat de mariage entre M. Antoine Dandirac de Verdry, ancien officier d’infanterie et demoiselle Catherine de Fontainemarie le 11 décembre 1787 et la célébration du mariage le 15 janvier 1788.

15° Testament de M. Antoine Dandirac de Verdry, du 18 février 1789.

16° Déclaration portant quittance et partage entre les demoiselles Dandirac sœurs et Dame Catherine de Fontainemarie, veuve de M. Dandirac de Verdry, leur belle sœur. Un détail du partage nous apprend que le café valait alors 25 sous la livre à Bordeaux.

17° Liasse de contrats de constitution de rente. On trouve cette mention en marge de l’un d’eux : Consenty par M. de Feytou de Fauguerolles. Rembourse en assignats le 9 may 1792. Les assignats valaient le jour du remboursement 70 livres 5 sols numéraire, c’est-à-dire 100 fr. assignats, en sorte que 4000 l. assignats ne valaient numéraire que 2810. Il y a donc perte de 1190 l.

18° Pancarte de recruteur : dimension 0, 45 c de large sur 0, 30 c. de haut.

*
Armes de France
De par le roy

On fait sçavoir à toutes sortes de personnes de quelle qualité et condition qu’elles soient, qui voudront prendre parti pour le service du Roy, dans le régiment de NORMANDIE, infanterie, n’auront qu’à s’adresser à M. de FONTAINEMARIE, capitaine audit régiment, qui leur donnera toute sorte de satisfaction, un bon congé de six ans, trente sols à dépenser par jour jusqu’au départ, habillés de neuf en arrivant au Régiment. Les Enfants de famille y sont très distingués. Il récompensera très grassement les personnes qui lui procureront quelque bel homme. Il a besoin d’un Frater, d’un Tailleur et d’un Cordonnier.

Il est logé +++++++ où pareilles affiches sont sur la porte.

Ici est terminé l’inventaire des titres de la Sauviolle.

Maintenant puisque l’occasion s’en présente, je vous prierai de rectifier l’erreur de l’abbé Alis qui, dans la notice consacrée à la famille de Fontainemarie, dans l’histoire du château de Mauvezin, a fait de moi un médecin-major au 20e de ligne. Il y avait en effet à Marmande, un médecin militaire qui portait le même nom que moi, mais différemment orthographié. Mon grand-pére, Pierre-Émile d’Antin, le mari de Mathilde-Flore de Fontainemarie, était fils de Bertrand d’Antin, de la maison d’Antin en Bigorre, major de vaisseau, lieutenant-colonel de marine, et d’Elisabeth Angélique de Mondenard de Roquelaure. Sans attacher d’autre importance à cette erreur, je ne serai pas fâché de recouvrer ma personalité.

Laplume, 4 juillet 1889
d’Antin
  1. Je n’avais annoncé qu’un appendice en deux parties. Une bonne fortune qui m’arrive in extremis me permet de donner une troisième partie. J’en suis d’autant plus heureux que la communication de M. le docteur d’Antin complète mieux tout ce que l’on a déjà lu ici sur les aïeux maternels de mon honorable correspondant et collaborateur.