Lorsque tu me brisais sur tes brûlantes crêtes

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Poèmes lyriquesC. Marpon et E. Flammarion, éditeurs (p. 148-149).



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Lorsque tu me brisais sur tes brûlantes crêtes,
Ô redoutable mer des sombres voluptés,
À l’heure où ton zénith allumait sur nos têtes
Les fastueux bûchers de songes regrettés,

Lors même que ravi sur tes sublimes faîtes,
Désir, je m’abreuvais de tes félicités,
Je n’ai point ignoré les coups que tu m’apprêtes,
Ni de tes flots vengeurs les retours irrités. –


Je n’ai pas été sourd à tes dormants tonnerres,
J’ai respiré la Rose en qui germe la mort ;
J’ai bu vos fiels de feu, coupes visionnaires,

Dans les paradis bleus j’ai vu pâlir mon sort…
Et jusqu’en leurs clartés aux astres congénères
J’ai su lire sans peur la menace qui dort !