Je t’avais revêtu des splendeurs de mon âme

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Poèmes lyriquesC. Marpon et E. Flammarion, éditeurs (p. 146-147).



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Je t’avais revêtu des splendeurs de mon âme,
Ton corps incomparable était un mannequin,
Mes désirs étaient l’or masquant un faux sequin,
Et le dieu n’était dieu que par l’épithalame !

Les rubis de mon sang, la pourpre de ma flamme
D’un reflet somptueux baisaient ton front mesquin.
Tel l’océan sableux du désert africain
S’irise aux pleurs des nuits parfumés de cinname.


Beaux yeux que j’allumais de mon rêve puissant !
Le ciel dans votre enfer riait : – la noire fonte
S’embrase et luit ainsi de feux érubescents…

Que reste-t-il de toi ? Le jour brutal qui monte
Te révèle, hideux, sous les cieux incléments,
Fantôme de misère infinie et de honte !