Lotus de la bonne loi/Notes/Chapitre 9

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Lotus de la bonne loi
Version du soûtra du Lotus traduite directement à partir de l’original indien en sanscrit.
Traduction par Eugène Burnouf.
Librairie orientale et américaine (p. 397-398).
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Notes du chapitre IX

CHAPITRE IX.

f. 117 a.Dont les uns étaient Maîtres et les autres ne l’étaient pas.] Voyez, pour cette expression, la note relative au chap. i, f. 2 a, p. 295.

f. 118 a.St. 1. Je vais vous témoigner mon affection.] Lisez, « je vais vous instruire, ô Religieux assemblés. »

f. 119 b.De même que tu es ici mon fils aîné.] Les Buddhistes croient que les parents de Çâkyamuni, et en général tous ceux qui l’ont approché, s’étaient déjà, pendant le cours de leurs existences antérieures, rencontrés avec lui dans les mêmes rapports, et qu’ils devaient conserver pendant leurs existences futures ces mêmes relations, ou tout au moins des relations analogues ; le Lalita vistara l’affirme positivement pour le père et pour la mère du jeune Siddhârtha[1]. Le compilateur du Saddharma puṇḍarîka se conforme à cette donnée qui repose sur la croyance à la transmigration, en annonçant que Râhula bhadra, qui était le fils mortel de Çâkyamuni, sera également dans l’avenir le fils d’un nombre incalculable de Buddhas, avant de parvenir à en être un lui-même. Je suppose, quoique je n’en aie pas la preuve directe, que le nom de Râhula bhadra, avec cette addition de bhadra, est le nom religieux de celui qui passe pour le fils du Buddha Çâkyamuni, et qu’en cette dernière qualité il se nommait seulement Râhula. Selon l’Abhinichkramaṇa sûtra, dont M. Foucaux a traduit un fragment d’après la version tibétaine du Bkah hgyur, Râhula aurait été ainsi nommé parce qu’il était venu au monde au moment d’une éclipse de lune[2]. La légende elle-même rapporte les doutes qu’on avait conçus touchant la légitimité de cet enfant, doutes qu’un miracle seul put dissiper. Les Buddhistes de toutes les écoles n’en admettent pas moins universellement que Çâkya a eu un fils, et que ce fils est Râhula. Ceux du Nord affirment que Râhula fut le chef d’une des premières sectes qui se formèrent dès la mort de Çâkyamuni, et qui se développèrent dans le cours des temps ; c’est à Csoma de Cörös que l’on doit ce renseignement curieux dont j’ai fait usage ailleurs[3]. Depuis j’ai cru retrouver la confirmation de ce fait dans l’inscription de Bhabra : on verra le résultat de mes recherches à cet égard, à l’Appendice no X, sur le mot Anyatra. Quoi qu’il en soit, et tout en admettant l’exactitude des renseignements qui assignent à un personnage nommé Râhula une influence réelle sur la formation d’une des premières sectes du Buddhisme, il est permis de concevoir des doutes sur l’existence même d’un fils de Çâkyamuni, nommé Râhula. Ce nom par lui-même m’est déjà suspect, à cause de la grande ressemblance qu’il offre avec celui de Gôtama Râhûgaṇa, un des chefs des anciennes familles brahmaniques, auquel sont attribués un certain nombre d’hymnes du Rĭgvêda[4]. Les textes qui sont à ma disposition écrivent diversement ce nom de Râhûgaṇa, tantôt avec une première longue, comme je viens de le reproduire, tantôt avec une première brève, Râhûgaṇa ; mais il résulte clairement de la glose de Sâyaṇa que Râhûgaṇa est le nom du Rĭchi, père de Gôtama et chef de la famille des Râhûgaṇas, ou « descendants de Râhûgaṇa. » Or si l’on se rappelle que Çâkyamuni se nommait le Gâutamide, et que son fils, s’il en a eu un, a dû avoir également ce nom patronymique, parce que c’était le nom religieux de la race des Çâkyas, que le Buddha appelait Gâutamides, quand il leur adressait la parole[5], n’a-t-on pas lieu d’être surpris de voir ce fils porter un nom qui se rapproche tellement de la première partie du nom du vieux Rĭchi, auteur de la race des Gâutamides ? Et n’est-on pas conduit à supposer qu’un membre de cette race, dont le nom Râhula rappelait par sa partie radicale celui de son primitif ancêtre Râhûgaṇa, a pu être rattaché après coup au fondateur du Buddhisme par une descendance que la légende elle-même qui la donne, rend extrêmement suspecte ?

f. 120 a.Dont les uns étaient Maîtres et les autres ne l’étaient pas.] Voyez, pour cette expression, la note relative au chap. i, f. 2 a, p. 296. Ce renvoi doit être également appliqué à la même expression qui est employée plus bas, f. 121 a.

  1. Lalita vistara, f. 19 a de mon manuscrit A ; Rgya tch’er rol pa, t. II, p. 34.
  2. Rgya tch’er rol pa, t. II, p. 389, note 1.
  3. Asiat. Res t. XX, p. 298 ; Introd. à l’hist. du Buddh. indien, t. I, p. 446 ; Journ. asiat. soc. of Bengal, t. VII, p. 143.
  4. Weber, Ind. Studien, t. I, p. 179, 180 et 272 ; Rĭgvêda, I, 13, 78, st. 5, Rosen, p. 153 ; Langlois, Rĭgvêda, t. I, p. 148 ; et surtout Max Müller, Rĭgvêda, t. I, p. 645, comp. avec p. 682 init.
  5. Csoma, Analysis of the Dulva, dans Asiat. Res. t. XX, p. 74.