Louÿs – Poésies/La forêt des Nymphes 10

La bibliothèque libre.
Slatkine reprints (p. 154).

HOMMAGE À VICTOR HUGO


Mise au tombeau

Le Satyre, Amour roux qu’il créa dieu des dieux,
L’a repris pour soi-même et le porte à la tombe,
Cadavre, mains d’où la clarté gouttèle et tombe
Et qui livrent la lyre au vent mélodieux.

Il creusera la fosse à l’ombre d’un vieux arbre
Près d’une source, où les nymphes d’eau souriront.
Le soir, l’une viendra s’y défleurir le front,
Et, tendre pour le Mort, couronnera son marbre.

Alors penchant les mains sur les joncs palpitants,
Pan verra luire au ciel merveilleux des étangs
Un pays pur de lune et de laiteux mystère ;

Et la nuit sous les bois est de si triste argent
Qu’il pensera rêver tout au cœur de la terre,
L’âme, parmi des prés d’asphodèles, songeant.