Louÿs – Poésies/La forêt des Nymphes 11

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Slatkine reprints (p. 155).

SONNET ADRESSÉ À M. MALLARMÉ
LE JOUR OÙ IL EUT CINQUANTE ANS



Cinquante heures de nuit préparatoire, ô Maître !
Demain s’éblouiront d’aurore, et nous saurons
A l’ombre magistrale errante sur nos fronts
Qu’on a vu sourdre l’or et la lumière naître.

Eux aussi vont jurer que pas un ne fut traître
Au doigt qui désignait l’aube rouge des troncs.
Le jour croît. Vous verrez tous les mauvais larrons,
Qui fuyaient de vous suivre au désert, reparaître.

Ils donneront à qui méprisa leur troupeau
La gloire qu’ils rêvaient de pourpre sur leur peau
Et les lauriers d’argent piqués aux fers de lance ;

Mais nous n’entendrons pas ces voix soûles de bruit,
Car nous aurons coupé pour le plus pur silence
Sous vos pieds créateurs les roses de la nuit.