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Lubricités, récits intimes et véridiques/Au foyer de l’Opéra

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(alias Alphonse Momas)
s. n. (p. Frontisp.-40).



AU FOYER DE L’OPÉRA

N’étant venus que pour le ballet de Coppélia, ils attendaient, en bavardant au foyer, que le dernier acte de la Favorite fut joué.

La musique de Donizetti leur était trop connue pour offrir le moindre attrait à leurs oreilles.

La seule chose qui les intéressât ; la seule d’ailleurs pour laquelle il est de bon ton de se montrer à l’Opéra, c’est le ballet. C’est-à-dire les pirouettes, les ronds de jambes, les pointes, les jetés, les battus, le tacqueté, le ballonné, etc., toutes choses au moyen desquelles auteurs, musiciens et chorégraphes ont la prétention de traduire aussi bien les sentiments et les passions que n’importe quoi : la gloire, la vertu, l’envie de pisser, le chaud, le froid, la faim, la soif, la vengeance, le cocufiage, l’amour de l’art, le besoin de tirer son coup, etc…, tout cela, paraît-il, peut s’exprimer en dansant.

C’était du moins l’avis du groupe d’amis réunis à ce moment au foyer de l’Opéra, puisqu’ils attendaient pour entrer dans la salle que l’on commençât le ballet.

Ces Messieurs n’étaient cependant point des vieillards usés, cacochymes, venant là pour essayer de réveiller un peu leurs appétits concupiscible à l’aspect des mensonges en soie rosée…

Les tutus transparents sous les jupes de tulles
Plaqués sur les rondeurs du maillot éclatant,
Entre-baillés, emplis d’un inconnu tentant
Comme une étoile rose au fond des crépuscules.


si violemment fouillés par les lorgnettes de l’orchestre en rut. Ils étaient, au contraire, dans toute la virilité de l’âge.

L’un d’eux, Me C…y, l’avocat de tant de dames dans les procès appelés « causes grasses » disait à ses amis :

— C’est à la lettre, du reste vous le savez, Messieurs, la célèbre satirique a dit : « le vrai peut, quelquefois, n’être pas vraisemblable » et tout invraisemblable que cela puisse vous paraître, c’est absolument vrai, j’ai connu une femme, une fille, si vous préférez, vierge et putain, ou, putain quoique vierge.

— Il faut vraiment, dit un de ses auditeurs, qu’une telle chose soit avancée par un homme comme vous pour qu’on y croie ; car enfin, ces deux adjectifs se rencontrent difficilement dans la même femme.

— C’est bien aussi comme rareté que je vous la présente.

— Parbleu ! mon cher, fit à son tour le peintre C. D…, qui ne détestait pas conter des cochonneries. On ne saurait nier que la chose est peu commune, cependant, moi qui vous parle, je pourrais très bien vous offrir le pendant de cette rareté.

— Vraiment ! s’écrièrent les autres.

— Mais, un peu ! j’ai connu jadis une toute jeune et très jolie fille qui pendant plusieurs années a fait bander et jouir bien des hommes, sans endommager son pucelage.

— C’est un logogriphe ou une charade que vous nous contez là.

— Moi, j’en demande le mot.

— Moi aussi.

— Ce n’est ni un logogriphe ni une charade, il n’y a aucun jeu de mots là-dedans.

La pucelle en question, une vraie merveille de chair, dont l’admirable petit con virginal fit bander tant de vits, sut aussi en faire jouir un grand nombre, ainsi que je viens de vous le dire, non pas en rêve, en imagination, en fausses-couches enfin ; mais en belle et très agréable réalité.

Je vous en parle savamment, et par expérience, l’ayant maintes fois engluée des décharges qu’elle fit jaillir de mes couilles, et cela…

— En restant toujours pucelle ?

— Absolument.

— Farceur va !

— Pas le moins du monde. Et bien mieux, je puis vous citer une foule d’artistes connus et d’amateurs, qui ayant eu part aux mêmes faveurs, pourraient, comme moi, vous certifier le fait. Notamment les sculpteurs A. M…, membre de l’Institut ; Fr… ; les peintres Cl…, V…, E. B… ; le député T. R…, etc., tous, je le répète, ont joui et déchargé dans les mêmes conditions.

— Par exemple, ça c’est un peu raide.

— Ce qu’il y avait de raide alors, c’étaient nos vits.

— On n’en doute pas. Seulement…

— Seulement… Vous ne seriez pas fâchés de savoir comment cela se passait ?

— Ces choses-là font toujours plaisir à apprendre.

C’était là tout ce que désirait C. D…

Il mourait d’envie de placer sa petite obscénité, mais il voulait qu’on l’en priât, ou tout au moins qu’on parut le souhaiter.

Aussi, ce fut sans se faire trop violence qu’il reprit :

— Vous n’êtes pas sans avoir rencontré dans les quartiers avoisinants les beaux-Arts, les rues Pigalle, Notre-Dame-des-Champs, l’avenue de Villiers, des femmes vêtues en transtevérines ou en napolitaines ? Ce sont des modèles d’atelier, des poseuses, comme disent les bourgeois dans le commerce.

Ce qui, entre parenthèses, est une aberration du goût, de la part de mes confrères. Je ne peux pas arriver à comprendre pourquoi, depuis quelques années, l’on va chercher tous les types de beauté de l’autre côté des Alpes, quand on a sous la main, à Paris, des torses autrement galbeux et autrement foutus que ceux des italiennes. J’en excepte toutefois les florentines, celles-là sont réellement splendides, elles réunissent le charme et la beauté, et elles baisent !…

— Mais ce n’est pas d’elles qu’il s’agit.

— À l’époque dont je vous parle, nos plus beaux modèles étaient presque exclusivement des juives, qui souvent posaient de mères en filles ; parmi ces dernières J. B…, fille de modèle, posait depuis qu’elle était au monde, pour ainsi dire, on a besoin de modèles de tout âge. De sorte qu’elle était arrivée à ses quatorze ans sans avoir cessé de montrer son cul chez les artistes, avec autant de simplicité qu’une fille de magasin montre sa marchandise aux clients.

— Cependant, la transformation du gentil baby en une charmante nubile pour s’être opérée graduellement, n’en offrait pas moins d’attrait à l’œil des connaisseurs.

Sans parler de son visage, d’une beauté éclatante, ses formes, en prenant de l’ampleur, avaient acquis une pureté de lignes merveilleuse : vue par derrière, son torse s’était élancé, mais sans rien perdre de cette morbidesse si remarquable dans les petits culs grassouillets d’amours bouffis, ses fesses s’étaient allongées, séparées par l’adorable rigole qui se perd où vous savez ; puis, de l’autre côté, ses deux imperceptibles nénets étaient devenus deux superbes tétons en poire, aux bouts carminés poignardant le ciel. Quant à sa petite fente, aux lèvres incarnadines, au haut desquelles apparaissait, ainsi qu’un appétissant haricot rose, son mignon clitoris, après s’être d’abord duveté d’un poil follet, elle s’était, petit à petit, couverte d’une motte gracieusement dessinée en as de pique, noir et velouté. Ah ! quelle moniche, mes amis !

C’était ma foi bien le plus friand morceau qu’on puisse désirer, et les charmes qu’elle exhibait journellement dans les ateliers, étaient, on le pense, la cause de bien des érections. Son divin petit con devenait le point de mire, la cible que visaient toutes les pines en rut.

Mais sa prudente mère, en femme qui connaît, pour l’avoir expérimenté, l’effet des attraits féminins sur les membres masculins, s’était hâtée, longtemps à l’avance, de la prémunir contre les éventualités qui la guettaient, en lui faisant apprécier la valeur des choses.

Bien avant que M. A. D… fils n’eût formulé la chose, elle lui avait appris qu’un pucelage est un capital qu’on devait chercher à placer le plus avantageusement possible, elle n’était pas juive pour rien.

Mais, en attendant ce placement avantageux, il fallait vivoter ; et poser était leur seul gagne pain. Or, à ce métier, il était bien difficile à Jeanne de garder intact un trésor convoité par tant de larrons.

À cette observation, qu’elle fit un jour à sa vénérable garce de mère, celle-ci lui enseigna le moyen de contenter tout le monde sans entamer son capital, en procédant coram populo, sur des voisins de bonne volonté, trop heureux d’être choisis pour sujets de ses libidineuses démonstrations, car elles consistaient en un suçage savamment gradué, agrémenté d’un doigté délicat sous les couilles, dont il chatouillait légèrement l’épiderme.

— Ceux que la maman favorisait ainsi jouirent à l’œil, d’une plume taillée merveilleusement, dans les bons principes ; mais les premiers, sur lesquels dut s’exercer la jeune fille, subirent naturellement les effets de son inexpérience ; néanmoins, ils n’étaient point trop à plaindre.

— Bientôt d’ailleurs, son intelligence et ses dispositions naturelles aidant, elle fut suffisamment instruite pour pratiquer sérieusement, et avec un réel succès. À tel point que sa réputation dans cette spécialité s’étendant, on venait de la province et même de l’étranger pour se faire arranger par elle.

— Cela dura ma foi bien près de deux années, au bout desquelles le nabab B., ayant enfin mis le prix à la chose, s’offrit le plaisir de dépuceler celle qu’on avait surnommée la Jeanne-d’Arc à la pompe, en plongeant son braquemart millionnaire entre la vulve de ce con, virginal sans doute, mais bougrement pollué !

— Aujourd’hui, cette spécialité n’en est plus une, il n’est guère de bordel un peu bien tenu dont toutes les pensionnaires ne sachent sucer convenablement une pine, en avalant même souvent le foutre.

― La seule baronne d’Ange en conserve le monopole exclusif.

— Oh ! à propos de cette suceuse émérite, connaissez-vous le mot délicieux que le spirituel chroniqueur A. S…, a fait sur elle ? dit un de ces messieurs, [qui] jusqu’alors s’était borné au rôle d’auditeur.

— Non, lui fut-il répondu.

— C’était peu de jours après son mariage, assez récent, mais qui, on le sait, n’empêche nullement sa bouche de gober comme avant, le sperme déchargé par les vits qui continuent à l’honorer de leur confiance.

— Un matin, elle s’éveilla avec la joue gonflée par une fluxion ; le soir, à Tortoni, A. S…, annonçait ainsi la nouvelle à ses amis : « La baronne est à peine mariée, n’est-ce pas ? Eh bien ! elle est déjà enceinte ».

Un éclat de rire unanime accueille ce mot réellement drôle.

— Votre historiette sur la Jeanne-d’Arc à la pompe, n’est pas dépourvue de croustillant, dit Me C…y, mais en somme votre modèle ne se faisait pas baiser ; les membres virils en érection n’eurent de contact qu’avec sa bouche, tandis que la vierge dont je vous parlais, exerça réellement le métier de putain, dans la position voulue et la pine au cul, dans la véritable acception du terme.

— Allons ! ne nous faites pas languir, contez-nous ça.

— Volontiers, et avec d’autant plus de plaisir que ce souvenir me rappelle la première cause que j’ai plaidée.

— Ah ! bah !

— Oui, mes amis ; et j’eus même la chance de la gagner. Voici la chose en substance.

— J’attendais encore mon premier client, lorsqu’un matin je reçus la visite d’un Monsieur que je connaissais un peu, un Monsieur réputé actuellement une de nos sommités financières, mais alors simple boursier, gagnant de l’argent assez facilement.

— Je suis, me dit-il, sur le point d’épouser une jeune fille de vingt ans, dont je suis très épris, qui n’a d’autre famille que sa tante, une vénérable veuve.

— Cette demoiselle, jolie comme un ange dont elle a toute la candeur, ayant été élevée dans un des meilleurs pensionnats, est à peu près sans fortune, mais pour un homme dans ma situation, la beauté chez celle qui est appelée à présider à mes réceptions, peut être considérée comme une fortune.

— Mais un misérable, un rival évincé à coup sûr, n’a-t-il pas eu l’audace de chercher à ternir la réputation de celle que j’aime, et cela, de la façon la plus infâme, jusqu’à dire que sa très digne et très honorable parente avait spéculé sur les charmes de cette candide enfant, en la livrant journellement en pâture à la lubricité du public.

— Ainsi attaquée dans ce qu’une honnête femme a de plus précieux, et sous le coup de son indignation, la brave dame n’a pas hésité à porter plainte contre l’audacieux calomniateur, en offrant de donner la preuve matérielle, irréfutable, de la virginité de sa nièce.

— Je crus inutile de lui faire observer à quels rudes assauts la pudeur de la jeune personne, si candide, allait se trouver exposée, afin d’établir cette preuve matérielle, c’était son affaire, et non la mienne. Il me demanda de vouloir bien plaider la cause de sa future, ce que j’acceptai avec empressement.

— Je vous passe une foule de détails insignifiants, et j’arrive immédiatement au cœur du procès qui fut jugé, vous le pensez bien, à huis clos.

— Le défendeur, après avoir prié le tribunal de l’excuser si, dans le cours de son exposition, il était obligé de se servir d’expressions un peu colorées, affirma avoir connue et baisée la nièce de la demanderesse, dans une maison de prostitution clandestine, offrant, dit-il, cette singularité, que ladite demoiselle, ici présente, en composait tout le personnel.

— Puis, continuant : — Il est juste de déclarer qu’une mise en scène tout à fait particulière et de haut goût, mettant l’entrée à un prix assez élevé (dix louis) qui n’était pas à la portée de tout le monde, cela limitait le nombre des consommateurs, la moyenne était d’environ une douzaine par soirée.

— Expliquez au tribunal en quoi consistait cette mise en scène, dit le président, que ce début avait affriandé.

— En ce que dans cette maison, désignée par les habitués sous le nom de Mosquée de la Houri, tout était discret, mystérieux et combiné de façon à exciter au plus haut point les désirs charnels.

— D’abord, après avoir, au préalable, déposé entre les mains d’une matrone voilée comme le sont les musulmanes, le prix de la jouissance promise, on était introduit, en silence, dans un petit salon d’attente, n’ayant pour tout meuble qu’un divan régnant de trois côtés, et où brûlaient, dans des cassolettes, des parfums aphrodisiaques.

Bientôt la pièce, où régnait une demi-obscurité, s’éclairait d’une lueur pâle dans laquelle s’estompaient des tableaux fantasmagoriques représentant des scènes lubriques d’intérieur de harem, telles que celles-ci, par exemple :

— Pendant qu’une odalisque, entièrement nue, s’évertuait, par de savantes manœuvres, à faire dresser la verge rebelle d’un sultan blasé, deux autres, également nues, dans des poses aussi lascives que possible, se polluaient à tour de rôle, offrant alternativement au membre du seigneur l’entrée d’une vulve dont les nymphes étaient toutes moites des caresses de la langue de sa compagne.

— Au bout de peu d’instants, lorsqu’un commencement de griserie érotique avait envahi votre être, tout s’éteignait, la cloison s’ouvrait sans bruit sur un autre salon resplendissant de lumière venant de nombreuses lampes pendues au plafond, en forme de coupole.

Dans le fond de cette seconde pièce, on voyait comme une sorte de chapelle, fermée par une simple gaze ; l’autel était un lit de satin sur lequel était étendue une femme dont le corps, d’un galbe merveilleux, portait pour tout vêtement des cothurnes en maroquin rouge et or montant jusqu’au gras du mollet, et un voile assez épais qui lui cachait complètement le visage et s’arrêtait au-dessus de la pointe des seins d’une fermeté vraiment extraordinaire. La houri se levait, écartait le rideau de gaze et, debout devant le lit où son ventre adorable resplendissait comme un tabernacle rayonnant de volupté, d’un geste muet elle vous invitait à venir baiser un signe ravissant, placé juste entre le nombril et la pointe de la toison soyeuse qui ombrageait son divin nid d’amour. Après quoi, se renversant sur les reins, elle vous saisissait le priape qu’elle guidait et introduisait toujours elle-même entre ses cuisses ; lorsqu’arrivait délirante, impétueuse, inouïe ! une jouissance à nulle autre pareille, la dernière goutte de liqueur séminale avait à peine jailli, on se trouvait tout à coup plongé dans une obscurité presque complète. La houri disparaissait, vous laissant pendant quelques secondes sous l’impression fugitive et inexprimable qu’on retient au sortir d’un songe d’or.

— Une porte s’ouvrait, la voluptueuse vision s’effaçait et la réalité reparaissait sous la forme de la matrone, toujours muette et voilée, qui vous faisait signe d’approcher et procédait de ses propres mains aux ablutions indispensables.

Et l’on sortait ravi, en se promettant de revenir.

Je n’essaierai pas de vous dépeindre l’avidité lubrique avec laquelle le président et les juges écoutaient le récit du défendeur qui, mesuré dans ses expressions autant que les détails le permettaient, n’en offrait pas moins à l’esprit un tableau érotique au suprême degré.

Quant à la demanderesse, et principalement sa nièce, si candide ! je pensais alors que sa candeur devait être furieusement mal à l’aise.

Ce n’était pourtant rien encore.

Elle ne souffla pas un mot, mais sa tante soutint naturellement que tout cela n’était qu’un tissu d’infamies, et l’on dut passer à la partie la plus délicate du procès, qui était d’établir ipso facto la virginité de la demoiselle.

À cet effet, le président, les juges, trois docteurs-médecins ; deux, requis par les parties adverses et un, par le tribunal, l’avocat du défendeur et votre serviteur, nous nous rendîmes ainsi que ces dames dans une pièce adjacente afin de procéder à la visite qui devait, suivant ma cliente, confondre le calomniateur en révélant la pureté immaculée de sa nièce.

Ah ! on ne l’avait pas calomniée en exaltant ses beautés intimes, ça je vous en réponds.

Si nos robes de palais n’avaient dévoilé le secret de nos braillettes, on eut pu nous voir tous bander comme de vigoureux carmes, en écarquillant les yeux à la vue de l’amour de con offert à nos regards.

Il est impossible de rêver une plus admirable merveille de chair blanche, rose et poilue.

Les docteurs eurent beau écarter les lèvres de ce séduisant vagin et chercher à l’envi l’un de l’autre à l’entrouvrir, le bout du petit doigt lui-même n’y pouvait pénétrer. Il était donc de toute impossibilité qu’un vit, fut-ce même celui d’un lycéen de douze ans ait jamais joui dedans.

Au retour, dans la salle d’audience, on s’attendait à voir le défendeur honteux et confus à la lecture de la déclaration signée des trois médecins, affirmant la virginité indéniable de la nièce de la partie plaignante.

Mais loin de paraître accablé, il répliqua, très calme.

— Pardon, M. le président, j’ai peu de mots à ajouter, et, suivant ce qui me sera répondu, j’aurais perdu ou gagné le procès que l’on m’a, peut-être bien imprudemment, intenté.

— Vous venez d’assister, ainsi que mon avocat, avec lequel je n’ai pas encore communiqué depuis, à l’exhibition des… charmes secrets de mademoiselle. J’ai parlé d’un signe que la houri faisait baiser à ses clients. Je n’ai pas dit quel était ce signe…

— C’est une appétissante petite cerise rouge avec une feuille parfaitement dessinée.

— L’avez vous vue ?…

Chacun se regarde stupéfait ; les deux dames pâlirent.

En effet, nous avions tous admiré ce signe éminemment particulier.

Aussitôt, l’avocat du défendeur saisit l’occasion pour fulminer, au nom de la morale outragée, contre des aventurières qui, etc., etc…

Mais une inspiration me vint subitement. Dès qu’il eut terminé sa tirade, je répliquais à mon tour.

— Messieurs ! je n’aurai pas de peine à réfuter ce que vient de dire l’honorable avocat de notre adversaire. Ce détail d’un signe dont on a prétendu se faire une arme contre nous est un pur enfantillage.

— Enfantillage est le mot propre, je vais le démontrer.

— On vous l’a fait connaître, nous avons été élevée dans un des meilleurs pensionnats, et qui ne sait que dans ces maisons où les jeunes filles sont internées, lorsque chez elles apparaissent les premiers effets de la puberté, bien souvent surprises de l’apparition de ce duvet qui leur pousse au bas du ventre, elles se réunissent dans les endroit secrets pour se montrer mutuellement ces marques de leur pubescence. Eh bien tenez pour certain qu’une des petites amies de pension de mademoiselle a révélé à notre adversaire l’existence de ce détail qu’il prétend avoir vu.

— L’inanité de cette assertion est évidente. Elle ne saurait d’ailleurs tenir debout en présence du fait brutal, matériel, irréfragable, reconnu par les sommités médicales ici présentes, de la pureté absolue du corps de cette candide enfant.

Le tribunal fut de cet avis.

Le lendemain matin d’assez bonne heure, la jeune vierge à la cerise vint me remercier.

— Grâce à vous, me dit-elle, mon mariage n’est pas manqué. Mais sans votre idée géniale des petites amies de pension, je crois bien que nos adversaires auraient eu gain de cause, car malgré l’affirmation des médecins, il a dit la vérité.

— Je m’en doutais bien un peu ; mais comment ?…

— Ne cherchez pas, fit-elle ; je vous dois plus qu’un remerciement banal, je veux m’acquitter…

Et collant ses lèvres aux miennes, pendant que sa langue, cochonne en diable, suçait la mienne, se renversant sur les reins, à même le divan, elle prit mon vit qu’elle guida elle-même entre ses cuisses… et je jouis.

— Eh bien ! me dit-elle, en se relevant, je suis toujours pucelle, tiens regarde… ça c’est la part de mon futur mari.

En effet, son adorable con était toujours immaculé.

— Ils n’ont regardé que là, ajouta-t-elle, ils n’ont pas songé à mon cul.

Ma foi, j’avais trouvé cela bon, je repiquai sachant où j’allais cette fois, ce furent les émoluments de ma première cause.