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Lubricités, récits intimes et véridiques/En Province

La bibliothèque libre.
(alias Alphonse Momas)
s. n. (p. 63-106).



EN PROVINCE…
















CHAPITRE I

— Assurément, comme mœurs, Paris n’est pas l’Arcadie, mais, somme toute, on n’y est pas plus dévergondé qu’ailleurs.

— Allons donc !…

Il n’est pas ici question de l’étranger. On sait parfaitement qu’à Florence, à Vienne, à Berlin, etc., les pucelles de quinze ans sont aussi rares que les maris non cocus.

Parlons de la France seulement.

Où trouve-t-on autant de putains qu’à Paris ?

— Ah ! par exemple ! voilà qui est naïf.

— En effet. Paris étant dix ou vingt fois plus peuplé que les plus grandes villes de province, c’est assez naturel.

— Vous avez raison tous les deux, néanmoins je n’ai pas tort, car il est bien entendu que ce que je dis est toute proportion gardée.

— Eh bien ! toute proportion gardée, vous êtes collé, mon bon.

Si l’on rencontre autant de putains à Paris, c’est que la province nous en approvisionne.

Certes, la majorité des femmes que nous baisons à Paris ne sont pas nées dans le département de la Seine, mais bien dans toute l’étendue du territoire français ; de Nice à Quimper et de Nancy à Bayonne.

Nos Vénus mercenaires, ou autres, sont en grande partie des filles de province dont le con baille vainement là-bas, et qui, lassées d’une masturbation bébête dont tout l’effet est d’accroître énormément les appétits charnels de leur vagin goulu, arrivent en foule à Paris, au grand soulagement des pines en rut, bien heureuses de trouver tous ces aimables cons disposés à les satisfaire.

Ce colloque avait lieu entre plusieurs anciens viveurs retirés de la circulation pour cause de… ramollissement du membre jadis viril ; mais qui néanmoins, après leur renoncement forcé à Satan, à ses œuvres et à ses pompes, éprouvaient une ombre de jouissance à se rappeler leurs cascades de jeunesse.

Un seul faisait exception.

Pour la forme, du moins. Étant devenu marguillier de sa paroisse, il se croyait obligé de jeter l’anathème sur les vices de « la Babylone moderne » suivant le cliché consacré.

Ne voulant pas s’avouer « collé » par celui de ses interlocuteurs qui plaidait en faveur de Paris, il reprit, en manière de conclusions :

— Enfin, vous direz ce que vous voudrez, les femmes sont bien moins vicieuses en province…

— Parce qu’elles ne trouvent pas l’occasion de l’être.

— Ah ! ça, c’est rudement vrai, ajouta le champion de la capitale, quoi qu’il fut natif de la Haute-Saône. Elles sont jolies, vos vertus provinciales ! Je puis vous en donner un échantillon tout de suite, si vous voulez.

— Parbleu ! si nous voulons…

La-dessus, chacun flairant une histoire libidineuse, s’arrangea de son mieux pour ne pas perdre un mot.


CHAPITRE II

À l’époque où le second Empire battait son plein j’étais encore jeune alors, et j’habitais Châlon-sur-Saône.

Par un beau jour d’été, le hasard d’un voyage d’agrément réunissait dans cette ville, où le bon roi Dagobert tint ses assises, quatre amis, tous artistes, et dont trois étaient facilement reconnaissables pour tous, et même pour ceux qui ne les avaient jamais vus, leurs portraits ayant été fréquemment donnés par les journaux illustrés et exposés aux vitrines des marchands de musique. L’un était Ant. R…, le ténor de l’Opéra. Les deux autres étaient les chanteurs jumeaux Anat. et H. L…, ceux que leur confrère D… avait si drôlement nommés « les deux roupettes ». Le quatrième était Alf. V…, le miniaturiste, qui, sans connaître une note de la poésie musicale, affirmait-il, fut néanmoins l’auteur de la jolie chanson de Musette que connaissent tous les lecteurs de la Vie de Bohème de H. Mürger.

Par un effet du même hasard, au moment du passage de nos quatre amis à Châlon, un pianiste, plus ou moins quelconque, venait de donner une suite de concerts dans cette jolie sous-préfecture, et devait en donner prochainement un dernier au bénéfice des pauvres de la ville, que les jeunes et charmantes dames châlonnaises se faisaient une véritable joie d’organiser.

À l’instigation du dit pianiste, plusieurs de ces dames, choisies parmi les plus attrayantes, furent députées vers nos chanteurs parisiens afin de les prier de vouloir bien prêter leur concours à cette solennité de bienfaisance.

Ils y consentaient avec le plus gracieux empressement.

Leurs noms sur l’affiche fit merveille.

Ce fut pour toute la ville la perspective d’une fête réellement extraordinaire.

Malgré le prix des places considérablement augmenté, dès l’avant-veille il ne restait plus même un strapontin à louer dans la salle de spectacle. Le peintre, voulant aussi contribuer pour sa part au bénéfice des pauvres, avait illustré un magnifique programme qui devait être vendu à leur profit au commencement de la soirée. En outre, en qualité de parisien, devant par conséquent connaître bien des choses que ces dames ignoraient, il les aidait dans leurs fonctions avec un véritable zèle.

Une recette très grosse et inespérée était désormais certaine et encaissée en grande partie.


CHAPITRE III.

La veille du concert, on répétait au théâtre pendant la journée. Ant., Anat. et H. étaient en scène avec le pianiste qui devait les accompagner.

Alf. assistait à la répétition en simple spectateur, dans une loge en compagnie d’une des jeunes dames organisatrices, qui lui portait tout particulièrement à la peau, car soit dit en passant, ce sacré Alf. ne pouvait être un quart d’heure en tête à tête avec une femme ayant une frimousse un peu gentille sans avoir envie de lui prendre le cul.

Immédiatement son phallus dressait la tête et se trouvait prêt à fonctionner.

Soudain sa voisine, électrisée par sa pensée du succès de la soirée, dont la répétition lui donnait un avant-goût, lui disait avec effusion en lui touchant la main :

— Oh ! monsieur, vous qui êtes si complaisant, voulez-vous me permettre de vous adresser une demande ?

— Comment ! si je veux vous le permettre, répond Alf., en l’enveloppant de la tête aux cuisses d’un regard mouillé de sperme. C’est à dire que je vous en prie !… bien que ce que vous allez me demander ne soit sans doute pas ce que je brûle du désir de vous faire.

La jeune femme fait son possible pour ne pas avoir trop l’air de comprendre et poursuit :

— Mon Dieu, l’objet de ma demande est fort simple, tout naturel, et cependant très délicat. Il est depuis hier la cause de bien des pourparlers entre ces dames et moi. Voici : en témoignage de notre gratitude pour la gracieuseté avec laquelle vos amis ont apporté au service de notre œuvre de charité le prestige de leurs noms et l’appoint de leur beau talent, nous sérions désireuses de leur offrir un souvenir quelconque.

Mais encore, voudrions nous que ce souvenir fut de nature à leur plaire.

J’ai pensé que vous pourriez peut-être éclairer notre choix. C’est pourquoi j’ai pris la liberté de vous questionner à ce propos.

Alf. ne parut pas s’apercevoir qu’il n’était pas du tout question de lui en cette occurrence ; mais, ainsi que je l’ai dit, toujours à l’affût d’un joli coup à tirer, et ne songeant qu’à prêcher pour son saint, c’est-à-dire pour son vit, en ce moment émoustillé par les effluves attractives de la fente sexuelle qu’il flairait à sa portée et qui le faisaient bander comme celui d’un vigoureux carme. Il répondit :

— Charmante est cette pensée ; mais nous serions désolés que l’on prélevât pour nous offrir quoi que ce soit la moindre parcelle de ce qui doit être tout entier pour les pauvres. Et je suis certain d’être le fidèle interprète de mes amis, en vous suppliant de n’en rien faire…

Si vous croyez réellement nous devoir quelque gratitude… laissez-moi vous assurer qu’il vous serait facile de nous en donner un témoignage qui pour nous aurait un prix inestimable et qui, loin de rien retrancher à la part des malheureux, augmenterait au contraire le nombre des heureux.

Et le paillard soulignait ses paroles par une pantomime expressive en manœuvrant de sorte que sa voisine eut une preuve touchante de… ce qui avait lieu dans son pantalon.

Au contact de cette rigidité charnelle, il se produisit indubitablement chez elle une sollicitation clitoridienne, car ce fut d’un œil mourant chargé de fluide érotique que celle-ci repartit à mi-voix :

— Je ne puis douter de la sincérité de vos paroles… oui, je sens… du moins… enfin, en admettant que l’on consentit à… satisfaire vos… désirs, comment l’entendriez-vous ?

— Comment ? Rien n’est moins difficile à faire. Demain, après le spectacle, un simple petit souper, dont vous serez, avec quatre de vos aimables compagnes, car il serait inhumain d’oublier l’accompagnateur, dont on pourrait d’ailleurs avoir besoin. Et c’est tout.

Vous voyez que le programme est aisément exécutable.

— Heu ! heu ! aisément exécutable… pour moi, peut-être… je ne dis pas ; mais la plupart de nos dames que je sais en état de remplir la condition absolument indispensable du dit programme, qui est d’être jolies, sont hélas ! en puissance de maris…

Ah ! attendez… Deux de ces messieurs, j’y pense, sont actuellement à Paris.

— Bon ! très bien ; ci, deux.

— Ensuite, comment trouvez-vous cette personne qui cause là-bas avec le ténor ?

— Superbe !

— Parfait, alors. Celle-là est comme moi veuve, par conséquent…

— Et de quatre. Et puis ?…

— Et puis… et puis… je cherche… Ah ! une idée me vient. J’ai une cousine toute jeune, dix-neuf ans, jolie comme un cœur, demoiselle et… presque vierge…

— Diable ! Son cavalier ne sera pas le plus mal partagé, celui-là.

— Certes non… mais comment l’amener à… cela ? Elle vit dans la solitude. Un chagrin d’amour la domine à ce point qu’elle songe à entrer au couvent.

— Triste remède !

— N’est-ce pas ? Ce serait une œuvre méritoire de l’en détourner, et l’occasion sera excellente.

Mais comment la décider à être des nôtres ?

— Parbleu ! en ne l’avertissant pas de ce que l’on attend d’elle.

— Oh ! c’est ça ! c’est ça ! s’écrie vivement la veuve. Nous jouirons de sa surprise.

— Et autrement aussi, n’est-ce pas ?

— Oui, mauvais sujet.

— Oh, merci ! fit Alf., en lui mouillant la bouche d’un baiser suant la volupté et que l’obscurité de la loge déroba aux regards indiscrets.

— Alors, vous m’acceptez comme ordonnateur ?

— D’abord, et comme partenaire surtout.

— C’est convenu. Jusque là, silence.


CHAPITRE IV

Minuit !

Cette heure n’est pas seulement celle que X. de Montépin, E. Gaboriau, Ponson du Terrail et autres ont nommée « l’heure du crime », elle est aussi, elle est surtout l’heure des amours, l’heure des chaudes caresses, l’heure où les vits folichons se livrent aux libations chères à Vénus, ou les cons altérés de foutre pompent avidement l’effusion de cette liqueur testiculaire entre leurs nymphes vaginales par l’ineffable étranglement du gland, cette contraction spasmodique si appréciée des baiseurs : le casse-noisette enfin.

Minuit !

Le concert vient de finir.

Non loin de la salle de théâtre, d’où le public sortait à peine, un hôtel magnifique s’élevait, et s’élève toujours. Sur ces murs on pouvait lire alors : « Pour cause de départ, hôtel richement meublé à vendre ou à louer ».

Vers le dit immeuble s’acheminaient, encore en costume de cérémonie, les artistes acclamés, le ténor Ant. L… et les deux frères Anat. et H. L…, suivis du pianiste.

Arrivés devant l’hôtel, la petite entrée pratiquée dans son immense porte-cochère s’ouvrit mystérieusement et se referma de même par les soins d’un portier silencieux qui leur indiqua d’un geste muet un escalier très large, sobrement éclairé, au haut duquel ils trouvèrent leur ami le peintre Alf. V…

Celui-ci leur présenta une élégante coupe du Japon où chacun prit, au hasard, une moitié déchirée d’un des quatre as du jeu de cartes.

Les autres moitiés étant entre les mains de quatre convives dames, le rapprochement des deux fractions devait leur désigner la compagne qui leur était dévolue.

Alf. on le sait avait son choix fait depuis la veille à la répétition.

Nul de ces messieurs n’était d’ailleurs inquiet de l’imprévu. Connaissant l’ensemble des lots, tous charmants, quel que soit celui que le sort allait offrir à chacun d’eux, il était assuré d’être bien servi, et quand même agréablement partagé.

Alors un nègre, nubien superbe, en costume de son pays, c’est-à-dire à peu près nu, les introduisit dans un ravissant salon Louis XV, brillamment éclairé, où, au bout d’une vaste table de dix couverts admirablement dressée, ils virent un splendide piano à queue tout ouvert.

Là se trouvaient assises sur des sièges et des divans artistement capitonnés et pourvus de coussins moelleux, les cinq convives féminins, dont le décolleté savant était déjà un régal pour les regards connaisseurs. Elles avaient le visage recouvert d’un loup de satin de couleur assortie à la nuance de la chevelure, précaution à l’effet de conserver l’incognito vis-à-vis du nègre, qui seul devait servir pendant le souper.

Cet unique serviteur ressortit aussitôt.

Les portes refermées, ces dames se levèrent immédiatement, allant à la rencontre des arrivés ; puis, les couples étant formés par la réunion des fragments des cartes, elles ôtèrent un instant leurs masques afin d’assurer à leurs cavaliers qu’elles étaient réellement toutes attrayantes, assurance qui fut signée de longs baisers doublement mouillés.

Elles remirent leurs masques protecteurs et le souper commença.

Vous ne tenez pas, je suppose, à connaître le menu de ce souper.

Ainsi qu’on l’a pu voir, l’ordonnatrice du festin avait accueilli les avances non équivoques du peintre Alf. avec une satisfaction fort évidente, qui n’avait fait que grandir depuis les prémices de la répétition.

Ravie de l’occasion exceptionnelle qui s’offrait de rompre le carême de chair à plaisir implicite de son veuvage, elle était résolue d’en tirer toute la jouissance possible, et comme on dit, « s’en fourrer jusque là », et de passives qu’elles étaient, ses dispositions étaient devenues furieusement actives.

D’abord, elle avait donné à chacune de ses amies, ainsi qu’à elle-même, un nom de circonstance.

Il fut convenu, avec l’espoir de voluptueuses débauches, et pour provoquer au besoin les appels de lubricité, que pendant cette nuit, elle se nommerait Aspasie, ses collaboratrices Laïs, Campespe, Thalestris, et sa cousine, la presque vierge, l’inconsolable, Calypso.

Ce qui dénotait non seulement ses connaissances littéraires, mais aussi des désirs licencieux.

En outre, et par ses soins, les vins généreux et les mets aphrodisiaques n’avait point été épargnés.

Aussi, vers la fin du repas, le nègre ayant reçu l’ordre de s’éloigner à certaine distance, les yeux émerillonnés des groupes décelaient une envie monstre de passer du péché de gourmandise à celui de luxure. Excepté pourtant celui auquel appartenait Calypso, que la moitié de son as de pique (ô dérision !) avait dévolue au pianiste, le seul parmi ces messieurs qui fut d’un calme et d’une placidité rappelant vaguement « Mignon aspirant au ciel », ou à autre chose.

Mais de tous, le plus allumé était Alf. On doit se rappeler, du reste, que son priape était toujours à l’affût. Il faut dire aussi qu’il avait pris un apéritif, en se faisant branlotter doucettement sous la nappe par la douce menotte d’Aspasie, à laquelle il avait légitimement rendu la réciproque en lui chatouillant délicatement du doigt le clitoris.


CHAPITRE V

Enfin, n’y tenant plus, notre bandeur outrancier se lève de table et sort sous prétexte d’aller allumer un cigare ; sa compagne, feignant d’aller pisser, le suit.

Le hasard les conduit dans une pièce assez éloignée du salon, où, chose curieuse, on a entassé une véritable montagne de feuillages et de guirlandes de verdure, préparés pour pavoiser l’hôtel le jour de la fête du souverain, qui tombait sous peu de jours.

À peine entrés, robe, corset, jupons, chemise sont à bas en une seconde ; Alf. culbute Aspasie sur cette litière champêtre et plonge violemment sa pine fangeuse dans le con de son aimable succube, qu’il inonde d’une décharge abondante, mais trop prompte au gré de sa baiseuse gourmande, qui se remue, s’agite si ardemment qu’une deuxième éjaculation succède bientôt à la première.

Après cette récidive seulement, Alf., reprenant haleine, peut se régaler de la vue du corps de celle qui vient de le faire si plantureusement jouir.

Quelle adorable merveille !

Des cuisses rondes, nerveuses et fermes ; des tétons qu’on dirait moulés dans la coupe d’Hébé, et dont les boutons pareils à des fraises mûres se dressent insolemment ; une motte rebondie et duvetée d’un poil soyeux, fin et frisé comme un manchon d’astrakan.

Une nouvelle érection provoquée par l’examen de ce divin nid d’amour, leur fait incontinent tirer un troisième coup, mais plus longuement savouré, celui-là.

Leur pensée était bien loin de ceux qu’ils avaient laissés au salon. Un peu de calme leur étant revenu après ce troisième coup, Alf. imagina une facétie de nature à faire excuser leur éclipse prolongée.

En un clin d’œil, s’étant mis aussi nu que sa belle partenaire, il enguirlande leurs deux nudités des feuillages sur lesquels ils viennent de sacrifier à Vénus avec tant d’ardeur. Ainsi attifés, ils entrent en gambadant dans le salon.

Les autres avaient aussi déserté la table et formaient sur les divans et les coussins des groupes aussi lascifs que variés. Ils n’en étaient cependant encore qu’aux prémisses, et, suivant l’expression admise, ils pelotaient en attendant partie, se farfouillant mutuellement sous le linge et se faisant des langues fourrées avec une lubricité corrosive.

Excepté toujours le couple Calypso et Cie. Son placide cavalier n’essayait même pas de la consoler. Il laissait vaguement errer ses doigts sur le clavier en tapotant la sempiternelle rêverie de Rosellen.

Mais il est donc en baudruche ! pensaient les autres. La cousine d’Aspasie était pourtant un friand morceau, plus engageant à tapoter que le clavier…

D’un bond le couple, enguirlandé pour tout vêtement, escalade le Pléyel, sur lequel Aspasie, que son cavalier tient voluptueusement enlacée, entonne d’une voix agréablement timbrée cette cantilène libidineuse, rimée sans doute par elle-même, que le frigide pianiste accompagne sans même bander :

(Air connu.)

Au plus charmant des programmes
Aujourd’hui coopérons.

C’est pour les pauvres, mesdames ;
Gentiment offrons nos cons :
Notre chair est rose et ferme,
Allons, messieurs ! pine en main !
Vite inondez-nous de sperme,
Foutez-nous jusqu’à demain !
Dans nos cuisses,
Douces, lisses,
Plongez, plongez à souhait !
Qu’on raidisse,
Qu’on jouisse,
Pour les pauvres, s’il vous plaît !

La reprise en chœur du refrain fit sur tous l’effet d’une Marseillaise érotique.

En un instant, les couples furent à poil et les sièges les plus commodes furent occupés par des culs nus, dont l’entrefesson ruisselait bientôt de foutre ressortant à tire-larigot des cons pris d’assaut par des vits énergiques et des couilles en mouvement.

Quel délirant tableau !

Dans chaque coin propice, une marmelade de chairs : des cuisses rosées marmoréennes enlaçant frénétiquement des jambes nerveuses ; des fesses contractées et fébriles ; des pines raides comme des yatagans, éventrant des mottes rebondies brunes et blondes ; des langues s’engluant aux langues dans des baisers indécollables.

Cette fois, malgré son chagrin, il fut impossible à Calypso de résister plus longtemps.

Ainsi qu’une ardeur de novice longtemps comprimée éclate avec plus d’impétuosité le jour où elle a la clé des champs, à la vue de ce coït unanime, la sienne se déclara soudain avec une violence qui tenait de la rage.

D’un mouvement rapide comme l’éclair, elle fut à poil comme ses amies, exhibant aux lumières des lustres et des girandoles un corps d’une élégance exquise ! d’une beauté et d’une suavité de formes capable de faire bander même les séraphins !

Mais, chose incroyable, inouïe ! Lorsque dans cet état idéal au possible l’adorable mignonne voulut s’offrir aux caresses de son cavalier… celui-ci avait disparu.

Personne pour la calmer ! pour fêter ce merveilleux bijou de chair, ce divin joyau vivant.

Tous les cons étant pour l’instant occupés, et aucun membre viril n’étant disponible pour le sien, il est facile d’imaginer quel horrible supplice de Tantale elle endurait ! La pauvrette éplorée se voyait réduite à la mortifiante nécessité de se masturber solitairement…

Sa cousine Aspasie eut pitié de sa cuisante souffrance.

Ayant été plus amplement baisée que ses amies, par l’avance qu’elle avait prise sur Laïs, Campespe et Thalestris, elle offrit à Calypso de lui céder un instant son fouteur Alf.

Celui-ci, que la beauté et la nouveauté des charmes à servir fit bientôt bander de nouveau, ne se fit pas prier, et Calypso, on le pense bien, reçut avec empressement le vit consolateur qui lui était si charitablement offert.

Mais, ne voulant pas être en reste de générosité, pendant que Alf. l’enfilait avec enthousiasme, elle récompensait sa cousine par une savoureuse minette à son appétissant petit chat.

Bientôt les cris, les soupirs de pâmoison que cette jouissance en partie double arrachait aux conjouïsseurs excitèrent l’envie des autres ; tous voulurent éprouver la même volupté.

Alors, chacune céda à tour de rôle son fouteur à Calypso, qui, pendant qu’on l’enfilait, suçait à langue que veux-tu le bouton de ses compagnes.

Ainsi tout le monde jouissait ensemble.


ÉPILOGUE

Lorsque le petit jour mit fin à cette délicieuse nuit orgiaque, on eut enfin le secret de la placidité du pianiste.

Dans une pièce voisine on le trouva endormi, le ventre collé au fessier bronzé du nègre, qui ronflait à poings fermés.

Le cochon l’avait enculé !