Lyndamine ou l’Optimisme des pays chauds/3

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Giovane Della Rosa (J. Gay) (p. 63-137).

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CHAPITRE III

HISTOIRE SECRÈTE DU COUVENT DE MADAME JOLICON


L’ordonnance était à peine affichée que deux jeunes agréables se présentèrent à deux heures l’un de l’autre. Le premier était un grave conseiller dépouillé de sa robe rouge et de son ample perruque. Il voulut d’abord essayer avec Foutanges les forces qu’il prétendait nous apporter. Foutanges en fut éprise. Un demi-louis eut le secret de lui faire lever ses jupes ; elle eut la bonté de se laisser fourbir en dépit des règlements ; et sans prévoir que l’on pût s’en douter, elle introduisit le magistrat assez content de ses épreuves. Il nous parut assez mince dès l’entrée : l’exploitation de ses pièces en démontra la raison.

— Comment, morbleu, s’écria notre maman, votre vit sent encore le con, et vous osez vous montrer ! Sachez, monsieur, qu’un conseiller ne nous tente pas ; je ne veux pourtant pas vous chasser ; avouez la vérité, et je me réserve de prononcer selon les règles de l’équité. Mon code vous est peut-être inconnu ? C’est la seule excuse que je puisse supposer pour vous pardonner.

Le robin humilié crut gagner beaucoup en découvrant les faiblesses de Foutanges ; il gâta la besogne. Foutanges fut condamnée, selon la rigueur de l’ordonnance, à perdre son poil. Je l’en dépouillai moi-même, à regret, parce qu’elle était encore jeune et que le temple était en bon état ; mais elle n’a pas continué d’être sage, et elle a été congédiée. Je dirai le pourquoi vers le temps de sa honte.

Si l’on ignorait que l’ânerie du clergé ne tombe que sur la théologie et qu’il est des plus savants dans l’art de la volupté, l’on ne se persuaderait pas que nous dûmes à ce qu’on appelle un docteur la plus savante leçon de plaisir sensuel. C’est cependant à la profonde manœuvre de monsieur l’abbé de Pilecon que nous eûmes l’obligation d’une foule de découvertes que je vais bientôt rendre publiques.

Foutanges, honteuse et dépilée, proposa-t-elle encore à cet abbé de parcourir ses charmes ? Je l’ignore et m’en inquiète peu. Ce petit sémillant, que nous n’eussions pas reconnu s’il n’avait parlé lui-même de ses bénéfices, entra dans la salle de l’assemblée dans l’instant de la visite que nous faisions régulièrement de nos pays chauds : parce qu’il était arrêté entre nous que jamais nous ne troublerions l’ordre de nos menstrues, que chacune en compterait les périodes et les prouverait, afin que chacune eût sa dose de plaisir et de fatigue, et qu’aucune ne fût la dupe ou le supplément des autres. L’on n’avait excepté que le choix de la fille, selon la rigueur de l’ordonnance de notre chère reine.

Monsieur l’abbé, malgré notre vigilance, eut le temps au moins d’entrevoir la couleur et l’élégance des fentes qui étaient à l’air. L’on voit d’abord que Foutanges avait ménagé ce moyen de donner à monsieur l’abbé une scène appétissante. Elle eut le cul déchiré pour cette faute que l’ordonnance n’avait pas prévue. En attendant, le grivois alerte eut du plaisir.

Écoutons-le.

Au premier bruit les jupes furent sur les talons, et la maman, d’un air auguste, lui demanda ce qu’il désirait.

— Madame, dit-il, je désire, pour mon argent, me décharger d’un fardeau brûlant sur le sein de cette aimable fille que voici. Il montrait Fanny.

— Monsieur a lu l’ordonnance apparemment, répond madame Jolicon.

— Oui, répond-il.

Et sur-le-champ il met bas sa culotte. Madame jugea qu’il était dans les règles, et nos deux athlètes passèrent dans le foutoir, tandis que nous continuâmes la visite des pays chauds.

Le combat nous parut long, parce que les conjoints furent ensemble plus d’une heure. Hélas ! la charmante Fanny n’en jugeait pas de même, elle eut des mots, et point de baume, des mouvements de la bouche et de faibles coups de piston qu’elle souhaitait. Sa douceur ne lui permit pas d’en faire le moindre reproche à monsieur l’abbé : elle eut même la complaisance de le reconduire en chemise et de consentir qu’en recevant ses adieux il eût encore la consolation de porter la main sur ses fesses et sur leur tendre faubourg.

Dès qu’il fut congédié, elle revint à nous en riant.

— Malgré mon espoir, dit-elle, je ne suis pas lestée ; mais j’ai dans la tête une science nouvelle : cela peut être utile ; voulez-vous en profiter ?

— Es-tu folle, s’écria notre maman, avec ta science ? parbleu ! nous voulons toutes être savantes dans l’art de foutre ; c’est là le véritable optimisme. Va-t’en au diable si tu parles davantage science.

— Eh non ! maman, répondit Fanny ; il ne s’agit précisément que de cela. Au dire de ce profond abbé, il est un art de s’accoler en cadence, d’amalgamer nos liqueurs avec la science, d’enfoncer une fille et de parler en la sondant, le langage des docteurs. En un mot, il est un art de donner à tous nos plaisirs des noms savants, qu’il ne sait qu’à peu près. Si vous le voulez, vous aurez bientôt un seigneur à poil qui se fait fort de nous instruire toutes, en trois leçons. Décidez-vous, demain il doit revenir et prendre vos ordres.

— Je me fous des noms, dit Jolicon en colère. Eh ! que m’importent-ils, mes chères enfants, pourvu que l’on soit propre et que vous soyez satisfaites ?

— Peut-être, répond Fanny, les noms seront-ils de votre goût ? Tous les élégants qui nous visitent n’aiment pas qu’on leur parle sur le ton du bordel. Qui sait si des noms plus savants ne nous attireraient pas plus d’honnêtes gens ? L’on sait bien que, dans presque toutes les maisons, les femmes se font savonner par leurs greluchons. Cependant il est convenu qu’elles n’ont que des amis, et notre couvent a lui-même pris le nom décent de Parthénon. Enfin un mâle vous foutrait-il plus mal, si, par exemple, en plein exercice, il vous disait que son prisme est au mieux dans votre cylindre ?

— Quel drôle de langage ! s’écria madame Jolicon ; il faudrait être sorcière pour le comprendre. Sais-tu. Minette, ce que cela veut dire ? Et toi, Lyndamine, qui es rusée, connais-tu le cylindre de Fanny ? Cette bougresse radote, je crois.

— Maman, répondis-je, voulez-vous m’entendre ?

— Parle donc.

Et je dis :

— Dès que les choses subsistent, les noms importent peu. Et plusieurs personnes peuvent être choquées de ceux de notre dictionnaire. Que je dise, par exemple, à un dévot : « Camarade, bandes-tu ? Voyons ton vit ? est-il assez dru pour foutre un con qui demande une cheville d’un pied ? » Il y a là de quoi épouvanter un pauvre diable de novice, tandis qu’avec des termes savants je pourrais l’amener et lui faire faire l’exercice de l’amour.

Écoutons Fanny ; il est souvent à propos de se mettre à la mode, et l’on dit qu’une fille docteur a le con plus chaud qu’une sotte. Voilà donc ce qu’il faudrait à nos messieurs, et je conclus à prendre de la science, nos jolis minons en vaudront mieux.

Il fut arrêté que Fanny débiterait toute sa science, qui n’allait pas loin, en attendant la visite et les leçons du lendemain. Et d’abord madame Jolicon lui demanda l’A B C de sa nouvelle doctrine.

— Maman, répondit-elle, je ne suis pas fière ; mon pauvre abbé était assez mal avitaillé, et de ce côté-là je n’ai guère à m’en louer ; mais, en vérité, il m’a séduite par sa science et étourdie par je ne sais combien de mots baroques dont je n’ai retenu qu’une très petite partie.

Écoutez-moi :

J’avais les jambes raides et le con ouvert, lorsque l’abbé, à cul nu, s’est approché.

« — Quel diable de vit avez-vous ! ai-je dit avec humeur.

— Charmante fille, a-t-il répondu, je sais qu’il ne fait pas avec mon ventre un angle fort aigu, et j’avoue que sans ce cercle mignon dont tu m’offres les grâces, il ferait à peine une ligne horizontale ; mais cela peut-être vous suffira, il faut en essayer. »

— Et tu as compris ce diabolique jargon ?

— J’y ai compris quelque chose.

— Quoi donc encore ?

— J’ai compris que son pauvre vit était sans ressorts, que le cercle féminin était un con, que… etc… Oh ! ma foi, vous êtes trop difficiles : il doit revenir demain, vous vous expliquerez.

— Mais doit-il revenir seul ?

— Non, il m’a promis d’amener un académicien qui nous donnera des leçons fort géométriques, si nous daignons lui prêter nos instruments. Pour moi, je me fais un plaisir d’en être toisée ; et maman, je crois, ne se trouvera pas si mal entre ses bras.

— Toute réflexion faite, dit madame Jolicon, je pense, mes enfants, que Fanny a raison. Faites demain, à votre lever, la toilette de vos minons ; appelez Vénus, faites-la présider à vos appas. Il faut entendre un académicien ; ses gens-là savent tout. Qui sait s’il ne nous donnera pas des secrets inconnus encore pour gagner de l’argent ? Ne négligeons aucune des routes qui mènent à la fortune. C’est là, dit-on, la maxime de l’avarice. Je dis, moi, que c’est là le plus précieux optimisme que je puis vous prêcher. Comment appelles-tu ce docteur, Fanny ?

— Je sais, dit-elle, que l’abbé se nomme Pilecon, mais…

— Mais, reprit la maman, tu nous donnes un nom charmant : Pilecon. Vous savez, mes filles, ce que signifie ce nom auguste ; c’est à celui-ci que je me tiens, et je veux présider à la première leçon. Quelle consolation pour moi si ces messieurs honoraient notre palais ! Si vous saisissiez ce genre nouveau de vous faire foutre savamment, c’est alors qu’il ferait bon d’apprendre à nos petits-maîtres qu’il est de leur intérêt de vous sonder souvent pour puiser dans nos charmants cons le savoir que nos docteurs fourrés s’imaginent que l’on n’enseigne que dans leurs écoles, dont les murs glacent d’effroi.

Ces ordres donnés et acceptés, nous pensâmes qu’il était temps de prendre du repos. Un financier vint le troubler ; mais il nous parut si misérable à travers ses habits dorés qu’aucune de nous n’était tentée de le recevoir. Il fallut pourtant feindre, parce qu’il s’était mis en règle et qu’il y avait des pistoles à gagner. J’eus le malheur d’être nommée ; je dis le malheur parce que je ne voyais qu’un bougre qui convoitait mon cul.

— Finissons vite, lui dis-je, je n’ai plus de ressort dans les fesses ; vous en tirerez le parti que vous pourrez.

Le pauvre diable y fut pourtant si serré que je le forçai d’y faire une pénible libation.

Non content de ce sacrifice, il voulut encore tâter du devant, et pour cet effet il se plaça entre mes cuisses ; mais tous ses efforts devenant inutiles, j’en exigeai deux louis, qu’il me donna, et je me couchai.

— Cela va bien, dis-je, avec des louis on peut pencher vers l’optimisme.

Le jour suivant, de grand matin, notre maman reçut ordre d’un commis des Bureaux de lui envoyer à sa petite maison une fille propre au plaisir et assez complaisante pour se prêter à ses caprices sans nombre. L’on tira au sort à la vue de cent louis à partager, et le sort tomba sur Fanny.

— Cela ne se peut, dit-elle ; en dépit de l’envie que j’aurais de partager vos fatigues, vous savez que j’attends notre géomètre et que…

— Cela est juste, répondit l’assemblée, et nous n’y pensions pas. Revenons au sort.

— Cela n’est pas nécessaire, repartit Julie ; je suis par vos soins sûrement guérie, disposée plus que jamais au travail, et je me charge de cette besogne.

Nous nous amusâmes de concert à la parer de tous les attraits capables de faire honneur à notre Bureau ; et à peine était-elle partie pour sa destination que l’on nous annonça le brave Pilecon avec le savant que nous attendions.

Nous ne pûmes nous empêcher de rire à la vue des armes qu’ils apportaient.

— C’était, disaient-ils, des règles, des compas, des récipiangles, des équerres, des…

— Quel diable d’attirail ! s’écria madame Jolicon ; faut-il tant d’apprêts pour foutre ?

— Madame, répond l’académicien, tous ces outils sont nécessaires à la démonstration.

— À la démonstration ! dit-elle ; eh ! monsieur, démontrez que vous bandez fort, et l’on vous démontrera que les cons, sur lesquels vous comptez, savent coiffer leurs glaives. Cela, me semble, doit suffire. J’enrage quand j’entends tous ces sots termes qui ne font que retarder le plaisir.

— Maman, dit Fanny d’un air auguste, vous savez que nous sommes convenues de voir ces messieurs. Retirez-vous si le jeu ne vous plaît plus, après l’avoir approuvé : mes camarades et moi, nous sommes curieuses. La première leçon qu’elles ont entendue en votre présence leur en fait désirer une seconde. Trouvez bon qu’elles la reçoivent de ces messieurs.


Cul de lampe de fin de paragraphe
Cul de lampe de fin de paragraphe

ARTICLE PREMIER

Première leçon de géométrie.


Madame Jolicon ne put refuser.

— J’avais consenti, dit-elle, et je m’en souviens à présent, à cette grave séance : j’ai promis d’y présider. De quoi s’agit-il, messieurs ? Quel instrument braquez-vous le premier ?

— Ma noble dame, dit poliment le géomètre, l’instrument d’usage est à vos ordres, si vous daignez le recevoir.

— Oh ! oh ! s’écria notre maman, un géomètre est donc aussi galant ? Voilà, ma foi, la perle des mâles. Cela sait vivre et cela est savant. Je ferai, monsieur, et je ferai faire l’exercice que vous ordonnerez ; parlez.

— Encore une fois, ma charmante, répondit l’élégant géomètre j’ordonnerai que vos appas acceptent nos hommages ; mais, si vous n’êtes pas trop pressée, nous procéderons aux préliminaires. Mes leçons veulent des corps, et vos corps sont sous d’inutiles enveloppes…

— Je vous entends, monsieur, il vous faut des corps nus. Le vôtre le sera-t-il ?

— Cela doit être, dit notre savant.

Ordre fut conséquemment donné de se mettre in naturalibus.

Sur-le-champ cottes et culottes d’être entassées : tous les culs de l’assemblée furent sous les yeux.

Déjà le géomètre avait en main les instruments de son métier. Celui de la nature devint si frétillant à la vue de nos charmes, que je dis tout bas à Minette :

— Le démonstrateur est vif ; vois-tu comment il bande ? il sera forcé d’éteindre ses beaux feux avant d’étaler sa science.

— Tant mieux, répond Minette, si je suis la reine du bal ; la majesté de son sceptre m’enchante.

Cette réponse me fit faire un mouvement indiscret.

— Mademoiselle, dit mon savant, ne souscrivez-vous pas à toutes nos conventions ?

— Commencez vite, répondis-je, je ne soupire que pour vous entendre.

Il m’embrasse, me donne deux ou trois caresses et dit :

— Mes chères dames, la nature entière est l’objet de la géométrie. Je n’en choisis, pour vous instruire, que la délicieuse portion que vous daignez nous exposer. Distinguons à la vue des lignes et des solides. Je ne parlerai pas des surfaces, parce que la science dont il s’agit entre nous est toute en profondeur. Je me contente donc de vous en expliquer les éléments, de les combiner relativement à votre objet. Nous passerons au plus tôt à la combinaison des corps qui…

— Combinons d’abord les nôtres, dit en riant notre maman ; c’est tout ce que je comprends de votre science, et ce qui m’en paraît le plus utile.

— Qu’à cela ne tienne, mon aimable, répond le galant géomètre, je me charge volontiers de faire l’hypothénuse de tous vos appas.

Ce mot renversa notre maman. Le savant en profita et la retint le cul à terre joliment enclouée ; elle ne se repentit pas d’avoir été l’occasion de la voluptueuse repartie de notre docteur.

Cependant le modeste Pilecon n’avait pas assez de vigueur pour se mettre à l’unisson ; et nous allions nous plaindre ou demander notre tour, lorsque Julie entre d’un air triomphant et nous apprend qu’elle nous réserve les plus amusantes histoires. Elle était, en effet, si extasiée que d’abord elle ne s’aperçut pas que nos deux messieurs lui montraient leur derrière. Un signe que nous lui fîmes les lui fit voir.

— Messieurs, leur dit-elle humblement, j’ai besoin d’être avec la petite société, et j’en demande pardon à vos deux culs ; remettez-les dans leurs étuis.

— Messieurs, dit la maman, ce n’est qu’un délai qu’on vous demande. Je ne le refuse pas, parce qu’il peut intéresser mon gouvernement. J’espère que demain vous voudrez bien reprendre vos leçons.

— J’espère bien y assister, ajouta la folâtre Julie ; et celle que je vous donnerai ne sera pas des moins savourées.

— Nous y comptons, répondirent galamment nos messieurs, sans cela notre optimisme serait en défaut. Et ils partirent.


PARAGRAPHE PREMIER

Recrue de Julie.


Dès que nous fûmes en comité :

— Es-tu folle, dis-je, de troubler une intéressante leçon ?

— Il est ma foi bien question de géométrie, répond Julie en sautillant ; allez, allez, il y a bien des bagatelles en l’air, et j’ai deux scènes mignonnes à vous détailler.

— Deux scènes ! s’écrie la maman ; mais je n’en soupçonne qu’une forte avec monsieur le sous-ministre.

— Eh ! vous n’y êtes pas, maman, dit Julie, j’ai fait mon service avec ce seigneur. Cela joue le vigoureux, et ne vient jamais à terme. J’en suis venue, moi, à mon honneur, et tout est au mieux pour lui ; il s’agit du reste.

Monsieur le commis avait donné son adresse au premier étage de l’hôtel de Bavière. Je m’y présente doucement ; car il ne faut jamais faire de bruit lorsqu’on va offrir une bonne fortune à un amant qui paye. Une porte à jour et fermée de la toile la plus fine répond à l’escalier et fixe mes yeux. J’aperçois au travers de ce faible voile une grande femelle en chemise, que deux fenêtres éclairaient, et j’ai la patience d’attendre quel personnage elle veut jouer. Elle se tournait à gauche, à droite, et la tête haute. Que prétend-elle faire ? dis-je tout bas. Enfin je m’aperçus qu’elle se regardait dans un grand trumeau qui la rendait en entier, et bientôt elle commence le premier acte. Elle lève d’abord une jambe, qu’elle appuie sur la table en face du miroir, qui me renvoye qu’elle détache je ne sais quoi de sa cuisse. Même opération sur l’autre cuisse. J’ouvrais des yeux comme un chat en pleine nuit, et ne pouvais distinguer l’attache. La belle, enfin, présente le flanc au miroir, relève pouce à pouce sa chemise par derrière, et me donne la perspective d’un cul qui m’eût paru magnifique, si je n’eusse été frappée d’un autre objet que je ne distinguais pas encore et que je brûlais de voir. Je n’ai pas soupiré pendant une minute, qu’elle a présenté l’autre flanc découvert au miroir, et alors j’ai vu, — vous ne le croirez jamais, — j’ai vu, oh ! cela est unique, l’on jurerait qu’il y a de l’artifice ; enfin j’ai vu…

Maman s’impatiente :

— Dis donc vite, putain, ce que tu as vu. Tu me mettrais en colère avec tes j’ai vu. J’aimerais mieux voir et pressurer mon brave géomètre.

— Ne vous fâchez point, maman, reprend Julie, j’ai vu un con, ou plutôt je l’ai deviné ; il est gardé par des touffes de poil que l’on ne peut imaginer, et, ce qui vous surprendra davantage, c’est que ce poil est d’une longueur inconcevable, c’est que ce poil était noué autour de ses cuisses, et que je l’ai vu ensuite pendant jusqu’aux mollets.

— Fais-tu des romans ? s’écria l’assemblée ; ne dirait-on pas que nous n’avons jamais vu de cons ? Tu veux rire et personne ne te croit.

— À vous permis, mesdames, dit-elle, d’ajouter foi à mon récit ; mais il faut que je le finisse, vous disserterez ensuite. La belle, qui voulait se donner du plaisir, et qui, sans doute, se trouvait au mieux alors, prend son poil par paquets, le renvoie de chaque côté sur ses fesses, et n’en laisse tomber que la portion qui se trouve entre ses cuisses. Alors, de deux doigts délicatement séparés des autres, elle écarte deux lèvres de feu et porte l’un des doigts sur le trou mignon. Je l’ai vue tressaillir ; et je crois que sans un petit bruit qu’elle craignait plus qu’elle ne l’a entendu, elle aurait essayé de l’enfoncer. Elle semblait disposée à cette délicieuse opération, et peut-être l’a-t-elle consommée. Je n’ai osé porter ma curiosité jusqu’à ce terme, parce que l’heure me pressait ; mais j’ai mis du monde en avant pour la gagner à notre couvent, et l’on m’a promis de l’amener. Ai-je fait là une bonne emplette ?

— Tu mériterais que je te baise au cul, ma chère enfant, s’écrie maman Jolicon ; tu fais merveille. Dis-moi quand doit venir cette fille velue ?

— Ce soir, avec mademoiselle Culrond, que je vous ai encore ménagée, et que la Bascon à long poil m’a fait assurer être une fille à secrets, et qui ferait bander un vit de cent ans.

— Cela est fort, dit maman Jolicon, mais tant mieux, après tout ; nous y gagnerons, et je t’en remercierai.

— Oui, maman, répond la polissonne, en me baisant le cul.

— Oh ! parbleu, tout à l’heure.

Maman saute sur elle, lève ses cottes et écarte ses fesses à pleines mains.

— Enfant, dit-elle, approchez ; tenez-moi ces cottes levées et ces chiennes de fesses bien ouvertes.

Nous obéîmes ; maman se mit à genoux auprès de ce gros cul, en approcha la bouche et cracha si fort entre les fesses, que Julie, qui étouffait et qui voulait fuir, manqua de lui pincer le nez et de la payer d’un pet qui se fit bientôt entendre et qui n’embauma point l’appartement. Cela servit d’intermède à notre importante conversation. Julie cacha son cul, prit un verre d’élixir, et nous nous préparions à la réception des deux postulantes, lorsque maman, revenue de l’étourdissement causé par le moelleux pet de Julie, dit :

— À propos, péteuse infâme, tu nous as bien parlé de ton Culrond, dont les fesses sont peut-être bien plates, et de la Bascon à poil, que je veux mettre en queue ; mais tu ne nous as rien dit de ton espèce de ministre, sinon que tout était au mieux pour lui et je n’en doute pas ; et toi, chantais-tu l’optimisme ?


PARAGRAPHE II

Anecdote de Julie avec le commis.


— Pas trop, dit-elle ; je vous ai déjà dit que ces seigneurs-là sont anéantis. Voulez-vous du détail ? en voici…

Monseigneur, à mon arrivée, était plongé dans un bain aromatique ; il en sortit pour me recevoir ; toutes les pièces dont j’avais besoin étaient imprégnées d’odeur. Son pauvre vit n’en était pas plus noble. Pour lui donner de la vigueur, il m’a fait passer sous ses yeux, dans un autre bain, qu’il m’avait fait préparer, et m’a priée de ne lui cacher aucun de mes charmes. Il s’est lui-même chargé d’ôter mes jupes et ma chemise, et m’a frottée dans le bain depuis le nombril jusqu’au croupion. Ô douleur, tous ces préludes ne retendaient pas ses ressorts usés.

« — Essayons, me dit-il, d’un moyen que j’ai imaginé ; si tu réussis à me faire bander, je te donne pour ta part dix louis. Sois donc assez complaisante pour te prêter à toutes les scènes dont je veux goûter ; tu vois que ton profit en dépend. »

Monseigneur se met le derrière sur un fauteuil assez haut pour ma taille, me fait approcher la tête et les mains, place son vilain vit sur ma bouche et m’en remet les flasques agrès. J’ai eu beau les patiner, frotter l’outil avec mes lèvres, qui le tétaient, l’indocile n’a pas donné le moindre signe de vigueur.

— Faisons une autre épreuve, a-t-il ajouté d’un air humilié.

Il me prend donc entre les fesses et me plante sur ses épaules, jambe de çà, jambe de là, de sorte que sa barbe se confondait avec mon poil, et que sa bouche en sautoir me croisait le con.

— Veux-tu bien ouvrir ta petite fente ? dit-il.

La position n’était pas favorable ; mais j’ai tant fait d’efforts que la porte s’est ouverte. Il met alors sa langue sur ce limbe bouillant, et sa langue, plus puissante que son vit, se replie, s’allonge, entre de plus d’un pouce, et me fait faire une secousse qui lui a fait mordre plus de la moitié de ma toison. Cependant il me soutenait sous les fesses et les chatouillait d’une main, tandis que de l’autre il se branlait. Tant d’efforts ont prouvé son impuissance absolue ; mais que m’importe, j’ai reçu les dix louis, parce que, de son aveu, j’ai tenté l’impossible pour réveiller son engin, et je suis au mieux. Mais jamais il ne pourra foutre, à moins que d’abord il ne garde un régime de dix ans et qu’il ne boive une tonne d’élixir.

Nous n’étions pas assez sottes pour être jalouses de la petite fortune de Julie ; elle venait de la gagner par ses complaisances, et nous l’en félicitions de bon cœur, lorsque l’on nous annonça sa recrue.

— Cela en vaut la peine, et je suis grosse de voir un con à poil de deux pieds et une jolie fille qui commande aux vits. Elle aurait bien dû protéger celui de ton monseigneur : ta cuvette et ta bourse s’en seraient encore mieux trouvées.

— Je ne l’avais pas sous la main, répond Julie ; allons recevoir et fêter ces deux compagnes de nos plaisirs et de nos sublimes combats.

Il faut avouer que le port de la Bascon m’étonna ; imaginez-vous une coquine, dont les yeux grands et noirs étaient armés de sourcils nombreux et bien nourris ; deux tétons, dont la saillie est si rare, étaient à découvert et montraient une gorge profonde qui m’aurait tentée si j’eusse été mâle. Une cotte leste et courte laissait voir une jambe fine et proportionnée et se relevait si haut qu’elle faisait soupçonner un cul d’une rondeur et d’une puissance enchanteresses. Lorsqu’elle marchait, l’on voyait, comme en cadence, se remuer successivement deux fesses, que l’on distinguait à l’œil et que l’on souhaitait d’admirer. D’après cette faible idée, qui n’est que celle de la première vue, l’on peut juger des grâces qu’elle voilait, et qui me ravirent lorsque nous eûmes la permission de les contrôler.

Le Culrond était une jeune blonde, mise en Beauceronne, avec quatre jupes sur le cul, qui le renflaient au lieu de le dessiner : d’assez beaux tétons en apparence, des grâces dans la démarche et une vivacité qui la fit tant sauter en nous embrassant qu’elle laissa entrevoir le joli portail, qui nous parut bien conditionné ; mais ce qui nous frappa, c’est un coussin qu’elle portait avec elle, qui nous sembla construit d’une forme singulière et assez inutile au métier qu’elle embrassait.


PARAGRAPHE III

Forme du coussin magique et son pouvoir.


Dès que notre maman eut vu ce coussin :

— Que faites-vous de ce meuble ? dit-elle à Culrond. Avant que notre visite juridique commence, il faut vous expliquer.

— Maman, répond-elle, ce coussin est un trésor dont j’ai fait les frais ; il m’a coûté mille intrigues et bien des courses ; je le possède enfin ; et vous verrez quelque jour que c’est l’un des plus précieux outils de la maison.

— Il est sottement fait.

— Il est fait d’après nature. Lorsque vous en saurez l’usage, vous l’admirerez.

— Dis-le donc dans l’instant, reprend la maman.

— Soit, madame. Vous voyez que ce coussin, qui est circulaire, porte en avant un bec assez long, dont la base a un enfoncement profond. Tout cela est imaginé au mieux. Ce coussin si doux et d’une épaisseur si commode, a la plus puissante élasticité pour faire réagir un cul que l’on place dessus.

— Eh quoi ! s’écrie Minette, cela est fait pour un cul ?

— Oh ! ce n’est pas pour le vôtre, répond la Culrond.

— Oh ! parbleu ! reprend Minette, je veux néanmoins l’essayer, et à con nu, dussiez-vous en rire.

La voilà donc troussée jusqu’à la ceinture et le derrière sur le coussin.

— Hé ! ce n’est pas ainsi, dit vivement la Culrond ; le bec doit être entre les jambes.

— Expliquez donc le pourquoi, dit vivement Minette ; pour moi je le quitte.

La Culrond place elle-même Minette de manière que l’enfoncement se trouvait sous la petite bouche de sa tendre cuvette et ajouta :

— Vous voyez bien qu’il faudrait ici du saillant plutôt qu’un enfoncement, et de là concluez que cet instrument n’est composé qu’en faveur d’un cul mâle ; cette profondeur est la place des couilles, et le bec est le soutien du pauvre vit auquel il est destiné.

— Mais encore, reprend maman, dis donc, la belle, à quel usage ?

— Le voici : tout le coussin est fait de poil de cons vierges, ce qui, comme vous le savez, est très difficile à trouver ; celui du fond et du contour de l’enfoncement est du premier duvet qui ombrage un petit conin. La vertu de ce premier poil est de réchauffer des couillons mourants, et le feu qu’il y porte rend au vit qui les possède une si forte vigueur, une si prodigieuse raideur, qu’il peut porter une fille pendant plus d’un quart d’heure, j’en ai fait l’épreuve.

— Que diable dit-elle ! s’écrie Julie, quoi ! si mon sous-ministre se fût placé le cul sur ce coussin, il m’aurait enlevée avec son vit, malgré mon poids ?

— Oui, belle enfant, dit Culrond ; il n’y a pas quatre jours qu’un vieux maréchal, qui me convoitait fort et qui était absolument nul, avait à peine le cul sur ce coussin tout-puissant, que ce n’est pas sans efforts que j’ai rabaissé son vit jusqu’à l’embouchure de mon canal, et alors, l’analogie du feu que je lui communiquais et de celui qu’il avait puisé sur ce merveilleux coussin relève vivement son charmant outil et m’enlève tout à coup d’un demi-pied, que le brave avait de plus que moi. Il m’a portée pendant vingt minutes autour de l’appartement.

— J’ai entendu dire, reprend aussitôt notre maman, que le maréchal de Saxe portait avec son vit un sceau plein d’eau. Celui-ci a plus de force encore.

— À merveille, répond la Culrond, mais le premier n’avait pas mis son cul sur mon coussin ; et celui-ci, une heure après la scène, retomba dans son état de vileté. Il fallut recourir au coussin pour avoir un homme qui voulait l’être encore avec moi et qui ne l’était plus.

La Culrond allait continuer, lorsque Foutanges annonça nos deux géomètres.

— Parbleu ! m’écriai-je, nous essayerons le coussin avec le petit abbé. Jamais un nom ne fut moins fait pour son homme que le sien. Où diable aller donner à un pauvre impuissant le nom imposant de Pilecon ? Je ne le lui pardonnerai que quand il m’aura portée.


ARTICLE II

Seconde Leçon de géométrie.


— Silence ! dit la bonne maman, voici nos savants.

Nous allons toutes en cérémonie au-devant d’eux. Nous fûmes tour à tour embrassées et tâtonnées avec une politesse extrême. Et madame Jolicon, s’adressant au profond académicien, lui demanda s’il se souvenait de la dernière leçon.

— Oui, ma belle, répondit-il galamment, et je la répéterai tout à l’heure sous votre bon plaisir.

— Je ne suis pas pressée, monsieur, ni mes enfants non plus. Il s’agit de la continuer en peu de mots. À force de vous répéter dans vos exercices, il faudra bien que la science nous gagne ; mais ce que je ne veux pas vous laisser passer, c’est ce mot qui m’a tant fait rire, et dont vous avez, à votre profit, si honnêtement fait le commentaire.

— Eh ! mais, dit le géomètre, si je me rappelle bien, je vous parlais d’hypothénuse.

— Ah ! oui, c’est cela ; que cela veut-il dire ?

— Il faut, ma belle, vous donner plusieurs autres termes de l’art avant d’en venir à celui-ci ; et puisque vous m’ordonnez de jeûner jusqu’à la fin de la leçon, je me condamne à souffrir pour me consacrer à votre instruction.

— Et vous ferez bien, ajoute Fanny ; mais souvenez-vous que je vous ai protégé, et que vous me devez la première expérience de vos principes, sans cela je vous coupe le vit.

Mon géomètre lui saute au cou en éclatant de rire :

— Oh ! dit-il, ce serait grand dommage.

Et en l’embrassant, il relève ses cottes, tire le dard et l’enfile avec tant de vivacité que nous en fûmes étonnées. Fanny y prit goût, se laissa coucher, et pressa si fort le savant qu’il fut merveilleusement pressuré.

— Cette commère est diablement chaude, dis-je presque en colère ; es-tu assez pourvue ?

— Ma foi, mes enfants, répond-elle, je suis au mieux, et, après ce tendre exercice, je me sens plus en état d’écouter une leçon de géométrie ; mais consolez-vous, vous aurez votre tour. Ce savant est aussi plein de suc que de science : disposons les outils.

Nos messieurs nous supplièrent de ne pas les faire languir ; nous fûmes parées sur-le-champ. À la vue de tant de grâces exposées au grand jour, un ange eût perdu la tête. Le savant eut de la peine à conserver la sienne ; il ne la fixa qu’en la frottant, et se retira dans un coin avec le faible Pilecon pour préparer leurs pièces. Cela ne dura que le temps qu’il y a que je parle. Il revint et dit :

— Je vous ai prévenues, mes charmantes demoiselles, que tous les corps qui sont l’objet de nos recherches sont composés d’éléments, et que je ne parlerai que de ceux qui entrent dans la composition de nos charmes réciproques, pour aller plus tôt à leur combinaison. Je commence : ouvrez les yeux sur vous et sur moi, vous aurez bientôt toute la science nécessaire pour vous combiner avec tous les états ; vous avez déjà supérieurement celle d’être aimables.

Je vis dans tous les yeux que ce prélude galant échauffait l’imagination : et un petit mouvement de fesses qui fut général l’annonça mieux encore ; mais l’on craignit d’interrompre le docteur et l’on fit taire l’appétit. Le docteur continua.

— Distinguons trois espèces de lignes : la verticale, l’horizontale et les parallèles. Ces jolies fentes bien fermées font une ligne verticale. Le vit, qui me fait tant d’honneur et qui se dresse sur le nombril, en est une autre.

— Voilà, dit Julie, ce que l’on appelle une ligne. Et comment s’appelle celle de l’abbé, que je vois si humble ?

— Elle se redresse faiblement, je l’avoue, reprit le géomètre ; je la nommerai une ligne horizontale.

— Il faut la couper, nous écriâmes-nous comme de concert ; que fait cette pitoyable ligne à notre science ?

L’abbé frémit ; mais la Culrond se chargea de lui faire décrire la ligne nécessaire à nos opérations par le pouvoir de son miraculeux coussin, et le docteur reprit par les parallèles.

— Nous en avons peu sur nos corps. Les unes sont communes, il est aisé de les discerner. Les plus essentielles sont celles que forment les deux charmantes lèvres de vos bijoux lorsqu’elles sont rapprochées. Je parlerai tout à l’heure des lignes qu’elles décrivent lorsqu’elles ont saisi leur vainqueur par la queue.

Nos corps abondent en lignes courbes. La première est la circulaire ou le cercle, dont chaque portion est un arc.

— Ma foi, dit vivement la Bascon, mes fesses font un assez bel arc, et je voudrais fort, avec la permission de cette grave assemblée, que monsieur voulût les mesurer avant d’aller plus loin.

L’assemblée souscrivit, sans se douter des vues de la Bascon. En notre présence elle s’étend sur un sopha et appelle le docteur. Celui-ci, à l’aspect de son énorme toison, semble frémir.

— Qu’avez-vous ? lui dit-elle ; à long poil petit con, vous allez l’éprouver, bandez ferme et plongez la dague, vous aurez à rire et à travailler.

Tandis que mon savant entrouvre d’une main la divine porte, de l’autre dirige son glaive, Bascon divise son poil en trois part : l’une par le bas entre ses jambes et les deux autres dans les côtés. Le géomètre est à peine en train de fourbir qu’elle plante ses deux mains sur le cul du fouteur, lui recouvre l’entre-deux des fesses de son long poil, et les noue sur le dos de son cavalier avec ses propres cheveux. Elle reprend ensuite les deux touffes qu’elle avait séparées sur les côtés et les réunit encore par un nœud très fort. Le savant néanmoins foutait et ne se lassait pas. Bascon fit semblant de s’impatienter, et donnant à propos un coup de cul :

— Êtes-vous collé, monsieur ? lui dit-elle ; je suis inondée de votre chaude liqueur ; il est bien temps de cesser.

Le monsieur, qui se trouvait au mieux, rougit de l’ordre qu’on lui donnait de désarçonner, et voulut se relever ; mais il était pris.

— Levez-vous donc, reprit Bascon en donnant un coup de cul plus vif, vous m’étouffez ; un géomètre redoute-t-il un mauvais pas ?

Force fut au savant d’avouer qu’il ignorait la chaîne qui le retenait. Cet humble aveu nous fit approcher, et nous vîmes l’enclouure. Jugez si l’on dut rire. Plus il voulait abandonner son fourreau, plus le poil de sa belle fendait son derrière et lui coupait les reins.

— Eût-on jamais soupçonné, dit-il éloquemment, qu’un con poussât un poil si fort et si long ? Il me fallait cette expérience pour m’assurer qu’une fille puisse faire sur le cul de son fourbisseur deux lignes perpendiculaires avec le poil de son minon. Dorénavant je parlerai de ces lignes, que mes calculs ne m’ont pas encore découvertes lorsque je disserterai sur la géométrie des culs.

— Conviendrez-vous, dit alors la Bascon, que je vous instruise à mon tour ? Donnez à ce savant un fort genièvre ; il a fait l’impossible, et nous souscrivons pour l’optimisme, d’après cette charmante épreuve. Continuez vos leçons, mon fils ; vous en étiez à l’arc de cercle que font mes fesses, auxquelles par reconnaissance il vous plaira d’appuyer un baiser.

La coquine, en même temps, lui présente un derrière qu’aurait bijotté le pape, si on le lui eût permis. Le géomètre, qui mettait tout à profit, caressa d’abord les deux belles fessés et s’approcha bientôt pour baiser le petit portique qui se montrait plus bas. La belle, qui avait le cul saillant, s’en aperçut, et se rejeta en arrière si vivement que rien ne s’en fallut que le nez du savant ne fût pris dans le cercle postérieur de la belle, qui déjà lui avait si singulièrement confié l’antérieur.

Ce badinage fit rire un instant, et la leçon allait continuer… Mais le petit abbé, qui s’imaginait regorger de jus, voulut avoir son tour.

— Cela est juste, dit la Culrond, et je me le réserve. Le pauvre enfant crève de vigueur ; mais, après tout, je saurai lui en donner s’il en manque. L’assemblée jugera des coups ; car je prétends qu’elle préside et qu’elle rende justice à mon protégé. Or, sus, l’abbé, pièces en main ; volez à moi, percez vite, jusqu’à l’autel !

Le sot Pilecon fait quelques pas en se frottant le vit sans pouvoir s’en faire obéir, et s’approche en tremblant de la Culrond.

— Vous êtes un viédas, l’abbé, lui dit-elle ; un con comme le mien ferait bander les anges, et l’on voit à peine si vous avez un vit, tant il est embéguiné. Eh ! allons donc, continua-t-elle en le pinçant à la fesse et aux couilles.

Mais plus elle l’excitait, plus son vit se concentrait. Advint enfin que l’on ne vit plus ni bitte ni couillons.

— Vous aurez du coussin, l’abbé, s’écria la commère.

Elle le prend et le place sur le bord d’un tabouret.

— Embrasse-moi, mon fils, mets le cul sur ce coussin et tiens-toi ferme. Vous allez voir ce que vous allez voir. Par la vertu de ce coussin magique, mon petit abbé va se sentir des couilles et montrer un vit digne de compagnie. Je ne tarderai pas à célébrer son pouvoir.

À peine eut-elle parlé que le petit monsieur prit de la couleur et sembla frémir.

— Qu’avez-vous ?

— Ah ! charmante fille, un feu secret me pénètre ; mon sang bouillonne, mes couillons s’enflent, dieux !…

— Voyez-vous, mesdames, dit la Culrond, ce drôle qui commence à frétiller. Courage, l’abbé ; nous exploiterons tout à l’heure.

Elle était si enchantée du prodige de son talisman qu’elle perdit de vue le vit de son abbé, qui se collait sur son ventre et remontait jusqu’au nombril.

— En voici un vaillant, dirent les belles, surprises ; il tenterait la nonne la plus ennemie des vits ; mais comment diable foutre avec cet engin ? il sera aussi impuissant que s’il était nul, à moins que l’on n’ait recours à l’ancienne fourchette de Saint Carpion, le rabaisseur des vigoureux vits du Nivernais.

— Cela vous fait-il peur, mes belles ? dit la Culrond. Je les veux ainsi, et pour vous faire plaisir, je vais attendre qu’il soit collé tout à fait. Je n’en serai que mieux pourvue.

Ce disant, elle visite de près son miraculé, lui jette au derrière quelques gouttes d’essence et s’en frotte le minon.

— Regardez attentivement les fesses, ajouta-t-elle, je vous apprendrai comment on se fait foutre quand on veut quadrupler le plaisir.

Elle s’avance d’un pas hardi vers l’abbé, la main sur la toison. L’abbé, qui brûlait, voulait se relever pour la jeter sur le sopha voisin.

— Ne remuez pas ; ce coussin vous est encore nécessaire. Serrez les cuisses et laissez-moi la direction de l’outil.

Elle s’assied sur les cuisses de l’abbé, ventre à ventre et de si près, que son con touchait au nombril du grivois ; elle saisit alors l’engin, place sa tête sur le limbe du canal et s’abandonne ensuite à son poids.

— Pousse, l’abbé !

Et plus il pousse, plus le poids de la belle la rabaisse. Enfin les pièces sont combinées, les poils confondus : nous eûmes beau voir et tâtonner, nous jugeâmes que le vit était entièrement enconné, et nous invitâmes les conjoints à se bien pressurer : ils n’y manquèrent pas. Le précieux coussin avait sans doute attiré des diverses parties du corps de l’abbé toutes les gouttes de la liqueur qu’il pouvait fournir, car la Culrond en fut si furieusement savonnée qu’elle coula jusqu’au pied du divin tabouret ; et la scène fut si longue qu’elle eut le temps de prendre de la consistance et de les coller fortement. Il fallut couper une portion des deux perruques pour les séparer.

— Qu’en dites-vous, enfants ? s’écria la Culrond en se lavant le con après la cérémonie. Est-ce ainsi que l’on fout dans cette abbaye ? Vous êtes, ma foi, trop heureuses de me posséder ; mon optimisme est dans l’expérience. Demandez au petit Pilecon s’il s’est jamais mieux trouvé que le cul sur mon coussin et le vit dans ma gaine ? Jouissez de mon savoir, je ne veux plus à présent que de celui de monsieur le géomètre, qui me regarde en extase, tandis que son piston de pourpre désire un fourreau.

— Cela est vrai, ma foi, dis-je en le voyant. Monsieur, monsieur, vous me donnez de l’appétit. Il faut aussi que nous célébrions l’optimisme.

Je lui présente ensuite une main bouillante ; il m’entraîne sur le bord du lit, et nous fîmes assez bien ce qu’on appelle la bête à deux dos, pour mériter les éloges de l’assemblée.

— Si vous en voulez autant, mes princesses, ajouta la Culrond, parlez avant que notre leçon ne recommence. Vous savez maintenant que mon coussin fait bander un vit, selon mes ordres ; il peut donc faire bander ces deux messieurs, et bientôt…

Foutanges ne lui donna pas le temps d’achever.

— Remettez, dit-elle en ouvrant brusquement la porte, cette partie à une autre fois.

— Pourquoi cela ? dit maman.

Elle répond que deux jeunes évêques demandent en secret quatre des plus jolies filles pour passer la nuit à la petite maison de madame la vicomtesse de Vieux-Fond.

— Ils devraient, parbleu, demander les six, répliqua maman. Examinons cette requête.


PARAGRAPHE PREMIER

Droit de l’épiscopat.


— Écoute, Foutanges : Ces hommes à croix d’or ont-ils consigné ?

— Voici, maman, deux cents louis qu’ils vous envoient, et, s’ils sont contents, ils promettent encore de récompenser les filles avant leur départ.

— Réponds, mon enfant, qu’à huit heures sonnantes les quatre filles seront en fiacre à la porte du pavillon. Je les recommande à messeigneurs, et je me flatte que tout ira bien.

Je fus mise à la tête des députées, parce que je savais déjà ce que l’on devait à un évêque ; Fanny, Julie et la Culrond avec son fougueux coussin, que l’on supposait nécessaire, furent commandées avec moi. Minette et Bascon furent réservées pour les pratiques journalières du parthénon.

À l’heure donnée, nous frappâmes à la porte. Une grande femelle l’ouvre.

— Est-ce vous, mesdames ? dit-elle en nous regardant à la lueur d’une lanterne sourde, qui nous déroba son mincis.

— Oui, mademoiselle, répondis-je.

Nous renvoyons le fiacre et l’on ferme la porte.

— Vous êtes impatiemment attendues, nous dit-elle. Il y a ici je ne sais combien de gens protégés par les deux évêques qui vous ont fait appeler ; ce sont sans doute de leurs grands vicaires, de leurs moines ou de leurs secrétaires, qui ont les mêmes besoins ; mais, entre filles, l’on peut se confier bien des secrets. Dites, mes enfants, je suis bonne diablesse, moi, et il est probable que vous en avez vu d’autres. En quel état sont vos bijoux ?

Comme la plus ancienne, je répondis que les nôtres ne valaient sûrement pas le sien, et que je serais surprise de nous voir avec elle, si je ne comptais assez d’hommes dans la maison pour le service de ce grand nombre de filles.

— Grand merci de votre compliment, répond la femme de chambre de la vicomtesse (c’était elle qui nous parlait). Je n’ai jamais vu vos charmes et vous n’avez jamais voyagé dans mes pays chauds. Ainsi le tout soit avancé par politesse ; venons au fait. Le plus jeune des évêques que vous allez voir est dans son diocèse. C’est un vigoureux mâle, et j’ai entendu qu’il disait en confidence à ma maîtresse que, pour sa part, il voulait foutre cul et con. Je suis curieuse de vous en prévenir, parce que vous n’êtes pas peut-être au fait, et que je ne sais trop ce que c’est que foutre un cul.

— Eh ! comment ! m’écriai-je, ma belle nymphe, vous ignorez, cela ? N’a-t-on jamais savonné votre joli minon ? Osez nous l’avouer, nous sommes capables d’un secret.

— Hélas ! dit-elle, l’on m’a savonnée plus de quatre fois, et je ne m’en suis pas repentie.

— Fort bien ; or, l’on savonne un cul de la même manière. L’honnête homme préfère un petit con parce que leçon est le fourreau naturel de son glaive. Le bougre aime mieux un cul, quoiqu’il ne s’ouvre que faiblement ; et on le souffre parce qu’il faut se prêter à tous les goûts.

— Vous souffrirez donc, dit la fille, que l’on visite votre derrière ?

— Oh ! morbleu, tout ce qu’on voudra, ripostai-je. Nous autres filles, nous sommes à plumes et à poils, et nous connaissons des philotanus.

— Ah ! je suis charmée de cet aveu, s’écria-t-elle, et je ferai en sorte de voir cette belle opération.

— Cette belle opération, dis-je à mon tour, voulez-vous en être ?

— Pourquoi pas ? Mais j’ai une autre question à vous faire : ma maîtresse prétend aussi vous foutre (ce sont ses termes). Qu’entend-elle par là ?

— Oh ! oh ! dis-je, cela peut être encore, et cela nous amusera. Quant au modus, nous en jugerons sur un sofa si vous le voulez. En qualité de femme de chambre, vous avez, ma belle enfant, la surintendance du cul de votre maîtresse. Le lavez-vous souvent ?

— Oh ! tous les jours.

— Et le con ?

— En même temps.

— L’a-t-elle beau ?

— Je ne sais pas en juger.

— L’a-t-elle plus beau que vous ?

— Dites-moi donc ce qu’il faut pour qu’il soit beau.

— Je viens de vous proposer un sofa. Si vous en avez le temps, étendez-y vos pièces, et alors je me charge de juger entre la vicomtesse et vous.

— Puisque vous le voulez bien, dit-elle, nous avons un quart d’heure à nous ; entrons dans ma chambre.

Nous nous y enfermons, et elle dévoile ses appas. Je dois avouer qu’entre deux colonnes d’albâtre rondes et solides est majestueusement placé un portique de corail d’une finesse et d’un contour enchanteurs. Le poil le plus fin, le plus frisé, le plus abondant, protège l’antre sacré et en dérobe la vue aux yeux des profanes. Elle me permit d’en parcourir toutes les avenues, et je vis une grosse touffe de poil de la couleur et de la beauté de l’ébène qui recouvrait ce petit mont, qui mérite si bien d’être consacré à Vénus.

En écartant délicatement toutes les branches de ce précieux bosquet, je parvins à découvrir le clitoris. Sa tête était belle d’un beau rouge ; mais il était si petit que je jugeai d’abord la belle moins puissante au déduit que ses charmes ne le présageaient. Je m’en tins à cette partie si utile à nos plaisirs, et je lui demandai, en touchant la pièce avec le doigt, quel était l’état de la même pièce au con de sa maîtresse.

— Cela fait peur, dit-elle naïvement, tant cela est gros et long quelquefois.

— Et voilà ce dont je me doutais, ajoutai-je. Ce délicieux morceau est le singe d’un vit que vous connaissez, et avec cette canule, quand elle est proportionnée comme celle de la vicomtesse, une femme a le plaisir sensuel d’en donner à une autre femme. Et si ce n’était le feu dévorant que cet état de la femme suppose à son con, elle préférerait une autre femme à un mâle, ou telle que César, elle serait le mari de toutes les femmes ; et, en cas de besoin, la femme de tous les maris.

Elle me remercia de mes instructions. L’heure nous pressait, elle nous présenta dans l’assemblée.

Elle était composée de la vicomtesse, des deux évêques, d’un fermier général, du confesseur de la dame et de deux moines fringants, qui nous parurent dès le premier abord avoir le meilleur appétit du monde. Nous fîmes, à la porte, des révérences profondes ; des sièges furent apportés et des liqueurs présentées pour mettre en train la compagnie. Nous en prîmes une assez forte dose, parce que nous appréhendions de rudes travaux. L’on fut une bonne demi-heure à se regarder et à causer indifféremment. La vicomtesse nous adressant ensuite la parole, nous apprend qu’elle est la reine du bal amoureux que nous donnent ces messieurs, et qu’ils nous ont fait appeler pour soutenir le poids du plaisir ; qu’en conséquence elle nous invite à ne rien épargner pour réjouir la société et à faire l’étalage de nos minons.

— Débarrassez-vous de vos jupes, mesdemoiselles, et approchez de moi ; je dois d’abord juger si vous êtes dignes de vous étendre sur mon trône. Le bal ne tardera pas à commencer.

Il ne fallait pas se faire prier, et je fus admise avec un grand compliment. Fanny, Julie et Culrond subirent à leur tour le même examen ; mais tandis que la vicomtesse examinait celles-ci, je m’amusais à étendre et à refermer mon éventail, selon l’usage des femmes qui ne pensent à rien, et je le laissai tomber. Je me courbe pour le ramasser. Dans le même instant, le jeune évêque qui était derrière moi relève ma chemise sur mon dos et met au grand jour mon postérieur, en m’ordonnant de garder la même posture.

— Cela s’appelle-t-il un cul ? dit-il. Ma foi, madame, vous auriez eu grand tort de répudier cette belle enfant ; je prends ses fesses sous ma protection.

Il y impose ses mains sacrées, les baise amoureusement, et, sans que je le soupçonne, il tire de sa culotte un gros chien de vit que je sens frétiller entre mes fesses. Je fais une espèce d’effort qui annonçait ma surprise.

— Tiens-toi ferme, dit-il, ouvre le cul et laisse-moi faire.

Je croyais qu’il n’en voulait qu’à l’orifice supérieur dans la position où il me tenait ; mais prudence ou besoin, il se rabaissa de deux pouces et m’enfila le con supérieurement. J’avais besoin d’appui dans cette posture : il y avait pourvu en passant ses mains sur mon ventre ; ainsi, sur le devant, il peignait mon poil, et par derrière il me bourrait avec une force dont je ne l’aurais pas soupçonné.

Quand il se fut retiré, il renferma modestement son dard, me fit faire à cul nu le tour de l’assemblée, qui lui rendit ses hommages, parce que je montrais ensemble deux charmants orifices et autant de poil qu’il en faut pour ragoûter les philotanus. Ce fut là comme le prélude de la comédie qui se préparait.

— Qu’en dites-vous, vicomtesse ? riposte l’autre évêque, après avoir lui-même remis le rideau sur mon postérieur.

— Je dis, répond-elle d’un ton fâché, que vous êtes des bougres, et que vous me paraissez être trop décidés pour les culs. Or, certainement, vous ne foutrez ni le mien ni celui de ma femme de chambre.

— Les culs de la maison m’appartiennent de droit, reprend le jeune prélat, et je veux les sonder. Je ne cède mes privilèges à personne. Je suis, par le droit divin, l’évêque du diocèse sur lequel nous exploitons. Or, dans mon diocèse, par le même droit divin, je suis le maître des corps, comme je le suis des âmes. J’abandonne bonnement le soin de vos âmes à vos imbéciles confesseurs qui ne seraient pas fâchés de partager mes privilèges. N’est-il pas juste et raisonnable que, du moins, je me réserve la direction exclusive de vos corps ? Ce sera toujours le plus rigoureux de mes cas réservés.

Réservez-vous exclusivement les cons ? reprit la vicomtesse ; l’on n’en dira rien tant que vous serez dispos et vigoureux ; il n’y aura que vos subordonnés qui fouteront tout bas et murmureront tout haut de vos réserves ; mais que vos prétentions aillent jusqu’à la direction de nos culs, oh ! cela est fort ! Un corps femelle n’est femelle que par devant. Prétendez-vous aussi des droits sur le cul des mâles de votre diocèse ?

— Dieu m’en garde, dit le pontife ; ce n’est là tout au plus qu’un supplément ; mais à dire vrai, si nos dames s’obstinaient à me refuser la visite de leurs charmantes fesses, il faudrait bien se rabattre sur les culottes, et alors aucun catholique ne montrerait son cul dans mon territoire qu’avec ma permission ou, de droit divin, il encourrait un cas réservé qui le mettrait à tous les diables.

Toute l’assemblée, qui savait l’estime que l’on doit faire de tant de capricieuses et absurdes réserves, haussa tout bas les épaules, applaudit tout haut, et la vicomtesse, femme faible, fut prudemment forcée de souscrire à cette importante décision, sauf à faire en silence le métier que l’évêque se pardonnait et qu’il défendait charitablement à tous ses diocésains.

Je ris hardiment de cette imbécile décision, comme je ris de presque tous les cas réservés de ces graves seigneurs, qui ont la bêtise de s’imaginer que l’on est leur dupe ; que l’on ne doute pas du pouvoir qu’ils s’arrogent, d’ouvrir et de fermer, à leur gré, le ciel, l’enfer et le purgatoire. Ce dont je réponds, c’est qu’il n’est guère d’évêques qui ne désirent d’ouvrir les premiers un conin, et je le leur pardonne, s’ils le payent largement ; mais je n’ose discuter leurs droits sur l’éternité ; je craindrais d’avoir trop de preuves contre eux et de me voir forcée d’avouer qu’ils défendent bien haut des droits qu’ils se donnent de garde de croire. Il en coûterait trop à leurs culottes et à leurs revenus.

Je vais remonter sur la scène où nos évêques permettent de prêcher l’optimisme, parce qu’ils y figurent au mieux.

L’on se souviendra qu’il y avait chez la vicomtesse sept acteurs et que nous n’étions que quatre actrices. Madame eut faim d’y jouer un rôle et daigna souffrir que la plus séduisante cuvette du canton (c’est celle de la femme de chambre) fût du bal. Elle n’y gagna guère ; mais tout coup vaille : je ne suis qu’historienne.

Quoique l’on ne parût guère d’accord sur les cas de conscience qui se décident opiniâtrement d’après le besoin ou le préjugé, on le fut bientôt sur l’ordre du bal, et il fut arrêté de concert que la femme de chambre y paraîtrait en soubrette, et que chacun choisirait selon son goût sa chacune, la dépouillerait et en serait dépouillé, sauf aux femelles de faire un autre choix et de ne se rendre qu’aux mâles qu’elles daigneraient recevoir.

D’après cet arrangement, le grave casuiste du diocèse eut, au premier acte, le cul de la vicomtesse dont il ne se souciait guère. J’échus au confesseur, qui était et qui s’en tira en bon carme. Fanny eut l’inutile fermier. Julie tomba au second évêque. Culrond à un de nos petits-maîtres. C’était bien de l’argent perdu, nous en parlerons. La femme de chambre enfin se vit partagée entre les deux autres. C’était trop peu pour de tels appas ; et aucun de ces animaux qui courent les femmes ne lui donna un instant de plaisir. J’aurais presque envie de répéter l’ancienne ordonnance.

« Coupez donc tous ces pauvres vits. »

Le second acte changea la scène. Monseigneur le diocésain, qui m’avait sondé..... le cul, revint à moi. Je le renvoyai foutre ailleurs. Il voulut se rabattre sur mes camarades ; elles fuient encore. La malheureuse femme de chambre en tremblant le mordit aux fesses et au vit. Il fut encore renvoyé à la principale diocésaine pour décider avec elle le plus pressant des cas de sa conscience. La femme de chambre eut l’autre évêque et parut s’en contenter. Je me rabattis sur celui des moines qui me parut le plus nerveux. Fanny et Julie s’adjugèrent les deux autres. Le hasard ou plutôt le bonheur du fermier général le mit dans les bras et sur le coussin de la Culrond.

Cet acte, qui était le dernier, fut le plus chaud. Les croix d’or, les rabats, les capuchons, les titres, tout fut confondu. L’on ne vit sur la scène que des culs, que des vits, que des cons multipliés mille fois par la réflexion des miroirs qui tapissaient l’appartement. C’est là du nouveau ; mais aussi c’est là ce qui donne du ressort. Tantôt dessus, tantôt dessous, mâles en cul, femelles en con, et puis encore mâles en con, femelles en cul (car ce détail m’ennuie), il y avait dans ce grotesque cliquetis de quoi rire et de quoi gémir. Tous nos porte-rabats auraient eu besoin de coussin, tant ils avaient de service. Les carmes étaient trop attachés à leur corps pour ne pas soutenir la gageure, et ils furent les seuls fermes en selle. Le fermier général qui, comme ses confrères, ne baise qu’avec la bourse, ne se distingua que par son or ; mais il avait la ressource du coussin, et c’est cela seul qu’il m’importe de raconter. Les autres ne sont bons tout au plus qu’à faire des cas de conscience dont ils se jouent entre nos bras. Enfin, jusqu’ici, ils étaient au mieux ; mais leurs hautes œuvres étaient assez mauvaises pour nous.

Le fermier général, que j’appellerai milord parce qu’il l’était en bons écus sonnants, s’approche de la Culrond, qui venait de lui échoir en partage, et s’avise de lui porter la main sur ses jupes pour la parer.

— Doucement, milord, lui riposte la commère, qui était dessalée. Est-ce en or ? Est-ce en foutre que vous voulez me régaler ? Je veux composer avant que vous osiez me toucher du bout du doigt.

Milord, interdit, lui montre deux bourses ; l’une contenait de l’or ; il croyait l’autre pleine du précieux suc de l’amour.

— Prenez les deux, lui dit-il, elles vous appartiennent.

— Je prends l’or, reprit la rusée, et je vous laisse vos couilles. Ai-je tort ?

— Eh ! mais, princesse, repart-il, il faut épuiser les deux bourses ou renoncer aux deux. Mettez l’or en poche, j’y consens, mais consentez, à votre tour, que je verse l’or liquide dans son creuset.

— Allons donc, reprend la Culrond, qui s’empare de la bourse principale. Êtes-vous aussi pour les culs ?

— Non, parbleu, ton cul est charmant, mais vivent les cons !

— Soit fait, le mien est assez vigoureux ; voyez-le à l’aise, mais gardez-vous de me rater.

Milord se place modestement ; d’une main entr’ouvre le con de la belle et de l’autre place son vit sur le bord. Ce n’était pas tout, il fallait suivre sa route et confondre l’épée avec le fourreau. La tête de son vit mollasse put à peine se cacher dans la toison de sa commère, qui fit la renchérie.

— Que je suis malheureuse ! s’écria-t-elle, les vits abondent ici, j’en sais qui rafraîchiraient dix cons ; le hasard me rend votre victime. Je vous ai souffert ; le plus grand sacrifice est fait, puisque vous jouissez autant de mes appas que si vous étiez le mieux avitaillé de la bande. Qu’y ai-je gagné ? Une inutile douleur et la honte de vous avoir prodigué des charmes que vous ne méritez pas.

Cette bourrade eut un merveilleux effet. Milord convint de ses torts et se retirait humblement, lorsque la Culrond le saisit au poil.

— Parle donc, mon sot, lui dit-elle, as-tu des louis ? comptes-en mille, et je te ferai bander si fort que tu suppléeras à tous les mâles du bal, qui sont de pauvres hommes. Quelle gloire pour toi de foutre tous les cons, d’avoir tous les plaisirs, de confondre tous tes rivaux et de remporter une victoire complète ! Je me repens presque de me contenter de cette faible fortune pour faire la tienne.

— Que dis-tu ? répète, ajoute milord ; tu demandes mille louis, je vais en chercher quinze cents, et je les confie à ta probité ; et tu me promets de te foutre et de foutre encore toutes les belles femelles qui décorent le bal ?

Culrond s’y engage. Les quinze cents louis sont apportés sur-le-champ.

— Je les place entre mes fesses, lui dit-elle, ils seront les témoins de ton premier triomphe.

Et puis elle le fait pirouetter sur le coussin, et du coussin sur un con, et encore du coussin sur un autre con, si bien qu’il réussit à nous foutre toutes de la plus noble manière.

Nos ribauds d’évêques en furent enragés ; mais ils ignoraient notre secret ; et ils en voulaient trop aux culs pour mériter notre confiance ; ce milord seul eut nos bonnes grâces et le pouvoir de visiter toutes nos pièces, que nous abandonnâmes à sa générosité. Nous en reçûmes encore chacune deux louis. Tous ces flandrins d’évêques qui veulent foutre et faire les capables devraient payer aussi généreusement ; ils seraient sûrs de choisir dans leurs diocèses, au moins, leurs culs et leurs cons.

Nos deux prélats n’eurent que la honte d’avoir fait des efforts impuissants, et nous, nous eûmes encore le plaisir de voir la pauvre vicomtesse se consoler faiblement de l’inutilité de son homme à tête mitrée en sondant avec son singe en feu les jolies fesses de sa suivante ; toute sa science se borna à ce prodige.

La nuit suivante nous eûmes un fiacre à ordre pour nous reconduire.

Retraçons à présent ce qui s’est passé chez madame Jolicon, tandis que nous recueillons du plaisir et des louis. Je ne parlerai plus de la vicomtesse dont je ne me soucie pas ; mais je regretterai toujours sa belle femme de chambre dont le con charmant eût mérité d’être consacré aux dieux.


PARAGRAPHE II

Histoire tragique de Foutanges.


Nous rentrâmes vers les quatre heures du matin, très étonnées de ne plus voir Foutanges et d’entendre notre maman qui jurait encore, tant sa colère était vive et bouillante. Nous ne nous amusâmes point d’abord à contempler les charmes de la nouvelle tourière qui nous attendait, et nous perçâmes sur-le-champ jusque chez madame Jolicon pour lui donner des nouvelles de notre singulière nuitée ; elle ne nous donna pas le temps de commencer.

— Soyez les bienvenues, mes enfants, nous dit-elle en nous sautant au cou ; il s’est passé d’étranges scènes ici tandis que vous en donniez sûrement de bien plaisantes chez votre vicomtesse.

— Qu’est-il donc arrivé ? Je m’aperçois bien, dis-je, que Foutanges ne.....

— Arrête ! s’écrie la maman encore furieuse, si jamais tu prononces le nom de cette bougresse, je te foutrai à la porte ; et puis, s’adoucissant, parce qu’elle sentit bien qu’elle m’outrageait, si tu savais, ma chère fille, à quoi cette gueuse de Foutanges nous exposait, tu ne lui pardonnerais de la vie.

— Je le crois, maman ; vous allez sans doute nous dévoiler son crime et le motif de cette violente colère.

— Écoutez, vous autres, continua-t-elle. La pauvre Minette, Bascon et moi, nous avons couru les plus grands dangers ; malgré la sagesse et la rigueur de mon ordonnance, vous n’avez pas oublié les prudentes précautions que le douzième article prend pour guider la tourière, et la terrible punition qui est attachée à sa négligence. Eh bien ! cette foutue coquine a fait entrer, hier, à neuf heures, et sans faire consigner un seul liard, une putain et un polisson qui ont manqué d’empoisonner toute la maison. Cette malheureuse s’est présentée en vierge, et je me promettais déjà le plus grand prix de son pucelage, lorsque, la visitant, j’ai vu un diable de con fait pour recevoir un vit d’éléphant, ou, pour mieux dire, le con et le cul ne faisaient plus qu’une ouverture, qui m’a renvoyé une odeur infecte et fait reculer d’une toise sans oser continuer mon examen. J’ai pris l’unique parti de lui répondre que nous pourrions nous arranger ; mais qu’au préalable j’avais un autre devoir à remplir, c’était d’examiner les pièces de l’embaucheur. Je l’ai fait placer sur le bord du lit, à cul nu, et j’ai vu, j’enrage quand j’y pense, j’ai vu le vit le plus ulcéré, le plus pourri qu’il soit possible de rencontrer. Dans ma fureur, j’ai pris un couteau, j’ai coupé toutes les dépendances de son impudente virilité, et je l’ai fait jeter par la fenêtre qui donne sur le derrière de la maison, qui du dehors paraît murée ; j’en crains encore les suites.

Après cette expédition, je suis revenue à ma putain.

« — Vous êtes une foutue salope, lui ai-je dit ; le cul à terre, sacrebleu, je veux encore voir votre con. »

Je l’ai tondue jusqu’à la racine, ai tamponné son puant trou avec son poil et l’ai plantée à la porte.

J’ignore ce qu’elle est devenue ; mais pour ma gueuse de Foutanges, je l’ai traitée comme mon ordonnance l’en menaçait : Minette l’a rasée. Ce gros lourdaud de Pierrot, qui est ici près et qui a la vérole jusque dans les dents, l’a fourbie trois fois en notre présence, et à l’appât d’un écu de six francs. J’ai fini par la conduire dans la rue en lui donnant vingt coups de pied au cul et toutes les malédictions que me dictait ma fureur.

— Vous avez fait sagement, dîmes-nous toutes ensemble ; si l’on n’était rigoureux sur les articles de notre police, nous ne serions sûres de rien. Tout cela est bien dit, ajoutai-je : mais je ne vois pas encore l’objet que j’espérais. La sublime géométrie me revient quelquefois à la mémoire, et je comptais, après avoir dormi, sur une leçon nouvelle. Notre savant serait-il dégoûté d’avoir été deux fois interrompu ?

— Ma foi, dit la Bascon, j’en serais au désespoir ; j’aime les expériences de ce grand homme ; allons nous coucher en l’attendant.

Nous prîmes ce parti et nous rentrâmes dans nos appartements.


Cul de lampe de fin de paragraphe
Cul de lampe de fin de paragraphe

ARTICLE III

Troisième Leçon de géométrie.


Remarquez, s’il vous plaît, mes chers lecteurs, qu’il faisait un chaud d’enfer, et que, pour se rafraîchir, chacune de nous s’étendit sur son lit à l’italienne, c’est-à-dire sans chemise ; malgré cela, nous étouffions. Je dormis à peu près pendant deux heures, et, me réveillant en sursaut, je vis devant le miroir un corps nu qui faisait l’exercice, et qui, enfin, le corps penché en avant, promenait doucement ses mains sur ses fesses.

— Qu’est cela ? récriai-je ; cache ton cul, vilaine.

— C’était la Culrond qui répétait sa leçon et qui me fit lever. Nous la répétâmes encore ensemble sans bruit, et nous étions en très bon train lorsque madame Jolicon, seulement couverte d’une espèce de corset qui soutenait ses flasques tétons, ouvre la porte, et nous avertit que notre maître demande à entrer.

— Parbleu, maman, dis-je en riant, nous sommes disposées à le recevoir. Nous examinions si mon cul fait un arc de cercle bien parfait. Vous voyez que nous nous instruisons et que nous attendons nos braves.

— Le savant est seul, répond la Jolicon qui l’appelle à l’instant.

Il vole vers nous.

— Vivent vos appas, mes charmantes, s’écrie-t-il, il faut que je les caresse, s’il vous plaît ; cela me donnera du feu pour compléter vos leçons. Que sont donc devenues nos aimables disciples ?

— Voyez-vous ce petit con qui se montre hors du lit ? lui dis-je en lui montrant Julie, qui avait le ventre en l’air.

— Ah ! parbleu, s’écria-t-il, gardez le silence ; je réveillerai celle-ci à coups de piston. Lyndamine, voulez-vous bien la mettre on bon état ?

— Volontiers, monsieur, ajoutai-je ; pour la rareté du fait et pour vous obliger, je serai témoin de vos œuvres.

Notre maître mit en foire ses pays chauds. J’en fais la toilette ; je passe, je repasse les mains sur son mince outil, comme on les frotte sur le dos d’un chat.

— Cela, dis-je, aurait quelque besoin du coussin.

— Non pas, mignonne, répond-il en me serrant les fesses ; il reviendra sous vos doigts.

Je réussis, en effet, à lui procurer une érection glorieuse. Je m’en saisis, et l’approchai du lit, sur le bord duquel la Julie étalait son con. J’eus encore la complaisance d’entr’ouvrir les belles lèvres. La tête du vit était déjà dans son domaine qu’elle ne s’éveillait pas encore. Enfin, le géomètre devint fougueux, donna un si furieux coup de cul que son vit entra de deux pouces de plus. La belle Julie se place alors machinalement dans la posture la plus favorable, et mon savant, sans déconner, la fout de la meilleure grâce du monde. Elle ne fut sérieusement réveillée que par l’effort que le grave fourbisseur fit pour sortir de son fourreau.

— Ah ! quel rêve ! dit alors Julie en bâillant.

— Quoi ! dis-je, viens-tu de rêver ?

— Oh ! je viens de faire l’un des plus charmants rêves : non, le mâle le plus vigoureux ne donne pas tant de plaisir. C’est Cupidon, c’est l’Amour lui-même qui vient de me caresser.

— Vois son sceptre, répondis-je en lui montrant le vit mathématique.

Elle en parut étonnée ; il fallut rire, et nous reprîmes la troisième leçon.

Le géomètre ouvrit la bouche et dit :

— Mes belles dames, j’ai plusieurs fois interrompu les leçons que vous exigez de moi, parce que des arrangements précipités vous appelaient ailleurs. Il faut cependant finir ; j’ai mes occupations à part. J’ai donc pris le parti de faire dessiner par un graveur toutes les parties de nos pays chauds qui sont relatives à la suite de mes leçons. Les figures géométriques sont à côté et désignées par les mêmes lettres ; il n’y a plus à se tromper. Je vais en deux mots vous les expliquer.

Remarquez ce derrière braqué. Je ne dis plus que c’est une portion de cercle ; j’assure encore que c’est une parabole bien décrite dont l’axe traverse le rectum. Nos graves outils en sont le foyer ; vous pourrez prolonger la parabole.

Un peu plus bas, sur la même planche, est une grande fente ouverte, et dont les deux trous que vous connaissez sont les deux foyers ; c’est la véritable ellipse gravée à côté. Je souhaiterais vous montrer une cycloïde, mais il me faudrait pour cela un petit ventre renflé par mon pouvoir, et je ne jouis pas de cet avantage. Il vous sera facile d’y suppléer par la planche.

Passons aux angles, qui sont le résultat de deux lignes, et de là au triangle rectangle, qui est le plus curieux. Un vit qui bande fort fait avec son homme un angle aigu. Les cuisses femelles forment, en s’écartant pour recevoir un conquérant, un angle plus ou moins aigu. Cela dépend de leur vigueur et de leur amour.

Examinez attentivement le triangle rectangle : l’un de ses côtés est d’aplomb, commence à la dernière vertèbre de votre os sacrum, passe verticalement par la gouttière du cul et se termine au bas des fesses. Une autre ligne de niveau va du bas des fesses entre les jambes et se termine au con. Voilà d’abord l’angle droit dont les côtés sont inégaux. Si donc une autre ligne passait par ce précieux trou et pouvait joindre intérieurement cet os sacrum, elle serait l’hypothénuse, et formerait le plus beau, le plus fécond de tous les triangles rectangles.

— Le diable emporte un géomètre, dis-je alors, il me fait souvenir d’une dispute que j’ai quelquefois entendue sur l’hypothénuse, et l’on y calculait des carrés, des… Ma foi, je n’y voyais goutte. Qu’est-ce donc, mon bon monsieur ?

— C’est, dit-il, ma belle enfant, que le carré de l’hypothénuse est égal au carré des deux autres côtés. Ne perdez pas de vue la planche ; c’est sur votre joli cul que je veux en faire la démonstration.

Je m’approche ; il baise voluptueusement mes fesses, plante l’aplomb sur mon dos et me fait passer entre les cuisses un niveau aussi froid que ses mains étaient bouillantes. Les glaces de l’un furent oubliées en faveur du feu des autres.

— Nous y voilà, dit-il. L’aplomb me donne huit pouces de hauteur ; c’est la mesure du plus superbe cul. Le niveau m’en donne six ; ce qui prouve encore quelle est la magnifique saillie de vos augustes fesses. Calculons maintenant. Le carré de huit, c’est soixante-quatre. Le carré de six, c’est trente-six : ajoutons-les, leur somme est cent. Quelle est la racine de ce nombre ? Dix. Remarquez ceci, mes chères disciples. Je conclus que l’hypothénuse racine doit être de dix pouces.

— Et moi, répliquai-je en lui faisant une révérence, je conclus que j’ai de grosses fesses et le cul haut ; mais il me faudrait une racine pour planter et une hypothénuse pour terminer le triangle.

— La voici, dit-il insolemment en montrant son vit.

— Vous foutez-vous de mon con, monsieur le docteur, repris-je. Ce vit sera toujours une pauvre racine ; jamais elle ne prendra. D’ailleurs, votre hypothénuse doit être de dix pouces, et jamais vous n’avez pu en tirer une ligne de cinq pouces. Nous sommes loin de compte, et cela ne me met pas au mieux.

— Ma foi, dit la Culrond, monsieur compte sur mon coussin, et, pour faire plaisir à Lyndamine, je vais l’amener à bien.

Elle place elle-même sur son puissant coussin le cul de mon maître selon l’art ; et, pied de roi en main, j’eus la consolation de le voir bandant de dix bons pouces.

— Vous êtes en règle, m’écriai-je, foutez vite et jouons de l’optimisme.

Son vit était charmant, semblait prendre de la raideur. Je le sentis au fond de la poire, et il eût atteint mon os sacrum, si je n’avais craint des accidents. Cependant, je passai la main droite entre les deux outils, et il s’en fallait encore d’un bon pouce que le vit ne fût enfoncé jusqu’aux couilles. Je fis cette savante observation, et mon docteur en conclut que mon sacrum, l’épaisseur de mon viscère et de ma toison, devant entrer dans sa proportion, son calcul était juste. Je le priai de me rapporter souvent son hypothénuse, qui se renferma dans son béguin pour donner le temps au bourgeois de poursuivre ses leçons.

— Je suis aux solides, continua-t-il. La belle Lyndamine a reçu dans un des cylindres les plus parfaits un prisme quadrangulaire, dont la tête est ellipsoïdale. Jamais prisme ne fut plus géométriquement circonscrit. Les charmants tétons…

Il ne put achever. À mes pieds venait de tomber l’aimable Bascon presque sans connaissance. L’on enlève la chère malade ; on la porte sur un lit, et l’on appelle du secours et des élixirs. La charité de mon maître exerça son zèle jusqu’à la fin. Il étendit lui-même la mourante, dont les jambes se repliaient sur son corps, et ne s’aperçut pas d’abord d’un phénomène qui me fit frémir en silence.

Il était si pressé de la placer le plus commodément pour son état qu’il ne voyait qu’une infirme, sans ouvrir les yeux sur les incidents. L’on sait que cette fille avait au con un poil vigoureux et d’une longueur énorme. Ce curieux poil se détachait sous la main du géomètre sans qu’il y prît garde. Il n’en fut frappé qu’en se retirant les mains couvertes de la toison de la malade, dont la pauvre fente était si dépouillée qu’il n’en restait pas une racine. Il voulut s’approcher pour examiner la cause d’une telle révolution. Il sortit du con une vapeur putride qui le fit reculer de dix pas en hurlant. Nous eûmes enfin le malheur de voir le con s’ouvrir comme celui d’une accouchée, la matrice se tourner comme un gant et former une bourse semblable aux couilles d’un mâle. Son clitoris s’allongea proportionnellement et parut comme un vit sur son repos. L’instant d’après il se gonfla et s’allongea de trois pouces.

Cette métamorphose, dont j’abandonne la solution aux médecins, nous faisait pleurer et rire ; mais bientôt les larmes nous gagnèrent. La malade mourut dans des convulsions effrayantes, et mon maître, confondu, fut si épouvanté qu’il court encore, je crois, car jamais depuis je n’ai eu de ses nouvelles.

L’on se doute bien que le deuil fut dans la maison. En pleurant la belle Bascon, j’eus pourtant l’attention de recueillir son poil pour en faire un coussin à l’instar de celui de la Culrond. Il n’est pas de con vierge, disais-je en faisant mon petit calcul ; il est cependant né autour d’un con, et ce privilège me présage ses vertus. J’en fis un godmiché, dont j’ai fait présent à une religieuse de mes amies, qui m’avait confié ses petits besoins ; elle m’en a cent fois remerciée et assurée que ce nouvel outil semblait être animé, et que, par une force magnétique qu’elle ne pouvait expliquer, toutes les fois qu’elle l’approchait de son pauvre minon souffrant, elle le sentait frétiller sous sa main ; en un mot, qu’elle lui devait une source féconde de plaisirs secrets.

J’invite, d’après cette épreuve, toutes les femelles à long poil d’en former un pareil instrument et d’en gratifier tant de misérables recluses dont leçon brûle et qui n’ont que la triste ressource d’un gros doigt qui ne fait aucun bien, ou d’une bougie qui n’en fait que dans l’instant pour les rendre malades ensuite. C’est alors peut-être que tout sera pour le mieux sur la terre.

Notre deuil dura quinze jours, et nous jeûnâmes rigoureusement pendant ces deux semaines ; tous les chalands furent congédiés.

À la fin du deuil, que madame Jolicon avait elle-même fixé, nous nous attendions à des plaisirs nouveaux et nous ne fûmes pas trompées. Faut-il qu’ils aient été si peu durables et que je suis obligée de…

Parlons de nos amoureux travaux ; je ne dois pas regretter le passé ; tout est encore au mieux pour moi, et je défendrai le délicieux optimisme dont je donne de si charmants traits jusqu’à ce que je sois privée de la lumière.

Continuons notre histoire.


PARAGRAPHE PREMIER

Anecdote anglaise.


Le premier agréable qui se présenta fut un Anglais, qui ne nous donna la préférence que d’après notre réputation. Il avait appris de nos bons amis que nous étions extrêmement propres, que nous donnions des plaisirs sans remords et que nous choisissions scrupuleusement nos chevaucheurs.

Son arrivée fut précédée d’un souper complet, dont la vue nous tira de nos images funèbres. Nous nous remontâmes sur le bon ton, et nous étions lavées, parées, aromatisées, lorsque le milord parut. C’était un jeune sémillant, et qui se croyait un hercule parce qu’il se sentait quelquefois gêné dans ses culottes. Il n’avait pas voulu s’éprouver et voir que cette gêne n’était que momentanée, et que l’instant d’après le laissait dans son impuissance. Mais que fait cette remarque à nos plaisirs ? À son ordre nous fûmes toutes embrassées, chiffonnées. Nous nous mîmes ensuite à table. L’on mangea, l’on but du meilleur et largement.

Le souper dura quatre heures, c’est-à-dire que durant quatre heures notre Anglais nous vit, nous entendit, et fit ensuite son choix, qui tomba sur Fanny et Julie ; car il était modeste et n’osait s’offrir à des combats plus nombreux. Le cher mâle y eut échoué.

Tandis qu’il nous lorgnait toutes, il ne se doutait pas que, de mon côté, je faisais aussi mon petit choix, et que j’eusse été fâchée de goûter de sa pomme. Il avait pour laquais un nègre, grand grivois bien découplé, et qui nous servait avec des grâces qui me tournèrent la tête.

— Parbleu, dis-je tout bas, un milord est assez souvent plus mal outillé qu’un paysan. Il faut que je tâte de ce noir ; cela peut être bon. Après tout, j’en essayerai, c’est ma folie, et vaille que vaille.

Tandis encore que je faisais à part ces curieuses réflexions, milord appela ses deux belles, et nous invita à la première, qui valut un louis à chacune des spectatrices ; nous nous crûmes honnêtement récompensées. Il est en effet certain que messieurs les Anglais sont généreux, et qu’ils payent toujours noblement les plus faibles nuits. Dans les termes de l’art, l’on pourrait en vérité les appeler des nuits blanches.

Le premier tableau que nous présenta milord fut, selon l’usage de la plus fine volupté, celui de la nudité absolue. Un large sofa attendait les victimes. Il se mit entre elles et les pria de le caresser, tandis qu’à droite et à gauche il fit la visite de leurs charmes. Lorsque nous y pensions le moins, il se met en équilibre la tête en bas, et invite Julie à l’embrasser, c’est-à-dire à placer sa tête entre les cuisses anglaises et à les serrer dans ses bras ; ensuite à se coucher un peu vivement et à faire un effort du cul pour relever ses jambes !

Nos jeunes polissons font souvent cette petite manœuvre, qu’ils appellent pet-en-gueule.

Nous ne pûmes nous empêcher de rire de l’activité des deux actrices. Tandis que dura cette scène originale, il est constant que milord eut toujours le nez sur le con de Julie et que celle-ci eut la bouche sur les couilles de son combattant. Ce conflit, qui dura une demi-heure, n’en donna pas plus de ressort à la flèche anglaise. Je plaignis Julie, qui suait de fatigue, et me retirai pour éprouver mon nègre, à qui j’avais fait le mot.

Le compère, qui se doutait que je ne l’avais prévenu que pour lui donner du plaisir, m’attendait avec impatience dans l’appartement que je lui avais désigné. En y entrant, je le trouvai prêt à l’ouvrage ; le matelas préparé, les habits dans un coin, les…

Je fus presque surprise de le voir me sauter au cou, m’enlever sous les fesses, m’étendre sur l’autel, lever mes jupes…

— Es-tu donc pressé, camarade ? lui dis-je.

— Jugez-en, répond-il en me montrant un vit dont la force est très rare.

Mais avant d’y goûter, j’étais curieuse d’en parcourir toutes les dépendances.

— Je vois, repartis-je, que tu es un bon enfant ; il faut donc que je t’assure que je suis une bonne fille. Contemple tous mes appas, puisque tu me présentes tous tes biens ; sers-moi de valet, compère.

Et voilà mon drôle qui se tourne autour de moi, met bas mes cotillons, délasse mon corset, enlève ma chemise, et par intervalles baise mes tétons et les pelotonne, frotte mes fesses, chatouille ma fente, et me donne partout de vigoureux coups de ce superbe outil, qu’il bouillait d’enfoncer.

Je jugeai à propos de l’éprouver encore.

— Qu’as-tu donc au vit ? lui dis-je, ce n’est point là du poil. Approche, que je te visite.

Il remet dans mes brûlantes mains le sceptre de l’amour. Pour m’amuser, je lui donnais de temps en temps, en parcourant sa toison de laine, quelques coups de doigt pour le rabattre. C’était réellement travailler à l’anéantir ou à lui donner un feu nouveau. J’eus la satisfaction de voir une crête qui me parut d’autant plus magnifique qu’elle terminait un prisme plus vigoureux. Je lui permis alors de monter à l’assaut.

L’escalade fut bientôt faite. En un instant, je fus enfoncée. Je reçus vingt coups de glaive, qui m’enchantèrent, et mon nègre sembla se reposer.

— Es-tu las ? m’écriai-je en frappant d’une main sur ses fesses et en le prenant aux couilles de l’autre.

Cette question ranime le noir ; je sens que le dard impérieux se regonfle et s’allonge. Il redoubla ses libations avec tant de force que toute ma chère palatine en fut inondée, et je lui en fis un petit compliment.

— Dis-moi, mon fils, tous les nègres foutent-ils aussi bien que toi ?

— J’ose vous l’attester, répond-il. Dans nos climats, nous avons les couillons chauds, et nous fabriquons sans cesse de la graine pour vos colonies.

— Et vos femelles, repris-je, ont-elles le con assez ferme pour vous soutenir ?

— Eh ! vous n’y êtes guère, repart mon gars. Nos femelles ne soupirent que pour un vit ; elles préfèrent, il est vrai, le vit des blancs, comme nous courons après les cons européens ; mais soit dit, ma belle, sans vous outrager, cette jolie fente que je viens heureusement de sonder ne vaut pas encore nos petits cons africains.

— Petits ! m’écriai-je surprise, badines-tu ?

— Eh ! non, répond-il, il faut cent coups de vit pour les ouvrir, et c’est là ce qui nous enchante ; mais aussi c’est là ce qui démonte quelquefois nos pièces ; et je vous en citerais mille exemples.

— Je ne suis pas curieuse de tes exemples, lui dis-je, mais je le suis fort de voir un de ces cons ; procure-m’en la vue, mon cher, en grâce, et je te payerai sur ce matelas.

— Je m’y engage, riposte le nègre ; milord, mon maître, veut foutre encore pendant la prochaine nuit, et a commandé un second souper ; faites demain la malade, afin de ne pas être de ses élues. À l’heure décente, j’amènerai une négresse de mes amies avec laquelle nous nous amuserons sûrement.

— Viens, que je t’embrasse, m’écriai-je ; en comblant mes vœux, tu mériteras que je me prête à tous tes désirs ; je compte sur ta parole.

Avant de nous séparer, il me remit lui-même dans le même état dont il m’avait dépouillée et me laissa la maîtresse de son magasin. Rien n’échappa, tout me passa par les mains ; mais il fut modeste.

— À demain, dit-il en s’éloignant.

Je me gardai bien de rien dire de mon aventure et du projet de la nuit suivante. Je m’étais retirée de bonne heure, à raison d’infirmité ; et je ne parus réellement le lendemain qu’avec un air ennuyé, une toilette chiffonnée, ce qu’on appelle un déshabillé. Le soir de ce charmant jour, je m’égayai avec la compagnie, qui fut charmée de me voir en meilleure santé. J’affectai pourtant une langueur, qui me permit de quitter la société après m’être bien lestée. Milord s’aperçut à peine que je m’absentais, et mes camarades ne doutèrent pas que j’allais puiser dans les bras de Morphée une vigueur qu’elles me souhaitaient. Ce fut dans les bras d’une ravissante négresse que je la puisai.

Pour la satisfaction de mes lecteurs, il faut bien que je leur fasse part de cette petite anecdote.


PARAGRAPHE II

Anecdote nègre.


Mon fidèle nègre m’attendait dans l’appartement de la veille ; et selon les premières conventions, il s’était mis sous la peau du père Adam. La belle négresse qu’il avait amenée part du fond de la chambre dès que j’en ouvre la porte, et s’avance en me faisant une révérence qui la fit plonger de trois pieds. Je n’eus pas le temps de réfléchir sur la proportion que cette révérence donnait de son corps ; elle fut aussitôt sur ses pieds, et ce mouvement vif m’étonna. Elle voulut s’approcher encore pour m’embrasser ; mais sa haute taille l’obligea de se coucher pour me frotter le minois ; et, en se relevant, elle plongea ma face sur deux tétons les plus beaux, les plus saillants, les plus fermes que Pigalle puisse imiter.

Les femmes sont ordinairement trop jalouses pour admirer les tétons de leurs rivales ; mais je fus étourdie de ceux de ma négresse, et je défie nos plus difficiles petites-maîtresses, celles mêmes qui se flattent d’avoir les fesses les plus belles, de me montrer une gouttière plus noble, plus régulière, plus profonde, que celle qui séparait ces deux monts enchanteurs.

Je me plongeai sur cette aimable gorge avec la fureur d’un mâle, et j’y étais si solidement clouée que je ne m’aperçus pas que, pendant mon extase, elle me déchargeait des voiles qui lui cachaient ce qu’elle prétendait adorer. En un mot, lorsque je m’en séparai, je n’avais plus sur le corps que ma chemise. Je lui dis que je l’ôterais moi-même et lui fis signe de se déshabiller à quatre pas de là.

Dieux ! je ne peindrai jamais les sensations dont je fus saisie lorsqu’elle s’éloigna. Il me sembla qu’elle avait une bosse sur chacune de ses fesses, qui les renflait extraordinairement et qui me fit augurer que rien ne devait être plus auguste que ce gros cul… Je ne me trompais pas. La coquine feignit d’avoir de la pudeur et se retira par derrière pour ôter sa chemise. Je la laissai faire. Dans presque le même instant, je me sentis une main entre les cuisses. Je voulais me retirer, et la commère me sauta par-dessus la tête, et me montra ensuite ce cul si mignon dont j’étais engouée.

Il était trop bien tendu, trop près de mes yeux, pour me ravir de ses grâces. Je me disposais à les parcourir et à mesurer la parabole, lorsque j’aperçus plus bas ce sacré portique que j’avais tant désiré de voir et dont à peine les premiers bords paraissaient.

— Ne te dérange pas, lui dis-je.

Je voulus me repaître de ce point de vue. J’en mesurai la hauteur, le contour ; en un mot, je fis la docteur ; mais je fus bientôt en défaut ; il m’aurait fallu une hypothénuse, que je n’avais pas et que j’enrageais de calculer dans cet instant.

— Relève-toi donc, ajoutai-je en colère. Que fais-tu de cette bouche charmante ?

— Tout ce que vous voudrez, répond-elle, pourvu que vous puissez la bonder.

— Elle est si petite, dit-on. Faut-il une si forte cheville pour…

Je m’en saisis et la toisai. Réellement, je n’ai jamais rien vu de si étroit, quoique je me connaisse en outils. J’en approchai l’un de mes doigts, qui ne put y pénétrer et me rabattis sur la toison, dont la laine était fine, d’un beau lustre et plus appétissante sans doute que ces épais buissons de l’Europe, puisque nos mâles la préfèrent à nos plus charmantes palatines.


PARAGRAPHE III

Anecdote philosophique.


Mon nègre, témoin de ces élégantes scènes, bouillait dans son jus, et me demandait souvent si nous finirions bientôt notre inventaire. La négresse, enfin, lui répondit que cela ne le regardait pas, et qu’elle ne finirait de me caresser que lorsque je lui ordonnerais de cesser ma visite.

— Quoi donc, dis-je, est-ce que l’engin de ce grivois ne te tente pas ? Il en vaut pourtant la peine, ce me semble.

— Cela ! s’écrie-t-elle, je suis lasse d’en voir, et il me faudrait un triple appétit pour être tentée d’en tâter.

— Lasse d’en voir ! ripostai-je, comment cela ?

— Comment ? en manque-t-on dans mon pays ?

— Non pas, mais on ne les voit pas pour cela, et lorsque l’on a le plaisir de les voir, ils raniment le bon goût.

— Et voilà précisément, mademoiselle, pourquoi dans votre Europe les femmes courent autant les mâles que les mâles désirent les femmes.

Il est dans l’expérience que l’on ne souhaite pas de voir ce que l’on voit sans cesse. Tous les sens s’habituent aux objets qui leur sont soumis lorsque l’imagination ne se met pas en frais pour les exalter. Dans vos climats, les deux sexes cachés annoncent assez leur différence par la diversité de leurs vêtements ; mais cela ne sert qu’à porter le feu dans les sexes. L’on désire toujours d’admirer ce qu’il est défendu de contempler. En Afrique, au contraire, tout est à l’air : l’on se voit indifféremment. La femelle ne pense pas au mâle qu’elle a sous la main ; le mâle à côté de la plus charmante femme est souvent nul. Le seul besoin les rapproche et les réunit. Mais ce besoin, qui revient souvent, a de très bons effets. Nous faisons pour vous des enfants, et vous très inutilement vous vous accouplez, parce que vous souhaiteriez vous accoupler à chaque quart d’heure, et qu’une femme reçoit quelquefois dix hommes dans la journée. Oh ! si la plus vigoureuse négresse en reçoit plusieurs, il faut qu’elle ait grand faim ; et d’avance l’enfant est fait, et le premier mâle a fermé la porte. Les autres ont du plaisir, en donnent à la femelle, mais ne peuvent troubler l’ordre de la nature.

— Tu crois donc que ton nègre ne s’unirait pas à toi sans besoin ?

— Il va vous le prouver, répondit-elle.

Elle l’appelle.

— Pour quel con bandes-tu ? Parle et sois sincère. Je t’offre le mien que tu connais. Est-ce dans ce sanctuaire que tu te plais à célébrer l’amour ?

Le nègre avoua qu’un con noir avait d’autant moins d’attraits pour lui que, depuis son enfance, il en avait vu des milliers, et qu’il ne soupirait que pour le mien, dont la vue ravissait tous ses sens.

Je suis convaincue que tous leurs principes sont dans la nature ; mais je me garderai bien de les prêcher. Je suis trop intéressée aux voluptueux désirs d’un Européen pour ne pas soutenir opiniâtrement qu’il est essentiel que les sexes voilent leurs appas réciproques. Le tailleur qui inventa les culottes pour soutenir le poids de la virilité et les jupes pour gazer les charmes de notre sexe mérite des éloges. Je regrette le nom de cet homme si précieux à nos plaisirs. Je le transmettrais à la postérité.

Finissons cette digression. J’ajoute que ma négresse daigna me prodiguer autant de caresses que je lui en donnai et partager avec moi le plaisir de Cythère, que le vigoureux noir ne nous épargna point.

Nous nous séparâmes d’assez bonne heure pour que l’on ne pût me soupçonner de m’être ravie à la volupté du milord et aux vœux de mes camarades, que j’aimais de tout mon cœur. Elles étaient si persuadées de ma prétendue maladie, qu’elles rentrèrent dans notre appartement sans bruit, dans la crainte de me réveiller. Le lendemain matin, elles vinrent à mon lit, me demandèrent des nouvelles de ma santé, et furent consolées d’apprendre que j’étais mieux.

Je ne leur ai jamais fait la confidence de ce singulier trait de mon histoire, dont je me fais un devoir de régaler mes lecteurs.


ARTICLE IV

Chapitre pour recevoir une tourière.


Huit jours après cette auguste scène, maman tint chapitre.

— Mes enfants, dit-elle, la foule de mes occupations ne m’a pas encore permis de vous présenter la Baisecul, ma nouvelle tourière. Il est vrai que je l’ai surveillée, et qu’elle m’a paru réglée ; mais il est juste que vous en jugiez vous-mêmes. Votre bien-être et la majesté de mes ordonnances prescrivent cet examen.

L’on vit entrer la Baisecul. C’était une pauvre petite fille que la faim nous avait amenée et qui savait à peine discerner son sexe : lorsqu’elle fut reçue, à son abord, je présumai de son innocence

— Baisecul, lui dis-je, milord t’a-t-il bien foutue ?

— Que voulez-vous dire, mademoiselle ? me répond l’Agnès.

La maman poursuit qu’il faut qu’elle se déshabille, et que, devant des femmes, elle ne doit pas en rougir. La petite obéit en tremblant et nous montre des charmes que nous avions autrefois et que le travail avait un peu ridés.

— Approche, mignonne, lui dis-je encore.

Je la pris aux fesses, la fis asseoir sur mes genoux et présentai son joli portrait à l’assemblée ; j’y porte ensuite la main :

— Il est bien nu, mon enfant, ne te l’a-t-on pas dit ?

— Eh ! mais, l’on m’a bien dit que je devais avoir des cheveux là.

— Tu l’as donc montré ? reprit Fanny.

— Mademoiselle, répond la Baisecul, l’on m’a dit que c’était l’usage en entrant chez vous ; il fallait bien le suivre.

— Fort bien, dit Julie, mais ceux à qui tu l’as montré, que t’ont-ils fait voir.

— Oh ! mon Dieu, répondit l’enfant, un morceau de chair aussi gros et presque aussi long que mon bras ; et ils ont voulu me l’enfoncer dans le ventre, en me disant que ce trou que j’ai au bas est fait exprès pour cela, et que c’est dommage de ce qu’il est encore sans cheveux.

— Dis donc sans poil, ripostai-je.

— Vous avez raison, mademoiselle, c’est de poil qu’ils ont parlé ; ils ont bien voulu faire ce qu’ils disaient, mais cela me faisait tant de mal, je criais si fort, qu’ils se sont lassés.

— Tu mens, coquine, milord en est venu à bout.

— Oui, a-t-elle innocemment avoué, je voulais vous le conter.

Il m’a d’abord fait chatouiller tout ce qu’il a entre les fesses, et pendant ce temps-là il ouvrait ma petite fente ; ensuite il a essayé d’y mettre sa cheville, et ce n’est qu’après bien des secousses qu’il a réussi.

— Cela t’a-t’il amusée ? dit la maman.

— Non pas d’abord, répondit-elle, car j’étais tout en sang ; mais après, cela m’a tant fait rire que je n’ai pas eu la force de l’arrêter. Il s’est tant enfoncé que son ventre était collé sur le mien.

— Eh ! dis-moi, ai-je repris, ne te l’a-t-il fait qu’une fois ?

— Pardonnez-moi, répond l’innocente, deux fois ; mais fi ! cela ne valait pas la première.

— C’est assez, dit alors la maman ; approche, Baisecul, de ces demoiselles afin qu’elles te visitent.

Nous fûmes très contentes de voir d’assez gros tétons, qu’un bouton de rose commençait à surmonter ; ses fesses se rejetaient déjà assez en arrière pour nous faire prédire que la place serait vigoureuse. La rondeur et la fermeté de ses cuisses, le faible duvet qui déjà ombrageait de belles lèvres, le superbe œillet qu’elle n’avait pas encore prodigué, tout cela nous engagea à la recevoir.

On lui lut l’ordonnance en plein chapitre ; on l’instruisit de ses devoirs et de ses droits, et la cérémonie fut terminée, selon la rubrique, par un petit hommage au cul des demoiselles, qu’elle embrassa modestement. Elle fut ainsi renvoyée à son poste.

Plusieurs semaines se passèrent si solitairement que nous demandâmes à la maman si nous étions au régime. Elle répondit gravement qu’elle ne nous permettait que la petite oie, et tout au plus les caresses d’un vieux conseiller, dont le glaive avait tant changé de fourreaux qu’il était rouillé pour l’éternité.

— Sous peu de jours, ajouta-t-elle, je vous communiquerai mes intentions, que je réserve encore in petto.

Il fallut bien s’en tenir à la sentence et se contenter des pitoyables pièces dont le grave magistrat nous entretint. Notre homme vint régulièrement pendant quatre jours sans réussir à s’épuiser, parce qu’il ne pouvait plus s’épuiser. Ses fréquents tâtonnements sur nos pays chauds, nos vifs chatouillements pour réchauffer son lâche priape, le sacré coussin de la Culrond, tout fut employé. Hélas ! nous réussîmes à peine à obtenir une minute de bandage, que Minette fit passer entre ses fesses.


Cul de lampe de fin de paragraphe
Cul de lampe de fin de paragraphe

ARTICLE V

Scène célèbre et séparation des filles.


Arrive enfin le jour désiré. Dès les dix heures du matin, madame entre dans l’appartement commun avec une gaieté nouvelle.

— Vivent les cons, mes enfants, s’écrie-t-elle. Cette nuit on célébrera leur fête, et il vous est enjoint de les parer de manière à leur faire honneur. Les plus grands seigneurs du canton, enchantés de votre gloire et de vos grâces, m’ont fait dire qu’ils se disposaient à vous combler de leurs caresses, qu’ils comptent payer abondamment. Il est à propos de soutenir la haute réputation dont ils nous honorent. Vous aurez soin, non seulement de vous laver, de vous peigner, de vous aromatiser largement ; il faut encore, s’il est possible, donner de la surprise à ces hommes qui ont tant vu et tant foutu de cons.

Elle ordonna, en conséquence, que chacune de nous frisât sa palatine et ornât son bijou de rubans de diverses couleurs. C’était à notre industrie qu’elle recommandait ce précieux préliminaire.

Cette idée d’abord nous parut grotesque ; nous la saisîmes cependant si bien, nous ajoutâmes tant de grâces aux charmes de la nature, que la maman fut elle-même extasiée lorsqu’elle vit l’effet de notre art.

Nous le portâmes surtout à sa perfection sur ses agrès. Sa pauvre fente avait du service et pouvait être dédaignée. Je me chargeai d’en faire la toilette. Je n’eus de peine qu’à cause de la rareté de sa toison, tant de fois foulée ; mais je la tournai de tant de façons que je réussis à lui former un con de poil élevé de deux pouces au-dessus du con naturel. Je l’entourai de mille boucles en faveurs et des couleurs les plus variées. J’eus encore le soin d’assujettir sous ces boucles des touffes d’un crin fort élastique pour repousser en avant le petit dieu qui voudrait trop pénétrer. Sans cela maman aurait eu trop peu de ressort, et nous n’y aurions pas gagné.

Enfin, nous n’avions jamais joué un si beau rôle, et tous les acteurs s’écrièrent, pendant l’accouplement, que tout était au mieux pour les mortels qui jouissaient de nos appas.

Ce cri charmant ne fut pas durable. Minette fut si cruellement fourbie qu’elle périt sous les traits de l’amour. Fanny et Julie se laissèrent gagner par deux seigneurs, qui les ravirent. Maman fut si outragée, en dépit de sa brillante chapelle, qu’elle se tondit elle-même et jura de faire la dévote. La Culrond prit son parti de son côté. Je fus forcée de prendre le mien ; mais de quel côté me tourner ? C’était là le point embarrassant.

J’avais heureusement une centaine de louis devant moi. Je pris le parti de chercher fortune, et, à tout hasard, de courir le monde jusqu’à ce que le bonheur m’arrêtât.


FIN DE LA PREMIÈRE PARTIE