L’Heptaméron des nouvelles/Tome IV/13

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TOME PREMIER

PROLOGUE GÉNÉRAL

Page 235, ligne 9. — Il est bon de rappeler le mot de Jan Martin dans sa Déclaration des noms propres & des mots contenus en Vitruve : « Baings sont propres à laver le corps des personnes. Il en est en plusieurs lieux qui sont naturellement tièdes, mais les particularitez seroient trop longues à réciter » ; ce seroit singulièrement vrai si l’on voulait citer tout ce qui se rapporte à Cauterets. Il suffira de Rabelais, II, xxxiii : « Son urine (de Pantagruel) estoit si chaulde que depuis ce temps là elle n’est pas encore refroidie, & en avez en France en divers lieux, à Coderetz, à Limous, & Dast, à Balleruc, à Bourbonne & ailleurs. » Ce qui intéresse plus ici, ce sont les dates des visites de Marguerite à Cauterets. Dans la CXIe des Nouvelles Lettres de Marguerite (1842, p. 189), elle écrit à François Ier, en 1541 :

« Monseigneur, encores que l’air très chault de ce pays (Mont-de-Marsan) devoit aider au Roy de Navarre, il ne laisse de se repentir bien fort de la cheute qu’il prist, &, par le conseil des Médecins, à ce moys de may s’en va mettre aux Baings de Cotteretz, où il se fait tous les jours des choses merveilleuses. Je me deslibère, après m’estre reposé ce caresme, d’aller avecques luy pour le garder s’ennuyer & faire pour luy ses affaires ; car, tant que l’on est aux baings, il faut vivre comme un enfant, sans nul soucy. »

Dans une lettre du mois d’avril 1541, adressée à Guillaume de Clèves, & consacrée à remettre & à éloigner le mariage du Duc avec sa fille : « Quant à ma personne, il m’est tombé ung caterre sur la moytié du cou, qui me contraint demeurer au lict, mè j’espère, par l’ayde du grand Médecin, que j’en eschaperé, combien que jusques icy n’y vois guères d’amendement… Au mieux que les Médecins me prommettent, c’est que, après avoir pris les baingz naturelz, ils espèrent que je guériray vers la fin de may, prévoyée que j’ay parachevé toutes leurs ordonnances. » A. de Ruble, le Mariage de Jeanne d’Albret, 1877, p. 86, & pièces justificatives, 28990. — M.

Page 235, ligne 10. — Édit. de 1558 : « Tant de France, Espagne, que d’autres lieux ». Le manuscrit de Thou donne aussi cette phrase. — L.

Page 235, ligne 16. — Ms. 757622 : « De raconter. » — L.

Page 236, ligne 12. — Ms. 757622 : Le manuscrit que nous suivons portait : « Therbes ». — L.

Page 236, ligne 14. — Ms. 757622. Le manuscrit que nous suivons portait : « Le Gave Viarnois ».

Les Basques appellent Gave les cours d’eau qui se transforment en torrents. Le Gave Béarnois, ainsi nommé parce qu’il passe dans les terres de l’ancienne cité de Béarn, se mêle à Sorde avec l’Adour ; l’un & l’autre se perdent dans la mer à Bayonne. Voy. Coulon, les Rivières de France, &c. Paris, 1644, 2 vol.  in-8o ; t. Ier, p. 566. — L.

Pages 236, 240, 247. — Le gave est en soi un nom aussi commun que celui de torrent, mais trois ont une importance plus grande & se fondent en un seul : le gave de Mauléon ou Loison, qui se jette dans le gave d’Oleron ; le gave d’Oleron, formé des deux gaves d’Oleron & d’Aspe, qui se jette dans le gave de Pau ; celui-ci, qui se jette dans l’Adour & qui n’est flottable qu’à partir de Pau, est naturellement le Gave Béarnois de l’Heptameron. — M.

Page 236, ligne 30. — Ms. de Thou : « D’ond par la mer les uns tirèrent à Marseille. » — L.

Page 236, ligne 33. — Dans le manusc. de Lam. 75763, ce nom est toujours écrit : « Osile ». — L. — Voir plus haut les conjectures sur les noms des personnages, p. 195. — M.

Page 237, ligne 1. — Nostre-Dame de Serrance, ou mieux Sarrances. « Sancta Maria de Sarrancia, en Béarn, Diocèse de Lescar, Parlement de Pau, Intendance de Bayonne, Sénéchaussée & Recette de Morlaas. C’étoit autrefois une abbaye d’hommes de l’Ordre de Prémontré, sous l’invocation de sainte Marie, &c. » (Expilly, Dictionnaire géographique, &c., t. VI, p. 636.) — « Sarrance (Basses Pyrénées, Béarn), village sur le gave d’Aspe. Le 15 août & le 8 septembre, l’église paroissiale est l’objet d’un pèlerinage renommé dans le pays. » (Nouveau Dictionnaire complet, géograpbique, &c., de la France, par Briand de Verzé, 3e édition, refondue, &c., par Warin-Thierry. Paris, 1839, 2 vol. in-8o.) – L.

— La Notre-Dame de septembre est la fête de la Nativité de la Vierge, fixée au 8 de ce mois. Dans la vallée de Montmorency, pour la Notre-Dame de septembre, on disait, & tous les vieux le disent encore, à propos de la foire de Pontoise qui continue à se tenir le 8 septembre, la stamme. C’est une forme populaire ancienne qu’il est peut-être bon de relever, parce que, l’ayant entendu dire, je de la connais imprimée nulle part. — M.

Page 237, lignes 1-8. — Toutes les éditions, même celle de 1558, suppriment cette phrase depuis ces mots : Non qu’elle fust si supersticieuse, &c., bien que cette phrase soit dans tous les manuscrits. — L.

Page 237, ligne 27. — Ms. 75762. Le manusc. que nous suivons portait : « bandelier ». — L.

Page 237, ligne 32. — C’estoient mauvays garçons. Ce nom fut donné, sous le règne de François Ier, à une bande de voleurs masqués qui désolait Paris, même pendant le jour. Des écoliers, des laquais, des apprentis chassés par leurs maîtres, en faisaient partie. Le Parlement rendit contre eux un arrêt, dont voici le début:« La Chambre, ordonnée par le Roy durant le temps des vaccations, a ordonné & ordonne, pour obvier aux destroussemens & maléfices que l’on commect de nuyt & de jour en ceste ville de Paris, faulxbourgs & environs d’icelle, que deffenses seront faictes à toutes gens, de quelque qualité ou estat qu’ilz soyent, demourans en ceste dicte ville de Paris & faulxbourgs d’icelle, de ne porter dedans la dicte ville & faulxbourgs aucunes espées, poignardz, mandoucines ou autres harooys invasifs, s’ilz ne sont Officiers de Justice ausquelz appartienne de ce faire pour l’exécution d’icelle, & de ne jouer ès tavernes, cabaretz, jeux de paulme, de bille ou autres lieux de ceste ville de Paris, faulxbourgs & environs d’icelle, aux dez & cartes, & ce sur peine de la hart; & qu’il sera enjoinct, sur la dicte peine, à tous les gens de métiers mecquaniques & artizans, demonrans en ceste dicte ville & faulxbourgs d’icelle, & à leurs serviteurs locatifs ou demourans en leurs maisons, eulx retirer incontinent qu’il eucommencera d’annuicter. » (Ordonnance faicte par la Court sur l’estat & police de la ville de Paris, &c., &c., l’an mil cinq cens xxxv, &c.) in-8o goth. — L.

Page 238, ligne 31. — Ms. 75762 : Qui leur estoit requeste fort aisée à faire. » — L.

Page 239, lignes 3-4. Ms. de Lam. 75763. Le manusc. que nous suivons portait : « Le nom des deux Gentilz hommes ». — L.

Page 239, ligne 9. — Abbaye de Saint-Savin. Saint-Savin de Tarbes, à huit lieues de Barèges, fondée, dit-on, par Charlemagne, « in valle Levitana (vulgo Lavedan) ad clivum Pyrenæi montis, solo tamen pingui & peramœno, sita est, non longe a Gavo fluvio. » Voy. Gallia Christiana, t. Ier, col. 1246. L’Abbé dont parle en termes assez peu flatteurs la Reine de Navarre doit être Raymond de Fontaine, qui eut la jouissance de Saint-Savin depuis 1534 jusqu’en 1540, sous les Abbés commendataires Antoine de Rochefort & Nicolas Dangu, Évêque de Séez, Chancelier du Roi de Navarre. — L.

— Ce n’est pas de lui que parle en termes assez peu flatteurs Marguerite, mais de l’abbé voisin de N. D. de Serrance, « assez mauvais homme…, vray hypocrite » & fort avare. (Cf. p. 242-3.)

Page 239, lignes 3-4. — Ms. de Thou : « Et quand il eut entendu la vérité ». — L.

Page 239, ligne 19. — « Peyrehitte ». Il s’agit évidemment de Pierrefitte (Hautes-Pyrénées), qui est sur la route montant d’Argelès à Cauterets & qui est divisé en deux parties, Pierrefitte, sur la rive gauche du Gave de Cauterets, & Nestalas, sur la rive droite (Joanne, Guide des Pyrénées, p. 297). Le nom de Pierrefitte se retrouve encore ailleurs dans les Hautes-Pyrénées. Il y a un col de ce nom sur le Montné, sur la route de Bagnères-de-Bigorre à Bagnères-de-Luchon (p. 400), & un autre col de la Pierre-Saint-Martin, ou de Pierrefitte, dans l’immense barrière appelée par les Espagnols Piedra-fitta, dont les cols mènent en Espagne, à Sallent & à Panticosa (Ibidem, p. 227, & Russell-Killough, Exploration du pic Balaitous ; Bulletin de la Société Ramond, juillet 1870, p. 106). Marguerite parle certainement du bourg plus voisin de Cauterets & qui est du côté de la France, mais la fréquence du nom ajoute à la preuve que la leçon « Peyrehitte » ne doit pas être conservée. — M.

Page 240, lignes 16-7. — Ms. 75762 : « Que c’estoit aux bestes, non aux hommes ; que aus hommes il y a quelque miséricorde, & aus bestes non. Car les povres dames à demie lieue deçà Peyrehitte ». — Ms. de Thou : « D’autant qu’aus hommes y a quelque miséricorde, & aus bestes non. » — L.

Page 240, lignes 26-7. — Éd. de 1558 : « Nomerfide & Emarsuitte ». — L.

Page 240, ligne 11. — Éd. de 1558 : « Nommé Guebron ». — L.

Page 240, ligne 301. — Ms. 75762. La phrase est restée incomplète dans le manusc. dont nous suivons le texte. — L. — « En luy demandant » est au sens de : « comme on lui demandoit » . — M.

Page 241, lignes 5-6. — Ms. de Lam. 75763 : « Se confiant en la force & bonté de son cheval ». — L.

Page 241, ligne 11. — Ms. 75762 : « Tourna son cheval delà où il estoit venu ». — L.

Page 241, ligne 20. — Ms. 75762 : « Devant soi ». — L.

Page 241, ligne 19-20 : « Et non moins triste de ses gens qu’i avoit veu perdre devant luy. Dans le Roman de Jean de Paris, il est arrivé au delà de Bayonne avec le Roi d’Angleterre : « Quand ils furent arrivés auprès de la rivière, le Roy d’Angleterre & ses gens, qui estoient devant, se mirent de passer la rivière à gué, où il y en eut de trois à quatre vingz de noyez, qui estoient mal montez, dont ledict Roy fut moult desplaisant. Jehan de Paris, qui venoit après tout bellement, qui ne s’esmayoit guères de celle rivière pour ce que luy & sa compaignie estoient bien montez, arrivèrent à la rivière & commancèrent à passer, les ungs après les autres en telle façon & manière que tous passèrent par la volunté & grâce de Dieu, sans nul péril ne danger, car la rivière estoit devenue grosse & avoit abattu le pont qui y estoit, par quoy il y avoit grant danger ; mais Dieu à celle fois garda Jehan de Paris & ses gens d’estre noyez. Le Roy d’Angleterre estoit sus le bord de la rivière, lamentant & plourant ses gens qu’il avoit perdus… » Le Romant de Jehan de Paris, Paris, Ernest Picard, 1866, in-18, p. 53. — M.

Page 242, ligne 2. — « Qu’elle l’avoit » ; Ms. 75762 : « Qu’elle le tenoit pour ». — L.

Page 242, ligne 9. — « Les fournit de vin & force vivres ». Ms. 75762 : « Des meilleurs chevaus qui fussent en Lavedan, de bonnes cappes de Béar ». — « Béar, comme on prononçait alors ; les capes de Béarn, dont la réputation était proverbiale, devaient leur nom à une espèce de cagoule ou de capuchon qui les accompagnoit ». Paul Lacroix, éd. de 1858, p. 10.

Page 242, lignes 14-5. — « Pour la craincte du Seigneur de Béarn. » Les rois de Navarre étoient Seigneurs de Béarn depuis deux siècles, mais cette Seigneurie, distincte de la Navarre, conservoit ses vieilles coutumes & avoit son gouvernement spécial. Le Seigneur de Béarn, à l’époque où ces Nouvelles furent composées, devait donc être le Roi Henri d’Albret, second mari de Marguerite d’Angoulême. — Paul Lacroix, éd. de 1858, p. 10.

Page 242, ligne 16. — Cette phrase : « qui estoit vray hypocrite », ne se trouve pas dans l’édit. de 1558, ni dans les éditions suivantes. — L.

Page 243, ligne 2. — Ms. 75762. & Ms. de Thou. Le manusc. dont nous suivons le texte portait : « Ne veulent passer par le geye ». — L. — Geye est probablement là au sens de gué. — M.

Page 243, lignes 3-4. — Ms. de Thou : « Afin que le nombre des pèlerins & présens augmentast. » — Les édit. de 1558, 1559 & suivantes portent : « Afin que le nombre des pèlerins & paysans augmentast » . — L.

Page 243, ligne 20.-Ms. 75762 : « De devenir malades ». — L.

Page 243, ligne 23. — Ms. 75762 : « S’ilz regardent leur perte » ; Ms. de Thou : « S’il regarde sa perte, qui n’ait occasion ». — L.

Page 244, lignes 7-10.— « Et si vous me demandez quelle recette me tient si joyeuse & si saine sur ma vieillesse, c’est qu’incontinent que je suis levée, je prends la Saincte Escripture & la lis ».

Dans l’Histoire de Foix, Béarn & Navarre, &c., par Pierre Olhagaray, Paris, 1609, in-4o, p. 502, à propos de la protection que le Roi Henri de Navarre accordait aux savants persécutés pour cause de religion, pensionnés par Marguerite, sa femme, on lit : « Ceste sçavante Reyne, la première du monde, cest outil si parfait qui retira le Roy François, son frère, de la prison, tousjours attentive à la lecture, notamment à celle de l’Escriture Sainte ; ce que nostre Elias, en son recueil, tesmoigne avoir marqué d’elle estant en ville d’Appamyers, où il receut ceste grave exhortation de ceste brave & sage Princesse : qu’il ne laissast aucun jour sans avoir attentivement vaqué à la lecture de quelques pages de ce livre sacré qui, arrousant nos ames de la liqueur céleste, nous sert, disoit-elle, de fidelles preservatifs contre toutes sortes de maux & tentations diaboliques. »

On peut voir encore à ce sujet l’Oraison funèbre de la Reine de Navarre, composée par Sainte-Marthe, Paris, Chauldière, 1550, in-4, p. 60. — L. — Et, dans le premier volume de cette édition, p. 44, 77. — M.

Page 244, lignes 20-1. — Ms. de Thou. Le manusc. que nous suivons portait : « Et ce commencement là que j’en ay ». — L.

Page 244, ligne 28. — Ms.. 75763 : « Pardon à Dieu ». — L.

Page 245, ligne 13 : Qu’il nous fault. Nous dirions qu’il ne nous faille, mais on peut comprendre qu’il nous manque, quoique, une ligne plus loin, fault soit pris dans le sens moderne. — M.

Page 246, lignes 28-9. — Voici l’ouvrage dont Marguerite veut parler :

« Le Decameron de Messire Jehan Bocace, Florentin, nouvellement traduict d’italien en françoys par maistre Anthoine Le Maçon, Conseiller du Roy & Trésorier de l’extraordinaire de ses guerres » ; Paris, 1545, in-fol. ; idem, 1548, 1551, 1553, in-8o.

L’ouvrage est dédié « à très haulte & très illustre Princesse Marguerite de France, seur unique du Roy, Royne de Navarre, Duchesse d’Alençon & de Berry — L. — & voici quelques extraits de sa dédicace, dans laquelle l’auteur s’intitule Conseiller du Roi, Receveur général de ses finances en Bourgogne, Trésorier de l’Extraordinaire de ses guerres & très humble Secrétaire de cette Reine :

« Il vous souvient, ma Dame, du temps que vous feistes séjour de quatre à cinq mois à Paris, durant lequel vous me conmmandastes, mc voyant venu nouvellement de Florence, où j’avoye séjourné ung an entier, vous faire lecture d’aucunes Nouvelles du Décaméron de Bocace, après laquelle il vous pleut me commander de traduire tout le livre en nostre langue Françoyse, m’asseurant qu’il seroit trouvé beau & plaisant. Je vous feiz lors responce que je sentois mes forces trop foibles pour entreprendre une telle œuvre… Ma principalle & plus raisonnable excuse estoit la congnoissance que j’avoye de moy mesmes, qui suis natif du pays de Daulphiné, où le langaige maternel est trop esloigné du bon Françoys… Toutesfoys, il ne vous pleut recevoir aucune de mes excuses, & me remontrastes qu’il nc faloit point que les Toscans fussent en telle erreur de croire que leur Bocace ne peust estre représenté en nostre langue aussi bien qu’il est en la leur, estant la nostre devenue si riche & si copieuse, depuis l’advênement à la couronne du Roy vostre frère, qu’on n’a jamais escript aucune chose en aultre langue qu’on ne puisse dire en cestuy, demourant votre voulonté arrestée que je le traduisisse quand j’en auroye le loisir. Quoy voyant & desirant toute ma vie faire plus si je pouvoye que le possible pour vous obéir, je commençay de là à quelque temps à traduire une desdites Nouvelles, puis deux, puis trois, & finallement jusques au nombre de dix ou douze, des plus belles que je sçeu choisir, lesquelles je laissay veoir après tant à ceulx de la nation Tuscane que de la nostre, qui tous me feirent accroire qu’elles estoient sinon bien, au moins très fidèlement traduictes. Par quoy me laissant ainsi doulcement tromper, si tromperie il y a, je me suis depuis mis à le commencer par ung bout & à le finir par l’autre… »

Cette préface dédicatoire est suivie d’une autre épître en italien d’Emilio Ferretti, datée de Lyon, du 1er mai 1545, & d’un avertissement aux lecteurs par le libraire Étienne Roffet. Le privilège du Roi pour Roffet, dit le Faulcheur, libraire, demeurant sur le pont Saint-Michel à l’enseigne de la Rose blanche, est daté de Saint-Germain en Laye, le 2 novembre 1544. Le Prologue de Marguerite, par lequel elle a dû commencer, puisque la manière dont elle en est restée à la 72e Nouvelle semble indiquer qu’elle n’écrivait pas d’avance, mais à mesure, n’a donc pu être écrit qu’en 1545 au plus tôt. — M. Page 247, ligue 2. — Et à l’heure j’oys. Ms. : j’oye. L’édition de M. Franck donne à leur joye. — M.

Page 247, lignes 31-2. — Ms. 75762 : Le manusc. que nous suivons portait : « Estant asseurée que si quelcun trouve quelque chose plus plaisant que ce que je deys… » — L.

Page 248, lignes 30-1. — Le Dauphin ne peut être que le second fils de François Ier, depuis Henri II, devenu Dauphin par la mort de François son frère aîné, arrivée le 10 août 1536, & cela pour deux raisons : l’une par la date de la traduction de Boccace par Le Maçon, l’autre parce qu’il n’y a pas eu sous François Ier d’autre Dauphine que Catherine de Médicis. Madame Marguerite est la reine de Navarre elle-même, & c’était le nom qu’on lui donnait à la Cour de François premier. — M.

Page 247, lignes 5-6. Comme on le voit, par la préoccupation de la vérité réelle & de la sincérité de l’aventure, la chose eût été plus analogue aux Cent Nouvelles, racontées & écrites sous l’inspiration & pour la récréation de Louis XI, qu’au Décaméron de Boccace, où, malgré les imitations de sujets, dominent l’invention & la recherche de la composition littéraire. — M.

Page 247, lignes 27-8. — « Au bout de dix jours nous aurons parachevé la centaine », ce qui montre bien que la Reine de Navarre avait l’intention d’un « Décaméron ». Dans le premier projet du Dauphin & de Catherine il devait déjà y avoir dix interlocuteurs ; c’est le nombre de ceux de l’Heptaméron, cinq hommes : Dagoucin, Géburon, Hircan, Saffredent, Simontault, & cinq femmes : Oisille, Parlamente, Ennasuicte, Longarine & Nomerfide.

Il est facile de se rendre compte que chacun devait en compter dix. Sur les soixante-douze, sept personnages en racontent sept ; Dagoucin en raconte six, Saffredent huit & Simontault neuf. En en mettant trois à ceux qui en ont dit sept, quatre à Dagoucin, deux à Saffredent & une à Simontault, on a le chiffre des vingt-huit histoires qui manquent à la centaine. — M.

Pages 247, lignes 15-6. — Au lieu de « la paix d’entre lui c’est-à-dire de François Ier — & du roi d’Angleterre », il faut comprendre la rupture de la paix, car c’est en 1543 que Henri VIII abandonna l’alliance de la France pour se mettre contre elle en passant à Charles-Quint. Quant à l’accouchement de la Dauphine, depuis lors si souvent mère, il faut se rappeler que, mariée très jeune, le 27 octobre 1533, elle fut de longues années sans voir d’enfants ; François, son premier fils, naquit le 19 janvier 1543. C’est donc à cet accouchement, qui assurait l’hérédité de la couronne, & à celui-là seul, que se rapporte l’allusion de Marguerite. — M.

Page 248, ligne 12. — « S’en allèrent disner & dix heures. » C’était à cette époque l’heure du dîner à la Cour. Cinquante ans auparavant, on dînait à huit heures du matin : « Le bon Roy », dit l’historien du chevalier Bayard en parlant de Louis XII, « avoit changé, à cause de sa femme, — c’est-à-dire de sa seconde femme, Marie d’Angleterre, — toute sa manière de vivre ; car, où il souloit disner à huit heures, il convenoit qu’il disnast à midy. » P. Lacroix, éd. de 1858, p. 15.

Page 248, lignes 31-2. — Ms. 7576. « Mais dist à Simontaut : « Commencés à dire quelque bonne chose, & l’on vous écoutera », lequel, convié de tout le monde, se print à dire, &c. — L.