Méditation sur le saint temps de carême/La Cène

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VII.

LA CÈNE.


Le repas des adieux commence,
Tous sont réunis en silence ;
Jésus est triste ! il a frémi !
Plus d’un cœur en secret soupire,
Et tous les yeux semblent se dire :
« Qu’a donc notre divin ami ?
Quelle terreur de lui s’empare ? —
Hâtons-nous, le mal se prépare,
Un de vous m’a déjà trahi ;
L’ennemi du monde s’avance,
Rompons le pain de l’alliance,
Que mon Père soit obéi.

Souvenez-vous bien de cette heure,
Mangez, buvez, ce pain, ce vin,
Et dans la céleste demeure
Renaîtra ce repas divin »
Allez, veillez dans la prière,
Laissez-moi seul, ô mes amis.
Puis il revient, et sur la pierre
Il les trouve tous endormis !
Il se plaint, mais avec tendresse,
Mais en gémissant sur leur sort.
Et songeant à tant de faiblesse,
Il est triste jusqu’à la mort.
« Vous ne pouvez veiller une heure[1],
Quand je suis encore avec vous !
Et le Dieu se prosterne et pleure !
Père ! prenez pitié de nous ! »


  1. Et venit ad discipulos suos, et invenit eos dormientes, et dicit : Sic non potuistis una hora vigilare mecum !