Méditation sur le saint temps de carême/Tous avaient disparu ! triste ! ô triste parole

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IX.


Omnes fugerunt.
« Tous avaient disparu. »
(Évangile de la Passion)




Tous avaient disparu ! triste ! ô triste parole,
Que je trouve en ouvrant le livre qui console !
Oui ! quand notre Sauveur fut au Temple arrêté,
Tous s’enfuirent !… oui ! tous !! pas un n’était resté !…
Je me trompe ! à côté de ce tout divin Maître,
Un disciple marchait… c’était Judas le traître.
Plaignons-nous donc après, cœurs déçus ! gémissons !
Disons-nous seuls trahis par ceux que nous aimions !
Qu’avons-nous fait pour eux, hélas ! quels grands services
Avions-nous donc rendus, que de tous nos caprices
Ils dussent se montrer les esclaves soumis !…
Mais Jésus ! après tant de gloire, sans amis !

On nous aura quittés ! mais au moins sans nous vendre.
Regardons bien ! peut-être il nous reste un cœur tendre,
Au moment de mourir ou d’être condamnés,
Et tous ne nous ont pas peut-être abandonnés !
Mais enfin, s’il est vrai ! rappelons-nous cette heure !
Disons aussi : « Ce n’est pas nous qu’il faut qu’on pleure,
Mais celui qui pour nous a tant souffert, hélas !
Dont le meilleur disait : Je ne le connais pas[1]. »

  1. Tunc cœpit Petrus detestari et jurare quia non novisset hominem.

    « Alors Pierre commença à jurer avec horreur qu’il n’avait jamais connu cet homme. »

    (Passion.)