Mélanges/Tome I/12

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imprimerie de la Vérité (Ip. 48-50).

L’ÉGLISE AU CANADA


7 janvier 1882


Dans le rapport sur la situation juridique de l’Église chez les différents peuples qu’il a fait devant le congrès des jurisconsultes catholiques, tenu à Lyon, M. Théry, avocat, dit, en parlant de l’Église au Canada :

« On peut donc résumer ta situation de l’Église au Canada en disant que la loi lui assure une complète liberté, mais qu’il s’y rencontre deux courants, l’un athée et libre-penseur, s’affublant du masque du gallicanisme, pour essayer de soumettre l’Église au pouvoir civil : l’autre, au contraire, essentiellement catholique et romain, défendant énergiquement les droits de l’Église et ses libertés. Puisse ce second courant l’emporter ; le catholicisme a sauvé la petite nation du Canada au milieu des dangers sans nombre qu’elle a traversés depuis 1760, et lui a permis de devenir un grand peuple ; seul il pourra, lui conserver sa force et sa prospérité. »


14 janvier 1882


Nous avons reproduit, dans notre dernier numéro, l’opinion d’un jurisconsulte catholique de France sur la situation de l’Église au Canada ; d’après cet homme distingué, il y a ici, comme ailleurs, deux courants d’idées, l’un bon, catholique ; l’autre mauvais, anti-catholique. Cela est parfaitement vrai, seulement il convient d’ajouter que le mauvais courant d’idées au Canada se subdivise en quatre courants distincts mais tendant tons au même but : la perte de la société.

Nous avons d’abord le gallicanisme ou césarisme, qui veut l’omnipotence de l’État ; c’est le courant qui entraîne la Minerve et son école. Il y a, encore, le libéralisme catholique, qui cherche à soustraire la politique à toute influence religieuse ; c’est le courant de M. L. O. David et de ceux qui pensent comme lui. Puis, l’indifférentisme, qui ne voit dans le monde aucun principe arrêté, qui accepte tout pourvu que cela paie ; nous avons nommé le courant où flotte M. Fabre, de l’Événement. Enfin, le radicalisme, mal déguisé, qui se prépare à tout abolir aussitôt que les trois autres courants auront suffisamment préparé le terrain. Ce dernier courant est celui de la Patrie et consorts.


28 janvier 1882


Certaines personnes, qui devraient pourtant savoir mieux, ont bien ri, paraît-il, d’un de nos articles où nous parlions des quatre courants d’opinion qui se manifestent dans notre pays : le gallicanisme, le catholicisme libéral, l’indifférentisme, et le radicalisme. Pour ces quelques personnes, tout cela est une pure chimère. C’est bien, braves amis, riez pendant que vous en avez le loisir. Mais dans vingt-cinq ans d’ici, lorsque l’éducation sera sécularisée, lorsque nos écoles, nos collèges et notre université catholique seront laïcisés vous ne rirez pas si fort. Nous disons dans vingt-cinq ans : mais si nous ne réagissons pas vigoureusement contre les quatre courants que vous ne voulez pas voir, cela viendra bien plus vite encore.