Mémoires (Saint-Simon)/Tome 10/10

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CHAPITRE X.


Renonciations exigées par les alliés en la meilleure et plus authentique et sûre forme pour empêcher à jamais la réunion sur la même tête des monarchies de France et d’Espagne. — Mesures sur ces formes, — Formes des renonciations traitées entre les ducs de Chevreuse, de Beauvilliers et moi, puis avec le duc de Noailles, qui s’offre à en faire un mémoire, et qui le fait faire, et enfin le donne pour sien. — Intérêt de M. le duc de Berry et de M. le duc d’Orléans à la solidité des Renonciations et de leurs formes, qui n’ont que moi pour conseil là-dessus. — Sentiments de M. le duc de Berry à l’égard du duc de Beauvilliers. — Aux instances du duc de Beauvilliers, je fais un mémoire sur les formes à donner aux renonciations ; le voir parmi les Pièces. — Division de sentiment sur un point des formes entre le duc de Noailles et moi. — Sa conduite là-dessus. — Le duc de Noailles gagne à son avis le duc de Chevreuse. — Danger de sa manière de raisonner. — Le duc de Chevreuse nous propose d’en passer par l’avis du duc de Beauvilliers, qui nous assemble chez le duc de Chevreuse. — Le duc de Chevreuse, et moi après, exposons à la compagnie nos différentes raisons. — Le duc de Beauvilliers se déclare de mon avis et malmène fort le duc de Chevreuse, qui se rend, et le duc de Noailles aussi.


La paix se trouvoit à peu près arrêtée entre la France et l’Angleterre qui se faisoit fort d’y faire passer ses alliés. J’ai déjà averti plus d’une fois que je passois le détail de ce grand événement sous silence, parce qu’il se trouvera de main de maître dans les Pièces, depuis le voyage de Torcy à la Haye inclusivement, jusqu’à la signature de la paix à Utrecht. Torcy lui-même en a fait toute la relation qu’il m’a communiquée, et c’en est la copie fidèle qu’on verra dans les Pièces. Je n’ai donc à ajouter à ce morceau si curieux de l’histoire de nos jours que ce qui n’a pu être dans cette importante relation, parce que, ne faisant pas partie de la négociation, Torcy n’a pas été en état de l’écrire quoique ayant un rapport direct à l’affaire de la paix, qu’il n’a pas ignorée, comme on le verra [1]. Nos malheurs domestiques et redoublés firent naître une difficulté qui accrocha la paix déjà réglée à Londres, et qui la retarda beaucoup. La reine Anne et son conseil furent arrêtés par la considération du droit du roi d’Espagne de succéder à la couronne de France, si l’auguste et précieux filet qui seul l’en excluoit venoit à se rompre, et de ce qu’il n’étoit pas possible à l’Angleterre, ni à aucune autre des puissances en guerre, de consentir à voir sur une même tête les deux premières couronnes de l’Europe. La difficulté fut donc proposée ; le roi n’étoit pas en état de ne s’y pas rendre ; il fallut donc travailler à la lever d’une manière si solide que le cas ne pût jamais arriver, et que toutes les puissances pussent être là-dessus en entière sûreté. Elles étoient justement alarmées de l’exemple récent du succès des renonciations du roi, si solennellement faites par le traité des Pyrénées et par celui de son mariage conclu en même temps par les deux premiers ministres de France et d’Espagne, assemblés en personne et qui les avoient signées en public après vingt-quatre conférences tenues ensemble aux frontières des deux royaumes, dans l’île des Faisans, sur la rivière de Bidassoa, jurées ensuite par les deux rois en personne, en présence l’un de l’autre et en public, à leur entrevue dans la même île, en accomplissant le mariage.

Le testament de Philippe V ne leur étoit pas une réponse. On n’avoit pas oublié les écrits que le roi fit publier, quatre ou cinq ans après la paix des Pyrénées, lorsqu’à la mort du roi d’Espagne il se saisit d’une grande partie des Pays-Bas espagnols et de la Franche-Comté, sous prétexte des droits de la reine ; et le traité de partage, auquel l’empereur, seul de toute l’Europe, avoit refusé de consentir, étoit une autre raison bien forte pour faire tout craindre là-dessus. Une troisième n’étoit pas oubliée : les mêmes renonciations avoient été faites par le traité du mariage de Louis XIII, et néanmoins peu de temps après que Philippe V fut arrivé en Espagne, il y fit reconnoître et rétablir, au préjudice de ces mêmes renonciations, le droit à la couronne d’Espagne de M. le duc d’Orléans, tiré par lui de la reine sa grand’mère, épouse de Louis XIII. En effet, c’en étoit trop pour ne pas engager toute l’Europe à prendre ses précautions, et à s’assurer d’une manière solide. Mais c’étoit là où consistoit l’embarras ; les traités, les renonciations, les serments, parurent une foible ressource après ces exemples. On chercha donc quelque chose de plus fort ; on ne le put trouver dans la chose même parce qu’il n’y en a point de plus sacrées parmi les hommes que celles-là auxquelles on ne croyoit pas pouvoir se fier ; il fallut donc se tourner du côté des formes pour suppléer par la plus grande solennité qu’on y pourroit donner.

On fut longtemps là-dessus, et, bien que le roi offrît tout ce qu’on lui pourroit demander pour rassurer l’Europe contre le danger de voir jamais les deux couronnes sur la même tête, il ne vouloit rien accorder en effet, non pour réserver aux siens une porte de derrière, mais par l’entêtement de son autorité, à laquelle il croyoit que toute forme donnoit atteinte, puisqu’on en désiroit pour appuyer cette même autorité et y ajouter une solidité entière. Il étoit blessé là-dessus dans sa partie la plus sensible, absolu sans réplique comme il s’étoit rendu, et ayant éteint et absorbé jusqu’aux dernières traces, jusqu’aux idées, jusqu’au souvenir de toute autre autorité, de tout autre pouvoir en France qu’émané de lui seul. Les Anglois, peu accoutumés chez eux à de pareilles maximes, et qui vouloient leur sûreté et celle de leurs alliés à qui, quand ils l’auroient voulu, ils n’auroient pas persuadé de passer légèrement ce grand article, insistèrent, et proposèrent les états généraux du royaume pour y déclarer et y faire accepter les renonciations. Ils disoient avec raison qu’il ne suffisoit pas à la vérité de la chose, ni par conséquent à la sûreté de l’Europe, que le roi d’Espagne renonçât au royaume de France, si le royaume de France ne renonçoit aussi à lui et à sa postérité en acceptant et ratifiant sa renonciation ; que cette formalité étoit nécessaire pour rompre en même temps le double lien qui attachoit la branche d’Espagne à la France, comme la France l’étoit aussi à la branche d’Espagne.

Les Anglois, accoutumés à leurs parlements qui sont en effet leurs états généraux, croyoient aux nôtres la même autorité. Ils en ignoroient la nature, et la mesurant à celle des leurs, ils en vouloient appuyer et consolider les renonciations par une autorité, dans leur idée, légale, la plus grande qui pût être réclamée, et qui appuyât le plus solidement l’autorité du roi. Lui montrer se défier de la faiblesse de la sienne, il est inexprimable l’effet de ce doute dans l’âme d’un prince presque déifié à ses propres yeux, et dans l’usage intérieur et constant du plus illimité despotisme. Lui faire apercevoir qu’on croyoit trouver dans ses sujets une autorité confîrmative de la sienne, c’étoit un attentat au premier chef le plus sensible, qu’une couronne ne pouvoit courir. On fit entendre aux Anglois la faiblesse et l’inutilité du secours d’autorité qu’ils demandoient. On leur expliqua la nature et l’impuissance de nos états généraux, et ils comprirent enfin combien leur concours seroit vain quand même il seroit accordé.

On leur disoit vrai, mais on se gardoit bien en même temps de leur enseigner où résidoit par nature, par droit, et par exemple, ce qu’ils cherchoient sans pouvoir le trouver, ou peut-être sans le vouloir, à cause de Philippe de Valois et de la loi salique. Quoi qu’il en soit, on fut longtemps à battre l’eau : la France à dire qu’un traité des renonciations, une déclaration du roi expresse et confirmative enregistrée au parlement, suffisoit ; les Anglois à répliquer par l’événement des renonciations, traités, contrats de mariage de Louis XIII et de Louis XIV ; et cependant la paix, toute convenue avec les Anglois, et fort au-dessus de nos espérances, demeuroit accrochée. Les renonciations étoient consenties en France et en Espagne, où il n’y avoit point de difficulté pour la forme, comme il sera expliqué en son lieu ; mais tout étoit arrêté sur celles de France. C’est ce qui fit dépêcher de Londres Bolingbroke à Fontainebleau, dont tout le personnel, voyage, jusqu’à la réception et les moindres particularités, sont si bien expliquées dans les Pièces, que je m’abstiendrai d’en rien dire ici.

Dès la naissance de la difficulté, elle avoit été traitée entre les ducs de Chevreuse, de Beauvilliers et moi. Le duc d’Humières y fut admis quelque temps après en quatrième, et le duc de Noailles, qui les cultivoit avec grand soin depuis que je l’avois raccommodé avec eux, avoit si bien fait qu’ils voulurent bien qu’il entrât en cinquième dans cette grande affaire. II se piquoit de lecture, de bibliothèque, de commerce de gens instruits à fond dans notre histoire, et de l’être fort lui-même ; et pour en dire la vérité, il étoit quelquefois difficile de n’être pas souvent ébloui de son esprit, de son débit et de sa vaste superficie. Mais dans ces cinq personnes il n’y avoit que M. de Chevreuse de véritablement instruit. M. de Beauvilliers ne s’étoit jamais adonné à fond à cette étude, et il y avoit longues années qu’il n’avoit pas même le temps de lire par le nombre de ses fonctions. M. d’Humières s’en piquoit encore moins ; et M. de Noailles, qui écorchoit la superficie de tout, n’avoit jamais pu rien approfondir en aucun genre. Je n’aurai pas la hardiesse ni la fatuité de me nommer ; je me soumets très-sincèrement au jugement qu’on voudra porter en examinant ce qui s’en trouvera dans les Pièces. Toutefois nous tombâmes aisément d’accord sur ce que je représentai, qui fut approuvé et appuyé par le duc de Chevreuse. Mais il fallut après entrer dans le détail, et ce fut un travail qui ne convenoit pas au peu de loisir du duc de Chevreuse qui, comme on l’a vu, ministre en effet sans le paroître, étoit tout occupé des affaires d’État. M. de Beauvilliers en son genre, et M. d’Humières au sien, s’en pouvoient encore moins charger. Je me trouvai les reins trop faibles ; tellement que le duc de Noailles s’offrit de lui-même de faire un mémoire qui embrassât toute la matière, et qui expliquât toute la forme, par preuves et par raisons, de consolider les renonciations au gré des Anglois d’une manière ferme, stable et légale, et il promit aux ducs de Chevreuse et de Beauvilliers, en notre présence, qu’il seroit fait, et en état de le donner à eux et à nous avant le départ de la cour pour Fontainebleau, pour l’examiner et le lire après entre nous cinq ensemble.

Ce fut dans cet intervalle que le duc de Charost fut admis en sixième par MM. de Chevreuse et de Beauvilliers, et ce fut le dernier qu’on y reçut. Il y avoit encore du temps jusqu’au voyage. De fois à autre je demandois au duc de Noailles des nouvelles de son travail, les autres lui en parloient aussi ; il nous assuroit toujours qu’il avançoit et qu’il tiendroit parole. Restoit pourtant la plus grande difficulté : c’étoit d’amener le roi à consentir à ces formes ; et MM. de Chevreuse et de Beauvilliers, dont ce devoit être l’ouvrage particulier par leur familiarité et surtout par leur caractère de ses ministres, en étoient fort en peine. Mais, persuadés qu’il n’y en avoit point d’autres qui pussent opérer validité et sûreté, que celles-là étoient les seules, qu’elles ne seroient même employées que par l’expresse volonté du roi, ils se flattèrent qu’il pourroit se laisser persuader que par là son autorité seroit à couvert, et que, pressé à l’excès comme il l’étoit de la nécessité de la paix et de la fermeté des Anglois à ne passer pas outre sans être pleinement satisfaits sur la stabilité légale des renonciations, il pourroit à la fin se résoudre, en faveur d’un si grand bien que ses forces épuisées ne lui permettoient plus de différer, et à des conditions si disproportionnées de toutes les précédentes, dont les offres étoient encore si présentes à son esprit.

Dans cet état de choses, j’étois en presse avec M. le duc de Berry et M. le duc d’Orléans. Celui-ci me croyoit instruit des formes nécessaires pour la validité des renonciations, et il en avoit aisément persuadé l’autre. L’un, isolé et fui depuis le paquet des poisons, n’avoit que moi à qui parler et à qui consulter. Indépendamment de l’état où M. du Maine et Mme de Maintenon l’avoient réduit avec la cour et le monde, il n’avoit personne avec qui traiter une matière si délicate ; et M. le duc de Berry timide à l’excès, sous le joug dur et jaloux du roi, avoit encore moins à qui parler là-dessus. Il n’avoit pas pour M. de Beauvilliers l’ouverture et la confiance de son incomparable frère. Il avoit toujours présente une éducation qui lui avoit paru dure par son peu de goût pour l’étude ; par la sévérité avec laquelle il étoit contenu dans le respect pour son aîné, avec lequel, sans préjudice de la plus tendre et de la plus réciproque amitié, il étoit enclin à s’échapper ; et par le sérieux d’un gouverneur toujours en garde, et qui, dans la crainte de ce qui pouvoit arriver un jour, étoit particulièrement occupé de le tenir bas, pour qu’il s’accoutumât à se tenir dans les bornes de la dépendance à l’égard d’un frère destiné à devenir son roi. Il ne voyoit pas en même temps tout ce que le gouverneur faisoit auprès de ce frère pour entretenir l’égalité entre eux, lui faire sentir celle que la nature y avoit mise jusqu’à ce que l’aînesse eût à user de son droit, et alors même la bienséance, la douceur, la solidité de repos et de sûreté à vivre avec son cadet en père, en frère, en ami tout à la fois. Il n’y avoit pas assez longtemps que M. le duc de Berry étoit sorti d’entre ses mains pour voir cette conduite telle qu’elle étoit, et telle qu’elle devoit être considérée. Meudon, par où il avoit commencé à respirer quelque air de liberté, n’étoit pas une cour propre à lui donner là-dessus des idées raisonnables ; aussi peu les jeunes dames de la cour de sa délicieuse belle-sœur avec qui il avoit passé ses moments les plus libres ; et Mme la duchesse de Berry, telle qu’on a pu la voir en quelques endroits de ces Mémoires, n’étoit bonne qu’à l’écarter de plus en plus du duc de Beauvilliers. Dans cette situation de ces deux princes, j’étois le seul qu’ils pussent et voulussent consulter.

La confiance de M. le duc d’Orléans en moi, communiquée par lui à M. le duc de Berry, étoit aidée de la commodité à son égard de ma position, par la place que le roi avoit forcé Mme de Saint-Simon de prendre auprès de Mme la duchesse de Berry. Tous deux avoient le plus grand intérêt à ne pas renoncer à la couronne d’Espagne d’une manière solide et sans retour par les lois du pays, sans que toutes les précautions fussent également prises pour leur assurer la couronne de France par une renonciation aussi solide et aussi sans retour du roi d’Espagne et de sa postérité ; et c’étoit là sur quoi ils me consultoient. J’avois temporisé avec eux aisément, sous prétexte de la difficulté de la matière qu’il falloit approfondir, discuter, étudier à fond ; mais à la fin ils me pressèrent, pressés eux-mêmes par les nouvelles d’Angleterre.

J’avois eu occasion trop souvent, dans des temps d’oisiveté et de loisir, de causer et de raisonner d’histoire avec M. le duc d’Orléans, pour qu’il me pût croire absolument neuf sur ces matières. Il ne le laissa pas ignorer à M. le duc de Berry, et tous deux se mirent à me presser vivement. Je ne laissai pas de tergiverser encore ; mais lorsque je vis que nous étions d’accord, les cinq que j’ai nommés, sur la forme à proposer, et qu’il ne s’agissoit plus que du mémoire dont le duc de Noailles s’étoit chargé, je ne crus pas devoir amuser plus longtemps deux princes si fort intéressés, qui prenoient en moi toute confiance là-dessus, et qui n’avoient personne autre en qui la pouvoir prendre. J’expliquai donc ce que je pensois là-dessus à M. le duc d’Orléans, qui étoit fort instruit lui-même de notre histoire ; et la discussion de cette importante matière dura plusieurs conversations longues entre lui et moi. Je voyois peu M. le duc de Berry et comme point en particulier, et comme il étoit peu instruit il auroit fallu plus de temps avec lui. Je ne voulus rien qui pût être remarqué ; ainsi M. le duc d’Orléans, bien persuadé de la solidité unique de ce que je lui proposai, se chargea d’en informer M. le duc de Berry, qu’il persuada parce qu’il l’étoit lui-même. Je ne voulus point que M. le duc de Berry m’en parlât, parce que ce n’auroit pu être qu’en particulier, ni Mme la duchesse de Berry par la même raison, et, comme je l’ai dit ailleurs, que je ne voyois plus que très-rarement, et un moment en public. M. le duc d’Orléons et Mme de Saint-Simon étoient des canaux qui y suppléoient aisément, et par qui je sus aussi combien ils étoient contents, et persuadés qu’il n’y avoit aucun autre moyen solide que celui que j’avois proposé à M. le duc d’Orléans.

Ces choses en étoient là aux approches du voyage de Fontainebleau, et M. le duc de Noailles n’avoit pas encore achevé son mémoire. Il s’excusa sur l’importance de la matière et le nombre de choses qu’il falloit examiner, puis choisir et ranger ; mais il nous assura toujours qu’il seroit en état de nous montrer le mémoire dans les premiers jours que le roi seroit à Fontainebleau, où nous allions tous en même temps que lui, à deux ou trois jours près. Les détails se prolongèrent, et nous découvrîmes qu’il avoit des gens obscurs cachés tout au haut de son logement dans la galerie de Diane qui donne sur le jardin, qu’il faisoit travailler, dont il refondoit continuellement l’ouvrage, qui par là ne finissoit jamais. La découverte ne lui fut point cachée, il ne put si bien la dissimuler que la chose ne demeurât comme avouée, dont il demeura fort embarrassé.

M. de Beauvilliers, extrêmement pressé par les instances des Anglois, ne voulut plus s’attendre au duc de Noailles. Il me pria de faire le mémoire. Je m’en défendis par beaucoup de raisons, et en effet, je n’avois apporté à Fontainebleau que peu de livres, et aucun qui pût me servir à un travail auquel je n’avois aucun lieu de m’attendre. J’eus beau dire et alléguer les meilleures excuses, il fallut céder à l’autorité qu’il avoit sur moi. Je me mis donc à travailler dans un lieu où je n’avois aucun secours, et où je n’avois pas la liberté de le faire. Il falloit être assidu aux heures de cour que j’avois accoutumé de prendre, manger en compagnie ; et Fontainebleau étoit le lieu du monde où on se rassembloit, et où on s’invitoit le plus à dîner et à souper. J’avois encore à faire face au monde et à mes sociétés ordinaires, parce qu’il ne falloit pas laisser soupçonner que je fusse occupé à rien de sérieux. Mon travail étoit donc fort interrompu, qui est la chose du monde la plus nuisible à bien faire, surtout en telles matières. J’avois souvent recours aux nuits.

Je ne sais pourquoi alors j’étois épié plus qu’à l’ordinaire, quoique je le fusse toujours. Mme de Saint-Simon ne put venir à Fontainebleau cette année, à cause des suites d’une rougeole. Nous nous écrivions tous les jours ; et quoique nous ne nous mandassions jamais que des riens par la poste, nous ne reçûmes pas une seule lettre, moi d’elle, elle de moi, par la poste que très-visiblement décachetée. C’est ce qui me fit tenir encore plus soigneusement sur mes gardes pour éviter de paroître retiré, et ce qui rendit mon travail plus coupé et plus difficile. M. de Beauvilliers logeoit dans la galerie de Diane, vis-à-vis du duc de Noailles, et ces deux logements leur appartenoient de tous temps. J’étois à l’autre bout du château, au-dessus d’une partie de l’appartement de la reine mère, et j’avois des fenêtres qui donnoient sur la cour du Cheval-Blanc, et de l’autre côté sur la cour des Fontaines. Tous les soirs M. de Beauvilliers traversoit tout cet espace seul, sans laquais, ni flambeau, ni personne avec lui, montoit mon degré assez court à tâtons, et pendant le souper du roi me faisoit lui lire ce que j’avois écrit depuis la veille. Il étoit environ une heure avec moi, et s’en retournoit seul comme il étoit venu. Le duc de Noailles, seul de nous cinq, ignoroit que je travaillasse ; et le duc de Beauvilliers fut le seul qui vit ce que je faisois avant que ce fût achevé. Il en fut content, et il le dit aux trois autres. Cependant le duc de Noailles faisoit suer ses inconnus dans son grenier : et il en sortit enfin un assez court mémoire, comme le mien étoit tout près de s’achever.

Je ne ferai point ici d’analyse de l’un ni de l’autre ; mais je dirai d’autant plus franchement que celui du duc de Noailles étoit, à la diction près, fort médiocre, pour en parler modestement, et qu’il n’y avoit de lui que la seule diction. Le sien et le mien convenoient pour le principal et l’essentiel. Le mien se trouve dans les Pièces. Je l’avois intitulé : Mémoire succinct sur les formes, etc. L’abondance de la matière et la nécessité des preuves m’emportèrent tellement que, de succinct que je comptois qu’il seroit, je fis un gros ouvrage. La longueur dont en seroit même l’extrait m’empêche d’en rien insérer ici, mais il faut le voir dans les Pièces, pour entendre la dispute dont je vais parler et dont l’explication seroit ici trop longue. Ainsi je suppose que je la vais raconter à qui a lu le Mémoire, prétendu succinct, sur les formes, etc., qui est dans les Pièces.

Le duc de Noailles et moi, raisonnant sur la matière, nous aperçûmes bientôt tous deux qu’il y avoit un point sur lequel nous n’étions pas d’accord. J’estimois qu’on ne pouvoit employer que les ducs-pairs, et même vérifiés, et aussi les officiers de la couronne. Le duc de Noailles croyoit, ou vouloit croire, qu’il y falloit joindre les gouverneurs de province et les chevaliers de l’ordre, en faveur de la noblesse, auprès de laquelle je n’ai que trop reconnu depuis qu’il s’en vouloit dès lors faire un mérite.

Nous disputâmes. Je lui objectai l’impuissance, par lui-même avouée, des états généraux, par conséquent celle de la noblesse, qui n’en est que le second des trois ordres qui les forment, encore plus d’un extrait aussi peu nombreux de ce second ordre. Je lui représentai que les ducs et les officiers de la couronne étoient eux-mêmes de ce même second ordre, quoique, par leurs fiefs et leurs offices, nécessairement capables de ce qui passoit le pouvoir des états généraux, qui n’avoient que celui de porter au roi les représentations et les supplications des provinces qui les députoient, et les remèdes aux besoins et aux maux que les provinces les avoient chargés de présenter au roi pour être examinés. Je lui fis remarquer le peu de poids personnel que ceux qu’il vouloit admettre, quand bien même ils seroient admissibles, ajouteroient, non qu’ils dussent être exclus, s’ils pouvoient ne le pas être, mais qui, n’étant pas de nature admissible, ne laissoient rien à regretter, et qu’il se trompoit grandement, s’il croyoit flatter la noblesse par l’admission qu’il prétendoit, puisqu’elle ne le pourroit être qu’autant qu’elle seroit elle-même admise, non en la personne de ceux qui le seroient comme nés par leur état de gouverneurs de province et de chevaliers de l’ordre, mais seulement en celles de ceux qu’il lui seroit permis à elle-même de choisir et de députer. J’ajoutai que le premier des trois ordres, qui étoit le clergé, voudroit dès lors ne se pas contenter des pairs ecclésiastiques, puisque la noblesse ne se contenteroit pas des ducs et des officiers de la couronne, quoique de son même ordre ; que, par une suite nécessaire le tiers ordre, surtout les parlements, auroient la même prétention, avec d’autant plus d’apparence qu’à la différence des deux premiers ordres il ne s’y trouvoit de leur personne d’admis que le seul chancelier, qui même n’en étoit comme plus par son office de la couronne ; que cela retomberoit donc dans les états généraux, c’est-à-dire dans ce qui n’avoit nulle autorité, et dans ce qui se trouvoit impraticable. À ces raisons nulle réponse de M. de Noailles que la convenance d’honorer les gouverneurs de province et les chevaliers de l’ordre ; et moi de répondre qu’il ne s’agissoit, en chose de cette qualité, ni de convenance, ni de complaisance, mais de la stabilité immuable par sa légalité d’un acte à faire pour assurer le repos du royaume, l’état des princes de la maison royale sur la succession à la couronne, la foi des puissances avec qui la paix ne se pouvoit conclure qu’en assurant pour toujours la tranquillité de l’Europe ; ce qui ne se pouvoit qu’en se restreignant, pour la loi à faire, à ceux qui en avoient le pouvoir, et en se gardant de la rendre nulle en y admettant comme législateurs ceux qui n’avoient rien qui les pût rendre tels.

Beaucoup d’esprit, de discours et de paroles éloquentes servirent à M. de Noailles à la place de réponses et de raisons. Il convint qu’on s’en pouvoit tenir à mon avis ; et néanmoins il voulut, deux jours après, m’en reparler encore. Voyant qu’il ne réussissoit pas en raisons, il prit le parti de tenter l’autorité. Il alla parler au duc de Chevreuse sans m’en dire mot. Il espéra de le gagner par son bien-dire, et que, l’ayant pour lui, le duc de Beauvilliers seroit emporté, après quoi la chose demeureroit décidée. En effet, il persuada M. de Chevreuse, qui, avec tout son savoir, n’avoit pas présentes des choses depuis si longtemps oubliées, parce qu’on n’avoit pas eu besoin d’y avoir recours. M. de Chevreuse m’en parla ; et ce fut ce qui m’apprit que M. de Noailles l’avoit informé de notre dispute, dont pourtant il n’avoit osé lui demander de me faire un secret.

M. de Chevreuse, avec tout le savoir, toutes les lumières, toute la candeur que peut avoir un homme, étoit sujet à raisonner de travers. Son esprit, toujours géomètre, l’égaroit par règle, dès qu’il partoit d’un principe faux ; et comme il avoit une facilité extrême et beaucoup de grâce naturelle à s’exprimer, il éblouissoit et emportoit, lors même qu’il s’égaroit le plus, après s’être ébloui lui-même, et persuadé qu’il avoit raison. C’est ce qui lui arriva dans la conduite particulière de ses affaires domestiques, qu’il crut sans cesse augmenter, puis raccommoder, et qu’il détruisit géométriquement par règles, par démonstrations, qui le menèrent à une ruine tellement radicale qu’il seroit mort de faim sans le gouvernement de Guyenne, et Mme de Chevreuse après lui, à qui il ne resta rien que les trente mille livres de pension que le roi mit pour elle sur les appointements de ce gouvernement. En autres affaires on l’a vu, en leur lieu, être pour M. de Luxembourg, pour d’Antin, pour les prétentions les plus chimériques, se bercer soi-même de l’ancienneté de Chevreuse, du cardinal de Lorraine, et de sa succession à la dignité de Chaulnes, et cela à force de faux raisonnements entés l’un sur l’autre, toujours à la manière des géomètres, et de la meilleure foi du monde. C’est donc ce qui lui arriva sur cette affaire. Nous disputâmes, nous ne nous persuadâmes point ; il fut néanmoins question de nous fixer tous à l’une ou à l’autre opinion, pour marcher après en conséquence. Le duc de Noailles n’insista plus avec moi, comptant sur M. de Beauvilliers par avoir gagné M. de Chevreuse. De mon côté je ne recherchai pas une dispute inutile, mais je crus devoir rendre compte aux trois autres de cette division d’avis. Quelque grande que fût la liaison des ducs de Charost et d’Humières avec le duc de Noailles, depuis l’alliance du premier par le mariage de sa fille unique avec le duc de Grammont, et de Charost depuis surtout qu’il étoit capitaine des gardes, je n’eus pas de peine à les avoir de mon côté. Le duc de Noailles se consola aisément de n’avoir pas persuadé deux hommes qu’il ne regardoit pas comme pouvant emporter la balance ; et il avoit raison de croire que nous nous rendrions tous trois à l’autorité, si le duc de Beauvilliers, comme il n’en doutoit pas, étoit emporté par le duc de Chevreuse. Ce dernier me proposa donc que la chose fût discutée en sa présence, et que, de quelque côté qu’il se rangeât, tous y acquiesçassent. J’y consentis avec plaisir, et je répondis pour MM. de Charost et d’Humières. Le duc de Noailles, qui comptoit l’emporter par là, accepta pareillement. J’avois déjà parlé à M. de Beauvilliers de cette dispute, mais légèrement ; M. de Chevreuse aussi. M. de Beauvilliers, qui alors se trouvoit fort occupé des affaires, ne vouloit point perdre inutilement son temps, et nous avoit dit à l’un et à l’autre qu’il falloit nous assembler, et là décider et convenir sur les raisons de part et d’autre ; et ç’avoit été là-dessus que M. de Chevreuse nous avoit proposé séparément, au duc de Noailles et à moi, d’en passer par l’avis dont seroit M. de Beauvilliers. Le duc de Noailles me parla après de cette proposition de M. de Chevreuse. Lui et moi nous la fîmes aux ducs de Charost et d’Humières, qui en convinrent aisément. L’affaire pressoit, et les Anglois vouloient savoir à quoi s’en tenir. Ainsi M. de Beauvilliers, comme le plus occupé, ne tarda pas à nous donner l’après-dînée qu’il se prévoyoit la plus libre, et voulut que nous nous assemblassions dans la petite chambre de l’appartement du duc de Chevreuse, qui étoit de plain-pied à la cour des Fontaines, du côté le plus proche de la chapelle, sous une partie de l’appartement de la reine mère. Nous arrivâmes tous presque en même temps.

M. de Beauvilliers ne voulut pas qu’on dît un mot de ce qui nous assembloit que tous ne fussent arrivés. Alors il pria la compagnie d’entrer en matière. C’étoit à qui vouloit inclure à ouvrir pour en proposer les raisons, et à qui vouloit exclure à les réfuter, qui par conséquent ne pouvoient parler qu’après les autres. Ainsi, après un petit mot en gros de ce qui nous assembloit, M. de Beauvilliers regarda les ducs de Chevreuse et de Noailles, et les pria d’exposer ce qu’ils avoient à dire. Il y eut entre eux un court combat de civilité à qui prendroit la parole. M. de Chevreuse la vouloit laisser à M. de Noailles, de qui venoit l’avis qu’il avoit embrassé. M. de Noailles, par déférence à l’âge et à l’ancienneté, aux lumières, et encore plus à l’effet qu’il en attendoit sur le duc de Beauvilliers, voulut absolument lui laisser la parole. M. de Chevreuse la prit donc ; et, pour ne pas allonger ce récit, je dirai tout court que je ne vis jamais soutenir une mauvaise cause avec tant de grâce, d’esprit, d’éloquence et d’élégance ; et, si tout manquoit dans les raisons, la perfection du débit, et de tout le secours que peut donner l’esprit et le savoir, y fut entière.

Entre nous trois de même avis, je dirai franchement que ce fut à moi à répondre ; j’étois l’ancien, j’avois fait le mémoire, c’étoit mon avis qui étoit devenu celui des deux autres. Je pris donc la parole à mon tour, et je commençai par l’embarras et la honte où j’étois de me voir forcé à soutenir une opinion contraire à celle du duc de Chevreuse, à qui j’épargnai d’autant moins les louanges, les déférences et les respects, que j’étois mieux résolu à ne le pas épargner sur les raisons. Je dis aussi un petit mot léger de politesse à M. de Noailles, après quoi j’entrai en matière. Je la possédois assez pour me posséder moi-même. Le ton, les expressions, tout fut mesuré et modeste ; mais les raisons, les réponses, les réfutations furent décochées avec la dernière force, et par-ci par-là respects et compliments courts à M. de Chevreuse, et rien au duc de Noailles. Je n’oubliai pas, entre autres raisons, de leur faire remarquer que les gouverneurs de province et les chevaliers de l’ordre, desquels le roi se faisoit accompagner en son lit de justice, n’y étoient placés que sur le banc des baillis, c’est-à-dire derrière les conseillers du parlement, du côté des fenêtres ; qu’ils y étoient sans voix, même consultative, c’est-à-dire absolument sans parole ; et qu’ils y demeuroient toujours découverts. Ce contraste avec les simples conseillers du parlement de place et de voix fut exposé avec étendue ainsi que celui d’un simple lit de justice, où il ne s’agit que d’enregistrement d’édits et de déclarations du roi tout au plus, et bien rarement encore de quelque interprétation ou de légère législation sur des points de droit ou de coutume qui se prennent en divers sens dans les divers tribunaux, avec une législation de l’importance de celle-ci, qui ne regardoit rien moins que la succession à la couronne, et un ordre à y établir inconnu depuis tant de siècles, contraire à la pratique de tant de siècles constante et continuelle, et qui, au préjudice de toutes les lois des États et des familles particulières, excluoit de la couronne toute une branche aînée et bien reconnue telle, en faveur des cadettes.

Quoique je me restreignisse le plus qu’il me fût possible, l’importance de la matière, et plus encore la nécessité de démêler, de rendre palpables et de répondre aux sophismes, aux inductions et aux entortillements où le duc de Chevreuse excelloit, et qu’il savoit masquer d’une apparence de simplicité et de justesse par la netteté, la facilité et la grâce naturelles de son élocution, me rendirent plus long que je n’aurois voulu. Le silence fut entier pendant nos deux discours, et l’application des assistants extrême. M. de Beauvilliers surtout n’en perdit pas un mot. Quand j’eus fini, M. de Noailles voulut dire quelque chose : ce ne fut rien qui méritât réponse. M. de Chevreuse reprit la parole, mais en légère répétition de ce qu’il avoit déjà dit. M. de Beauvilliers ne le laissa pas aller loin, il l’interrompit, lui dit qu’on avoit déjà entendu ce qu’il répétoit, et lui demanda s’il avoit quelque chose de nouveau à dire. M. de Chevreuse convint qu’il n’avoit point de raisons nouvelles. M. de Noailles, sans attendre de question, témoigna par un geste de salut qu’il n’en avoit pas non plus.

Le duc de Beauvilliers regarda les ducs de Charost et d’Humières, comme pour leur demander leur avis, qui dirent en deux mots qu’ils étoient du mien plus que jamais. Alors je vis un prodige qui me combla d’embarras, et qui, en effet, me couvrit de confusion. M. de Beauvilliers reprit en très-peu de mots le précis de la chose et de la diversité des deux avis ; puis tout d’un coup cet homme si mesuré, si sage, si modeste, si accoutumé à n’être qu’un en sentiment et en tout avec le duc de Chevreuse, et à lui déférer, se changea en un autre homme. Il rougit, et parut avoir peine à se contenir. Il dit qu’il ne comprenoit pas comment on pouvoit penser comme M. de Chevreuse sur ce qui nous divisoit, en expliqua les raisons courtement, mais sans rien oublier d’essentiel, dévoila les sophismes avec une justesse, une précision extrême ; et de là (et c’est le prodige, et où la honte m’accabla) il tomba sur M. de Chevreuse comme un faucon, et le traita comme un régent fait un jeune écolier qui apporte un thème plein des plus gros solécismes et les lui fait tous remarquer en le réprimandant. Je ne m’étendrai pas davantage sur un discours si animé et dans lequel rien ne fut oublié. La conclusion fut à mon avis. M. de Chevreuse, petit comme l’écolier devant son maître, embarrassé, confus, mais sans altération, acquiesça tout court. M. de Noailles, étourdi à ne savoir où il en étoit, demeura muet.

En se levant, M. de Beauvilliers nous regarda tous pour confirmer le jugement, en disant : « Messieurs, voilà donc que tout est convenu entre nous, et qu’il passe à l’avis de M. de Saint-Simon, » d’un air plus approchant de son air ordinaire. MM. de Chevreuse et de Noailles répondirent qu’ils s’y rendoient ; et ce mot ne fut pas plus tôt dit que je sortis sans dire mot à personne, et gagnai ma chambre dans le dernier étonnement, non de ce que mon avis avoit prévalu, mais de la manière dont la chose s’étoit passée. Peu de temps après que je fus dans ma chambre, les ducs de Charost et d’Humières y vinrent pleins du même étonnement, et assez aises de la longue et forte boutade. Pour moi, à l’occasion de qui elle s’étoit faite, j’en étois peiné au dernier point. Le duc de Noailles, à qui M de Beauvilliers ne s’étoit jamais adressé en tout son discours, mais lui avoit laissé voir auparavant que ce mémoire donné comme de lui, et qu’il avoit fait tant faire et refaire, lui paraissoit pitoyable, fut outré d’avoir été si fortement battu en la personne de M de Chevreuse, ce qu’avec tout son art il ne put nous bien cacher. Pour M. de Chevreuse, que j’évitai un jour ou deux, il n’y parut jamais, et il demeura toujours le même avec M. de Beauvilliers et avec moi, avec une douceur, une simplicité, une vérité, un naturel vraiment respectables.




  1. Voy. les Mémoires de Torcy, qui font partie de toutes collections de Mémoires relatifs à l’histoire de France.