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Mémoires d’une ex-palladiste parfaite, initiée, indépendante/06/Symboles du Palladisme

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Symboles du Palladisme[1]

(Suite)




Le daimon Anti-Christ est figuré par le nombre 666, nombre que l’Apocalypse indique et qui a excité les recherches ; en tous les temps, chaque fois que l’on a cru prochaine la fin du monde. D’après la valeur des lettres de l’Alphabet des Mages d’Alexandrie (voir le fascicule n°2), Apollonius Zabah donne exactement 666.

Ce nombre mis en un soleil rayonnant ne figure pas, seulement dans les diplômes palladiques ; il a été placé aussi sur les cordons d’Inspecteur Général et d’Inspectrice Générale en mission permanente.

Ce n’est pas tout : il y a des Mages Élus qui le portent empreint sur la chair même ; ce sont ceux qui font pacte particulièrement avec le daimon Anti-Christ.

Au renouvellement des vœux, qui a lieu sept mois après la réception au grade de Mage Élu, on se met sous le patronage de tel ou tel daimon, et beaucoup choisissent Anti-Christ, réputé pour très puissant.

Anti-Christ apparaît, tantôt sous une forme, tantôt sous une autre ; mais il donne toujours la même signature ; c’est le signe distinctif des diables.

L’initié lui dit :

— Bon daimon, puissant chef de la 2336e légion, je te demande ta protection. Daigneras-tu me l’accorder ?

Anti-Christ répond dans la langue de l’initié ; il accepte toujours ; la demande et l’acceptation sont simples formalités.

— Oui, dit-il, je te protègerai pendant le cours de ta vie humaine. Ton âme appartient à notre dieu : Maintenant, à moi, tu vas donner ton corps. Veux-tu me donner ton corps ?… Je le défendrai, autant que je pourrai, contre les maléakhs qui chercheront à abréger ta vie par les maladies.

L’initié répond :

— Aimable Anti-Christ, je te donne mon corps.

Alors, le daimon dit :

— Mets ta poitrine à nu.

L’initié obéit.

Anti-Christ pose son index de la main gauche là où bat le coeur de l’initié, et il dit :

— Ce cœur est-il à moi, bien à moi ?

— Il est à toi, je te le donne à jamais, répond le Mage Élu.

— Ce cœur, reprend le daimon, sera toujours rempli de haine contre le Traître du Thabor ; ce cœur maudira Lilith, la mère du Traître ; ce coeur tressaillera de joie, chaque fois que Bargabil t’annoncera une de nos victoires célestes.

À ce moment, Anti-Christ crie : « Bargabil », d’une voix très forte, et en même temps, il s’élève un peu dans l’espace, tandis qu’il tient toujours son doigt posé sur la poitrine nue de l’initié. Celui-ci, comme s’il était soudé au doigt du diable, s’élève aussi en l’air, au milieu de l’assemblée ; en réalité, il est soutenu par Bargabil, venu à l’appel de son chef, mais demeurant invisible, pour l’instant.

Le Mage Élu sent bien qu’on le porte, et, habitué qu’il est aux œuvres de grand-rite, il ne s’étonne pas d’ignorer en quels bras il est.

L’ascension est lente, très lente, et s’arrête à un mètre environ du sol ; les daimons qui opèrent ont voulu seulement faire constater le prodige.

À l’arrêt, Anti-Christ détache son doigt ; les assistants voient donc, alors, le daimon-chef et le Mage Élu tous deux suspendus dans l’espace.

Anti-Christ reprend la parole :

— Je te marquerai de mes trois 6, dit-il, et je mettrai à ton service le serpent coupé en trois.

Aussitôt dit, il appuie de nouveau son index gauche sur la poitrine de l’initié, et là, à la place du cœur, il écrit : 666. Les Mages Élus, qui se sont donnés de corps à Anti-Christ, racontent qu’ils ressentent comme une brûlure vive, instantanée, dont ils souffrent à peine trois secondes. Il en est, d’entre eux, qui poussent un cri ; d’autres supportent la courte douleur en silence, c’est le plus grand nombre. Et, dès lors, cet initié porte 666 sur la chair, comme si les trois chiffres avaient été marqués au fer rouge.

Puis, Bargabil devient visible, Anti-Christ disparaît, et le Mage Élu est déposé doucement par Bargabil sur l’autel du Parfait Triangle, aux pieds du Baphomet. À son tour, Bargabil disparaît et l’assistance voit surgir du sol un serpent coupé en trois, qui rampe vers l’initié, les trois tronçons exécutant leurs mouvements avec ensemble, tout-à-fait comme si le serpent n’était pas coupé. Le serpent vient jusqu’au Mage Élu, lui fait une révérence, s’élève en l’air, et quand il est arrivé à la hauteur de la tête du Baphomet, on ne le voit plus tout-à-coup.

Le pacte est conclu.

À dater de ce jour, le Mage Élu qui s’est donné de corps au daimon Anti-Christ peut consulter, sept fois par an, le serpent coupé en trois.

On n’est pas fixé sur l’identité de ce daimon d’ordre inférieur. Y en a-t-il plusieurs, dans les apparitions sous cette forme, lesquelles sont multipliées, puisque grand nombre de Mages Élus se placent sous le patronage d’Anti-Christ ? ou bien est-ce le même qui se montre ainsi à tous ?… Quoiqu’il en soit, le serpent coupé en trois répond aux questions qu’on lui pose, et il parle toutes les langues du globe.

Le F▽ Goblet d’Alviella m’a affirmé qu’il avait le serpent coupé en trois à son service : il l’appelle, dans son cabinet ; l’étrange reptile vient, le salue à sa manière et se prête à diverses consultations sur les choses passées ou présentes, lointaines. Le serpent coupé en trois ne peut pas être consulté sur l’avenir. J’ai conclu de là que le F▽ Goblet d’Alviella, qui est Mage Élu, ainsi que tout le monde le sait, est un de ceux dont le corps appartient, par pacte, au daimon Anti-Christ. Il a donc été porté dans les bras de Bargabil, et, bien certainement, il doit avoir le nombre 666 marqué sur le cœur.

Quant au soleil rayonnant, qui a trente-trois rayons, il symbolise par lui-même la gloire de Lucifer. Le nombre 33 est maçonnique et luciférien, en réjouissance du crucifiement de N.-S. Jésus-Christ, supplicié à l’âge de trente-trois ans.

Le croissant de lune, cornes en l’air, est un emblème d’Astarté.

La principale figure du tableau des Croix signifie donc, très expressément, la gloire de Lucifer, établie par les victoires terrestres du daimon Anti-Christ incarné en Apollonius Zabah, et allié à la vice-royauté de Vénus-Astarté, ensemble triomphant de la religion catholique, considérée comme odieuse superstition, et rejetant dans les ténèbres, le Sacré-Cœur de Jésus-Christ.

Je sens maintenant combien tout cela est abominable, et j’éprouve un cruel chagrin à donner ces explications ; mais je les dois pour concourir à démasquer l’infernale secte.

La seconde figure du tableau est d’un symbolisme analogue. Toujours la croix noire, qui représente le catholicisme, est en position inférieure. La divinité double, cercle dont la haute moitié est blanche, tandis que la basse moitié est noire, a son dieu inférieur appuyé sur la croix de ténèbres. Lucifer se dégage du cercle ; sa signature est là, avec l’une de ses orgueilleuses devises : Post tenebras lux.

C’est là Satan qui dit à ses élus :

— Je suis la lumière, moi ! et Adonaï est le dieu du royaume ténébreux. J’arrive après lui sur la planète Tellus ; mais c’est pour en expulser à jamais son culte. Ce monde tout entier sera à moi. Après la nuit catholique, l’éclatant jour luciférien ; après les ténèbres, la lumière !…

La troisième figure du tableau, celle qui est en haut à gauche, symbolise l’opposition au Sacré-Cœur, à votre divin Cœur, ô bien-aimé Jésus !…

Ici, ô Seigneur adorable, qui m’avez retiré de l’abime, ici j’ai besoin de tout mon courage.

Voilà un des emblèmes honteux que j’ai voulu faire supprimer du symbolisme palladique. Ah ! dans cette campagne, j’ai échoué ; merci à vous, mon Dieu ! Le dégout était grand ; l’échec a préparé l’heureuse crise suprême. Mon Dieu, merci !

Mais il ne me suffit pas de m’armer de courage pour parler de ces infamies rituelles, insoupçonnées longtemps, comprises peu à peu, et alors révoltant toute ma dignité de femme. Il faudrait ne rien dire peut-être. Si je m’écoutais, j’aimerais mieux cela, le silence. Oh ! maudits soient les esprits dépravés, à qui l’on ne peut jeter à la face leurs hontes, sans se sentir soi-même troublée, honteuse, même lorsque le pied n’a jamais glissé dans la boue !…

Je rougis, je tremble, et ma plume s’arrête. En nom-Dieu, quelle atroce épreuve !…

Jésus, vous êtes tout amour, vous êtes l’amour par excellence, l’autour immatériel dans sa divine pureté. Votre Cœur Sacré est l’ardent foyer de cet amour délicieusement chaste, plus puissant que l’amour des mères, plus tendre que l’affection des vierges pour les parents chéris dont elles reçurent le jour, plus pur encore que la pureté de tous vos Séraphins, de tous vos Chérubins, de tous vos anges, ô doux Jésus !… Et c’est à votre Sacré-Cœur, que ces misérables blasphémateurs appellent « amour stérile » dans leur scélérate grossièreté, c’est à votre Sacré-Cœur, autour duquel ils écrivent cor execrandum, c’est à votre Sacré-Cœur qu’ils opposent… l’innommable !…

PH∴ SANCTUS, ils inscrivent cela sur une sorte de fût de colonne blanche. Et ils disent : Voilà la source de la vie ! voilà la vie elle-même !… Ils répètent ce signe sur un disque blanc, et là l’infamie, avec un raffinement d’impiété lubrique, profane la sainte Croix sur laquelle vous êtes mort pour nous, adorable Sauveur !… L’horizontale de leur croix, sacrilège parodie, est noire, pour signifier que, sans l’innommable, tout serait mort, et l’innommable, placé en verticale, dans ce fangeux symbolisme, figure que la vie, victorieuse, traverse la mort, devient créatrice, par l’union de l’innommable avec la rose, autre impudique emblème ; et là encore le sacrilège s’ajoute à l’ordure. La rose, pour eux, n’est plus la reine des fleurs de nos jardins ; c’est le gouffre d’Éva ; et, dans leur démoniaque satyriasis, ils prennent aux litanies de la Vierge-Mère une de ses plus belles invocations et l’appliquent à leur ignoble symbole. Rosa mystica, titre de Marie, quelle abominable profanation !…

Que l’on ne prétende pas le contraire ; cela est à demi-mot dans Ragon, cela est en toutes lettres dans Pike.

Oui, voilà le symbolisme dont s’inspire toute la Maçonnerie, même celle du Rite Français, qui prétend, pour mieux tromper, se séparer de l’Écossisme. Au Rite Français, l’acclamation est : Vivat ! vivat ! semper vivat ! et cette acclamation n’a aucun autre sens que celui du symbolisme babylonien. Vivat qui ? Vivat quoi ? Les imparfaits initiés, heureusement pour eux, ignorent qu’on leur fait acclamer l’innommable. Vivat Ph∴ Sanctus ! qu’il vive toujours, pour sauver le genre humain de la mort, laquelle est l’œuvre d’Adonaï !

Et la colonne blanche, la colonne de la vie, est couronnée d’un triangle ayant au centre l’initiale de Lucifer, et sur ses trois côtés, Lumen, Labor, Libertas, c’est-à-dire : lumière maçonnique, travail maçonnique, liberté maçonnique, le tout trois fois luciférien.

La colonne blanche, c’est Chusor-Phta ; la rose, c’est Chusartis. Je n’ajouterai rien de plus.

Voilà ce que la haute maçonnerie fait de la Croix, signe sacré de la Rédemption !...

Ô vomissures de l’enfer ! Ô symbolistes, que ne peuvent être goûtés que par des Satanisants et par des Ménades ivres !…

  1. Voir les fascicules n°2 et n°5 des Mémoires.